Test Guitar Hero Live sur PS4 et Xbox One sur X360
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Putain, 5 ans ! C’est le temps qu’il aura fallu à Guitar Hero pour remonter sur scène et revenir avec un tout nouveau concept, rendu possible grâce aux Anglais de FreeStyleGames (les créateurs de DJ Hero) qui ont su réinventer la formule avec brio. En repositionnant les boutons sur la guitare, les concepteurs ont non seulement rafraîchi le gameplay, mais l’ont aussi rendu plus authentique, accessible et grisant que jamais. La marge de progression est telle que Guitar Hero Live est redevenu le phénomène qu’il était entre 2005 et 2010, là où le jeu était un incontournable des soirées gaming qui se finissaient toujours avec une bonne cuite dans la gueule. Outre les nouvelles sensations de jeu qu’il procure, Guitar Hero Live s’adapte également aux nouveaux modes de consommation et propose avec le mode TV un service online carré (les deux chaînes qui diffusent de la musique en continu, et qu’on peut rejoindre à tout moment est une chouette idée) pour que l’expérience ne se limite pas uniquement aux 42 chansons comprises dans le Blu-ray. Le seul hic de cette histoire, c’est d’avoir limité l’accès au catalogue à de la pure location, même lorsqu’on décide de payer avec nos vrais deniers. Espérons qu’Activision et FreeStyleGames réajustent le tir pour éviter de trop grandes frustrations.
- La nouvelle guitare qui réinvente la formule
- La vue subjective, vraiment immersive
- L’idée des deux festivals pour débloquer les 42 chansons du jeu
- Le nouvel habillage dans sa globalité
- L’idée des deux chaînes en continu
- Du contenu continuellement enrichi
- Le pack "jeu + guitare" franchement abordable
- Payer pour de la location
- Quelques morceaux vraiment hors-sujet
- La qualité médiocre de certains clips
On le sait depuis perpette, mais c’est le bon moment pour le rappeler : la guerre des jeux musicaux à instruments va bel et bien avoir lieu. Une quinzaine de jours après le retour de Rock Band 4 (testé 14/20 dans nos colonnes) sur le devant de la scène, c’est au tour de son principal concurrent de faire à son tour son come-back. Guitar Hero revient donc lui aussi après 5 ans de mise au placard, avec la ferme intention de relancer un genre qui jadis générait des milliards de dollars de recettes. Pour ce faire, Activision a fait appel à FreeStyleGames, un studio britannique qui a déjà œuvré pour le genre puisque c’est à lui qu’on doit les deux épisodes de DJ Hero, compatibles à l’époque avec Guitar Hero pour des mash-ups de dingo. Mais en 2015, pour le retour de la franchise, la firme anglaise propose une toute nouvelle lecture de Guitar Hero, plus moderne, plus sérieuse mais surtout plus en phase avec les modes de consommation qui régissent les joueurs aujourd’hui. Alors, faut-il vraiment ressortir le médiator ? Complètement, assurément et on vous l’explique avec nos arguments.
Rock Band 4 d’un côté, Guitar Hero Live de l’autre. Si pendant plus de 5 ans, les deux licences se sont livrées une bataille acharnée à grands coups de riffs assassins et de larsens étourdissants, elles ont toujours été très proches dans leur concept et la façon de concevoir le jeu musical à instruments. Pas vraiment étonnant quand on connaît l’historique des deux frères ennemis, l’un ayant donné naissance à l’autre. Mais tout ceci appartient désormais au passé et en 2015, chaque studio affiche dorénavant sa propre philosophie. Philosophie qui va d’ailleurs diviser les joueurs en deux clans distincts, et quelque part faciliter leur achat de Noël. Si Harmonix Music Systems et Mad Catz misent sur le conservatisme, Activision et FreeStyleGames ont choisi la voie du changement, de l’innovation et du renouveau. Une prise de risque qui se traduit pour commencer par une toute nouvelle guitare dans laquelle il faut bien évidemment investir. A ce sujet, Activision s’est montré plutôt grand prince en proposant un prix abordable de 79,99€ pour le pack "jeu + guitare", ce qui n’est pas vraiment le cas de Mad Catz qui s’est littéralement lâché sur le tarif de Rock Band 4 avec son pack "guitare + jeu" à 169,99€ , tandis que le set complet (guitare, batterie, micro et jeu) vous coûtera la coquette somme de 299,99€. Des grands malades !
LE CHANGEMENT, C’EST MAINTENANT !
Mais revenons à nos moutons, enfin plutôt à notre gratte, flambante neuve, non pas par son look (elle ressemble beaucoup à celle de Guitar Hero 5 en vrai), mais dans la disposition de ses boutons. Oubliez les 5 touches colorées alignées les unes après les autres, désormais, il faut compter sur 6 boutons placés en deux lignes de trois, et qui s’intègrent parfaitement dans le manche de la guitare. Dis comme ça, on pourrait croire à un simple réajustement mineur, alors qu’en réalité, proposer ces deux rangées de frettes revient à modifier complètement le gameplay de Guitar Hero Live, et c’est à la fois très frustrant et très excitant. Très frustrant car on sait qu’il va falloir faire fi de tout l’apprentissage acquis par le passé, mais il serait de mauvaise foi de ne pas y voir une forme d’excitation à l’idée de devoir tout réapprendre en repartant sur des bases nouvelles. L’objectif pour FreeStyleGames était de se rapprocher des sensations qu’on peut éprouver une vraie guitare en main, et il est vrai qu’en introduisant les barrés, l’impression d’aligner des notes sur des cordes est plus que saisissante. L’autre intention de la part des développeurs, c’était aussi de rendre leur jeu plus accessible, notamment pour le commun des mortels. En limitant chaque rangée à trois boutons, le joueur n’a plus besoin de faire appel à l’auriculaire, toujours plus rigide que les autres doigts de la main. Il est vrai que dans les deux premiers modes de jeu, "Basique" et "Occasionnel", seule la rangée de touches blanches (celles du bas) est requise. Si c’est un bon moyen pour les débutants de commencer, c’est en passant en mode "Normal" que les choses deviennent tout de suite plus intéressantes.
Dis comme ça, on pourrait croire à un simple réajustement mineur, alors qu’en réalité, proposer ces deux rangées de frettes revient à modifier complètement le gameplay de Guitar Hero Live, et c’est à la fois très frustrant et très excitant.
La rangée du haut, celles correspondant aux touches noires, entre alors en jeu et il va falloir désormais faire comprendre à son cerveau – et à ses doigts – que les automatismes du passé, il faut tout de suite les oublier. Et qu’importe que vous fussiez un ancien expert de Guitar Hero, la gymnastique n’étant plus la même, on se retrouve comme un con à perdre les pédales (et les notes) et à vociférer bêtement que c’était mieux avant. Une réaction somme toute logique mais qui disparaît avec le temps, la marge de progression dans Guitar Hero Live étant considérable, au point qu’il est ensuite difficile de revenir à la configuration précédente et au gameplay d’antan. Si la majeure partie de l’apprentissage se gère en mode de difficulté Normal, c’est en passant à l’étape suivante, le mode Avancé, que le challenge devient de taille et donc grisant. Les barrés se font plus nombreux, les accords aussi et la vitesse décuplée rajoute une autre dose de difficulté. Mais les notes et les partitions étant aussi plus en phase avec le rythme de la chanson, il y a de fortes chances pour que l’envie d’être irréprochable en mode Avancé fasse partie des premiers objectifs de tout joueur un tant soit peu motivé. Bref, vous l’aurez compris, en optant pour le changement, FreeStyleGames insuffle un véritable vent de fraîcheur à Guitar Hero qui, contrairement à Rock Band, ne se repose pas sur ses acquis.
"J’AI LA GUITARE QUI ME DÉMANGE, ALORS JE GRATTE UN P’TIT PEU"
Mais remodeler le gameplay de Guitar Hero n’était pas le seul chantier entrepris par FreeStyleGames, qui s’est fixé un autre objectif : celui de repenser l’habillage du jeu. Là aussi, le leitmotiv était de proposer quelque chose d’authentique, de vrai, de similaire à ce qu’un guitariste peut ressentir lorsqu’il est sur scène devant des milliers de personnes. Pour ce faire, les concepteurs ont mis de côté l’aspect cartoonesque de la série pour nous proposer un rendu en live action, avec un véritable public capable de réagir et d’interagir avec les musiciens, eux aussi en chair et en os. Pour ce faire, Activision et FreeStyleGames ont casté de véritables groupes de musique, payés pour jouer à vos côtés et réagissant eux aussi à votre prestation scénique et musicale. Si vous enchaînez correctement les notes qui défilent à l’écran, vos partenaires vous encourageront par des sourires ou des clins d’œil et la complicité entre vous et les musiciens sera d’autant plus incroyable. Le public ne sera pas en reste et n’hésitera pas à vous accompagner en chantant, dansant pendant que les groupies au premier rang vous jetteront des regards amoureux. En revanche, si jamais vous vous plantez comme un John Frusciante trop haut perché, les réactions seront inverses, qu’il s’agisse des membres du groupe comme le public. Regards haineux, huées, pancartes avec des messages désobligeants et même des jets de canettes, tout a été pensé pour vous mettre mal à l’aise et vous obliger à être irréprochable. Dans les faits, il est tout à fait possible de passer d’un état euphorique à des réactions négatives, le tout se faisant par un flou d’écran qui sert alors de transition. Mais attention, contrairement aux précédents Guitar Hero, pas de Game Over ici, même si vous vous foirez lamentablement, preuve que le jeu se veut désormais plus grand public.
Vraiment réussi dans son rendu visuel, Guitar Hero Live se distingue aussi dans sa faculté à dissocier les deux modes de jeu qui le caractérisent. Il y a tout d’abord le mode Live dans lequel on retrouve cette fameuse vue subjective qui nous faire vivre la vie d’une rock star de ses propres yeux. Le jeu nous propose en effet d’expérimenter deux festivals différents, Rock the Block qui a lieu à Boulder City aux Etats-Unis, et Sound Dial qui se déroule dans la ville de Stoneford Castle en Grande-Bretagne. De cette manière, le joueur enchaîne et débloque les 42 chansons qui sont comprises sur la galette, en passant d’un groupe à un autre. La playlist est aussi éclectique qu’étonnante, et on passe aisément de Linkin Park à Eminem, en passant par Kasabian, Pearl Jam, Arctic Monkeys, The Lumineers,The Black Keys et bien d’autres encore. Là encore, FreeStyleGames a opté pour une grande variété dans les genres, histoire que tout le monde puisse s’y retrouver. D’ailleurs, à trop vouloir faire plaisir à tout le monde, on se retrouve aussi avec du hors-sujet total : One Direction, Katy Perry et sont autant d’artistes pop, voire dance, qu’il aurait fallu laisser dans la tracklist de Just Dance. Juste par cohérence, mais aussi pour la crédibilité.
MONEY, MONNAIE
L’autre gros morceau de Guitar Hero Live, c’est son mode TV (ou plutôt GH TV), un peu obscur malgré les différentes explications apportées par les responsables de FreeStyleGames lors des différentes présentations du jeu, qui avaient du mal à nous faire comprendre que Guitar Hero est enfin passé aux micro-transactions et à la location de titres. C’est simple, GH TV est l’endroit où vous allez passer le plus clair de votre temps une fois que vous aurez plié le mode Live en long, en large et en travers et que les 42 morceaux du Blu-ray n’auront plus aucun secret pour vous. En vous connectant aux services de Guitar Hero, vous allez pouvoir accéder aux deux chaînes qui diffusent de la musique en continu (jour comme nuit), un peu comme si vous allumiez votre poste de télé sur MTV. Si vous n’avez pas la main sur la programmation, vous pouvez toutefois connaître en avance (par tranche de 30 minutes) les morceaux qui seront diffusés selon plusieurs thématiques et types de musiques (pop, country, folk, métal) et donc revenir à l’horaire qui vous correspond le mieux. Vous pouvez alors rejoindre à tout moment le morceau qui passe pour non seulement regarder le clip, kiffer la vibe mais aussi gagner de l’expérience et de l’argent (virtuel), le cœur de cette GH TV. Car sans jeton ni Hero Cash, vous ne pourrez pas aller bien loin…
En vous connectant aux services de Guitar Hero, vous allez pouvoir accéder aux deux chaînes qui diffusent de la musique en continu (jour comme nuit), un peu comme si vous allumiez votre poste de télé sur MTV.
Si jouer les morceaux qui passent en continu sur les deux chaînes ne vous coûtera pas un seul kopek, dès lors que vous accéder au catalogue de Guitar Hero Live (plus de 200 chansons, qui seront par la suite mis à jour par les développeurs), il va falloir dépenser des jetons, une musique équivalant à un jeton. Pour en gagner, rien de plus simple, il faut monter en grade et donc en XP. A chaque fois que vous monterez en niveau, trois jetons finiront dans votre poche et il ne tient qu’à vous d’en faire bon usage. Mais c’est là que le bât blesse : même en payant la musique voulue avec un jeton, celle-ci ne sera pas pour autant votre propriété. Dans Guitar Hero Live, on paie pour jouer mais pour une durée – très – limitée, puisqu’il s’agit en réalité d’une location. Evidemment, ne soyons pas dupe, tout ce système a été pensé pour que le joueur cède, perdre patience et se décide à sortir le numéro de CB pour s’acheter un pass 24 heures par exemple et avoir accès au catalogue de façon illimitée. Même si on feint l’étonnement, il ne pouvait pas y avoir d’autres alternatives possibles pour que l’existence de Guitar Hero Live soit pérenne et qu’on évite l’intoxication d’une nouvelle playlist vendue au prix fort tous les 6 mois, comme ce fut le cas à l’âge d’or de Guitar Hero. S’il est évident que Guitar Hero Live va se mettre à dos une partie des joueurs, scandalisés par de telles méthodes de ventes, d’autres y verront là un bon moyen de mettre à jour le jeu, mais aussi de contrôler ses achats, à petites doses bien évidemment. Espérons qu’Activision reste raisonnable, voire grand prince comme c’est le cas avec le tarif du pack guitare + jeu proposé dans le commerce, car Guitar Hero Live semble avoir enfin trouvé la bonne formule pour que son retour ne soit pas vain, ou du moins pas qu’un simple one shot. On touche du bois.