Hellblade 2 : vers le plus beau jeu next gen du moment ? Les retours sont dithyrambiques
Ça n'a échappé à personne et ça fait un moment qu'on l'évoque dans nos colonnes et nos vidéos édito, mais cette génération de consoles, que ce soit chez PlayStation ou Xbox, est assez déceptive, ou décevante si vous préférez en bon français. Les jeux véritablement next gen, avec une technique irréprochable, proposant de la 4K et du 60fps, chose qui était pourtant promise avec la PS5 et la Xbox Series, on a l'impression que c'était du bluff jusqu'à présent. Il y a plusieurs raisons à cela : la pandémie pour commencer qui a généré un problème d'approvisionnement dans les composants et a également rallongé la période de transition entre la génération précédente et la next gen. Et forcément, quand on développe des jeux pour la gen d'avant et la nouvelle, on ne peut pas utiliser toutes les ressources des nouvelles machines. Autre raison : on peut aussi remettre en cause certaines méthodes de travail dans certains studios, qui rallongent les temps de développement et grignotent aussi sur le budget de production, mais c'est surtout que les vrais outils next gen, comme l'Unreal Engine 5, ont mis du temps à prendre forme sur les consoles de salon. Et bien, justement, s'il y a bien un aspect sur lequel Hellblade 2 ne trahira pas le joueur, c'est sur le plan visuel. Tous les médias et journalistes qui étaient invités chez Ninja Theory sont unanimes : Hellablde 2 est un claque graphique et c'est évidemment sur ce point que rien n'a été dégradé depuis les promesses en 2019. Le jeu s'annonce photoréaliste à un point où les points de détail dans le jeu se situaient au niveau des veines occulaires dans les yeux du personnage de Senua. Le studio anglais cherche la perfection à tout prix et il semble s'en rapprocher à en croire les retours des invités sur place.
Cela est dû en partie à l'Unreal Engine 5 bien sûr, mais aussi aux talents de Ninja Theory, de la manière dont ils ont sû utiliser les outils. Le jeu promet un rendu next gen, avec une modélisation ultra poussée des personnages, des détails à l'extrême, des animations motion-capturées sur tout, et l'intégration d'expressions faciales encore plus réalistes. Pour chaque mouvement, chaque action, Senua réagit en conséquence. Senua grimace en poignardant un ennemi avec son épée dans Hellblade 2, se crispe en évitant des attaques. Ca existe déjà dans d'autres jeux bien sûr, mais le rendu est poussé à son extrême dans Hellblde 2 et et c'est ce côté émotionnel qui rend aussi le jeu next gen dans son enveloppe charnel. Sauf que ce degré de détail extrême a un prix, celui du frame-rate, et malheureusement, Hellblade 2 ne tournera pas en 60 images par seconde, malgré le fait qu'il s'agisse d'un jeu couloir avant tout. Ninja Theory a confirmé aux médias sur place que le framerate sera verrouillé à 30fps, afin de privilégier la stabilité et surtout ne pas perdre en qualité visuelle non plus. De quoi alimenter un peu plus la polémique autour des performances des consoles actuelles...
Autre détail très important qui sont sortis des previews de Hellblade 2, c'est que Tameem Antoniades ne fait plus partie de Ninja Theory. Il a visiblement quitté le studio sur la pointe des pieds, sans aucune mention ni explication publique. Un responsable de chez Xbox présent lors de l'événement l'a confirmé auprès des journalistes qui étaient sur place. On l'apprend donc aujourd'hui, sachant qu'il est l'un des co-fondateurs de Ninja Theory, le directeur créatif de tous les jeux jusqu'à présent et surtout celui qui était à l'origine du Dante de 2013 avec le reboot DmC Devil May Cry et son look émo qui avait fait couler tant d'encre à l'époque. Tameem Antoniades a été remplacé par trois personnes : Dan Attwell, le directeur artistique environnements, Mark Slater le directeur des effets visuels et David Garcia, le directeur audio. On ne sait pas trop de ce qui s'est passé pour qu'un homme aussi important que lui quitte le navire à quelques mois de la sortie du jeu, et surtout que personne n'en est parlé, mais dans tous les cas, c'est assez brutal comme annonce... On vous laisse à vos supputations.
Mais revenons à Hellblade 2 et à ce hands-on qui a permis d'en savoir plus sur l'histoire du jeu, qui se situe après les événements du premier épisode. Si jamais vous n'avez pas fait le premier épisode de 2017, je vous suggère de vous y mettre, au moins pour comprendre ce qui se passe à la fin. Je vous rappelle qu'on incarne Senua, une jeune guerrière picte du 10è siècle, dont la particularité est d'être atteinte de troubles mentaux et donc d'entendre des voix. Et ce qui est intéressant avec cette série, c'est qu'à cette époque, être atteint de psychoses n'était pas considéré comme une maladie, mais plutôt une malédiction. Résultat, Senua est une femme qui a été rejeté, humiliée et surtout isolée et c'est sur ce point que le jeu a développé son gameplay, avec un sound design particulièrement développé et intense, où chaque son permettait de savoir d'où les ennemis pouvaient arriver. Le son avait autant d'importance que le visuel dans le premier Hellblade. Le premier Hellblade était une métaphore de la lutte du personnage contre ses psychoses et les développeurs de Ninja Theory avaient travaillé en étroite collaboration avec des des spécialistes de la santé mentale et des personnes vivant avec la maladie.
Dans cette suite, Senua est toujours atteinte de ces psychoses, mais elle a réussi à les accepter et parvient à mieux les contrôler quelque part. C'est aussi la raison pour laquelle les développeurs ont souhaité faire évoluer le jeu et le gameplay. Dorénavant, Senua ne sera plus seule dans son épopée. Elle a fait le deuil de son bien-aimé à la fin du premier opus et cette fois-ci, Senua se rend en Islande à la recherche des esclavagistes nordiques qui déciment sa communauté dans le nord des îles britanniques. Si Senua ne sera plus tout à fait seule, le choix de l'Islande reste une sorte d'analogie à la solitude, le pays étant l'un des plus isolés du monde, avec ses décors désolés et magnifiques à la fois. Ninja Thoery décrit Hellblade 2 comme une lettre d'amour à l'Islande et les équipes se sont rendues sur place pour modéliser pleinement la topographie de l’Islande. Les décors du jeu ont été réalisés à partir de scans capturés par des drones, d'imagerie satellite, maisaussi de génération procédurale photogrammétrique. L'idée étant de restituer l'ambiance et l'authenticité des lieux. Il y a dans les paysages de l'Islande un contraste géologique extrême, tandis que la psychologie du paysage islandais correspond étroitement à celle de Senua. On se rappelle d'ailleurs que Hideo Kojima avait aussi choisi l'Islande pour restituer la solitude de Sam Porter, le héros de Death Stranding.
Cela signifie que les décors dans Hellblade 2 sera plus ouverts, plus variés aussi et moins sombres que le premier. Du moins en surface, car cette suite gardera cette thématique mature, violente et dark à la fois. Parfois les autres évolutions de Hellblade 2, il y a le gameplay et le système de combat. Si le premier épisode avait été apprécié de manière générale, certains joueurs trouvaient les combats trop limités et c'est quelque chose que Ninja Theory a pris en compte. Ce n'est pas tant que les possibilités seront plus nombreuses, mais c'est dans la mise en scène et la véracité des mouvements qui vont donner une autre amplitude au combat. Comme on peut le voir sur les nouvelles images de gameplay qui ont été partagée, ça reste très dirigiste et figé sur un même axe de lecture, mais disons que de nouveaux éléments extérieurs vont apporter plus de dynamisme aux événements. Il y a cependant un côté très viscéral et brutal qui se dégage des combats, et cela est dû à la façon dont Ninja Thoery a travaillé. Contrairement à d'autres jeux, les combats n'ont pas été animés, mais ils ont tous été motion-captionnés, à 100%. Cela veut dire que tous les mouvements dans les combats ont été réalisés par des acteurs et que leurs mouvements humains ont tous été transposés dans le jeu. Les développeurs voulaient obtenir un résultat unique, une sorte d'affrontement en tête-à-tête, à la fois lent et brutal. Chaque coup porté ou évité doit se faire sentir, pour que se dégage ce sentiment de violence cru où baigne Senua. Les développeurs de Ninja Theory cherchent à créer un lien émotionnel entre Senua et le joueur et cela est possible uniquement su les choses qu'il voit à l'écran sont réels et authenthiques. La caméra est d'ailleurs volontairement serrée sur le personnage de Senua, justement parce que les développeurs veulent limiter la vision du joueur, qu'il ne sache pas vraiment d'où vient le danger. Un peu en fait à la manière de The Callisto Protocol en vrai, qui avait opté pour le même rendu viscéral, que beaucoup de joueurs n'ont pas compris, alors que c'était une proposition déjà avant-gardiste.
Voilà ce qu'on pouvait ressortir de ces previews 45 min de hands-on sur Hellblade 2. On a aussi appris que le studio a augmenté de taille depuis ses débuts. On est passé de 20 développeurs sur le 1er Hellblade à 80 personnes. C'est plus, mais ça reste faible pour la production d'un jeu de cette ampleur et s'il y a si peu de personnes, c'est une vraie volonté de Ninja Theory, qui veut garder sa taille humaine dans sa manière de travailler. Ils veulent garder le côté artisanal, tout en continuaant à faire des AAA. C'est tout à leur honneur, mais en revanche, ça demande plus de temps bien évidemment. Rendez-vous le 21 mai prochain pour le verdict final.