Test Hellblade 2 : le plus beau jeu du monde est-il un bon jeu ?
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- C'est le plus beau jeu vidéo à l'heure actuelle
- On a jamais vu des personnages de jeu vidéo avec des expressions faciales aussi réalistes
- Ambiance sonore incrédiblé !
- La violence sans concession
- Des chorégraphies de combat plus élaborées
- Des thèmes intelligemment abordés dans un jeu vidéo
- Mise en scène époustouflante
- Une expérience unique
- Gameplay ultra basique, qui n'évolue jamais
- Certaines énigmes qui se répètent
- Un peu court tout de même
- Pas de VF
Il y a plusieurs choses qui font que Hellblade 2 possède de nombreux points commun avec The Northman. Le thème pour commencer, puisque la suite du jeu de Ninja Theory a décidé de nous envoyer vers de nouvelles contrées, celle de l'Islande, là même où le film de Robert Eggers a été tourné. Vous allez donc retrouver la beauté de ces espaces naturels à la fois hypnotiques, désolées et hostiles, qui avait aussi servi de décors pour le jeu Death Stranding de Hideo Kojima. Et puis y a la scène de la tempête sur le bateau, le village massacré avec ses corps découpés et recomposés pour en faire des trophées immondes, ce passage au bord d'un volcan plongé dans la pénombre, avec des personnages éclairées uniquement par la lueur de la lave, sans compter les moments d'hallucination qui nous transportent dans des lieux anxiogènes et à l'intérieur de l'esprit de nos protagonistes principaux, sans doute s'agit-il de pures coïncidences, car le film est sorti il y a 2 ans et Hellblade 2 est en développement depuis presque 6 ans, mais les ressemblances sont vraiment nombreuses, parfois même troublantes. Bref, si jamais vous avez aimé Hellblade 2, je ne peux que vous conseiller de vous jeter sur The Northman, et ça marche aussi dans l'autre sens. Si vous êtes ressorti secoué du film de Robert Eggers, le titre de Ninja Theory va aussi vous retourner, car là aussi, il faut parfois avoir le coeur accroché.
UN TRAVAIL SUR LE SON D'EXCEPTION
Parce que oui, après avoir défié les deux de l'illusion dans le premier Hellblade, afin de parvenir à faire le deuil de Dillion, son mari, et chasser de son esprit sa mort atroce, Senua va désormais s'attaquer aux Dieux nordiques, ou du moins, les mythes qui composent le folklore de cette mythologie qui est clairement à la mode dans le jeu vidéo depuis quelques années. Et comme chacun sait, la représentation qu'on en fait de la mythologie nordique est rarement chaleureuse ou bienveillante. Et l'univers de Hellblade 2 ne fera pas exception. Ici, l'atmosphère est froide, limite glaciale, hostile aussi, violente bien sûr et les développeurs de Ninja Theory s'y sont pas allés avec le dos de la cuillère. Dans le jeu, vous allez voir des gens se faire taillader, avec des plaies bien ouvertes et visibles, quand il ne se font pas découper. Les cadavres font se multiplier, le sang couler, les gens hurler, au point où parfois c'en est dérangeant. Je vous conseille d'ailleurs de jouer à Hellblade 2 avec votre meilleur casque pour 2 raisons : la première parce que l'ambiance sonore du jeu est absolument époustouflant, sans doute l'un des meilleurs en la matière. L'autre raison, c'est pour éviter d'effrayer vos enfants, ou vos voisins, si vous en avez.
Clairement, Hellblade 2 n'est pas un jeu destiné au grand public, encore moins pour les gens qui n'aiment pas les jeux qui font peur. Parce que oui, dans Hellblade 2, vous allez vous retrouver dans des situations parfois dérangeantes, surtout que le titre de Ninja Thoery aborde des sujets assez lourds comme les troubles psychiques, le traumatisme, la schizophrénie et d'autres thèmes qui peuvent heurter la sensibilité chez certaines personnes. Senua, notre personnage principal, est d'ailleurs atteinte de ces troubles mentaux, considérés dans ce mode de vikings comme étant prophétiques chez certains. Dans le jeu, cette maladie est représentée constamment par la présence de voix qui parlent, ou chuchotent. L'esprit torturé de Senua agit sur elle à chaque moment de son périple, si bien que tout cela peut devenir vite oppressant chez certaines personnages. A cela s'ajoute des voix supplémentaires, au timbre très grave, perfois glutural, capable de vous glacer le sang lors de passages plongés dans l'obscurité. Sachant que le sound design exceptionnel du jeu et la gestion de l'audio à 360 est géré à la perfection, si jamais vous êtes ouvert à la proposition, c'est une expérience hors du commun que vous allez vivre avec Hellblade 2.
LE PLUS BEAU JEU JAMAIS CRÉÉ ?
Et pour que le voyage soit mémorable, les petits gars de chez Ninja Theory ont fait étal de tout leur savoir-faire. On savait que Hellblade 2 allait envoyer du steak de Kobé en matière de graphismes vu les trailers qu'on avait vus, mais en vrai, c'est au-dessus de nos espérances. Pour peu que vous ayez u, bel et grand écran 4K, OLED si possible, et vous verrez alors le travail de dingo abattu par le studio anglais. C'est simple, c'est à l'heure actuelle le plus jeu jamais créé, en termes de graphismes. C'est d'une beauté confondante, qu'il s'agisse des environnements, des textures archi détaillés, la modélisation des personnages, leurs animations, on a atteint un niveau dans le photo-réalisme qui fait vraiment peur. Parfois, on a même du mal à se dire qu'on est devant un jeu vidéo, plus un film d'animation, tant les expressions faciales sont criantes de vérité. On avait déjà atteint un gros gros niveau avec Alan Wake 2, on a franchi un cap en plus avec Hellblade 2. Ce qui est maboule dans la modélisation des persos, et je ne parle même pas que de Senua, mais de tous les autres protagonistes présents dans l'aventure, c'est ce rendu ultra fidèle. Chaque muscle du visage bouge, même les lèvres qui font apparaître la dentité. On a atteint un tel degré de finition absolu qu'on voit même les veines dans les yeux de Senua quand on place la caméra au bon endroit.
Mieux encore, chaque mouvement réalisé par n'importe quel personnage est accompagné d'une expression facile concordante, qu'il s'agisse d'un effort, d'une souffrance, de la peur ou même d'un sourire, c'est du jamais vu. Et à cela s'ajoute toute la gestion de la lumière et de l'éclairage qui force aussi le respect, et qui participe à rendre ce monde ravagé encore plus crédible et suffoquant. Quand je pense que l'équipe complète est composée seulement de 100 personnes, on mesure maintenant tout le travail qui a été abattu. C'est prodigieux. Alors bien sûr, on pourra toujours se dire que Hellblade 2 est un jeu couloir, hyper scripté et que comparé à un open world systématique, c'est plus facile d'obtenir ce rendu visuel de zinzin, et vous aurez raison, mais toujours est-il que lorsqu'on a le jeu en face de soi, ça reste super impressionnant et qu'il aura fallu attendre presque 5 ans avant de pouvoir goûter à la next gen.
LE GAMEPLAY, QUEL GAMEPLAY ?
Là où ça coince un peu plus, c'est dans son gameplay, très basique pour ne pas dire simpliste, car ce dernier est exactement le même du début du jeu jusqu'à la fin de l'aventure. Dans Hellblade 2, il n'y a pas d'arbres de compétences, pas de combo ni de mécanique spéciale à débloquer au fil du jeu, tout se base sur des choses simples. On avance, on court, on grimpe une corniche, on descend d'une échelle et surtout on contemple ce qui se passe autour de soi. Ceux qui ont joué au premier Hellblade seront en terrain connu, les autres découvriront un jeu ultra limité dans ses actions. On peut enjamber ce bout de bois ici, ou grimper cette corniche, mais pas celle à côté, car elle n'a pas été designé comme tel, vous devrez suivre ce chemin tout tracé et ultra balisé, sans jamais pouvoir faire demi-tour souvent, et votre épée ne pourra sortir de son, fourreau que lorsque le jeu vous l'impose, c'est-à-dire lors de séquences de combat programmé. Le jeu est découpé de la même manière que le premier : l'exploration avec les énigmes qui vont avec et les affrontements brutaux.
Une fois en position combat, on se retrouve dans une sorte d'arène fermée et très restreinte où chaque ennemi est une petite épreuve en soi. Il y a une attaque rapide, une autre plus loudre, la possibilité de parer avec son épée, ou alors d'esquiver. Pas de combo à réaliser, juste du bon sens et une bonne lecture du pattern des ennemis, qui n'est pas bien compliqué, surtout si vous êtes habitués des jeux de FromSoftware. Il y a juste ce miroir que Senua transporte avec elle et qui lui permet de déclencher une sorte de bullet time qui lui permet de ralentir le temps et d'asséner des attaques plus dévastatrices. Malgré tout, on note des changements dans la façon d'appréhender les combats, puisqu'ils ne se résument plus à du 1v1 classique, puisque d'autres adveraires peuvent surgir d'autres côtés, le temps avec une chorégraphie travaillée et stylisée. C'est évidemment très cinématographique et si vous êtes sensible à la proposition, vous risquez d'en apprécier chaque coup de lame donné. D'autant que la violence des coups est là, prête à vous mettre mal à l'aise à chaque gorge tranchée ou lame plantée dans le sternum.
CINÉMA OU JEU VIDÉO ? P'TET LES DEUX
Toujours dans l'optique d'offrir la plus grande expérience cinématographique possible, Hellblade 2 a épuré son HUD au maximum, puisqu'il n'y a aucun élément contextuel à l'écran, rien du tout. Même l'écran a été proposé dans un format cinémascope que les possesseurs d'écrans ultra wide pourront profiter, même si on sait que rajouter des bandes noires permet aussi de gratter sur les performances du jeu. Sinon, Hellblade 2 ne perd jamais de temps à expliquer ses systèmes, ni même ses énigmes, c'est au joueur de se débrouiller seul, quoiqu'il arrive, et ce peu importe la difficulté. A noter d'ailleurs qu'il y a dans le jeu une difficulté dite dynamique qui consiste à adopter la difficulté selon la façon de jouer du joueur, ce qui est vraiment un ajout non négligeable. De toutes les façons, Hellblade 2 n'est pas un jeu punitif, contrairement à d'autres, il mise avant tout sur le côté intuituif des joueurs, en leur faisant confiance, et mêmes les énigmes qui devenaient un peu pénibles dans le premier épisode ont été simplifiés dans cette suite. Bon, il y a des moments où vous allez galérer plus que d'autres, mais globalement, ça passe plutôt bien.
D'ailleurs, Ninja Theory l'avait annoncé, mais oui, le jeu est court. Il faut compter entre 8 et 9h pour un premier run, si jamais vous êtes bloqués sur des casse-têtes, 5/6h pour un deuxième run et après il y a peu de chances d'y retourner, mais l'expérience en vaut tout de même la chandelle, surtout si vous êtes sensible à la proposition. De toutes les façons, ce n'est pas par son gameplay que Hellblade 2 retiendra toutes les attentions, mais plutôt dans son atmosphère, son ambiance et son histoire, sans oublier sa mise en scène grandiose. Si jamais vous n'avez pas adhérer au premier jeu de 2017, il y a peu de chances que cette suite parvienne à retenir votre attention. La formule est la même et les changements assez anecdotiques. Par contre, si vous êtes sensible à ce genre d'expérience, alors vous en sortirez pas indemne.