Test F1 2015 : premier drapeau jaune pour le jeu officiel de la Formule 1
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Malgré une physique et des sensations de pilotage appréciables, il est difficile de recommander ce F1 2015 tant les problèmes sont légions. Des bugs en nombre gâchent l'expérience, tandis que le contenu a été drastiquement réduit par rapport aux moutures des années précédentes. Le mode "Carrière" qui permet d'endosser le rôle d'un jeune rookie a été sucré, la Safety Car a disparu de la circulation et le mode "Classic" reste aux abonnés absents. Ajoutez à cela des graphismes décevants et un système de commandes vocales plus qu'aléatoire, et vous comprendrez notre embarras. Les fans qui veulent absolument contribuer aux finances de la FOA se consoleront avec l'arrivée des podiums officiels, mais la plupart des autres joueurs feront bien d'attendre F1 2016 qui réincorporera la plupart des features manquantes cette année. Bref drapeau jaune incontestable pour F1 2015.
- Physique de pilotage en hausse
- Saison 2014 et 2015 jouables
- Enfin les podiums !
- Exit le mode classique
- Exit le mode carrière
- Exit la Safety Car
- Instabilité chronique du jeu
- Graphismes vraiment moyens
Fondé en 1985 et principalement tourné vers les simulations automobiles, Codemasters s'est fait un nom grâce à sa série GRID et son travail sur la licence Colin McRae, mais également pour avoir réussi l'un des plus beaux coups de la décennie : sécuriser auprès de la FOA de Bernie Ecclestone l'exclusivité des droits de la Formule 1. Résultat : chaque année, le studio britannique propose aux fans de plonger directement dans le bain de la course via un jeu bardé de licences et orienté simulation, afin de séduire les puristes les plus exigeants. L'an dernier, F1 2014 avait déçu le Pastor Maldonado de la rédaction qu'est Laurely Birba, avec une conduite trop arcade, un contenu famélique et un manque d'ambition sur le plan technique. Que vaut son successeur F1 2015 ? Réponse tout de suite dans notre test.
Plus enclins à froisser de la tôle en Rallye, en Supertourisme, en GT ou en Sport-Prototypes, on était assez impatients de retrouver enfin un jeu officiel blindé de licences et débordant de contenu, où l'objectif est d'égaler l'élite du pilotage sur les circuits les plus mythiques de la planète ; en Formule 1 qui plus est. On s'imaginait déjà tricoter la boîte de vitesse pour optimiser la puissance de la monoplace, avaler les courbes à la vitesse de la lumière avec la voiture plaquée au sol par trois tonnes d'appui aérodynamique. Première surprise en lançant le jeu, la stabilité est plus que moyenne sur PC. Crash et bugs à répétition, dont certains assez sales - on a eu droit, par exemple, au fameux écran bleu pour un problème de drivers. Heureusement, les mises à jour déployées ces derniers jours ont rendu F1 2015 jouable, même si ça continue de tousser par moments. Séquence d'introduction qui pète, voix des commentateurs F1 de chez Sky Sports : il n'y a pas à dire, on s'attend presque à assister à un véritable Grand Prix tellement les codes de la discipline sont repris. La nomenclature télévisuelle est même reprise à l'identique au niveau des éléments d'habillage, qui sont strictement les mêmes que ceux visibles sur Canal+. Malheureusement, après s'être baladé dans les différents menus, on déchante déjà quand on jette un oeil au contenu. Plus concrètement, on nous propose un championnat, un championnat pro (aucune assistance, toutes les distances sont identiques à la réalité, et l'I.A. est à son maximum), du contre-la-montre, du multijoueur en écran partagé et des courses rapides. En clair, exit le mode "Carrière" qui était présent dans les anciens opus, et ce n'est pas cette année que l'on reverra le mode "Classic" qui permettait d'enchaîner les tours à Imola au volant de la McLaren MP4/4 de Prost et Senna. Un contenu en chute libre donc mais qui est compensé par un petit bonus, puisqu'on dispose de la possibilité de choisir entre la saison 2015 ou la saison 2014 lorsqu'on lance le jeu. On pourra donc retrouver les deux calendriers, et piloter les machines des écuries qui ont fait faillite entre-temps.
SATANAS ET DIABOLO
Au niveau du gameplay, le jeu a indéniablement fait des progrès. A condition de désactiver toutes les aides, dont certaines sont vraiment abusées à l'image du freinage automatique, F1 2015 est capable d'offrir une véritable expérience de pilotage. Avec le volant T300RS entre les doigts, on dispose d'un bon feedback et les aspérités de la route sont bien retranscrites. Deux bémols cependant : le retour de force manque clairement de puissance - même quand on la règle au maximum - et il est impossible de définir le nombre de degrés de rotation que l'on désire dans le volant. Ainsi, entre le volant d'une F1 qui peut tourner de 130° dans chaque direction, et le T300RS avec lequel on peut effectuer deux tours et demi à droite ou à gauche, il y a une différence de taille. Ce n'est pas très gênant, mais la chicane de l'arrêt de bus à SPA Francorchamps demande de bien mouliner par exemple. Au niveau du grip, la physique est au niveau et on sent qu'il est plus difficile de tourner le volant en freinage lorsque le poids de la voiture bascule à l'avant. Evidemment, sans contrôle de traction ni ABS, il faudra obligatoirement un pédalier afin de pouvoir être suffisamment précis dans les accélérations et les freinages, sous peine de bloquer les roues ou de partir en tête-à-queue. Avec une manette, il est vivement recommandé d'activer l'ABS et de mettre un chouia de contrôle de traction pour combler la perte de finesse dans la conduite. Cela dit, le jeu reste très appréciable au stick qui s'avère suffisant pour s'amuser un minimum. D'ailleurs, les écarts de temps entre le volant/pédalier et la manette sont assez faibles - moins d'une seconde au tour dans notre cas. En course, la première chose qui saute aux yeux sont les graphismes. Si les véhicules et les circuits sont bien modélisés, la foule et tous les éléments périphériques sont en revanche largement inférieurs pour un résultat global assez décevant. On est largement en-dessous d'un Project CARS, surtout lorsqu'on pousse toutes les options à fond. Une part de cette déception revient à la politique de Codemasters qui, de manière assez incompréhensible, optimise ses jeux pour Intel HD Iris Graphics. Voilà, c'est dit. Pour activer tous les paramètres, il faudra donc un processeur Intel à l'architecture Haswell de toute dernière génération, sans aucune carte graphique. Il est quand même rageant de ne pas pouvoir activer toutes les options lorsqu'on dispose d'une carte graphique dédiée de qualité (GTX série 9 ou Radeon R9 par exemple).
KILLER INSTINCT
Au niveau des concurrents, Codemasters a bizarrement équilibré l'I.A.. En effet, en Facile, vous aurez affaire à de véritables tortues et pourrez leur claquer six secondes sur un tour ; tandis que lorsque vous optez pour le niveau de difficulté le plus élevé, si les temps réalisés par l'I.A. sont respectables, elle fait par contre preuve d'une agressivité criminelle, et n'hésite pas à tenter des dépassements encore plus suicidaires que celui de Senna sur Prost lors du Grand Prix de Suzuka en 1990. Une agressivité malvenue puisque l'un des points forts de ce F1 2015 réside dans son système de dégâts assez poussé. Vous pouvez perdre tout ou partie de vos éléments aérodynamiques, et avoir de nombreuses avaries en fonction de la manière dont vous maltraitez votre bolide. A ce sujet, on notera que les commissaires de course sont encore assez laxistes pour les manœuvres dangereuses, tandis que le système qui pénalise ceux qui coupent le circuit manque encore de mise au point. A certains endroits, passer un peu trop franchement sur le vibreur sera condamné, tandis que des trajectoires élargies dans des aires de dégagement ne seront pas pénalisées. Si l'accident devient plus grave, ne comptez pas sur la safety car pour rattraper votre retard car cette dernière à été purement et simplement retirée du jeu sans explication. Sinon, il y a bien les zones de dépassement où il est possible d'activer le DRS pour diminuer l'appui aérodynamique au profit de l'accélération, et réaliser du coup des dépassements plus faciles. Ah oui, on cherche toujours le KERS rebaptisé ERS ; aucun bouton, aucune gauge n'est présente pour utiliser l'énergie électrique récupérée, ce qui la fout assez mal pour un jeu officiel. Enfin, une fois la course terminée, on peut enfin goûter à une grande première dans la série : les podiums. Aurevoir la scène où le pilote félicite son équipe et bienvenue au podium avec coupes et champagne à volonté. Au passage, on remarquera la reproduction faciale assez "hasardeuse" des pilotes.