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Homme de concepts et de sensations fortes, Keiichiro Toyama a une nouvelle fois réussi à créer de nouvelles sensations dans un emballage aussi pimpant que son contenu. Trip vertigineux et aérien, Gravity Rush est une sorte de matérialisation de la poudre magique de Peter-Pan à destination du public. L'impression de sillonner le ciel avec comme seule limite la jauge de vol est rendue de manière très convaincante, et le plaisir de jeu prend parfois seulement la forme d'une exploration de plus en plus virtuose des différents ïlots qui composent la ville principale. Mais là où de nombreux titres peinent à sortir de leur concept, Gravity Rush ne perd jamais de vue le rythme de son aventure principale, via des missions variées, des combats bien sentis, et un contenu assez solide pour les amateurs de customisation et de scoring. Assombri seulement par quelques choix d'ergonomie discutable reposant sur l'écran tactile, le jeu de Sony bénéficie d'une finition rare. Fort impact visuel et musical, Gravity Rush fait partie de ces jeux qui marquent une console. Gravity Rush mérite une mise en avant, pour donner un coup de fouet à une ludothèque trop terre à terre ; qui aurait bien besoin d'un petit décollage.
Retrouvez plus bas la suite de notre test de Gravity Rush
- Une direction artistique de feu
- Une bande-son variée et très mélodique
- La sensation du vol : tripante
- Retourner une ville entière
- Excellente réalisation
- Animation impressionnante
- Accessible sans être ennuyeux
- Bourré de bonnes idées
- Une atmosphère unique
- La caméra souvent perdue
- Narration un peu légère
- Personnages pas assez creusés
- Le jeu au gyroscope
- La glisse mal pensée
Comme un break léger dans un morceau un peu trop dense, Gravity Rush est apparu régulièrement ces dernières années dans les annonces, line-up et autres présentations de Sony pour écouler sa nouvelle PS Vita. Des sorties plus ou moins étendues, mais qui avaient en commun des pics d'attention graphiques, musicaux ou simplement au niveau du concept, qui laissaient paraître une notion toute bête : l'originalité. En résumé ce qui manquait, hors Escape Plan, à l'ensemble de l'alimentation de masse proposée par Sony. C'est donc avec une logique sans faille que l'éditeur ne l'a jamais vraiment mis en avant et s'est même offert le luxe de le retirer du line-up de sortie européen. C'est donc en pleine période creuse, entre Roland-Garros, l'Euro 2012 et les vacances que vient se poser un Gravity Rush qui peut tout bouleverser. Est-ce suffisant de diriger la gravité pour mettre le monde à ses pieds ? Réponse dans notre test.
Gravity Crush
Agressifs mais peu dangereux dans leur forme basique, les Névis se diversifient de plus en plus au fil de l'avancée du scénario, demandant une attention particulière sur leur point faible et le mélange de plusieurs techniques pour arriver à leur faire mordre la poussière. Bien plus intéressants dans la seconde partie du jeu, ces affrontements obligent à sillonner l'écran de haut en bas, de gauche à droite, dans une espèce de ballet furieux dont l'esquive est le pas principal, opérée par un glissement de doigt sur l'écran tactile. Une manipulation en revanche pas évidente à sortir en plein combat, notamment lors des duels contre les boss assez retors qui demandent justement une attention soutenue sur leur pattern. Ce qui est un peu plus compliqué avec un doigt au milieu de la scène. Variés et d'une taille très respectable, ces derniers arborent tous des globes rouges vite identifiables qui font office de points faibles. Un schéma classique mais efficace qui permet aussi de repérer sans soucis ces excroissances lors des voltiges où la caméra a parfois du mal à se remettre dans l'axe et s'amourache un peu trop d'un élément du décor. Épiques par le rythme imposé, ces affrontements sont souvent une sorte de test qui donne au joueur un indice sur l'évolution de Kat. Une progression qui passe par la récolte de gemmes violettes, cachées avec plus ou moins de réussite dans les décors et obtenues sur les monstres, qui peuvent être dépensées pour améliorer les capacités de l'héroïne. Des aptitudes qui ne pourront d'ailleurs être poussées à leur maximum qu'en effectuant les très nombreuses quêtes annexes dont dispose le jeu, débloquées via des petits travaux d'entretiens sur certaines parties de la ville en déliquescence. Des missions qui oscillent entre des courses aux objets, du ralliement de checkpoints en temps limité, ou encore du combat de masse contre un nombre de monstres précis. Riches en gemmes si tant est que le joueur ait un minimum de réussite, ces occupations secondaires apportent une petite plus value et donnent l'occasion de s'occuper entre deux quêtes principales avec une dimension scoring assez motivante. Un rajout dont n'avait finalement presque pas besoin Gravity Rush tant son architecture principale est ouvragée avec imagination et finesse.
Kat's Size
Réussite visuelle tant au niveau de la direction artistique (entre design typé manga dans les choix graphiques renvoyant au steam-punk et style européen à la Schuiten ou Moebius) qu'au niveau de la réalisation, grâce à une sorte de cel shading à la ligne claire, Gravity Rush pousse par cette beauté plastique vibrante à la découverte. Une exploration aérienne, grisante, qui par l'accessibilité de la prise en main, donne une véritable impression de liberté dans un monde vivant, étrange et surtout changeant radicalement de visage suivant l'angle de visite. Un Rubik's cube de cuivre et de béton qui tourne et se retourne sur les mélodies de Kohei Tanaka, tout aussi versatiles. Jazzy, folk, dansante, lançant de longues séquences orchestrales épiques, quelques notes d'accordéons, la bande-son de Gravity Rush est à l'image de cette ville multiple et tentaculaire. Une thématique que connaît bien le compositeur qui avait déjà opéré des choix similaires dans Resonance of Fate, mettant lui aussi la ville en avant, aux côtés de Sakuraba. Une atmosphère originale et très forte, qui illustre une jolie histoire aux ficelles cachées durant un long moment. Une trame qui souffre en revanche d'une narration un peu trop brutale, avec quelques facilités, et de personnages qui manquent d'une construction en profondeur. Ce qui n'empêche pas les protagonistes principaux, et Kat en priorité, d'être attachants, essentiellement grâce aux dialogues enchâssés dans des cases façon BD/comic, qui finissent de donner à Gravity Rush une identité forte et une filiation avec le monde de l'illustration. Un mélange des genres qui est en soi un plaidoyer pour un titre accessible, varié et d'un degré de finition plutôt rare, qui affiche à chaque instant les prétentions d'un jeu qui aurait dû sortir sur PlayStation 3. Il montre, sans sourciller, que peu importe le flacon pourvu qu'on ait l'ivresse de l'altitude, ou bien des profondeurs.