Test Fire Emblem Three Hopes : le RPG cède à la mode des Musô, une bonne idée ?
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En mélangeant Musō et RPG, Fire Emblem Warriors : Three Hopes réussit l'exploit de proposer des combats à la fois bourrins et tactiques. Encore plus plaisant que le premier Fire Emblem Warriors, ce nouvel épisode profite incontestablement de l'univers développé il y a trois ans dans Three Houses. Tout cela aboutit donc à une expérience très satisfaisante et quasiment aussi touffue qu'un jeu de rôles traditionnel, même si les missions n'échappent pas à une certaine répétitivité. Rien d'insupportable toutefois, il suffit de jouer par petites sessions pour ne même plus s'en rendre compte. En revanche, la relative pauvreté des graphismes se fera oublier plus difficilement. Mais si c'est le prix à payer pour pouvoir décimer des ennemis par milliers, alors qu'il en soit ainsi !
- Le plaisir de retrouver les personnages et l'ambiance de Three Houses
- Le côté bourrin du Musō associé à des mécaniques RPG riches
- Des combats très satisfaisants
- Une durée de vie importante
- Des dialogues plutôt bien écrits
- Une bonne version anglaise sous-titrée FR
- Des décors assez vides et de l'aliasing
- Une certaine répétitivité dans les missions
- Beaucoup de mécaniques différentes à digérer
- Une mini map pas très lisible en mode portable
- Pas de voix françaises
Si l'on devait faire dans ce préambule l'historique de la saga Fire Emblem ainsi que celui des Dynasty Warriors et de ses dérivés, il nous faudrait citer au moins trente ou quarante titres différents. Nous nous contenterons donc de rappeler qu'en 2017 apparaissait Fire Emblem Warriors, une sympathique déclinaison Musō de la célèbre série de RPG tactiques. Et que cette dernière s'est poursuivie par ailleurs en 2019 avec la sortie de l'excellent Fire Emblem : Three Houses. Quant au Fire Emblem Warriors : Three Hopes qui nous intéresse aujourd'hui, on peut raisonnablement le qualifier de croisement entre les deux jeux suscités.
Tout comme le premier Fire Emblem Warriors, cet épisode Three Hopes est lui aussi un véritable "Warriors" et donc un Musō. Mais alors que son prédécesseur nous proposait de jouer avec différents personnages provenant des divers volets de la saga Fire Emblem, celui-ci se calme un peu sur les histoires d'univers parallèles et préfère développer une trame originale située dans l'univers de Three Houses. Et comme cet épisode figure parmi les meilleurs de la série, c'est évidemment une très bonne idée ! Le scénario nous place ainsi face à l'ancien héros (ou héroïne) Byleth, devenu l'ennemi principal de Shez, le nouveau héros (ou héroïne, le choix est une nouvelle fois laissé au joueur). Au final, ce sont donc les élèves de l'académie militaire, arpentée de fond en comble il y a trois ans, que l'on retrouve avec le plus de plaisir. Petra l'étudiante étrangère qui commet régulièrement des erreurs de langage a notre préférence, mais tout un chacun pourra dégoter son propre chouchou puisque le casting est riche de plusieurs dizaines de personnages. Ces derniers sont répartis en trois maisons, ce qui donnera l'occasion aux plus acharnés de jouer trois fois et de bénéficier ainsi d'une durée de vie gigantesque.
Les joueurs plus raisonnables qui se contenteront d'explorer un seul chemin pourront quant à eux compter sur quarante heures d'aventure, ce qui est déjà très loin d'être négligeable. Notons qu'en plus du réglage de difficulté standard (facile, normal, difficile), le jeu nous propose de choisir entre un mode Débutant et un mode Classique. Dans le premier cas les personnages qui tombent au combat se relèvent après la bataille, alors que dans le second ils sont définitivement perdus. Three Hopes permet également de basculer à tout moment entre deux styles de jeu appelés "Progressivement" ou "Rapide et efficace". Ce choix influe essentiellement sur la présence ou l'absence de certains écrans (changements de niveau et briefings de mission). On retrouve là la volonté des développeurs de soigner la qualité de vie, comme nous le soulignons déjà dans notre test de Three Houses. Il est par exemple à nouveau possible d'accéder à l'historique des dialogues.
ET TU TAPES, TAPES, TAPES… (MAIS PAS QUE)
En revanche, Musō oblige, les combats au tour par tour ne sont plus d'actualité ici. Comme dans le premier Dynasty Warriors venu, le gros des troupes adverses sert de chair à épée et se fait rouler dessus sans même chercher à riposter. C'est un comportement classique pour le genre, et qui participe au sentiment de puissance distillé au joueur. Celui-ci doit tout de même affronter régulièrement des adversaires plus coriaces, qu'il s'agisse de gardiens de portes, de voleurs ou d'ennemis "nommés" intervenant dans le scénario. Three Houses nous place même de temps en temps face à des monstres, gigantesques, dotés de plusieurs protections à faire sauter, et qui lâchent des ressources rares (un clin d’œil à Monster Hunter ?). Évidemment, les effets spéciaux fusent de toutes parts, les morts se comptent par milliers, et on passe un temps non négligeable à rentrer dans le tas sans trop réfléchir. Mais si cet aspect "bourrin" apporte de la satisfaction, il est très loin d'être synonyme de bêtise ou de simplicité.
Le système de combats est en effet riche de multiples subtilités et mécaniques. Coups normaux, coups puissants, combos, action de classe, parade, esquive, capacités, magie, aptitudes spéciales, techniques uniques, effets d'emblèmes, jauge d'éveil, attributs d'armes, possibilité de se servir provisoirement d'un assistant, ou encore jauge d'étourdissement permettant de placer des coups critiques sont par exemple de la partie. Accompagnées par les avantages de telle arme sur telle autre, de la possibilité de passer à tout moment d'un personnage à un autre, de la nécessité de capturer des bastions, et d'une interface bien fichue qui permet de donner des ordres d'attaque, de défense ou de capture à nos compagnons. Vous voulez encore plus de mécaniques de jeu ? Pas de souci, Three Hopes a prévu pour vous un camp muni de documents à récolter, de zone d'entraînement, de marchands, de bâtiments à améliorer, de plats à cuisiner, et tout un système de gestion de relations. Tout comme dans Three Houses, il est possible de renforcer les liens d'amitié entre les différents personnages via des corvées à réaliser ensemble, des dialogues de soutien, ou encore l'offrande de cadeaux. De plus, l'interface du camp a le bon goût de nous laisser le choix entre des déplacements libres ou l'utilisation de raccourcis pour se téléporter vers les endroits et interlocuteurs les plus importants. Ah, et il y a aussi une carte de guerre qui permet de capturer des zones et d'acquérir des ressources stratégiques. N'en jetez plus !
MOUCHE TON MUSŌ
Vous l'aurez compris, Three Hopes est tout sauf un Musō bête et méchant. Le jeu hérite de tout un tas de mécaniques estampillées RPG et ne vole vraiment pas son patronyme "Fire Emblem". Même les dialogues sont globalement bien écrits, avec quelques pointes d'humour qui font mouche. Les anglophobes pourront toutefois regretter l'absence de voix françaises mais, heureusement, la version anglaise est de qualité et les sous-titres français aussi ! L'abondance de mécaniques pourra elle aussi faire grincer quelques dents, car il faut vraiment se concentrer pour toutes les retenir et les utiliser correctement. Mais il vaut mieux ça que l'inverse. La répétitivité des missions sera également pointée du doigt par certains, même si c'est un peu le genre qui veut ça. Au final, le principal défaut du jeu réside tout simplement dans sa réalisation graphique. Il n'y a rien de véritablement honteux, mais l'aliasing très prononcé, les décors un peu simplistes, la résolution pas bien élevée, les textures guère détaillées, et les visages peu expressifs nous ramènent quelques années en arrière. On a connu des exclusivités Switch plus reluisantes (et des bien pires aussi). Vous ne viendrez donc certainement pas à Fire Emblem Warriors : Three Hopes pour sa plastique, mais vous y resterez à coup sûr pour son univers et ses combats.