Test Fortnite : le cocktail Left 4 Dead + Minecraft est-il aussi explosif que prévu ?
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Free-to-play en accès anticipé payant (oui, c'est un concept…), Fortnite nous rappelle un peu la version mobile de Dungeon Keeper, dans le sens où le gameplay intéressant se voit desservi par un modèle économique trop gourmand. L'arnaque est moins évidente qu'avec le titre d'Electronic Arts, mais on sent bien que la profusion de mécaniques de jeu annexes aux parties en elles-mêmes n'est là que pour justifier l'achat de "lamas" supplémentaires. Du coup, quiconque refuse de mettre la main à la poche se voit obligé de faire et refaire toujours les mêmes missions. Les autres aussi d'ailleurs (dans une moindre mesure heureusement) car le jeu manque cruellement de variété pour le moment. Dans ces conditions, il est urgent d'attendre 2018 afin de pouvoir essayer l'aventure sans avoir à ouvrir le portefeuille.
- Concept efficace
- Interface de construction réussie
- Graphismes cartoon plaisants
- Jouable à 4 en coop
- Accès anticipé payant
- Missions redondantes
- Système de progression trop éparpillé
- Doublage français encore incomplet
Annoncé dès 2011 par Cliff Bleszinski en personne, Fortnite aura pris tout son temps avant de se révéler au public. D'ailleurs la version finale en free-to-play ne sera disponible qu'en 2018. Pourtant, le jeu vient d'ores et déjà d'être mis en vente en accès anticipé, via différents packs à 40, 60, 90 et 150 euros. Des tarifs qui nous incitent à réaliser un test du jeu dès maintenant, afin que vous puissiez décider d'investir (ou pas...) en toute connaissance de cause.
Suite à une tempête dévastatrice qui a emporté avec elle 98% de la population mondiale, des zombies (appelés Carcasses) attaquent les rares survivants, qui se retrouvent du coup obligés de construire et défendre des forts afin de pouvoir survivre face à cette menace putride. Voilà pour le propos liminaire d'un jeu en ligne dont les premières missions ont tout de même le bon goût d'être relativement scénarisées. On fait ainsi la connaissance d'un guide robotique sympathiquement à côté de la plaque, et on a même droit à quelques scènes cinématiques plutôt agréables. Il faut dire que la direction artistique générale du jeu fait preuve de réussite. Les graphismes cartoon sont agréables à l’œil et toujours très lisibles, tandis que les différents personnages représentés à l'écran ont tous de la gueule. Un premier bon point pour le jeu qui n'oublie pas non plus de proposer également un gameplay séduisant, qui se rapproche quelque peu de celui de la série Orcs Must Die. Comprenez par là qu'il va falloir disposer de nombreux pièges pour repousser les attaques ennemies.
Le feeling des pistolets, fusils à pompe et autres fusils snipers n'est franchement pas extraordinaire, mais l'action pure ne constituant pas l'intégralité du gameplay, ce n'est pas trop grave.
Mais Fortnite tire son nom de la possibilité de construire soi-même de véritables forts, grâce à une interface très bien fichue. Concrètement, chaque partie se déroule selon un principe quasiment immuable. Le ou les participants commencent par récolter des ressources en détruisant les différents éléments formant le décor de la map. Buissons, arbres, rochers, voitures, lampadaires, palissades, murs, frigos, poubelles et autres éviers, quasiment tout ce que vous voyez peut être ramené à l'état de poussière à l'aide de votre pioche. Ou plus exactement être transformé en différentes ressources (bois, pierre, métal, écrous et boulons…) qui serviront ensuite à fabriquer moultes choses. Mais avant cela, cette phase de récolte, donc d'exploration, permet également de dénicher des coffres riches en butin, de sauver quelques survivants des griffes de petites troupes de zombies, et même de remplir une ou deux quêtes parfois. Selon le type de missions principales, vous devrez ensuite dénicher un lieu spécifique, éventuellement y poser un dispositif quelconque puis protéger cet endroit.
CARCASSE RÉPARE, CARCASSE REMPLACE
C'est surtout à ce moment-là qu'intervient le processus de construction, même s'il est possible de bâtir ce qu'on veut, où on veut et quand on veut tout le long de la partie. L'interface de construction ne nous fait pas quitter la vue à la troisième personne, et il est très simple de disposer murs, sols, plafonds, escaliers et structures pyramidales. On peut choisir différents matériaux (bois, pierre, métal) pour chaque pan, et même modifier les structures par la suite. Pour un mur cela permet par exemple de créer une ouverture, qui se transformera alors automatiquement en porte, ou d'en abaisser la hauteur afin de disposer d'un muret par dessus lequel tirer. Le système autorise une bonne dose de créativité, mais d'après notre expérience, la plupart des joueurs n'en ont que faire et se concentrent sur les phases de tir aux zombies. Pourtant les fortifications ne servent pas seulement à ralentir la progression des Carcasses de par leur simple présence. Elles permettent également de placer des pièges de sol, de plafonds ou de murs, qu'il faudra bien évidemment construire préalablement. Pieux rétractables, arcs électriques et autres propulseurs peuvent vous donner un peu de répit lorsque vous vous retrouvez submergés. Le combat direct reste tout de même le meilleur moyen de se débarrasser des créatures ennemies, et les ressources que vous avez récoltées vous permettent également de créer des armes de toutes sortes.
MON CHÂTEAU FORT
Le feeling des pistolets, fusils à pompe et autres fusils snipers n'est franchement pas extraordinaire, mais l'action pure ne constituant pas l'intégralité du gameplay, ce n'est pas trop grave. Les héros incarnés par les joueurs peuvent être de quatre classes différentes, et les meilleures parties se jouent naturellement en coop à quatre, avec un représentant de chaque catégorie. L'Aventurier récolte des ressources comme personne, le Soldat est un spécialiste des armes à feu, le Ninja apprécie particulièrement les combats de mêlée et peut réaliser des doubles sauts, tandis que les bâtiments érigés par le Constructeur coûtent moins de ressources et sont plus solides. Aucun rôle n'étant figé, un Ninja peut tout à fait tirer au fusil sniper, tandis que le Soldat part récolter des ressources, que l'Aventurier construit des fortifications et que le Constructeur se bat à l'épée. Mais il est plus intéressant d'utiliser correctement chaque classe, surtout à haut niveau car elles disposent alors de compétences spécifiques plus nombreuses. Et c'est ici que Fortnite commence à perdre des points. En effet, le jeu multiplie à outrance les systèmes de progression. Il y a des possibilités d'améliorations de tous les côtés, des arbres de talents dans tous les sens et des sous-systèmes inutilement compliqués qui n'accordent que des faibles pourcentages de bonus. Il serait extrêmement fastidieux de tout lister ici (comme il est extrêmement fastidieux de se coltiner tout ça en jeu) mais sachez que vous pourrez par exemple récolter et dépenser de l'expérience de héros, de l'expérience de survivant, de l'expérience de schéma et de l'expérience de collection. Qu'il vous faudra affecter des bonus de soutien, des bonus tactiques, des bonus de section et des défenseurs de mission, mais également former des sections de défense et des sections d'expédition. Que vous devrez progresser dans quatre arbres de talents et dans quatre arbres de recherche, ce qui représente près de 700 compétences à débloquer !
Et c'est ici que Fortnite commence à perdre des points. En effet, le jeu multiplie à outrance les systèmes de progression. Il y a des possibilités d'améliorations de tous les côtés, des arbres de talents dans tous les sens et des sous-systèmes inutilement compliqués...
Ajoutez à cela des quêtes de héros, des quêtes quotidiennes, des quêtes principales, des quêtes de didacticiel, des défis et des événements à durée limitée, et vous comprendrez vite que le jeu nous pousse à faire et refaire en boucle les mêmes missions, et cache son manque de variété sous un amoncellement de systèmes annexes. Il trahit là sa nature free-to-play, et quiconque voudrait optimiser l'intégralité des paramètres devra ouvrir de nombreux "lamas", des piñatas version Amérique du Sud, afin d'obtenir un maximum de points d'expérience, de tickets divers, de héros, de survivants, d'armes, de pièges et de schémas. En plus de l'inutile complexité des mécaniques de jeu "méta" et de la redondance des missions, la version actuelle souffre également d'une localisation française incomplète. Une raison supplémentaire pour ne pas se précipiter sur cet accès anticipé payant. Il sera toujours temps d'ouvrir son portefeuille en 2018 lorsque le jeu se sera amélioré et qu'il sera possible de le tester gratuitement.