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Pour son premier titre original en dehors de la série Tony Hawk, Neversoft n’a pas choisi le registre le plus facile pour afficher ses ambitions. C’est un choix d’autant plus estimable puisque Gun réussit à marier avec brio plusieurs genres, ce qui offre au joueur une expérience de jeu unique. Malgré ses quelques défauts techniques, Gun reste néanmoins un titre où les balades à cheval n’ont jamais été aussi jouissives et la sensation de liberté grisante.
- Une ambiance dingue
- Les phases à cheval : du pur bonheur
- Le scalp
- La variété des missions
- Les différentes évolutions de Colton White
- Une intrigue classique mais sympathique
- Le choix de la VOST
- Durée de vie convenable
- Des faiblesses graphiques
- Nombreux bugs de collision
- I.A. totalement absente
Loin des skateparks et de l’ambiance californienne de la série Tony Hawk, Neversoft s’attaque à un genre peu représenté dans le jeu vidéo : le western. Conquête de l’ouest, chevauchée sauvage, violence ubiquiste, mise en scène cinématographique, tous ces éléments se conjuguent pour nous offrir un jeu d’une grande qualité.
1880 dans le Montana. Colton White et son père Ned chassent comme d’habitude le gibier pour un train à vapeur qui traverse le Missouri. C’est ainsi que nos deux compères gagnent leur croûte. Mais ce jour-là, la vie de ces deux hommes va basculer lorsqu’une jeune femme se fait sauvagement assassiner par ce qui semble être un prêtre aux coutumes peu catholiques. Il faut avouer que punir une femme qui refuse des avances en lui plantant une hache en pleine tête n’est pas chose courante. S’ensuit alors une baston générale qui vire rapidement au bain de sang. Plutôt habitués à ce type de pugilat, Colton et Ned tentent de sauver leur peau jusqu’à ce que le nombre trop important d’antagonistes les obligent à prendre la fuite. Enfin, pas tout à fait puisque Ned décide de rester seul à bord du bateau en poussant Colton à l'eau, en lui avouant qu’il n’est pas son père biologique. Attristé mais pas découragé, Colton décide alors de percer le mystère de son adoption et par la même occasion retrouver les assassins de Ned. S’il trouve rapidement des réponses à ses questions, notre cow-boy soulève également d’autres interrogations qui vont l’amener à changer de camp à plusieurs reprises, causant la perte à de nombreux amis et maîtresses. Bienvenue dans le monde impitoyable de Gun.
Danse avec les loups
Si l’histoire de Gun réussit à nous tenir en haleine jusqu’au bout de l’aventure, c’est grâce au talent de Leonard Johnson, scénariste à Hollywood et dépêché par Activision pour ficeler entre elles les intrigues de Gun. Sur ce même modèle, l’équipe de développement s’est gavée de références en tout genre pour nous proposer une mise en scène et un contenu digne des meilleurs westerns. Pour donner encore plus de crédit à une réalisation déjà bien convaincante, Activision s’est offert les services de comédiens de renom pour assurer le doublage du jeu. Saluons d’ailleurs au passage le choix d’avoir conservé la version originale sous-titrée en français, qui évite de cette façon les sempiternels doublages français catastrophiques que l’on peut avoir dans le jeu vidéo. Il ne fait donc aucun doute que Neversoft a fait preuve d’un travail de fond pour nous offrir une ambiance digne des films de Sergio Leone ou plutôt du chef d’œuvre de Kevin Costner : Danse avec les loups dont les ressemblances avec Gun ne sont pas anodines. A l’instar du Lieutenant Dunbar, Colton se découvrira des racines indiennes qui l’obligeront à prendre la défense de ce peuple qu’il considérait jusqu’alors comme les plus vils ennemis des Amériques. Afin de toujours coller au mieux à l’ambiance réaliste de la conquête de l’Ouest, Neversoft ne s’est pas privé de montrer la violence comme elle l’était à cette époque où l’on considérait le peuple indien comme de simples sauvages. Balles dans la tête, égorgement, décapitation, démembrement, filets de sang et autres scalps (pour pouvoir pratiquer cet "art" ancestral, il faut impérativement acheter le couteau indien chez le marchand d'armes) qui apporte encore plus de sensations de barbarie, puisqu’il est possible de découper la calotte crânienne pour achever un ennemi qui agonit encore au sol. Grisant. Bref, Gun n’a franchement pas usurpé sa recommandation PEGI 18+ qui le classe parmi les jeux à ne pas laisser entre toutes les mains.
Mort ou vif
Sur le modèle de GTA, Gun propose un environnement totalement ouvert, sans aucun temps de chargement. La technologie du streaming fait des miracles et la sensation de liberté prend alors des proportions démesurées. Pour parcourir ces kilomètres de plaines et autres vallées désertiques, il est conseillé de faire appel à votre cheval, qui deviendra rapidement votre ami pour la vie. A l’instar d'un Zelda, Gun prend une toute autre dimension, une fois sur le dos de son cheval, en assurant des sensations franchement grisantes. Grâce à un travail minutieux de la part des développeurs, les mouvements de notre compagnon chevalin frise le réalisme parfait. Trot, galop, petits pas sur le côté, cabré, le moyen de transport principal du jeu a été animé avec le plus grand des soins et nous obéira au doigt et à l’œil. Attention toutefois à prendre soin de lui car il n’est pas à l’abri des tirs ennemis, qui pourraient ainsi le blesser. En cas de décès prématuré, il reste toujours la possibilité de chevaucher les montures d’autrui, un peu comme Tommy Vercetti changeant de véhicule quand ça lui chante.
Pour le reste, c’est à pied que se déroulera le jeu puisqu’il est possible de pénétrer à l’intérieur de certains bâtiments pour discuter avec le tenancier d’un saloon ou bien encore de s'adresser au barman qui propose de temps à autre de faire quelques emplettes ou de s’informer sur d’éventuelles nouvelles qui circulent en ville. Ces personnages tiers sont visibles sur la boussole du jeu et sont indiquées par un point bleu, qui permet aussi de repérer des missions annexes comme cette fameuse séquence où il faut mener son troupeau de bovins d’un point A à un point B. Mais Gun fait également la part belle aux scènes d’action avec, vous l’imaginez, des gunfights comme on aime en voir dans les films de western. Si le jeu se déroule principalement en mode de vue à la troisième personne, il est possible de passer en vue subjective (R2). On passe alors en slow motion et l’action ralentit, permettant de tirer avec plus de précision. De même, pendant ce mode bullet time, une petite pression sur une direction permet de locker immédiatement un ennemi, ce qui permet au joueur de gagner du temps, chose précieuse sous le feu nourri de l’ennemi. Intuitif donc. Pas d’inquiétude à avoir cependant, Gun n’est pas un ersatz de Max Payne à la sauce Clint Eastwood, puisque le personnage Colton va évoluer au cours du jeu et de nombreuses missions optionnelles seront présentes pour booster ses caractéristiques. De plus, l’arsenal va s’améliorer au fil des missions pour atteindre la quarantaine d’armes upgradables disponibles, même si l’on peut uniquement porter un maximum de 4 armes et 2 types de grenades. Ce petit aspect RPG, couplé à la douzaine de changements d’aspect durant le jeu, concourt à faire de Gun un jeu à la variété évidente.
Haut les mains, peau de lapin, la maîtresse en maillot de bain
Mais Gun n’est pas exempt de défauts, loin de là puisque d’un point de vue technique, on aurait espéré un rendu plus fin et des textures plus détaillées. Il n’empêche que dans l’ensemble les décors sont assez réussis et les expressions des visages sur les différents personnages traduisent bien l’humeur du moment. Il faudra également être tolérant sur les bugs de collision, fort nombreux dans le jeu et qui prouvent que le moteur utilisé semble être proche de celui des derniers épisodes de Tony Hawk avec quelques améliorations apportées ici et là pour ne pas trop se faire devancer par la concurrence. Bien qu’il ne soit pas un élément majeur du jeu, l’intelligence artificielle affiche un certain laxisme, d’autant plus qu’il est aisé de se débarrasser des ennemis par le biais du bullet time, sans oublier le nombre infini de munitions dont dispose le joueur avec l’arme de base : le revolver. Un conseil, optez pour une difficulté plus élevée que la moyenne si vous aimez un tant soit peu les challenges. Il est également regrettable que la fluidité des actions soit fréquemment hachée par une baisse de frame-rate qui empêche de profiter pleinement des séquences de gunfights pour le moins dynamiques. Un problème récurrent sur PS2 qu'on espère totalement évincé sur Xbox 360. Réponse à la fin du mois.