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Gears of War 2 ou l’efficacité à l’état brut. Voilà comment résumer les 13 heures de jeu qui ont été nécessaires pour mettre un terme au règne des Locustes. Parti pour n’être qu’une simple mise à jour, le titre d’Epic Games dévoile en réalité tout son potentiel destructeur dès le troisième chapitre. A partir de ce moment précis, tout s’emballe, le rouleau compresseur est lancé et plus rien ne peut arrêter les rafales de balles qui jaillissent du fusil d’assaut de Marcus Fenix. Nerveux, sauvage et explosif, Gears of War 2 s’impose aussi comme le plus beau jeu du moment, toutes consoles confondues, avec entre autres des textures d’un détail et d’une richesse inégalés. Fort de son gameplay sacrément rôdé et ultra efficace, le bébé de Cliff Bleszinski est également une arme de destruction massive en multi et devrait faire partie des indispensables et incontournables du Xbox Live. Gears of War 2 hérite ainsi du trône de son aîné et devient, une fois encore, la référence ultime du jeu d’action à la troisième personne. Les autres n’ont plus qu’à se prosterner devant lui.
- Réalisation haut de gamme
- Des textures ultra riches et détaillées
- Certains décors sont à tomber par terre
- Gameplay bien rôdé et ultra efficace
- De l'action nerveuse non-stop
- Des scènes déjà cultes
- Des Boss hallucinants
- Les exécutions au sol : jouissives !
- Les drôles d'engins à piloter
- Bestiaire plus varié
- 13 heures pour finir le jeu
- Multi solide
- Jouable en coop' sur un même écran
- La fin qui annonce un Gears of War 3
- Le bouclier humain : assez dispensable
- Pas de Berserk à tuer
- Pas assez de nouvelles armes
- Utilisation unique et trop rapide du Rayon de l'Aube
- Des cinématiques un peu ratées
- Scénario léger
Chef d’œuvre monumental lors de sa sortie en 2006, le premier Gears of War avait posé les fondations du jeu d’action à la troisième personne. En s’inspirant fortement de Resident Evil 4, Epic Games avait réussi le tour de force de se surpasser en imposant – car c’est bien le terme qui convient ici – un gameplay basé sur le système de duck & cover qui deviendra par la suite la référence ultime du Third Person Shooter. Depuis, les plagiats se sont enchaînés mais sans jamais inquiéter le rejeton de Cliff Bleszinski qui revient, en 2008, dans une forme olympique.
Note : ce test comporte de nombreux spoilers
Deux longues années, c’est le temps qu’il aura fallu attendre pour que Epic Games se décide à accoucher d’une suite à Gears of War. Compte-tenu du succès fulgurant – aussi bien critique que commercial – du premier épisode, les développeurs n’avaient pas le droit à la moindre erreur. C’est donc avec une épée de Damoclès près du scalp que les responsables du projet, Cliff Bleszinski en ligne de mire, ont dû bosser avec acharnement pour que les joueurs Xbox 360 se souviennent de leur Noël 2008. Pas facile de ne pas décevoir son public quand on est précurseur, surtout en matière de graphismes où Gears of War, premier du nom, était et restera dans les mémoires collectives. C’est simple, à l’exception faite de Dead Space, sorti quelques semaines plus tôt que Gears of War 2, les premières aventures de Marcus Fenix n’avaient aucun égal visuel. Certes, certains titres tels que BioShock avaient plus ou moins fait comprendre qu’il pouvait se faire éjecter de son trône, mais les concurrents se faisaient rares. C’est pourquoi, au premier coup d’œil, aux premières parties de Gears of War 2 entamées, l’extase visuelle n’est pas vraiment au rendez-vous, l’effet de surprise non plus… Loin de nous la sensation d’être blasé, mais quand on a été accoutumé à bouffer du caviar dès notre plus jeune enfance, on prend de sales habitudes.
Miroir, mon beau miroir…
Pourtant, Gears of War 2 est loin d’être dégueulasse graphiquement, loin de là même. D’ailleurs, en regardant de plus près, et surtout en plaçant les deux jeux côte à côte, on se rend compte que cette suite a gagné en détails, en finesse et en richesse. Très vite alors, on remarque que la profondeur de champ a considérablement augmenté, offrant des perspectives de vue assez hallucinantes. Certains passages, à bord de tanks, aux commandes de Reaver ou à dos de Brumak permettent d’apprécier des panoramas saisissants que le premier Gears of War ne nous offrait même pas. De même, les textures ont gagné en détails et il n’y a pas que les rainures de l’armure de Marcus Fenix qui sont encore plus démarquées qu’auparavant. En fait, chaque muret, chaque revêtement d’immeuble a fait l’objet d’un travail minutieux, presque d’orfèvre, quand on voit avec quel souci du détail ces derniers ont été réalisés. Gears of War 2 est beau dans le détail mais aussi dans son ensemble, et cela est frappant dès lors que l’escouade de commandos, menée par le soldat Fenix (le fils, pas Adam le père), pénètre au cœur de la base des Locustes, bien installés dans les entrailles de notre planète Sera. Il se dégage alors une senteur, comme un parfum d’apocalypse, renforcé par le passage d’un ver géant à la taille démesurée, presque insensée, engloutissant des villes entières lors de ses passages, et ne laissant derrière lui que désolation et ruines. C’est d’ailleurs l’arme ultime, celle de destruction massive des Locustes, prêts à prendre leur revanche sur les Humains et les réduire à l’état d’esclaves en les envahissant de manière numérique. C’est la guerre, et c’est super.
Voyage au centre de la Terre
C’est le postulat de départ de Gears of War 2, d’ores et déjà évoqué lors de la cinématique de fin du premier épisode, lorsque la reine-mère promettait une guerre sans merci et que le conflit ne se limiterait plus à quelques affrontements dans des couloirs étriqués. Cette fois-ci, les Locustes ont décidé d’attaquer en masse et malgré l’utilisation de la bombe-lumière, Sera fait apparaître de ses entrailles des quantités absolues de créatures plus imposantes les unes les autres. Décontenancés, déboussolés et presque désespérés, les Humains décident de lancer un ultime assaut, en pénétrant dans le QG de ces bêtes peu fréquentables. Marcus Fenix fait partie des soldats élite, tout comme Dominic Santiago, Augustus Cole et Damon Baird. Le quatuor est à nouveau reformé et s’il est plaisant de retrouver chacun d’entre eux, en faire clamser un en cours de route aurait permis au scénario de prendre une dimension dramatique qui manque tant à Gears of War 2. Si la mise en scène des cinématiques est plus convaincante dans cette suite, il n’en demeure pas moins que Epic Games ont encore du mal à faire transparaître des sentiments à travers la carcasse de ces soldats un brin virils et aux expressions aussi variées que celles d’un Schwarzie en pleine campagne politique. Toutefois, Gears of War 2 n’a pas été bâti pour faire perler quelques gouttes lacrymales, mais bel et bien pour nous en mettre plein la vue ; et de ce point de vue là, le jeu ne déçoit pas.
Très vite alors, on remarque que la profondeur de champ a considérablement augmenté, offrant des perspectives de vue assez hallucinantes."
La promesse a été tenue, mais il faudra tout de même attendre le troisième chapitre avant de pouvoir mesurer la puissance salvatrice du jeu. Les premières heures débutent comme au premier jour, et c’est là que le doute s’installe, que le syndrome 1.5 qui pendait au nez de cette suite semble irréversible. L’attaque à l’hôpital rappelle certes les meilleurs moments du premier Gears, mais en l’absence de véritables nouveautés, et puisque le lance-flammes et le mortier n’apparaissent que bien après, il faut se contenter de la prise d’otage pour faire passer le temps. En effet, dès lors qu’on a abattu un Locuste ou que celui-ci rampe encore au sol en se vidant de tout son sang, il est possible de le relever et d’en faire un bouclier humain. Pratique pour avancer dans un couloir étriqué sans craindre les balles ennemies ; sauf que dans ce cas de figure, on se retrouve avec la main gauche prise et que la main droite doit se contenter d’un petit calibre, celui qui fait que très peu de dégâts. Et puis, il faut prendre en compte que le cadavre de Locuste fraîchement ramassé se désintègre sous les balles et que finalement, mieux vaut rester à couvert pour ne pas voir la lumière rouge envahir son écran. Ce n’est d’ailleurs pas le Game Over assuré puisque désormais, quelques secondes sont offertes au joueur pour qu’il ait une chance de se relever. Toutefois, cela ne se fait pas sans l’aide d’un camarade, toujours là pour filer un petit coup de pouce à un copain en détresse. C’est souvent le cas, mais il n’est pas rare non plus de voir ses camarades vaquer à d’autres occupations. Rester à l’abri derrière un bac de sacs de sables, s’occuper à découper du Locuste à coup de tronçonneuse, les exemples sont nombreux, mais fort heureusement, les checkpoints sont suffisamment nombreux pour ne pas se sentir frustrés. Autrement, il existe une autre option, nouvelle celle-ci, qui consiste à achever un ennemi au sol, soit en lui écrasant le crâne à l'aide de ses bottines en ferraille, soit en le criblant de coups de poing. C'est violent, viscéral et quelque part jouissif. Si, si !
Dieu de la guerre
Gears of War 2 existe uniquement par et pour la guerre, et toute son architecture (aussi bien visuelle qu’au niveau du gameplay) repose sur cet axe majeur. Dans le jeu, tout est prétexte à rester en vie le plus longtemps possible, afin de ne pas briser la fluidité de l’action et la jouissance d’allumer un ennemi par le biais de dizaines de balles à la seconde. On se régénère automatiquement en restant inerte pendant quelques instants, on se fait relever par un pote si on a le malheur de flancher sur le champ de bataille et les sauvegardes automatiques sont bien nombreuses. Ce n’est pas pourtant que Gears of War 2 se termine en claquant des doigts. La campagne solo est plus longue, il ne fait pas l’ombre d’un doute. Si on avait mis 8 heures pour terminer le premier Gears of War, notre compteur dans sa suite indique 13 heures et 14 minutes de jeu. Une très bonne moyenne quand on sait que la plupart des titres d’action dévoilent leur fin au bout de 7/8 heures de jeu. Pour peu que vous ayez choisi la difficulté Vétéran, le challenge sera davantage au rendez-vous, avec de nouveaux Locustes plus coriaces et souvent très intelligents. Ils se cachent, changent de planque, font appel à leur armement en jetant des grenades vers soi, ce ne sont pas toujours des foudres de guerre, mais ils parviennent à opposer une certaine résistance que d’autres titres éponymes rêveraient d’avoir. Toujours est-il que la conjoncture fait que Gears of War 2 favorise l’attaque à la défense. Si le jeu propose autant d’éléments derrière lesquels se cacher (noter qu’on peut désormais renverser une table pour s’en faire une protection), mieux vaut continuer à avancer en attaquant, car certains éléments du décor se désagrègent sous les balles. C’est le cas des objets en bois, mais aussi quelques murets fragilisés par la déflagration de quelques bombes. Pire, dans les derniers niveaux du jeu, ce sont les Locustes eux-mêmes qui actionnent un levier pour faire disparaître des couvertures en métal. C’est la promesse de nous offrir des décors - en partie - destructibles, ce qui signifie qu’Epic Games n’a rempli son contrat qu’à moitié.
Pour se faire pardonner, CliffyB a multiplié les séquences d’anthologie. Elles étaient déjà fort nombreuses dans le premier opus, elles sont encore plus folles dans cette suite."
Pour se faire pardonner, CliffyB a multiplié les séquences d’anthologie. Elles étaient déjà fort nombreuses dans le premier opus, elles sont encore plus folles dans cette suite. Les Reavers, ces fameuses créatures aux pattes flottantes (rappelant les méduses de Matrix) qui nous donnaient tant de fil à retordre dans le dernier chapitre du premier Gears of War, affluent en masse ici. Dans les cieux ou bien encore sur terre, il va falloir les affronter, d’autant que ces monstres sont accompagnés de deux Locustes armés jusqu’aux dents, ce qui a tendance à compliquer la tâche. Mais ce n’est rien comparé à la mission où Marcus Fenix enfourche l’une de ces bestioles pour un combat explosif à 200 km/h où il faut jongler entre lancers de missiles et tirs précis à la gatling, la conduite étant automatisée grâce à la perspicacité de l’ami Dom. Histoire d’enfoncer le clou un peu plus profond, Epic Games a consacré la toute dernière mission au pilotage d’un Brumak, ces espèces de pachydermes à deux pattes équipés d’armes lourdes, écrasant tout sur leur passage. C’est l’explosion finale du feu d’artifices, mais ce n’est pas nécessairement le plus jouissif. Pour cela, il faut remonter quelques chapitres plus tôt, où nos soldats bodybuildés se retrouvent dans les entrailles d’un ver géant qui engloutit des villes entières. Evidemment trop imposant pour craindre les balles, c’est en découpant les artères de ces trois cœurs que Marcus Fenix et ses coéquipiers pourront arrêter cet invertébré à l’organisme pour le moins hostile.
Our world. Their war.
Captivante mais éreintante (l’action reste soutenue pendant tout le jeu), la campagne solo est épaulée par un mode coopération – jouable en ligne ou à deux via un écran splitté – totalement indispensable si un ami venait à être de passage à la maison. En outre, pas besoin de relancer une partie ou de créer une nouvelle sauvegarde, d’un simple clic et nous voilà propulsé au milieu des gravas et des cadavres. Ceux qui espéraient un mode coop’ à quatre seront certes déçus, mais ils peuvent se ruer sur le mode "Horde" qui permet de s’acharner sur des Locustes dans des décors fermés. Toutefois, les maps sont suffisamment grandes pour que les 5 joueurs autorisés puissent déambuler dans les ruelles sans avoir le risque de se marcher dessus. L’objectif de ce mode unique : faire péter son score, de manière à prouver en fin de partie qui est celui qui mérite de faire figurer ses performances sur le Xbox Live. Cela nous amène bien entendu vers le mode multijoueur qui reprend les bases de son prédécesseur, à la différence que chaque serveur peut désormais accueillir jusqu’à 10 personnes auxquelles on peut ajouter des bots dirigés avec conviction par le CPU. Quant aux modes de jeu, rien de neuf sous le soleil, on pourrait faire grise mine même, mais l’efficacité est toujours au rendez-vous grâce à des maps fraîches, inspirées des décors du mode solo et qui permettent d’augmenter la durée de vie très convenable du jeu dans son ensemble. Bref, que dire de plus face à ce mastodonte du jeu d’action ? Qu’il soit trop bourrin ? Peut-être, mais les combats étant d’une intensité rare, le jeu enchaînant les séquences anthologiques et le contenu étant loin, très loin d’être famélique, il faut vraiment être de mauvaise foi pour ne pas saluer cette suite, qui devrait d'ailleurs contenter des millions de personnes. Et ça, c’est un exploit.