Test également disponible sur : PlayStation 2

Test Forbidden Siren 2

Test Forbidden Siren 2
La Note
note Forbidden Siren 2 14 20

On aurait vraiment aimé pouvoir récompenser pleinement la prise de risque de Forbidden Siren 2, son cachet artistique parfaitement unique, son ambiance prenante, ses personnages réussis et sa narration délibérément éclatée pour aiguiser notre sens de l’imagination et de l’anticipation, mais si ce deuxième essai corrige quelques aléas du premier, il en engendre aussi de nouveaux, pour un résultat potentiellement frustrant et un gameplay alourdi. Espérons qu’à l’avenir, Sony Computer Entertainment repensera son concept afin d’affiner une intrigue qui n’avait pas besoin de stratagèmes artificiels.


Les plus
  • Interface plus souple
  • Moins contraignant que Forbidden Siren
  • Réalisation hors du commun
  • La prise de risque narrative
  • Un background fignolé
  • Personnages réussis
Les moins
  • Très scripté
  • Rejouer plusieurs fois la même zone
  • Système de progression bien trop lourd
  • Moins flippant au final


Le Test

Avec des critiques se baladant d’un extrême à l’autre, il était compliqué d’avoir un avis tranché envers Forbidden Siren, tant le jeu de Sony Computer Entertainment divisa la population comme rarement. Mais impossible de rester indifférent. Motivé ou au contraire rebuté par une difficulté très mal dosée et enfermé dans une interface lourdingue, c’est souvent à côté d’une atmosphère tout à fait unique que le joueur est passé. Mais trève de déterminisme, repartons de zéro avec ce Forbidden Siren 2, une nouvelle expérience pourvue d’une richesse particulière et d’un cachet exceptionnel, mais qui se heurte à de nouvelles approximations discutables. Petit tour au cœur d’une série qui ne veut définitivement pas faire comme tout le monde.


Car il est bien là le premier trait de caractère de la série lugubre de Sony Computer Entertainment, dans cette façon de ne rien narrer, grapher, ou construire comme les autres. Chronologiquement complètement déstructuré, Forbidden Siren 2 vous oblige à recoller les morceaux d’un puzzle morbide. Une intrigue qui ne se laisse pas dompter facilement, faute de séquences trop explicites. Forbidden Siren 2 adopte au contraire une reconstitution très morcelée, complexifiée par le désordre dans lequel les pièces s’ajustent, au moyen de nombreux éléments à récolter sur son chemin, sorte d’indices à collectionner et à consulter dans les archives. Des témoignages écrits, visuels ou sonores, à étudier minutieusement pour espérer démêler un background fort complexe mettant en scène une grosse dizaine de personnages jouables, qui se rencontrent, se croisent, s’entrecroisent, s’aiment, se haïssent et puis parfois se tuent.

 

Trombinoscope maudit

 

Les amateurs de détails apprécieront le soin apporté à ceux de Forbidden Siren 2, comme cette critique du dernier roman d’amour du jeune romancier Shu Mikami, et dont on informe les égéries qu’elles peuvent admirer son talent sur son site officiel. Comme vous vous en doutiez avant de cliquer sur le lien, Sony a prit le soin de rentrer profondément son son délire en créant un véritable site à l’honneur de ce personnage fictif. Fictif mais pourtant quelque peu réel, car sous une réalisation en tout point exceptionnelle, se cache une technique vieille comme le monde, celle de la motion capture de véritables comédiens de chair et de sang. Mais sans que l’on sache comment, les graphistes sont parvenus à esquiver tout effet kitsch pour un rendu photo-réaliste absolument épatant de naturel. Mieux, les visages parviennent à ne pas rester figés, grâce à une bonne dose d’expression, mais surtout l’ensemble ne dénote nullement du reste de la réalisation. Une réalisation d’une qualité globale telle que devant un tel calibrage visuel et une telle cohérence atmosphérique, on en vient à chercher l’intérêt de changer de génération de console en 2006. Pas de trace de gigantesques effets spéciaux dans les parages, simplement un humanisme particulier qui émane de ces protagonistes, soutenu par une animation catégorie grande classe. Mention spéciale aux rictus d’effroi et de démence singulièrement réussie, ou encore au comportement général du bon vieux policier de campagne quinquagénaire Shigeru Fujita, voire à la singulièrement craquante Ikuko Kifune, jeune dockeuse sarcastique de 18 ans.

 

Par-dessus le marché, et contrairement au premier Forbidden Siren, Sony Computer Entertainment nous a concocté une localisation de premier ordre, avec un mode 60 hertz mais surtout la possibilité de vivre l’aventure en version originale, agrémentée de sous-titres français. Avec ses personnages et son concept foncièrement japonais, inutile de préciser que, comme à leur habitude, les seiyûs (les comédiens de doublage nippons) vivent leur travail avec une passion et un dévouement qui font qu’un doublage japonais est un doublage japonais. Vous l’aurez donc compris, il est impossible de renier quoi que ce soit dans l’emballage de Forbidden Siren 2. 

Chacun de ces protagonistes évoluera sur une même échelle temporelle, au cœur du mystère de l’île maudite de Yamijima, dont la population isolationniste avait encore le goût d’effectuer des chasses aux sorcières moins de trente ans plus tôt. Du jeune rédacteur en chef d’une feuille de chou fantastique jusqu’à la fébrile collégienne à tresses en passant par le violent membre des forces d’autodéfense (l’équivalent japonais de l’armée de terre) pas une seule de ces âmes ne ressortira indemne d’un petit séjour forcé sur une Yamijima peuplée de Shibitos, les fameux zombies made-in Siren.

 

Suivez la ligne rouge

 

S’il ne fait aucun doute que son traitement esthétique hors du commun, son scénario à trous, et sa bande sonore cousine de Silent Hill (du même producteur) font de Forbidden Siren 2 un titre angoissant, le produit global n’est presque pas un Survival Horror, c‘est une succession d’épreuves courtes et scriptées (heureusement puisque même ainsi plus d’un joueur se retrouvera coincé) qui tente de renouveler son gameplay le plus souvent possible. En vrac, les séquences de jeu vous proposeront de l’infiltration à l’état brut par delà un art de la discrétion qui se forge avec quelques automatismes (utiliser le pouvoir de voir à travers les yeux de l’adversaire le plus proche, éteindre sa torche, avancer courbé), du snipe à la première personne, ou de la conduite de camionnette autour de la cour d’un collège pour écraser quelques Shibitos. On peut également évoquer cette séquence où le très bigleux Shu Mikami, dépossédé de ses verres, se sert des yeux de son Berger allemand pour progresser. Astucieux et franchement inédit dans le traitement esthétique. Mais tellement peu jouable. On peut encore citer le pouvoir particulier de Ikuko Kifune : prendre le contrôle de ses ennemis pendant un laps de temps, carrément ! Les mécaniques de progression sont simples mais parfois retors, et vous le comprendrez pleinement dans une des séquences avec Mamoru Itsuki et le coup des "sept portes".

 

Rarement immense sur un plan géographique, certaines zones ne se gênent pas pour avoir une architecture très complexe, et parfois c’est la carte qui nous libère de notre errance. Une errance partagée dans une grosse dizaine d’environnements que l’on se retape sans arrêts avec différents personnages afin d’en découvrir toujours un peu plus. Une connaissance assez stricte du niveau est requise, mais la frustration propre à Siren premier du nom s’est en parti évaporée puisque ici en aucun cas on ne crèvera d’une seule balle de sniper. Oh certes, la présence salutaire de check-point ne trompe pas, Forbidden Siren 2 adopte le principe de la progression par l’échec, mais on a quand même moins envie de jeter son pad que dans le premier. Quel dommage par conséquent que la progression de Forbidden Siren 2 soit bafouée par de tout autre aléas...

 

Pas assez tordu mon fils

 

Car le voici le principe de Forbidden Siren 2 : un immense quadrillage de briques dans lequel l’axe de X représente les personnages et celui des Y représente l’heure. Les développeurs se sont complètement lâchés sur un système de correspondance entre les séquences qu’on aurait aimé moins capillotracté, l’histoire n’en eût pas été moins riche. Chaque brique représente une épreuve au déroulement fort scripté, que l’on doit effectuer de deux façons différentes. Par exemple si une mission primaire demande au jeune bleu Yorito Nagai d’aider la petite collégienne à fuir du ferry, la mission secondaire vous impose quant à elle de trouver un moyen pour vous enfuir tous les deux. Soit. Mais le plus gênant n’est pas d’essayer de suivre un quelconque ordre dans les événements, il est d’ailleurs intéressant de découvrir seulement quelques heures plus tard dans quelles circonstances tel personnage s’est retrouvé zombifié. Non, là où Forbidden Siren 2 perd des points, c’est lorsqu’on se retrouve malgré tout bloqué devant le quadrillage de navigation, sans pouvoir avancer dans l’intrigue. Pourquoi ? Simplement car au bout d’un moment il ne suffit plus de compléter les missions deux fois, mais il faut en plus découvrir leurs objectifs cachés ! "Cachés" est certes un bien grand mot puisque des indices explicites sont à notre disposition sur l’écran de la carte, mais si vous avez bien suivi vous aurez compris qu’il n’est pas exclu de recommencer encore et encore la même séquence, jusqu’à récupérer l’objet ou effectuer l’action qui va permettre de débloquer la suite de l’intrigue. Ouch. Le rythme et la limpidité en prennent un sacré coup, d’autant que le jeu n’en avait pas foncièrement besoin tant il est probablement impossible de le finir en moins de 12, voire 15 heures la première fois, ce qui est vraiment considérable pour le genre.

 

Fort heureusement, Forbidden Siren 2 c’est aussi des menus d’action bien moins lourds qu’avant, et qui ne stoppent plus le cours du jeu. De ce côté là on retrouve la fluidité impérieuse à tout bon survival, mais les personnages restent cependant toujours aussi empotés et pas assez prompts à se dégager d’une étreinte Shibitesque, de sorte qu’il arrive de se faire enchaîner sans pouvoir riposter. Cependant, la résistance aux morsures, et même aux balles en mode facile, permet une progression assez sereine, en tout cas bien plus que dans le premier opus. On reste toutefois en grand danger, pour ne pas dire complètement coincé, si on se retrouve essoufflé (plusieurs secondes sont alors nécessaires pour récupérer) et sans aucune arme pour assommer un ennemi. Sans armes, votre personnage se bornera en effet à donner une gentille petite tape de fillette. Par contre, la moindre truelle à plâtre peut être utilisée comme une arme redoutable. Ne pas progresser les mains vides, là est la clé !

 

On a peu parlé du Sight Jacking, les yeux de l’esprit. Le fameux système révolutionnaire de la série permettant de voir à travers les yeux des adversaires et étudier son comportement pour mieux envisager une attaque ou un passage en force. En vérité, ce système devient aussi révolutionnaire que secondaire. Sincèrement, il doit être possible de finir le jeu sans jamais y avoir recours, ou presque. C'est plutôt triste, car le jeu de Sony Computer Entertainment fait preuve d'une personnalité incontestablement marquante, aussi bien dans le fond que dans la forme. C’est assez étrange mais Forbidden Siren 2 ne fait pas vraiment peur. Du moins, il a la décence de ne pas user des ressorts habituels, comme les gros monstres surgissant brusquement dans un grand fracas sonore. Pas de ficelles de petit joueur ici, Forbidden Siren 2 instaure avant tout un climat général. Un climat certes on ne peut plus angoissant, mais dont le potentiel déstabilisent est ébranlé par l’absence de dimension aventure, avec ces terrains de jeu que l’on finit par connaître par cœur après y être revenu pour la septième fois.




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Steeve Mambrucchi

le mercredi 5 juillet 2006, 11:21




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