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L’interrogation teintée de scepticisme qui nous habitait trouve enfin une réponse ici. Pour le fan ou le roublard, Final Fantasy IV DS est certainement le remake de trop, le remake inutile, le remake dont il peut largement se passer. Avec une mise en scène et une réalisation à la limite de l'irrespect, cette énième incursion de Cecil sur nos consoles a l’aspect, l’odeur et le goût de l’opportunisme. Ce qui ne l’empêche pas d’avoir des relents de mythe, d’autant plus palpables s’il s’agit d’une découverte. Mais avouons que pour ce premier volet tragique et classique, on aurait franchement préféré une refonte à la hauteur de la légende. En l’état, il ne s’agit ici que d’un grossier skin tridimensionnel qui n’apporte rien à l’œuvre originelle. Vous voilà prévenus.
- Le mythe se fait sentir malgré tout
- Un Nobuo Uematsu près de son apogée
- Gameplay toujours aussi simple d'accès et bien calibré
- Mise en scène et réalisation pas à la hauteur
- Fréquence des combats un poil abusive
- Menus brouillons par moments
- Nouveautés anecdotiques
- Trop de portages en peu de temps
Parfois, il faut arrêter de feindre l’étonnement. Les plus anciens se souviennent encore des interrogations qui germaient en nous lorsque l’officialisation – annonciatrice d’une nouvelle vague de réactualisations – d’un remake de Final Fantasy IV et le verdict de Final Fantasy III dans la foulée furent tombés : " Le mystère demeure sur l'intérêt profond quant au basculement tridimensionnel de ces univers. Cecil, Faris, et Terra évoluer dans une 3D tout juste correcte, est-ce franchement nécessaire ?". Avec la quête rédemptrice du premier nommé entre les mains, la question mérite d’être posée. Sincèrement.
La cash-machine de Square Enix est désormais connue de tous. Pourtant, chacun s’accordera à dire que gouvernée par une politique de devoir de mémoire, celle-ci est capable de raviver bien des flammes dans les cœurs blasés des old school gamers. D’ailleurs, les exemples à venir dans un futur proche ne manquent pas avec Dragon Quest : L’Epopée des Elus dans une semaine tout juste, Star Ocean : First Departure le mois prochain, ou encore l’inestimable Chrono Trigger DS début 2009. Soit autant de titres inédits dans nos contrées ; ce qui n’est pas le cas du triptyque 16 bits de la série Final Fantasy, déjà vu ou revu sur Game Boy Advance il n’y a pas si longtemps (entre juin 2006 et juin 2007 plus précisément). Il est donc important de noter le positionnement bâtard de ce Final Fantasy IV DS, épisode cloué depuis fort longtemps au palmarès des rôlistes. Le bon sens voudrait donc que le soft soit destiné à une jeune génération ignorante et boulimique de la 3D sous toutes ses formes, parfois même les moins chiadées, mais les choses ne sont pas aussi évidentes tant le titre a su rester rustique à bien des égards.
Mythe au logis
Malgré toute la bonne volonté de Matrix Software et de son expertise tridimensionnelle sur DS, la réalisation ne tarde pas à afficher des carences dont on n’aurait aimé se passer. Sans revenir sur les modélisations, somme toute correctes, nous pointerons essentiellement tout ce qui les entoure, sur le fond, comme sur la forme. En effet, quelques minutes à peine suffisent à mettre en exergue les capacités bancales de la petite nomade de Nintendo, avec des effets de flammes grossiers, qui auraient certainement gagnés en esthétisme si les ressources de la console n’étaient pas occupées à animer quelques poignées de polygones. Cet exemple est d‘autant plus frappant qu’il illustre la tragédie de Mist, premier événement dramatique – auquel quiconque sera logiquement attentif – d’une cartouche qui n’en manque pas. Après la technique, vient ensuite la mise en scène que l’on qualifiera de banale, commune. L’avantage qu’est censé posséder la 3D sur la 2D dans le domaine n’a pas été – ou n’a pas pu être ? – exploité, si bien que de nombreuses scènes seront source de frustration tant elles sont dépossédées de toute nuance, de toute percussion, de tout sentiment, ou même de vie. Sans vouloir trop gâcher la surprise des joueurs n’ayant pas encore vécu l’aventure, le passage de Cecil le Chevalier Noir à Cecil le Paladin fait limite figure d’anecdote ici. Il faut dire que le jeu d’acteur des doubleurs n’aide pas non plus. Néanmoins, tous ces défauts ont le mérite de démontrer que la 2D stimule davantage l’hémisphère droit de notre cerveau, et que notre imaginaire ne se porte que mieux éloigné de tous superflus mal fagotés. Dernière mise en garde, la teneur narrative du jeu est sensiblement proche à celle de l’époque, et ce, en dépit des quelques promesses faites par Square Enix. Ennemis de la concision, passez donc votre chemin.
Back dans les bacs (ter)
Le chapitre noir de l’histoire de ce remake étant à peu près refermé, il faut désormais lui reconnaître que le poids de l’âge n’a su altérer la qualité de son essence. Inutile de revenir sur une trame maintes et maintes fois résumée, sur une partie artistique maintes fois saluée – notamment les excellentes compositions de Nobuo Uematsu –, et concentrons nous sur le gameplay de cette refonte. Bonne nouvelle, Square Enix n’a pas totalement prostitué son petit trésor. Les amateurs de rugosité ayant paumé leur cartouche Super NES ou GBA pourront retrouver ici un challenge à la hauteur de celui proposé depuis 1991. Non pas que le jeu soit difficile, sa relative linéarité l’éloignant tout de même du trip hardcore à l’ancienne, mais certains affrontements mettent tout de même bien la pression, surtout configurés en vitesse maximale et en actif. Un paramétrage pas si chevronné qu’il en a l’air, les personnages ayant complètement délaissé la gestion des jobs encore balbutiante du troisième opus, ce qui octroie toujours un gain de temps supplémentaire – on sait à quoi s’en tenir – au moment de valider ses choix, ou de composer son équipe de cinq membres. Par ailleurs, la barre d’Active Time Battle, nouveauté de cet opus, fait désormais apparaître le temps de préparation des actions (sorts et autres capacités spéciales surtout), ce qui permet parfois de temporiser, comme lorsqu’il faut attendre que le sort de soin soit effectif avant de se lancer dans un Saut avec Kain, sous peine qu’il ne soit pas guéri et qu’il se mange une bonne droite meurtrière en guise de contre-attaque. En fait, d’un pur point de vue ludique, Final Fantasy IV DS s’adresse même à une grande majorité de joueurs. La progression, et a fortiori le level-up, se fait de manière constante et on ne peut plus naturelle, ce qui déleste les néophytes d’une bonne tranche de gestion. Les sorts s’apprennent lors des montées en niveau, l’équipement “ne sert qu’à” gonfler ses stats, et, petite subtilité, les donjons disposent désormais d’une carte à compléter afin de faciliter l’orientation. A ce titre, le sort Vision permet de les dévoiler entièrement, mais temporairement, afin d'aider à tracer sa route. Il est vrai qu’aller à l’essentiel sera parfois obsessionnel tant la fréquence des rencontres aléatoires peut parfois sembler abusive. Cela dit, les fouineurs seront ici récompensés, puisque le bien-nommé Mappingway leur offrira toutes sortes d’items après une visite totale de chaque étage. Un Elixir ou une Tente constitue toujours un agréable présent, surtout qu’ils peuvent se montrer, comme chacun sait, salvateur à bien des occasions. Toujours dans un souci de faciliter la vie des nouveaux venus, ce remake a intégré plusieurs objets qui permettent à leur utilisateur de bénéficier de compétences bonus (comme Contre-Attaque, Auto-Potion, Mémoire, Provoquer…) qu’il ne faudra pas oublier à attribuer via le sous-menu correspondant. Enfin, notons la possibilité d’élever ses Eons. Complètement anecdotique et hors de propos, cette option permet de mettre l’écran tactile à contribution via des mini-jeux qui feront progresser nos bêbêtes, l’intérêt étant qu’elles soient assez puissantes pour aller taper celles des copains via le Wi-Fi. Oui, c’est bien maigre pour pousser à la consommation.