Test Dustforce : pour joueurs old school avertis

Sorti il y a deux ans, un peu dans une certaine indifférence, ne soyons pas hypocrites, Dustforce fait partie de ces petits jeux indépendants qui tentent de renouer avec des sensations perdues. Il faut dire que le succès – inattendu – de Super Meat Boy en 2010 a donné des idées aux développeurs qui se sont dit que le moment était venu de proposer autre chose que des jeux AAA aux productions colossales. C’est de ce postulat qu’est né Dustforce, un jeu développé par Hitbox Team où le scoring a plus d’importante que le gaming experience et que la 2D restera plus que belle que n’importe quelle autre 3D même explosive. Un avis que Capcom semble partager avec le studio puisque l’éditeur japonais a décidé de lui donner un coup de pouce en sortant Dustforce sur PS3, Xbox 360 et PS Vita. En téléchargement uniquement, faudrait pas trop en demander…

Faire bon ménage

Pour ceux qui seraient passés à côté de Dustforce au moment de sa parution sur PC, sachez que le titre met en scène 4 hommes et femmes de ménage, dont l’objectif suprême est de passer au peigne fin la ville dans laquelle ils vivent. A l’aide de leur balai, plumeau, serpillère et aspirateur, ils vont tout faire pour rendre les ruelles de leur cité clean, qu’importent les efforts consentis. Vous l’aurez compris, le scénario de Dustforce est inexistant et il n’a pas vocation d’attirer un quelconque joueur qui serait tenté d’apprendre à faire le ménage dans un jeu vidéo pour l’adapter ensuite à sa vie de tous les jours. Ici, nos chasseurs de poussière sont considérés comme des héros et pour ne pas faillir à leurs tâches, ils vont devoir redoubler d’attention et de réflexes. Car au-delà de son approche atypique, Dustforce est avant tout un jeu de plates-formes comme on en fait plus. Sa difficulté redondante nous rappelle à quel point nous avons perdu toute notion de patience ou d’abnégation et ce moment de nostalgie pointe du doigt nos difficultés à gérer le stress du try & die.

Tous ceux qui sont aujourd’hui allergiques à la progression par l’échec risquent de passer leur chemin, car Dustforce ne fait pas les choses qu’à moitié et c’est en retentant des dizaines et des dizaines de fois qu’on parvient enfin à surmonter l’obstacle."

Tous ceux qui sont aujourd’hui allergiques à la progression par l’échec risquent de passer leur chemin, car Dustforce ne fait pas les choses qu’à moitié et c’est en retentant des dizaines et des dizaines de fois qu’on parvient enfin à surmonter l’obstacle. Une guerre des nerfs qui ne peut que s’atténuer une fois qu’on a capté le mécanisme, pas facile à appréhender, même si on a quand même du skill. Ce n’est d’ailleurs pas un hasard, ni même du luxe, qu’un tutoriel soit proposé dès le début du jeu. Un premier contact obligatoire si on ne souhaite pas jeter l’éponge dès la première heure de jeu, car sauter de plateformes en plateformes n’est malheureusement pas suffisant. En effet, dans Dustforce, la poussière a un rôle très important dans le gameplay et avant de le nettoyer, il est important de connaître ses fonctions. Ce dernier agit en réalité comme un aimant sur les parois que l’on touche en permanence. Qu’il s’agisse d’une course classique, d’un saut, de grimper le long d’un mur pendant un court laps de temps, permettre de prendre de l’altitude en plein saut, la poussière n’est pas seulement votre ennemi, il est aussi votre plus grand ami. 

Messieurs Propre

Mais ce qui est dommage dans le titre de Hitbox Team, c’est le manque évident d’aides visuels dans le jeu. Certes, les développeurs ont certainement voulu que le joueur se creuse un peu les méninges mais la lourdeur des personnages n’arrange pas vraiment les choses. On aurait aimé avoir quelques indices pour nous aider à passer certains passages, au lieu de recommencer mille fois pour enfin trouver l’astuce. De la même manière, aucune indication ne nous permet de savoir que chaque personnage possède des pouvoirs spécifiques et il faut un certain temps de recherche pour comprendre que le balayeur saute plus haut que les autres ou que la nana qui manie le plumeau est la plus rapide de tous. D’ailleurs, certains niveaux se terminent mieux en fonction de ces aptitudes caractéristiques et c’est au joueur de trouver le bon nettoyeur pour afficher un hi-score de daron. Mais c’est bien connu : c’est dans la difficulté qu’on se surpasse. Un adage qui se vérifie au quotidien avec Dustforce qui affiche une difficulté qui monte crescendo. Si les premiers niveaux se terminent avec tranquillité, sachez que pour débloquer les autres accès, il va falloir être un peu plus performant. En effet, pour récupérer certaines clefs, il faut réussir certains parcours sans la moindre faute, c’est-à-dire dans le temps imparti et sans faire d’erreur. Cela paraît insurmontable mais il suffit de visionner les parties partagées en ligne sur YouTube pour comprendre qu’une communauté de hardore gamers s’est constituée et que rien n’est impossible. Adidas avait raison…

Qu’il s’agisse d’une course classique, d’un saut, de grimper le long d’un mur pendant un court laps de temps, permettre de prendre de l’altitude en plein saut, la poussière n’est pas seulement votre ennemi, il est aussi votre plus grand ami."

Au-delà de son gameplay exigeant, voire un brin maso, Dustforce se démarque aussi par sa chouette réalisation. Le jeu affiche une certaine sobriété dans ses graphismes, avec des couleurs pastel et une direction artistique très épurée. Si les personnages sont animés de la plus belle des manières, on aurait aimé que les décors aient fait l’objet du même soin. Ces derniers sont en effet un brin trop classiques à notre goût, avec des enchaînements de plateformes et de corniches trop rectangulaires, ce qui tranche avec la souplesse et la rondeur bienvenue des protagonistes. Certes, les environnements sont relativement variés, et on passe avec plaisir de l’univers citadin à la forêt luxuriante et le manoir hanté, mais ça reste un peu trop scolaire dans le fond. Toujours selon nos desideratas, on aurait aimé une réalisation peut-être moins classique, avec pourquoi pas des effets de caméra plus dynamiques comme lorsqu’on se transforme en super ninja nettoyeur. De même, si la musique est plutôt de bon goût, elle a tendance à répéter les boucles un peu trop rapidement, ce qui a tendance à nous casser les oreilles. Bref, Dustforce est loin d’être un jeu parfait et affiche même quelques lacunes qui l’empêchent de se hisser au même rang que d’autres jeux de sa famille comme Super Meat Boy. Cependant, il possède de sérieux arguments pour les joueurs qui cherchent un jeu old school où la difficulté extrême oblige à se surpasser. Vivre pour le high score, c’est pas mal non plus en fait.