Test également disponible sur : PC - Xbox One - PS4

Test Generation Zero : il y a comme une petite odeur de rouille

Test Generation Zero : il y a comme une petite odeur de rouille
La Note
note Generation Zero 7 20
On le surveillait du coin de l’œil grâce à son concept intéressant, mais force est de constater que Generation Zero va très vite quitter définitivement notre champ de vision. Si la plastique et le cadre atmosphérique sont plutôt convaincants, Avalanche Studios s’est totalement pris les pieds dans les câbles en pondant une aventure aux rouages tristement oxydés : son contenu ultra-répétitif et vide d’intérêt viennent décrédibiliser un terrain de jeu alors inutilement grand, qui s’appuie lui-même sur des disfonctionnements évidents. Injustement difficile à cause d’optimisations à la ramasse et d’une ergonomie mal pensée, l’expérience proposée par Generation Zero est on ne peut plus amère. Quelle cinglante déception…

Les plus
  • Le cadre est quand-même original, on ne peut pas lui reprocher ça
  • De jolis effets graphiques
  • L'atmosphère est intéressante
Les moins
  • Une narration totalement à la ramasse, pour ne pas dire inexistante
  • De multiples quêtes sans intérêt et répétitives
  • Une carte gigantesque mais tellement ennuyeuse !
  • Un gameplay archaïque dans le combat comme dans la plateforme
  • Difficile car mal équilibré
  • L'évolution du personnage beaucoup trop lente
  • Des ennemis peu variés et aux capacités de repérage insensées
  • On ne compte plus les bugs qui nous ont fait jeter notre manette, PLEASE HELP


Le Test

Vous ne l’avez pas vu venir et, pourtant, Generation Zero est bel et bien là. Nouveau jeu ambitieux d’Avalanche Studios, de nombreux regards s’étaient tournés progressivement vers lui, toutefois en provenance d’un secteur de niche féru d’open-world et de coopération. Son concept survivaliste, opposant des joueurs à une faune robotique agressive sur les terres suédoises des années 80, était assez séduisant et méritait que l’on y accorde attention. Pour autant, la sortie tout en discrétion de ce FPS intriguant ne rassure pas particulièrement. Son éditeur, THQ Nordic, est clairement loin d’avoir mis le paquet sur sa communication ; et d’ailleurs, même sa petite communauté reste assez silencieuse. Doit-on avoir peur d’une douche froide en bonne et due forme, ou Generation Zero reste-t-il la petite surprise que l’on espérait ?


Generation ZeroOn ne s’en doute pas forcément, mais Avalanche Studios commence aujourd’hui à devenir particulièrement imposant. Avec trois équipes comptabilisant, au total, plus de 320 employés, la société peut se permettre de travailler sur de multiples titres à la fois. Ces derniers mois par exemple, de nombreux projets étaient sur feu : Just Cause 4 (maintenant sorti fin 2018), le très attendu Rage 2 développé conjointement avec id Software, et le mystérieux Generation Zero annoncé en juin de l’année dernière seulement. Lors de sa mise en lumière, ce FPS semblait particulièrement ambitieux : avec une intrigue se déroulant dans les années 80 en Suède (la terre natale des développeurs), Avalanche Studios vantait un bestiaire robotique à l’intelligence complexe, capable de se souvenir du joueur même des semaines après un combat, gardant cicatrices et colère. De plus, un monde ouvert sublimé grâce à l’Apex Engine semblait définitivement être une bonne idée, notamment avec tout un système météorologique poussé. Autant vous le dire tout de suite et vous éviter une fausse joie : Generation Zero dispose bien de quelques-unes de ces composantes, mais elles s’avèrent si pauvrement fignolées et maladroitement assemblées qu’il en résulte une douloureuse, très douloureuse expérience à l’amère odeur de rouille.

C’ÉTAIT POURTANT BIEN PARTI


Generation ZeroSi le cadre suédois et old-school de Generation Zero surprend, c’est définitivement parce que c’est du jamais-vu dans le domaine vidéoludique. Non pas que la Suède soit un terrain peu exploité dans l’industrie, hein, mais disons plutôt que l’on a surtout l’habitude de voir les Etats-Unis ou, à la limite, quelques pays plus exotiques revenir de façon récurrente. Il s’agit d’une excellente initiative – et d’un bel hommage - de la part du studio lui-même basé à Stockholm, et qui se plaît alors à appliquer tous les codes de son pays chéri. Apprêtez-vous donc à épouser le doux lyrisme nordique un peu partout, dans l’ensemble des dénominations comme dans le doublage (extrêmement minimaliste, on précise). Ce respect régional impacte aussi énormément l’environnement qui, pour le coup, témoigne d’une ambiance vraiment intéressante. Oui, dit comme cela, Generation Zero ne paraît pas si mauvais – ne vous en faîtes pas, on y arrive – et c’est bien parce que les premiers moments qu’il offre ont un réel potentiel. Loin d’être laid, le titre d’Avalanche Studios expose quelques panoramas croustillants et s’appuie sur des cycles météorologiques plutôt soignés. Les reflets de lumière sont particulièrement réussis et les feuilles mortes virevoltantes ajoutent un cachet automnal qui vient souligner une direction artistique globalement très propre. De nombreux effets de lumière et de particules, notamment lors des combats, viennent également affiner le tout. Mais, car il y a toujours un mais, force est de constater que les développeurs ne maîtrisent pas l’ensemble de leur formule et se cassent vite les dents sur des idées trop ambitieuses.

COQUILLE VIDE

 

Generation ZeroL’énorme problème de Generation Zero, c’est son contenu. Pour ne pas y aller de main morte, le jeu souffre à vrai dire d’un vide intersidéral que son immense terrain ne parvient jamais à maquiller correctement. Son éditeur de personnage, déjà, annonce clairement la couleur avec des choix peu nombreux et particulièrement illogiques. Très vite, on se retrouve largué sur une carte sans presque aucune introduction, sans vraiment savoir quoi faire, à parcourir les vastes étendues suédoises en essayant d’accomplir hasardeusement de pauvres objectifs disposés n’importe comment. Pour ainsi dire, Generation Zero ne dispose de presque aucune narration, et de presque aucune histoire : le but est essentiellement de retrouver des survivants en menant une enquête qui aboutira constamment de la même façon, c’est-à-dire dans un lieu inhabité (mais qui était censé l’être) qui mènera finalement à un autre lieu de rescapés qui le sera tout autant, et ainsi de suite. Le syndrome Mario, en soi, sans le fun. Car si le titre dispose bien de quêtes à droite et à gauche à récupérer et à effectuer – majoritairement, nettoyer des bunkers à la recherche de miraculés ou découvrir « ce qu’il s’est passé » - leur structure comme leur écriture sont d’une pauvreté affligeante. Très vite, on cerne cette gigantesque faiblesse qui vient frapper d’une démotivation cinglante ; et malheureusement, le reste de son game design ne sauve aucunement la mise.

Bien qu’il mise aussi beaucoup sur sa coopération, encore faut-il trouver quelqu’un d’assez masochiste ou inconscient pour partager sa douleur.

 

Generation ZeroAu-delà de son « histoire », Generation Zero est avant tout un jeu de survie qui s’appuie donc sur les mécaniques propres au genre. Avec un monde qui n’est pas sans rappeler celui de The Walking Dead, où les rôdeurs sont remplacés par des machines, il est primordial de se débrouiller avec sa bite et son couteau. Les armes comme les munitions sont donc rares, et cela concerne aussi l’ensemble des ressources comme les trousses de soin, les piqûres d’adrénaline qui permettent de ressusciter et tout autre objet servant à rester vivant. Il est donc nécessaire de fouiller son environnement pour dénicher des ustensiles à stocker dans un inventaire limité. C’est particulièrement là que le bât blesse : le loot du titre d’Avalanche Studios est très vite monstrueusement rébarbatif. Non seulement les items sont d’une répétitivité affreuse, mais tout le système s’appuie sur une exploration redondante à en crever d’ennui. Presque TOUTES les maisons sont par exemple les mêmes, disposant de la même architecture, des mêmes pièces, des mêmes meubles. Cela marche aussi pour les églises, pour les abris et pour l’ensemble des bâtiments : au bout de quelques heures de jeu, il n’y a plus aucun intérêt à s’en aller vadrouiller si ce n’est pour se taper encore et toujours les mêmes lieux. C’en devient même… épatant. Le pire, c’est que les développeurs se sont attelés à créer une map absolument gargantuesque – uniquement parcourable à pieds, l’ennui absolu – mais saccagée par son manque de diversité titanesque. C’est d’un creux stupéfiant à en avoir le tournis, et ce n’est pas le petit changement climatique dans le nord de la carte qui viendra nous extasier.

IA (INTELLIGENCE ABUSÉE)


Generation ZeroPuis, Generation Zero continue sa chute avec un tas de rouages qui se désassemblent comme un robot fatigué. Son système RPG est très vite à la ramasse : les points d’XP engrangés sont minimes compte tenu de l’ensemble des compétences à débloquer, débouchant sur une progression qui ne décolle jamais, et aboutissant alors sur une difficulté constante. L’une des règles d’un jeu vidéo, c’est d’être mauvais à cause de soi, mais jamais à cause du produit lui-même. Le titre d’Avalanche Studios semble visiblement s’en fichtre avec un nombre inquiétant de problèmes d’optimisation en tout genre. Cela passe tout d’abord par une ergonomie des menus à repenser sévèrement, puis par une intelligence artificielle qui trône en haut du game de l’énervement. On nous promettait quelque chose de poussé, mais il semblerait que les concepteurs aient confondu réflexion et abus. Pour faire simple, les adversaires sont bien souvent des sortes de dieux du repérage complètement insensés. Très bien, ce sont des robots, très bien, ils disposent sûrement de sens plus aiguisés que nous autres, pauvres humains. Mais était-ce nécessaire de leur attribuer une vision et une ouïe capable de vous repérer à des distances faramineuses, dans des moments où ils n’apparaissent qu’à peine dans le viseur du joueur ? Alors que celui-ci ne fait que marcher tranquillement ou qu’il se cache derrière un élément ? Et d’avoir fait en sorte que la jauge de détection se vide aussi lentement, brisant drastiquement le rythme du jeu ? C’en devient simplement barbant. Certaines zones ne peuvent même pas être jouées à la discrétion tant les ennemis sont affûtés…  et les simples balades dans l’open world sont alors, elles-mêmes, souvent décrédibilisées.


BUG DANS LA MATRICE              


Generation ZeroMalheureusement, le gameplay n’est pas vraiment en reste. Malgré quelques sensations brutes efficaces – les effets visuels sont assez réussis – la jouabilité souffre d’un manque évident de précision, doublée d’une hitbox ridiculement petite et souvent bugée. Les affrontements sont alors vite compliqués, mais comme l’aurez compris, pas pour les bonnes raisons : avec une vie qui fond comme neige au soleil, sans auto-régénération et avec un système de récupération de points de vie dramatique, on passe notre temps à tomber à terre dans des combats au rythme malade. Pire encore, des bugs contextuels nous empêchent simplement d’agir à notre guise, avec des menus qui apparaissent sans que l’on ait rien demandé, des ennemis bloqués dans les murs ou d’autres dont les animations et les frames s’avèrent plantées jusqu’à la moelle. En plus de n’être composé que d’une poignée de modèles, le bestiaire impacte directement, et de façon assez dramatique, le framerate si trop d’adversaires sont présents à l’écran. Rajoutez à ça un tas de problèmes techniques – de l’input lag, des téléportations mortelles à 100 mètres du sol, des portes ancrées dans le sol, des blocages au pixel près – et vous obtenez certainement l’un des titres les moins plaisants de ces derniers temps. Et bien qu’il mise aussi beaucoup sur sa coopération, encore faut-il trouver quelqu’un d’assez masochiste ou inconscient pour partager sa douleur. Bon courage.


Réagir à cet article Réagir à cet article


Autres articles

Generation Zero : un 2e DLC majeur baptisé "FNIX Rising", un trailer et des infos C'est par le biais d'un communiqué officiel que le studio Systemic Reaction annonce un deuxième DLC pour Generation Zero baptisé "FNIX Rising". 16/06/2020, 18:23
2019 : Top 5 & Flop 3 de Jeuxactu, l'une des pires années jeu vidéo de la décennie ? Nous sommes le 31 décembre et comme chaque année, à cette date précise, toute l'équipe de JEUXACTU se plie à l'exercice du douloureux Top 5 et Flop 3 de l'année. Un bilan particulièrement compliqué d'ailleurs. 6 | 31/12/2019, 17:00