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Les défauts d’Endless Space sont finalement peu nombreux et aucun n’a assez d’importance pour gâcher l’expérience de jeu proposée. Des combats qu’on regrette de voir moins spectaculaires, quelques ajustements nécessaires au niveau de l’évolution technologique et de l’IA par exemple, un moteur qu’on aurait voulu peut-être moins gourmand : tout ça n’est finalement que peu de choses comparé aux longues nuits que vous allez passer à gérer votre empire galactique. Et à seulement trente euros, il serait dommage de s’en priver. Fin de tour.
Retrouvez plus bas la suite de notre test de Endless Space
- Son univers recherché, détaillé et cohérent appuyé par une direction artistique efficace
- Un 4X, un vrai, un pur, comme il y’en a peu finalement.
- Une durée de vie titanesque et une rejouabilité quasi inébranlable.
- Diablement chronophage… et on en redemande !
- La résolution des combats ?
- Un moteur un peu gourmand sur la carte de la galaxie (90% du temps de jeu).
- Un arbre technologique vaste mais sans à long terme.
Conquérir, repousser les frontières de son empire, marcher sur celles des autres : tout ça c’est bien joli, mais pourquoi se limiter à une simple planète quand on peut s’attaquer à des systèmes solaires entiers, voire à des galaxies ? Civilization 5, c’est plutôt chouette, mais l’avenir est dans l’espace, l’espace infini. Alors, si vous en avez marre de mettre la Terre en coupe réglée de la Préhistoire au XXIe siècle, partez à la conquête des étoiles. Après tout, la vérité est ailleurs.
Pour leur premier jeu, les petits Français d’Amplitude ont plutôt choisi de faire les choses en grand. Avec Endless Space, puisque c’est son nom, ils s’attaquent à ce que les fans du genre appellent un 4X, digne héritier d’Alpha Centauri ou encore Sins of A Solar Empire. Pourquoi 4X ? Tout simplement car il s’agit d’un jeu mêlant gestion et stratégie dans lequel le joueur doit mener son empire vers la gloire via l’exploration d’un univers, l’expansion de son domaine, l’exploitation de ses ressources et enfin l‘extermination de ses ennemis (en anglais eXplore, eXpand, eXploit, eXterminate). Pour le grand public, la série Civilization est probablement le plus connu de ses représentants. Cependant, comme nous le disions plus tôt, Endless Space ne se limite pas à la conquête de notre pauvre planète bleue. Le but ici est d’étendre son emprise sur une galaxie entière. Vaste programme. Les bases de gameplay d’Endless Space ne devraient donc pas déstabiliser ceux qui auraient déjà mis les mains sur les jeux que nous avons cité plus haut. Chaque partie se déroule dans une galaxie générée aléatoirement, grâce à plusieurs variables définies en début de partie. Vous aurez donc le choix dans la forme de la galaxie qui servira de terrain de jeu, le nombre de systèmes qu’elle contiendra, ou encore l’âge des planètes qui la peuplent. Autant le dire tout de suite : Amplitude n’a pas fait les choses à moitié et le nombre de paramètres réglables est proprement hallucinant. Ce n’est d’ailleurs qu’au bout d’une bonne dizaine d’heures de jeu qu’on commence à appréhender le tableau dans son ensemble. C’est donc depuis une simple planète, dans un système qui peut en contenir jusqu’à six, que vous allez commencer votre lente expansion. Le but du jeu est finalement assez simple : réussir à étendre son empire sur d’autres planètes, puis d’autres systèmes stellaires grâce au développement de certaines technologies civiles et militaires.
Chaque partie se déroule dans une galaxie générée aléatoirement, grâce à plusieurs variables définies en début de partie. Vous aurez donc le choix dans la forme de la galaxie qui servira de terrain de jeu, le nombre de systèmes qu’elle contiendra, ou encore l’âge des planètes qui la peuplent."
A chaque tour de jeu, les systèmes planétaires occupés génèrent différentes ressources nommées BINS : des points de nourriture, des points de recherche scientifique, des points d’industrie et enfin des points de Brume, l’étrange monnaie du jeu. La nourriture permet d’augmenter le nombre de vos sujets, les points de recherche permettent de développer de nouvelles technologies, les points d’industrie permettent de payer les vaisseaux et les différentes installations permises par la recherche et enfin la Brume finance l’armée et ses généraux. Evidemment, ce système pousse à l’expansion. Plus vous aurez conquis de planètes, plus votre empire comptera d’âmes et en toute logique, plus il produira de BINS. Mais les planètes ne se domptent pas si facilement et chacune d’entre elles dispose de caractéristiques bien précises, qui vont jouer sur la production de BINS : une surface plus ou moins habitable, des ressources rares, des anomalies avantageuses ou non. En bref, il faudra rendre chacun de ces cailloux flottants colonisables, exploitables, et vivables en même temps. Et cela passe forcément par l’arbre des technologies du jeu, qui s’avère être identique pour toutes les races. Un petit regret, qui est néanmoins équilibré par les bonus et malus accordés aux huit empires d’Endless Space. Entre les sanglants guerriers Hisshos, les scientifiques Amibes ou encore l’United Alliance, chacune d’elle se différencie assez des autres pour vous diriger vers une certaine façon de jouer, sans toutefois vous y forcer. Le choix de développer une des quatre branches de l’arbre des technologies restera donc le votre : diplomatie et gestion, exploration et expansion, militaire, ou scientifique. Dommage d’ailleurs qu’on puisse tout découvrir au cours d’une seule partie, car cela limite quelque peu la rejouabilité. Ainsi, privilégier le militaire en développant son armement ne sera finalement qu’une politique temporaire, puisqu’une fois ce volet exploré à 100%, il faudra dépenser ses points de recherche ailleurs. Heureusement, comme nous le disions plus haut, le gameplay d’Endless Space pousse à la découverte d’autres systèmes et donc au développement des technologies qui serviront à les coloniser. Il vous faudra donc développer un minimum de technologies dans chacune des branches de l’arbre pour espérer survivre. Si l’IA du jeu laisse une certaine marge de manœuvre, il est évident qu’il sera difficile de lutter à terme contre un empire soutenu par les ressources de dizaines de planètes.
La guerre et les étoiles
Car évidemment, la guerre sera une complication inévitable au cours de votre règne. Et c’est probablement l’un des points du jeu qui sera le plus sujet à débats. La résolution des combats dans Endless Space est en effet assez particulière. Tout d’abord, le jeu ne gère que des affrontements entre deux flottes. Celles-ci peuvent évidemment être élargies grâce à la technologie adéquate, mais les batailles n’engagent donc qu’un nombre limité de vaisseaux. Ceci a évidemment l’avantage de limiter l’approche dite du gros bourrin, qui inonde le champ de bataille de vaisseaux histoire de ne pas avoir à faire jouer une intelligence visiblement limitée. Toutefois, le poids du nombre se fera sentir à un moment ou un autre, quand votre vaillante flottille devra affronter, tour après tour, une vingtaine de flottes adverses. Deuxième point sujet à caution : la résolution des combats. Basées sur un système de shifumi, les joutes spatiales se décomposent en plusieurs phases, dont trois de combat : longue distance, mi-distance, et combat rapproché. Dès le début du combat, il vous faut choisir, pour chacune de ces phases, une attitude à adopter, représentée par une carte : attaque, défense, sabotage, réparation, etc. Et comme au pierre-feuille-ciseaux, chacune de ces options aura l’avantage sur une autre. Suivant les armes et les protections dont vos vaisseaux sont équipés, c’est votre rôle de général de prendre les bonnes décisions et de réduire la part de chance qui entre en compte dans la résolution des combats. Donc stratégie oui, tactique non. Pourtant, au vu de la qualité du moteur 3D du jeu et de ses modèles de vaisseaux, on aurait aimé pouvoir les diriger en temps réel. Le nombre de paramètres a probablement rebuté les développeurs à se diriger dans cette voie. Mais n’allez pas y voir une forme de paresse ou un manque de finition, ce serait une grosse erreur. Car le travail effectué par Amplitude au niveau du background de son premier titre est d’une grande qualité. Certes, Endless Space ne dispose pas d’une campagne solo scénarisée. Mais le jeu n’en pâtit à aucun moment. L’univers, assez proche de celui de Warhammer 40 000, est posé sur des bases fortes. Chaque race a été dotée d’une identité extrêmement détaillée, assez marquée pour faire son choix facilement et laisser son imagination vagabonder. Les héros, eux-aussi, ont bénéficié de ce travail de fond, et s’intègrent parfaitement au tableau. Tous les éléments du jeu sont à ce point détaillés qu’on ne remet jamais leur crédibilité en question et qu’ils participent à la cohérence du tout. Amplitude a simplement choisi de vous laisser les clés de son univers.