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Malgré quelques points dérangeants (un prix un peu excessif pour une seule guitare, seulement des reprises, morceaux pas assez fédérateurs, habillage un peu léger) et une gratte en plastique un peu cheap qui ne manquera pas de nous faire sourire, Guitar Hero reste à l’heure actuelle le jeu musical le plus fendard de sa catégorie. Que l’on soit fan ou pas de musique rock, impossible de ne pas se piquer au jeu et de se prendre pour une rock star le temps de quelques chansons.
- Bonne ambiance assurée
- Difficulté très bien dosée
- Le pied total en multi
- Une fin de jeu très technique
- 80 €, un peu cher pour une seule guitare
- Que des reprises
- Des chansons pas assez fédératrices
- L'habillage kitsch
- Le côté Playskool de la gratte
Les jeux musicaux ont le vent en poupe, c’est une lapalissade. Véritable mouvement fédérateur du jeu vidéo dans les soirées bien arrosées, les SingStar, Donkey Konga et autres Dance Dance Revolution se développent à une vitesse folle, touchant un public autre que le simple gamer addict. Spécialiste du genre, le studio Harmonix Music Systems s’est fendu d’une nouvelle trouvaille : Guitar Hero. Attention forte dépendance assurée.
Quand on a commencé à écouter de la vraie musique avec les Red Hot Chili Peppers, Led Zep' et Nirvana à l’âge de 14 ans, on se sent forcément concerné par Guitar Hero. Dernière découverte en date des studios Harmonix Music Systems, Guitar Hero est devenu en l’espace de quelques mois un mouvement à part entière, débutant en novembre 2005 aux Etats-Unis. Visiblement adeptes de la rock & roll attitude, les développeurs ont soigné jusqu’au bout leur nouveau concept. Réplique d’une Gibson SG en plus petit avec vibrato pour faire hurles les notes, il y a également une lanière en plastique réglable pour tenir comme il faut sa gratte. Il ne manque plus qu'un bon ampli Marshall pour se croire en pleine répèt'. Comme il est indiqué lors des pages de chargement du jeu, il est déconseillé de tenir sa guitare trop au-dessus de la ceinture, à moins de vouloir ressembler à l’un des membres des Beatles. On ajoutera de notre côté qu’il est également préférable de ne pas la laisser pendouiller jusqu’aux genoux, sinon la comparaison avec Steve Jones (Sex Pistols pour les incultes) risque d’être de mise. Des conseils qui ne concernent évidemment pas les gratteux en herbe, d’ores et déjà prêts à faire péter les riffs sur ce jeu qu’on nous promet hallucinant. Vraiment ?
Are you experienced ?
Le concept de Guitar Hero est on ne peut plus simple. Après avoir pris le soin de choisir son rockeur fou, le but est de gravir les différents échelons du milieu pour devenir un guitariste de renom et par la même occasion faire la couverture des magazines de rock les plus en vogue. Gratter les notes qui défilent à l’écran au bon moment, voilà qui semble plutôt facile sur le papier. Seulement une fois la guitare en main, l’exercice s’avère être plus corsé que prévu, d’autant que la difficulté monte crescendo en fonction du mode de difficulté sélectionné : "Facile", "Moyen", "Difficile" et "Expert". Non, il est fortement conseillé de passer par le tutorial, passage obligatoire pour comprendre les quelques subtilités du jeu. Un peu à la manière d’un Donkey Konga, l’astuce est ici de valider les notes de couleur qui circulent à l’écran. Chaque note colorée correspond à l’une des 5 touches que l’on retrouve sur le manche de la guitare. Pour ce faire, il faut simplement maintenir la touche adéquate et gratter au moment opportun. En avançant dans le jeu, on apprend aussi à réaliser des accords, en maintenant deux boutons en même temps. Quant aux notes longues, il suffit simplement de laisser les touches enfoncées, sans oublier de faire fonctionner son vibrato, histoire de faire grimper son score de quelques points précieux. Le score s’établit en fonction du Rock Meter, ce petit boîtier en forme d’ampli situé en bas à droite de l’écran et qui nous informe des compétences du guitariste en prestation. Si l’aiguille venait à descendre plus bas que le seuil autorisé (zone rouge), le morceau s’arrête sur le champ, laissant le musicien aux mains d’un public qui n’hésite pas à faire valoir son mécontentement. A l’inverse, si le zikos se montre performant, il est immédiatement récompensé par des points à multiplier par deux voire quatre s’il réussit à enchaîner plusieurs notes et accords d’affilé. Mais l’ultime astuce pour faire péter son score et émoustiller le public en délire se situe au niveau du Star Power qui se met en route à partir du moment où le gratteux arrive à placer sans aucun accroc toutes les notes étoilées. Un petit éclair nous signale alors qu’il est grand temps de faire passer sa guitare à la verticale et faire passer toute la salle dans un étant de trans totale.
Woodstock à la maison
Pour se retrouver dans un état pareil, Harmonix Music Systems a tenté de soigner au mieux la tracklist. Franz Ferninand, Jimi Hendrix, Queen, Red Hot Chili Peppers, Incubus, Queens of The Stone Age, Pantera, David Bowie, ZZ Top, Sum 41, Megadeth, il y en a pour tous les goûts et on ne pourra pas dire que la liste n’est pas éclectique, même si on se serait passé de certains morceaux. Mais rassurez-vous, on est loin, très loin de la playlist foutage de gueule de SingStar Rocks ! Dommage en revanche que la totalité des morceaux ne soit que des reprises car quand bien même le résultat se montre suffisamment proche de l’original, certains artistes restent inimitables. En témoigne la reprise un peu bâclée de Cochise d’Audioslave. N’est pas Chris Cornell ni Tom Morello qui veut. Autre reproche peut-être : l’absence de titres classiques bien fédérateurs ou de groupes incontournables dans le monde du rock et du metal tels que Led Zeppelin, Nirvana, Metallica, Rage Against The Machine, Soundgarden, Foo Fighters, KoRn ou bien encore Sepultura. Bien sûr, on chipote mais les puristes de la première heure se demanderont également pourquoi faire appel à un Higher Ground, qui était d’ores et déjà une reprise de Stevie Wonder. Give it away, Blood Suger Sex Magik ou Aeroplane sont des morceaux bien plus marquants chez les Red Hot. Bref passons, car ce fluet détail n’arrivera pas à déranger les accrocs de Guitar Hero qui se sont focalisés sur les différents modes de difficulté du jeu, l’un des éléments majeurs qui permet d’apprécier le titre de bout en bout.
One Hot Minute
Les concepteurs du jeu ont en effet appréhendé le mode "Carrière" de façon astucieuse, puisqu’il va falloir passer en revue les 4 modes de difficulté pour débloquer la suite des 17 morceaux, des compos libres choisies par les développeurs eux-mêmes. On commence par maîtriser les bases du jeu en mode "Facile" puisqu’on se contente de varier les notes entre trois touches différentes. Pour espérer enchaîner plusieurs lignes d’accords, mieux vaut passer au mode Moyen, qui intègre également un quatrième bouton : le bleu. On s’exerce alors à placer cette nouvelle note dans un rythme un peu plus soutenu que celui du mode "Facile". Ceux qui ont d’ores et déjà plié l’ensemble des morceaux se dirigeront bien évidemment du côté du mode "Difficile" qui, comme son nom l’indique, demande un peu plus de concentration et de maîtrise avec ses doigts. Toutes les notes sont utilisées et la cadence commence sérieusement à nous faire plier les doigts. Reste alors le mode "Expert", celui qui permet de savoir si on est un dieu de la gratte ou pas. Dans ce dernier mode, les notes défilent à toute allure, les accords sont légions et s’enchaînent à une vitesse folle, tant et si bien qu’on se demande s’il est possible de réaliser un sans-faute. On me souffle gentiment à l’oreille que c’est possible mais un sans-faute sur Higher Ground en mode "Expert", je ne demande qu’à voir… Il n’en demeure pas moins que Guitar Hero transcende un peu plus le concept de jeu musical sur consoles en faisant entrer le joueur dans une autre phase, celle où il fait corps avec le concept puisqu’il lui est demandé physiquement de participer au jeu. On l’a récemment testé à l’E3 avec les premiers jeux de la Wii et on imagine que la suite ne peut être que meilleure. Si certaines mauvaises langues clameront haut et fort que le concept existe depuis de longues années dans les salles d’arcade au Japon (il y a également des simulateurs de batterie), il n’en demeure pas moins que Guitar Hero apporte un vent de fraîcheur bienvenu dans le monde des jeux musicaux. Dommage cependant que les graphismes et l’habillage soient un peu cheap, un peu à l’image de cette Gibson SG en plastique qu’on a envie d’exploser par moments, tel un Kurt Cobain en fin de concert. Smooky.