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Tenez-le vous pour dit : en soit, cette version européenne de Dragon Quest XI ne change pas drastiquement son contenu original. En revanche, elle a le don de l’adapter particulièrement bien pour tous les réfractaires aux rudiments japonais les plus traditionnels et, donc, les moins accessibles. Qui plus est, le jeu s’avère un bon J-RPG pour s’aventurer dans le domaine sans trop pâtir d’une difficulté réputée tenace sur l’ensemble de la saga : Dragon Quest XI est plus simple, propose un univers coloré sublime ainsi qu’une histoire tragique aux échos bon enfant empreint de naïveté. Un bon et long cru, pas exempt de défauts notamment dans sa profondeur de jeu, mais qui mérite malgré tout l’ensemble de notre intérêt.
- Une localisation efficace
- Des doublages ajoutés juste pour la version européenne
- Une direction artistique vraiment jolie
- Une durée de vie tout à fait conséquente
- Une patte graphique qui fait mouche
- Une histoire bien traitée
- Un peu plus de profondeur et de difficulté auraient été les bienvenues
- Une OST inégale et un peu répétitive
- Des ajouts de gameplay futiles
- Un chara-design un peu recyclé
Dragon Quest XI n’est pas un nouveau jeu à proprement parler : s’il est bien le dernier né de la licence et surtout le premier titre à sortir spécifiquement sur une vraie console de salon depuis le huitième opus (le IX fut destiné à la Nintendo DS et le X est un MMO décliné sur de multiples supports depuis 2012), il n'en reste pas un moins un soft déjà connu des fidèles puisque publié en juillet 2017… exclusivement au Japon. La population nipponne, car c’est bien d’elle qu’il s’agit en premier lieu, fut d’ailleurs particulièrement friande de cet onzième opus, jugez plutôt : plus d’un million de ventes en ne comptant uniquement les versions physiques sur PS4. Il s’agit tout simplement de la meilleure vente nationale sur la console de Sony en 2017, c’est dire ! Un an plus tard, Square Enix diffuse enfin cette édition européanisée et le précise en grand, en large et en travers : Dragon Quest XI a été pensé pour les habitants du Vieux Continent et sans oublier les néophytes. D’ailleurs, c’est déjà ce qui lui avait été reproché lors de son arrivée au Japon un an plus tôt : le jeu est effectivement plus simple, plus accessible que ses prédécesseurs, réputés pour être souvent drastiques dans leur difficulté.
DRAGON QUÊTE 11
Mais Dragon Quest XI n’est pas juste sujet à une difficulté en deçà du reste de la saga : il apporte surtout une traduction française au poil, allégeant largement les menus et dialogues pour les courageux qui s’étaient lancés dans une aventure polyglotte. L’humour et la mise en scène – toujours très manichéenne et propre à un gros pan de la culture japonaise – y sont ainsi parfaitement représentés avec nos mots à nous : cela paraît bête à dire, mais bénéficier d’une traduction attentionnée pour un jeu d’une telle envergure n’est pas donnée. De même, Square Enix n’y est pas allé de main morte en intégrant de véritables doublages anglais : terminés les traditionnels bruitages de la version originale, les dialogues principaux bénéficient désormais d’une vraie synchronisation labiale, rendant les conversations plus humaines et, donc, plus modernes. Un ajout de taille qui n’assagira certainement pas les puristes…
CHAQUE DRAGON A SES POINTS FAIBLES
Pour le reste du jeu, il est évident que ce Dragon Quest XI propose une aventure avec de nombreuses qualités et, malheureusement, défauts qui font de lui un chapitre décrié sur de nombreux points. Tout d’abord, la bande-son du légendaire Koichi Sugiyama qui s’avère efficace mais qui tourne vite en rond : pour peu que vous ne soyez pas adeptes des musiques médiévalo-fantaisistes et leur touche de niaiserie, la répétitivité de l’OST pourrait bien vous taper sur le système. De plus, le mutisme du héros – optée par le scénariste du jeu pour pouvoir modifier l’histoire à tout moment du développement – n’arrange pas sa personnalité bien faible : déjà que le bougre ressemble à s’y méprendre à Trunk, tout comme nombre de ses camarades qui empruntent directement aux designs de personnages de Dragon Ball et laissent alors paraître un étrange travail de chara-design de la part de Akira Toriyama, on a du mal à adhérer au héros principal. Pourtant, toute la bande de combattants qui viendra s’y agglutiner dispose de personnalités bien distinctes et souvent réussies, bien que les clichés ne soient jamais vraiment épargnés.
ON N'ÉCHAPPE PAS À SON DESTIN
En revanche, difficile de reprocher quoique ce soit à Toriyama sur l’univers splendide qu’il a su insuffler à ce Dragon Quest XI. Gigantesque, peuplé de centaines de créatures insolites (sans oublier les ennemis cultes de la saga) et de villes impressionnantes, la direction artistique laisse souvent lieu à des panoramas impressionnants sublimés par l’Unreal Engine 4. En soit, le jeu n’est pas une merveille technique mais la preuve est qu’avec des artistes talentueux, on peut vite faire déchanter les éternels militants qui persistent à prôner la course aux graphismes. De même, l’histoire principale se laisse facilement suivre et son découpage en plusieurs arcs – un rythme classique pour un Dragon Quest – permet de jongler entre différents états d’esprit. Pour rappel, on y incarne un jeune adopté, réincarnation de l’Éclairé (un être légendaire qui aurait jadis sauvé le monde des ténèbres) et qui se retrouve soudainement en proie à des détracteurs apeurés par sa condition magique. Le jeune bonhomme, en quête de réponses sur sa condition, rencontrera au fur et à mesure de nombreux trublions farfelus : un pitch efficace pour s’en aller traverser des régions diverses.
SA BALADER, SUR L'AVENUE, LE COEUR OUVERT, À L'INCONNU
Ceci dit, Dragon Quest XI est aussi connu pour proposer un panel de quêtes annexes plus réduit qu’à l’accoutumé, en dépit de quelques ajouts qui viendront diversifier le gameplay (la possibilité de bouger en temps réel pendant les combats ou la course automatique et le saut pendant l’exploration). Malheureusement, ces nouvelles fonctionnalités ne sont pas vraiment pertinentes mais elles n’enlèvent en rien à Dragon Quest XI un charme indéniable : un très sympathique J-RPG en tour par tour pour tous ceux qui voudraient se faire la main sur une bonne soixantaine d’heures. Attention cependant, car la période post-générique, une vingtaine d’heures de jeu, n’est pas exempt de recyclage dans ses environnements malgré une volonté de réécriture. Mais ce n’est qu’un détail, pas vrai ?