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L'ironie du sort fait que c'est maintenant FIFA qui procède par retouches là où PES se remet totalement en question. Soyons francs, FIFA 10 est une grosse mise à jour de FIFA 09 et apporte son lot de correctifs qui rendent le gameplay plus équilibré, la construction des actions plus fluide, la physique de balle plus réaliste. Les matchs s'enchaînent plus rapidement aussi, EA Canada ayant pris le soin de réduire les temps de chargement entre deux rencontres. Deux points essentiels restent toutefois à régler avant de parler de simulation ultime, de tuerie et de boucherie : l'imbécilité des arbitres sur certaines actions et une gestion des gardiens plus rigoureuse. Pour le reste, et on le répète, FIFA a tout compris au football.
- Les dribbles à 360°
- Réalisation solide
- La richesse du contenu
- La physique de balle
- Le jeu en ligne toujours aussi solide
- Hervé Mathoux et Franck Sauzée aux manettes
- Arbitres par moments laxistes
- Gestion des gardiens perfectible
Cela fait maintenant deux saisons de suite que FIFA domine de la tête et des épaules le championnat de football virtuel, reléguant ainsi PES au simple rôle de faire-valoir. Avec un FIFA 09 qui a confirmé l'année passée que la franchise avait tout compris au football, on voit mal comment FIFA 10 pourrait dévisser sa frappe et passer à coté de son match. A moins d'un miracle ou d'un improbable retournement de situation, c'est du coté d'EA Sports qu'il faudra être cette année pour assister à des matchs de haut niveau.
C'est fou comme les temps changent ! Débuter sa journée de travail par un match à FIFA sur le rétroprojecteur, et sauter la pause de midi pour régler ses comptes et cadenasser quelques bouches sont devenus deux rituels qui auraient certainement mérité la camisole il y a encore trois ans. Et rien que pour ça, EA Sports mérite qu'on lui cire les crampons. Cette fois-ci, EA Canada n'a pas eu besoin d'apporter 250 corrections à FIFA 10 pour se faire respecter sur le terrain ; juste trois fois moins afin d'éliminer les quelques bugs relevés dans l'édition précédente et parvenir à un meilleur équilibre dans la prise en main. L'ajout majeur est naturellement la fameuse conduite de balle à 360° qui rend les joueurs beaucoup plus incisifs dans leurs gestes, et donne l'impression que l'on peut faire ce que l'on veut du ballon. Face à une défense particulièrement bien regroupée, on pourra alors chercher l'exploit individuel dans un périmètre réduit et enchaîner les crochets avec une fluidité exemplaire, à condition que le profil technique du joueur suive. Cela dit, les bienfaits du 360° ne sautent pas immédiatement aux yeux, la faute aux mauvaises habitudes prises avec les dribbles carrés qui faisaient horriblement souffrir les pouces jusqu'à présent, même en optant pour le stick analogique. Un léger temps d'adaptation est donc nécessaire, et un passage par la case Entraînement n'est vraiment pas de trop pour saisir toutes les subtilités offertes par le système, surtout lorsque l'on a tendance à abuser de RT (R1 sur PS3) pour se débarrasser d'un joueur adverse au physique imposant. Pas forcément mis en évidence dans FIFA 09, les véritables techniciens qui ne sont pas dopés à la créatine - Hatem Ben Arfa, Steven Gerrard, Andrea Pirlo par exemple - se voient ainsi offrir la chance de briller sur quelques mètres avec leur course chaloupée, suffisant pour faire la différence et créer une situation de but. Cette redistribution des cartes donne l'occasion d'assister à des rencontres plus indécises lorsqu'elles opposent deux équipes de niveaux différents - dans les limites du possible bien évidemment -, mais incite aussi à la prise de risques en cherchant en permanence à créer du mouvement. Un pur régal.
"Un café crème double expresso"
Mais que l'on ne s'y trompe pas, et comme cela a été signalé à juste titre, l'impact physique est d'une importance capitale dans FIFA 10. Il faut y aller pour bouger un Brandao qui est un véritable poison pour les défenses adverses, même celles des grosses écuries adeptes du marquage à la culotte. Pour peu que le contrôle soit parfaitement exécuté lorsque l'on reçoit le ballon dans la zone de vérité, la frappe est quasi assurée. En phase défensive, c'est surtout le sens de l'anticipation qui prévaut, pour ensuite jouer des coudes et récupérer la balle dans les pieds de l'attaquant. On vous rassure, les extra-terrestres que sont Eto'o, Ibrahimovic, Drogba ou bien encore Rooney n'ont pas eu droit à du rab d'EPO, et Thierry Henry a même été diminué pour ne plus mettre cinq mètres dans la vue en deux foulées. Paradoxalement, la gestion des collisions peut sembler fluette par rapport à la saison passée. Certains contacts, certains chocs ne donnent pas la sensation de rentrer dans l'adversaire, de même que les duels paraissent avoir perdu un poil en intensité. L'inertie des courses n'est plus tout à fait la même, que l'on règle la vitesse de jeu sur "lent" ou "rapide". On ne ressent plus nécessairement le poids des joueurs entre les doigts, ce qui contraint à retrouver ses marques en termes de contrôle, de déviation et de passe. Bref, pas étonnant que les fans de PES se mettent à kiffer FIFA. Plus sérieusement, EA Canada continue de maîtriser son sujet et s'évertue à reproduire ce qui définit l'essence-même du football. Décocher une frappe lumineuse après avoir sprinté sur une trentaine de mètres n'arrivera que trois fois sur dix, de même qu'il sera beaucoup plus difficile de cadrer son tir après un contrôle foireux. Même rigueur concernant les dribbles - malgré l'ajout du 360° - qui ne permettent pas d'enchaîner roulettes, râteaux et autres virgules à la queue leu leu. Concernant le système de passes, il est tout aussi nucléaire qu'en 2008 et on arrive facilement à créer le décalage dès que l'on fait tourner le ballon. C'est d'autant plus vrai que les passes en profondeur - à ras de terre ou en hauteur - donnent mal à la tête tellement elles sont d'une précision fatale. Mieux vaut s'assurer dans ce cas-là de l'alignement de sa défense, sous peine de se prendre une valise.
EA Canada continue de maîtriser son sujet et s'évertue à reproduire ce qui définit l'essence-même du football. Décocher une frappe lumineuse après avoir sprinté sur une trentaine de mètres n'arrivera que trois fois sur dix, de même qu'il sera beaucoup plus difficile de cadrer son tir après un contrôle foireux."
A l'image de ses aînés, FIFA 10 préconise le jeu collectif et le redoublement de passes, et voue une haine toujours aussi profonde aux grandes chevauchées fantastiques. Les transversales de quarante mètres sont de rigueur pour faire basculer le jeu, et appuyer plus ou moins les passes permet de varier entre jeu court et jeu long. Quant aux appels, ils font preuve d'une plus grande richesse que par le passé et se font moins systématiquement sur les cotés dans l'optique d'un centre. Mais cette saison, on constate surtout que les attaquants se mettent à faire des appels afin de libérer un partenaire d'un marquage trop strict - une tuerie ! -, et des contre-appels pour mettre le défenseur sur les rotules, sans nécessairement rouler sur des rails. Les centres continuent d'être un point sensible dans FIFA 10, et il faudra réellement faire preuve d'une précision extrême pour parvenir à placer une tête ou une reprise salvatrice. La défense a toujours un net avantage dans ce domaine, et planter un but dans de telles conditions est jouissif, c'est clair. La physique de balle, jusqu'à présent véritable talon d'Achille de FIFA, a elle aussi été revue et corrigée afin de donner au ballon des trajectoires beaucoup plus réalistes et moins flottantes. La différence est flagrante sur les longues passes où le cuir ne se prend plus pour une montgolfière, mais aussi sur les corners et les coups francs avec des courbes tendues beaucoup plus faciles à exécuter. La lourdeur n'est pas aussi palpable que dans PES, mais on s'en rapproche tout doucement. Enfin, au niveau des frappes, il y a du mieux également, et il est nettement plus évident de les doser maintenant qu'elles ont gagné en consistance. Tenter sa chance des vingt-cinq mètres n'est plus mission impossible, même si le contrôle à 360° induit forcément une plus grande application au moment de cadrer. Une finesse à laquelle il n'est pas évident de s'habituer au départ, avec des frappes rasant systématiquement les montants des buts. Mais on se rend rapidement compte qu'elle offre indéniablement un choix plus grand pour crucifier les gardiens.
Coach Courbis
Ces derniers se montrent d'ailleurs redoutables en situation de un contre un, beaucoup plus qu'ils ne l'étaient déjà dans FIFA 09. Avec des portiers décidés à rester sur leurs appuis jusqu'au dernier moment, les plats du pied vicieux pour gratter des buts gratuits ont plus de mal à passer. En revanche, les gardiens se montrent particulièrement faiblards en ce qui concerne les sorties dans les pieds, et boxent même le ballon des deux poings quand ils pourraient s'en saisir tranquillement. La panique se fait aussi sentir sur les centres fuyants, et on regrette qu'ils ne soient toujours pas capables de laisser sortir le ballon sur une frappe hors cadre. Bref, on est encore loin de la sécurité sociale dans FIFA 10, et avoir un Mandanda, un Buffon ou bien un Casillas à la prise de balle infaillible dans les buts facilite grandement la vie. Ce qui fait surtout le charme de FIFA désormais, ce sont tous ces petits à-cotés qui, mis bout à bout, donnent l'impression d'assister à un véritable match de foot. Le gardien qui gueule sur sa défense après une craquette, les attaquants qui se replacent en marchant lorsque l'action se trouve à l'autre bout du terrain, le défenseur qui va se jeter sur le porteur du ballon pour l'empêcher de frapper au but, un joueur qui va laisser filer le ballon à son partenaire alors qu'il se trouve sur la trajectoire, c'est du travail d'orfèvre. Et ça ne s'arrête pas là, puisque le speaker annonce la compo des équipes, le nom des buteurs, le temps additionnel, et rappelle même aux supporters les consignes de sécurité à respecter. Enorme. Allez, pour chipoter, on aurait aimé des avant-matches un peu plus travaillés histoire de s'y croire vraiment, surtout au moment de disputer un classico à la française. La réalisation de FIFA 10 affiche une modélisation des joueurs - et surtout des visages - plus affinée par rapport à l'édition précédente, même si les moins célèbres auront toujours autant de mal à se reconnaître. En tout cas, EA Canada s'est efforcé de reproduire la gestuelle des stars incontournables en ajoutant de nouvelles animations ici et là, ce qui permet au jeu de gagner en authenticité. Carton rouge cependant aux replays qui saccadent méchamment, sans qu'il n'y ait vraiment une quelconque explication.
Même en ayant retourné FIFA 09 dans tous les sens, la marge de progression demeure importante dans FIFA 10 avec toutes les petites subtilités qui ont été ajoutées."
Même en ayant retourné FIFA 09 dans tous les sens, la marge de progression demeure importante dans FIFA 10 avec toutes les petites subtilités qui ont été ajoutées. On pense aux nombreux sliders qui permettent de définir la stratégie de son équipe bien sûr, mais aussi à l'éditeur de coups de pied arrêtés indispensable pour modeler le positionnement de ses joueurs sur les corners et les coups francs. On peut alors travailler toutes les combinaisons imaginables pour dérouter l'adversaire, et les appliquer ensuite en cours de match par une simple pression sur le bouton correspondant. Magique. En termes de contenu, FIFA 10 propose les réjouissances traditionnelles - modes "Carrière", "Deviens Pro" et "Fiesta" - mais aussi quelques nouveautés dont la plus marquante est sans aucun doute le mode Pro Virtuel qui permet de créer son propre avatar, et de l'utiliser ensuite dans tous les autres modes de jeu afin d'améliorer ses stats via une multitude de défis à remporter. Le plus tripant est bien évidemment le GameFace qui offre l'occasion d'apposer son propre visage sur celui du joueur. Inutile d'avoir une Xbox LIVE Vision Camera à la maison, il suffit juste de se rendre sur le site EA Sports Football World et de suivre les instructions pour étonner ses amis. Si notre tentative n'a pas vraiment été fructueuse, on reconnaît néanmoins que EA Canada a fait de son mieux pour rendre le processus le moins lourd possible. Et puis, on ne peut pas faire l'impasse sur le jeu en ligne qui se montre toujours aussi solide, avec entre autres la possibilité d'organiser des parties à 10 vs. 10 - option qui ne sert strictement à rien selon le Arsène Wenger de la rédaction -, et la présence du "Saison Live 2.0" qui permet de suivre le championnat de son choix manette en main, en tenant compte des blessures, suspensions et autres transferts. Une gourmandise payante, cependant. Enfin, et puisqu'il faut bien parler des choses qui fâchent, certaines décisions arbitrales plombent complètement le bon déroulement du match, avec des gros tacles de bûcheron qui passent comme une lettre à la poste. C'est dommage, car la règle de l'avantage semble mieux respectée cette année. Un point sur lequel les développeurs devront travailler pour la prochaine édition, tiens.