Test Homefront The Revolution : la révolte aura-t-elle lieu ?
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A l'heure où DOOM renoue avec les origines du FPS, Homefront : The Revolution délaisse quant à lui l'approche Call of Duty et tente de cocher toutes les cases qui font les shooters modernes : monde ouvert, zones à libérer, corps à looter, système de crafting… Le résultat nous fait passer quelques bons moments, mais il manque tout de même de personnalité, malgré un background "USA envahis par la Corée du Nord" qui sort de l'ordinaire et fait son petit effet. Tout cela sent un peu trop le travail de commande pour réellement soulever l'enthousiasme, d'autant plus que des problèmes techniques viennent ternir l'expérience. Il n'y a plus qu'à espérer que quelques gros patchs viennent changer la donne.
- Background intéressant
- Ambiance guérilla urbaine
- Concept des différentes zones
- Monde très vaste
- Gameplay trop classique
- Missions répétitives
- Problèmes d'I.A. et de pathfinding
- Framerate poussif
- La conduite de la moto est foireuse
- L'armée coréenne pas assez mise en avant
Autant le dire tout de suite, Homefront : The Revolution n'est pas né sous les meilleures augures. Tout d'abord, le premier épisode de la série n'a remporté l'adhésion ni des joueurs, ni des critiques. En conséquence, ce second épisode a décidé de changer de recette et de passer au monde ouvert. Mais son développement a été particulièrement chaotique, puisqu'il est passé entre les mains de différents studios et éditeurs, suite à la fermeture de THQ en 2012. Aujourd'hui, le chemin de croix du jeu touche à sa fin, mais pour quel résultat ?
Que les fans et les détracteurs du premier épisode soient prévenus : Homefront The Revolution n'a quasiment rien à voir avec son prédécesseur, puisque même le scénario général a changé. Dorénavant, les Etats-Unis ne sont plus envahis par une Corée réunifiée mais par la Corée du Nord, tout simplement. Dans ces conditions, vous pouvez oublier les héros du premier volet (qui s'en souvient d'ailleurs ?) et accueillir Ethan Brady, qui vient tout juste de rejoindre la résistance à Philadelphie. Naturellement, il vous appartiendra de l'aider à faire son trou dans le milieu, jusqu'à devenir le sauveur de la ville. D'ailleurs, blessé à la jambe, le leader actuel semble tout prêt à vous laisser la place. L'arc scénaristique développé par le jeu n'est jamais original, les différents personnages non joueurs qui vous aideront lors de votre aventure (le gentil médecin, la punkette cruelle, le gros dur, beaucoup de personnages clichés…) sont un un peu plats mais, en revanche, le climat général est intéressant. L'occupation des Etats-Unis par une armée étrangère est un thème très peu exploité dans le jeu vidéo, et l'atmosphère de guerilla urbaine est plutôt bien rendue. C'est notamment dû à l'état de Philadelphie, à moitié en ruines, divisée en différentes zones de sécurité, et suffisamment vaste pour offrir un terrain de jeu crédible. On sent d'ailleurs régulièrement que les développeurs avaient de grandes ambitions pour le jeu, qui cherche à innover par petites touches mais tombe hélas souvent dans la facilité et le repompage d'idées déjà trop vues ailleurs. Mais commençons par le positif en mentionnant par exemple le système d'armes modulaire. Vous ne pouvez porter que trois armes à la fois, mais chacune d'entre elles peut être modifiée pour être transformée en un tout autre flingue. Un simple pistolet peut par exemple devenir un pistolet mitrailleur. De manière réversible, mais également améliorable encore plus par la suite, via l'ajout de différents accessoires. L'autre trouvaille très sympathique du jeu concerne la présence de voitures radiocommandées. En téléguider une jusque sous un tank ennemi avant de la faire exploser à distance ne manque pas de piquant. Enfin, on pourra également louer la présence de différentes zones dans la ville, qui apportent un peu de variété dans un gameplay un peu trop répétitif par ailleurs.
LA RÉVOLUTION, À LA FRANÇAISE ?
Les zones rouges sont patrouillées en permanence par l'armée coréenne et totalement interdites aux civils. En termes de gameplay, il s'agit donc de secteurs où l'affrontement est quasiment inévitable, les ennemis tirant à vue sur le joueur. A l'inverse, les civils sont tolérés dans les zones jaunes. Tant que vous ne sortez pas votre arme et que vous ne vous faites pas scanner par un des nombreux drones qui quadrillent la ville, vous pouvez donc vous balader à peu près tranquillement, discuter avec les PNJ, faire des achats ou encore, et surtout, jouer l'élimination discrète, en mode infiltration. Une activité que vous pourrez également pratiquer dans les zones vertes, qui correspondent aux quartiers généraux des coréens et proposent des missions plus scriptées qu'ailleurs. Même s'il est bon à prendre, ce découpage ne suffit tout de même pas à effacer toute impression de routine. Le jeu veut parfois en faire trop, et finit par nous noyer dans les actions rébarbatives. A la manière d'un open world Ubisoft, Homefront : The Revolution nous demande par exemple de pirater des dispositifs pour localiser différents points d'intérêt sur la carte, de dénicher des planques bien cachées, de répondre à des appels de détresse aléatoires, de réaliser différentes missions secondaires, de découvrir des points stratégiques, etc. Evidemment, on est tenté au premier abord de se réjouir de cette profusion d'activités. Mais la lassitude gagne rapidement, et on finit par se concentrer sur les missions principales.
Au final, on ressort de Homefront : The Revolution avec une impression mitigée. Celle d'un jeu bourré de bonnes intentions mais qui n'a clairement pas eu les moyens de ses ambitions.
De même, la présence d'un système de crafting pour concocter des explosifs colle assez bien à l'ambiance de guérilla urbaine. Mais devoir s'arrêter pour looter chaque cadavre à la recherche de piles et autres produits chimiques casse le rythme de l'action. D'une manière générale, les efforts de crédibilité et d'immersion tombent régulièrement à l'eau, que ce soit lorsque notre héros reste désespérément muet lors de certaines cinématiques (alors qu'un simple mot de sa part suffirait à lui sauver la mise), lorsqu'une mission où l'on se contente d'aller parler à un personnage situé à 300 mètres rapporte 500 dollars (l'aspect survie en prend alors un coup) ou, pire encore, lorsqu'un bug vient ruiner le plaisir du joueur. Le bilan technique du jeu est en effet assez mauvais, puisque l'on doit notamment faire face à un manque flagrant de fluidité ainsi qu'à une intelligence artificielle rudimentaire, voire maladroite. Un problème double, puisqu'en plus de devoir affronter des Coréens mous du genou et un peu stupides, on doit également subir le comportement d'alliés suicidaires ou gênants. A la base, c'était pourtant une bonne idée que de nous laisser enrôler à notre guise des compagnons, pour nous aider dans nos affrontements quotidiens avec l'armée coréenne ! Autre faux-pas : la gestion des scripts, qui permet de foncer sur certains objectifs précis avec de nombreux soldats à nos basques, le déclenchement de la scène cinématique dévolue à l'objectif entraînant alors l'élimination pure et simple de toute menace. Au final, on ressort de Homefront : The Revolution avec une impression mitigée. Celle d'un jeu bourré de bonnes intentions mais qui n'a clairement pas eu les moyens de ses ambitions. La révolution attendra…