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- Réalisation soignée
- Système de progression original
- Le côté RPG
- Un formidable coup d’essai de Konami
- Aliasing prononcé
- Pas de mode en ligne
- I.A. moyenne
- Seulement 2 vues
- Absence de dégât
Depuis trop longtemps la série Gran Turismo se pose orgueilleusement en référence ultime de la simulation automobile. Depuis trop longtemps, Gran Turismo est intouchable. Et après une estocade digne de ce nom par Forza Motorsport, voici qu’un nouveau challenger vient défier le maître sur son propre terrain. Camp des vainqueurs, camps des vaincus ? Toujours est-il qu’Enthusia présente un formidable potentiel.
"Enthusia", abréviation du mot "enthousiasme", est un terme qui, à certaines époques de l'histoire littéraire occidentale, a joui d'une résonance toute particulière. Dans son origine grecque, l'enthousiasme est d'abord une inspiration surnaturelle, un feu céleste qui, s'emparant de l'âme de la Sibylle et la remplissant de frénésie, la poussait à annoncer l'oracle. Le sens du terme s'élargissait pour s'appliquer aux poètes, aux musiciens et à tout créateur artistique qui s'abandonnait à l'essor du lyrisme. Nous n'irons pas jusqu'à affirmer que Enthusia Professional Racing atteint ce degré d'extase mais la sensation que l’on éprouve une fois la manette en mains se rapproche étrangement du plaisir. Alors qu’il s’agit de son premier coup d’essai en la matière, Konami va nous prouver que l’on peut encore innover voire même bousculer certaines "règles" standards. Et si Enthusia Professional Racing ne réinvente pas le concept de la simulation automobile, on y est presque !
Here comes a new challenger !
Evitons de nous perdre en fioriture et présentons immédiatement la bête. Accompagnés des incontournables modes "Contre la Montre" et "Course Libre" qu’il est inutile de détailler ici, on retrouve dans Enthusia Professional Racing deux autres modes de jeux majeurs : "Enthusia Life" et le "Driving Revolution". Ce dernier mode fait à la fois office de challenge et de permis dans la mesure où il vous enseignera le comportement à adopter par tous les temps et sur chaque revêtement ou surface (terre, asphalte, etc.) en s’orientant toutefois vers un mode d’apprentissage nettement plus ludique et plus guidé. Au lieu de suivre une ligne fictive au sol, il s’agit ici de toucher des icônes qui vous renseignent en sus sur la vitesse adéquate à prendre pour négocier les virages grâce à un habile jeu de couleurs et cela sans limite de temps. Si il est vrai que la progression s’en trouve renforcée, ce choix est à double tranchant car certains pourraient se concentrer uniquement sur les icônes et ne pas en tirer bénéfice. Composé d’une vingtaine d’étapes et de quatre sous-parties chacune, réclamant généralement de réussir le même exercice mais avec un véhicule plus nerveux ou dans des conditions différentes, le niveau est toutefois moins élitique que Gran Turismo et il est effectivement possible d’atteindre rapidement la performance suprême. En récompense, vous pourrez ainsi glaner quelques pourcentages supplémentaires du jeu qui vous octroieront quelques véhicules bonus dans les autres modes de jeux mais cela commence véritablement à devenir intéressant au-delà des 50% de réussite et comptez au moins une bonne après-midi pour atteindre ce quorum.
Il faut toujours faire une esquisse avant de faire un chef d’oeuvre
Introduit par une cinématique superbe dans lequel la jeune fille d’un pilote émérite se prend également de passion pour les courses automobiles et suit son paternel dans toutes ses pérégrinations. Dans ce milieu, chaque erreur peut-être fatale et ce qui devait arriver, arriva. Son père mourut sous ses yeux après qu’il se soit fait percuté suite à un dérapage mal contrôlé. On suppose donc qu’elle décide de suivre les traces de son paternel et c’est ce qui nous amène au mode "Enthusia Life". Et là encore Konami taille dans l’originalité avec son système de progression peu commun. On débute dernier sur un panel de 1000 pilotes et le classement évoluera en fonction de vos 9 meilleures courses sur 12 semaines, sachant qu’une semaine permet de d’effectuer 4 courses au maximum. Dès le départ, vous avez le choix entre différents véhicules mais il faut noter que c’est leur catégorie qui va déterminer votre cote et donc les points à l’arrivée mais aussi votre place sur la grille de départ. Ainsi, moins bon sera votre véhicule et plus vous marquerez de points à l’arrivée. Une fois un certain nombre de points amassés, vous pouvez passer dans la catégorie de course supérieure, de RN à RS, où le challenge devient de plus en plus difficile certes mais affiche des récompenses toujours plus élevés. A la manière d’un jeu de rôle, votre pilote et même sa monture accumuleront de l’expérience en fonction de vos performances et sous réserve que vos points Enthu ne chutent pas à zéro. Assimilable en quelque sorte à vos points de vie, ces derniers baissent dangereusement lors des sorties de route ou d’un choc avec un joueur ou une barrière. On récupère bien sûr une partie de ces points de vie entre deux courses mais il sera parfois incontournable de prendre un peu de repos bien mérité. Ainsi, si on est véritablement peu sanctionné de nos erreurs sur la piste, elles ont un goût bien amer lorsqu’elles nous empêchent de concourir pour la session suivante. De même, si le changement de voiture permet de regagner une partie de vos points Enthu, il réclame en contrepartie une journée complète de repos. Et à la fin de chaque course, la "Razzia des Rivales" vous permet de vous emparer de la voiture d’un de vos concurrents selon les aléas du hasard.
If you believe you can, therefore you can
Le titre compte également de sa réalisation soignée et très portée sur certains détails pour nous charmer. Et si il est vrai que l’ensemble est vraiment joli, l’aliasing omniprésent vient gâcher la fête. L’impression de vitesse est accentuée par un petit effet de blur - un peu à la Burnout - sur les côtés de l’écran mais elle n’est pas aussi marquée lorsque l’on dirige des petites cylindrées. Si on est loin des 700 véhicules de Gran Turismo 4, Konami a disposé du soutien d’une quarantaine de constructeurs afin de modéliser à la perfection une centaine de voitures. On ressent ici un vrai travail de fond sur le sujet à tel point que les modèles virtuels ressemblent en tous points à leurs homologues réels et le comportement de ces derniers est parfaitement retranscris. L’éditeur n’ayant pas tari d’éloges tout au long du développement sur leur nouveau système de jeu, le Visual Gravity System ou VGS pour les intimes, nous allons maintenant voir de quoi il retourne. Grâce à un habile jeu de flèche et un petit schéma de votre bolide, vous pourrez ainsi connaître très précisément l’endroit où s’exerce la force centrifuge ainsi que le degré d’adhérence de vos pneus. Ces renseignements précieux permettent d’ajuster sa conduite en conséquence mais serviront davantage aux connaisseurs qui seront l’utiliser à bon escient. Les plus passionnés apprécieront également le fait de pouvoir activer ou non l’assistance au pilotage. Une fois en course, on a le seulement choix entre 2 points de vues mais on abandonnera vite la vue extérieure car elle ne prend pas assez de hauteur par rapport à l’action. De même, il n’est pas possible de regarder derrière soi en dehors du petit écran du rétroviseur. Et à bien y réfléchir, ce n’est pas une mauvaise chose. En effet, pouvoir regarder derrière soi à sa guise ne fait pas vraiment sérieux lorsque l’on parle de simulation automobile. Bref, Enthusia Professional Racing regorge de très bonnes idées mais n’arrive pas à les concrétiser totalement. On retrouve ces mêmes lacunes avec l’intelligence artificielle plutôt moyenne en fin de compte. Non content que les dégâts ne s’affichent pas à l’écran, vos concurrents ne se préoccupent absolument pas de vous et ne manque pas de foncer dessus (et donc vous faire perdre vos points Enthu) et pire, ne semblent pas le moins du monde affectés par la moindre de vos estocades. Et que dire de la bande sonore beaucoup trop ordinaire ? Konami nous avait habitué à mieux dans le domaine et quand on sait que le succès d’un jeu repose à presque 50% sur ses compositions et bruitages, il est regrettable qu’il ait manqué la coche à ce niveau.
Même s’il s’agit du baptême de feu de la part des équipes de Konami, Enthusia Professional Racing étonne et va jusqu’à secouer volontairement quelques standards établis depuis trop longtemps. Moins exhaustif à bien des égards de Gran Turismo 4 et malgré quelques imperfections, le titre reste une excellente alternative. Mais patience, on dit toujours qu’il faut faire une esquisse avant de faire un chef d’œuvre.