Test Dragon Ball Z Kakarot : petite ou grosse carotte ?
12 20
Deux ans après l’excellentissime Fighter Z, Dragon Ball Z Kakarot avait l’occasion, de par sa nature, de satisfaire l’ensemble des fans de la saga, en leur offrant une aventure maintes et maintes fois répétée, mais sous l’angle cette fois d’un action-RPG se voulant totalement fidèle à l’anime. Si la promesse est tenue dans les grandes lignes, techniquement, cette dernière ne suit pas vraiment et ne porte pas aux nues un titre au potentiel indéniable. Trop daté, parfois mal réalisé, plombé par des choix parfois douteux, Kakarot n’est pas un mauvais jeu, mais il déçoit surtout dans les promesses qui avaient été annoncées. Il y a en effet une fracture entre le jeu in-game et les cinématiques, qui donne l'impression que les deux parties du jeu ont été pensées séparément. C'est d'autant plus étonnant que le titre a été développé par le prestigieux studio CyberConnect2, qui nous a tout de même offert les plus belles adaptations de Naruto en jeu vidéo. A croire qu'il s'agissait de la Team B aux commandes et non les développeurs principaux. En gros, les fans les plus conciliants y trouveront leur compte, mais ce n'est clairement pas le grand jeu DBZ tant annoncé.
- L’intégralité et la fidélité de l’anime Dragon Ball Z
- Les cinématiques
- Les combats
- Les musiques
- L’avance rapide des dialogues
- Le côté fan service, of course
- Les temps de chargement, beaucoup trop longs et fréquents
- Une caméra qui n’en fait parfois qu’à sa tête
- Un moteur vraiment trop daté
- Une navigation (vol notamment) pas toujours très intuitive
- De gros bugs techniques tout de même
- Une fois compris, un système de fight trop répétitif
- Des allers-retours vraiment lassants à la longue
- L’usage des Dragon Ball
- Ça manque furieusement d’un Open World
Premier de cordée d’une longue liste de jeux attendus en 2020, Dragon Ball Z Kakarot a suscité bien avant son arrivée dans les bacs une énorme attente et un grand vent de sympathie pour sa promesse : celle de revisiter l’intégralité des arcs de l’univers Z sous la forme d’un action-RPG à la gloire de Sangoku. Mais entre de très bonnes dispositions, de l’envie et le résultat final, il semblerait que le jeu de CyberConnect 2 se soit perdu en route.
Avant toute chose et histoire de clarifier le débat, Dragon Ball Z Kakarot n’est en aucun cas un mauvais jeu. Il n’est ni LE jeu ultime de la licence autour des Saiyens, n’en déplaise au barouf qui a précédé sa sortie et aux excellentes premières impressions qui lui collaient au train il y a quelques mois auparavant. On va même aller plus loin : sur le papier, l’expérience proposée par les studios de CyberConnect2 est on ne peut plus riche, avec les arcs de l’anime Z ici retranscrits dans leur quasi-totalité (on y reviendra) et des cinématiques dont CC2 a le secret pour nous en mettre plein la vue, avec les expressions faciales authentiques de chaque personnage. C’est simple : entre les séquences de pêche avec la queue de Goku, la transformation en singe, la possibilité de construire et de piloter des véhicules (ou de rejouer la scène du permis de conduire de Goku et Piccolo), tout ou presque (on pourra toujours chipoter là-dessus) y est, sans oublier la volonté de présenter chaque Arc comme un épisode télévisé. Clin d’oeil des plus efficaces.
Dragon Ball Z Kakarot, sorti de ces scènes à la gloire de l’anime, est techniquement juste, trop juste même, comprenez par-là qu’il est même sérieusement daté.
Mais il faut plus qu’un bel emballage pour faire un bon et même un beau produit. Et c’est déjà l’un des principaux bémols de cette nouvelle version des aventures de Goku : Dragon Ball Z Kakarot, sorti de ces scènes à la gloire de l’anime, est techniquement juste, trop juste même, comprenez par-là qu’il est même sérieusement daté. Si les Saiyans et les personnages principaux de vos péripéties – qui retracent donc l’arrivée des Saiyans, le combat contre Freezer, les cyborgs, Cell et l’arc de Buu – s’en tirent honorablement, ce n’est pas le cas des autres PNJ croisés en cours de route et surtout des décors, aux textures difficiles à avaler en… 2020, compte-tenu de la puissance des machines du moment.
CHAAAALAAAAA, MAIS PAS TROP HEAD CHA-LA
Les mauvaises langues diraient qu’avec Kakarot, on a droit à un jeu PS3 porté tel quel sur PS4 (version de notre test) et on pourrait les trouver exagérées, si la réalisation même de Kakarot n’avait pas, elle aussi, de sacrés défauts. Beaucoup de bugs techniques sont à recenser, comme des personnages bloqués par des murs invisibles ou se retrouvant à marcher dans le vide (au lieu de voler, ce qui est le but du concept d’ailleurs), sans parler des deux Goku présents à l’écran, recensés par certains d’entre vous sur la Toile et non aperçu (fort heureusement) lors de nos nombreuses heures de jeu. La caméra n’est pas en reste : censée épouser les changements d’angles liés à vos déplacements, elle a sérieusement du mal à suivre, ce qui peut poser de nombreux problèmes lors de votre navigation, notamment lors des séquences de vol, à la réalisation pas vraiment intuitive (au sol, parfois ce n’est pas mieux, notamment avec les Saiyans et leur vitesse phénoménale de déplacement)… mais aussi lors des combats, au point de ne pas permettre au joueur de se situer par rapport à une attaque et donc, de s’échapper du feu nourri ennemi.
Dommage, car outre la sensation jouissive de voler (et les effets qui vont avec), de courir plus vite que Flash et de se balader avec le célèbre nuage magique, le système de fight est probablement l’un des autres points forts du jeu, avec la possibilité de retrouver ce qui fait le sel de l’univers DBZ : de la castagne de près, avec un bon dash sur l’adversaire, des coups puissants, la possibilité d’esquiver en se téléportant rapidement dans le dos de son adversaire, et les attaques spéciales, sans qu’aucune d’elles ne manque à l’appel, du célèbre Kamehameha de Goku au Final Flash de Vegeta, pour ne citer que ces deux-là. Le système de soutien ainsi que les combos Z, qui réunissent plusieurs héros à l’écran, est largement appréciable et apprécié, surtout quand on voit la propension de l’intrigue à vous placer généralement en infériorité numérique, et assez souvent, contre aussi fort, voire plus fort que vous. Mention plus pour les transformations des personnages (Super Saiyan, par exemple), qui consomment soit du Ki, soit vos PV, soit les deux (Kaioken), vous obligeant à gérer vos jauges et à user de certaines techniques au moment opportun. Bref, à vous battre intelligemment.
REDONDANT ET JOUISSIF A LA FOIS
Globalement, les combats se suivent et se ressemblent, avec toujours la même mécanique chez l’adversaire et toujours la même réponse pour le joueur : esquiver, contrer puis placer une super attaque bien sentie sera votre credo principal pour venir à bout de vos assaillants. On pourrait même aller plus loin, en vous livrant une autre recette ultime, celle de balancer (et donc de spammer) des Kikoha à l’infini, technique ô combien efficace pour stopper un dash ennemi, à condition d’être infiniment patient et malin dans la lecture des attaques adverses. Les clins d’œil à l’anime sont nombreux, comme la capacité du Dr Gero (C20) à jouer les tricheurs et à venir absorber une partie de votre énergie vitale pour se régénérer. On pourrait se dire à ces lignes que le système de fight est le point le plus redondant et le plus frustrant dans la construction de Dragon Ball Z Kakarot : on insistera encore en disant que c’est bien là l’un des plus du titre, outre et ce n’est évidemment pas un détail pour vous, sa fidélité à l’anime.
Non, ce qui est finalement répétitif, ce sont les allers-retours incessants imposés par l’histoire ou alors le rythme saccadé de l’action proposé.
Non, ce qui est finalement répétitif, ce sont les allers-retours incessants imposés par l’histoire ou alors le rythme saccadé de l’action proposé. Si on peut accepter le fait de devoir sillonner la carte dans tous les sens pour aller acquérir les matériaux nécessaires à la création d’une salle d’entraînement (utile pour maîtriser une nouvelle technique) ou les ingrédients pour la pousse des célèbres haricots magiques, on a un peu de mal à comprendre pourquoi le procédé s’applique parfois pour une seule ligne de texte pour tel ou tel PNJ. Ou encore pourquoi l’action est autant morcelée d’une scène à une autre (avec dans certains cas quelques mètres à faire pour rediscuter avec un personnage questionné une minute avant!), souvent pour mettre en avant un détail de l’intrigue, mais sans le côté émotion lié à cet instant dans l’anime (c’est ballot)… ce qui rend l’avancée de l’histoire encore plus lourde, et pas immersive du tout. Heureusement, le tout est contrebalancé par une avance rapide lors des dialogues, bienvenue tant ces derniers ont tendance à s’étirer en longueur.
NON, CE N'EST PAS UN OPEN WORLD, ET C'EST PROBLÉMATIQUE
Mais le pompon, ce sont les temps de chargement, décriés par d’autres avant nous et que Bandai Namco a bien intégré ces dernières heures, au point de promettre l’arrivée d’un patch pour les réduire. Ces derniers sont intempestifs, longs et cassent encore plus le rythme de l’histoire, au point de nous en déconnecter parfois. Ce n’est pas le seul point regrettable d’un titre au potentiel indéniable, mais à la direction un peu bancale finalement. Construit comme un open world, Dragon Ball Z Kakarot n’en est pas un (aie, aie, aie, les murs invisibles en haut de l’écran et sur les côtés) et manque un peu de souplesse dans sa réalisation. On pense au fait de ne pas pouvoir se hisser au sommet de la tour de Maitre Karine, sans déclencher un temps de chargement (on y arrive), alors qu’on se trouve juste à ses pieds. On pense à la pêche, strictement réservée à la zone qui lui est propre et au fait de ne pas pouvoir aller partout dans l’eau (mouais), du moins au début. On pense à ces décors destructibles et à leur rendu malheureusement affreux, avec des textures datés (on l’a déjà dit) et des polygones en guise d’éclats, quand il ne se recompose pas lui-même ! On pense encore et surtout à ces grands décors vides, avec ces flopées d’orbes Z de différentes couleurs (sans lesquelles vous ne pourrez pas débloquer vos améliorations), quelques ennemis et peu de quêtes proposées, sans compter que ces dernières manquent cruellement d’intérêt. En revanche, on ne peut que saluer le fait de pouvoir accéder à une zone directement via la carte – malgré que le changement de lieu entraîne systématiquement un temps de chargement -.
Des grands décors vides, avec quelques ennemis et peu de quêtes proposées, sans compter que ces dernières manquent cruellement d’intérêt.
Moins celui d’avoir un farm des personnages assez relatif. Comme tout action-RPG qui se respecte, Kakarot propose pour chaque personnage un arbre de compétences, autour de ces attaques spéciales, de ses combos et de ses coups défensifs: si choisir ses techniques (jusqu’à quatre) et ses transformations, les améliorer et en débloquer d’autres a du sens – le tout via les centres d’entraînement, pas mal fichu et à la difficulté bien sentie -, au final, l’histoire principale se charge elle-même de disséminer ces fameuses techniques ou du moins les plus importantes – et les plus célèbres- sur votre route. Même chose pour le niveau de vos personnages. Qu’ils soient soutiens ou pas, là encore, la trame amènera vos éléments à progresser coûte que coûte, de façon à être en adéquation avec les ennemis rencontrés. Même constat pour les Dragon Balls, à l’usage très restrictif ici : une fois réunis, elles ne serviront pas à ranimer un compagnon perdu (ça, la campagne se chargera de le faire pour vous) mais soit à combattre de nouveau un boss, mais dans une version beaucoup plus forte, soit à obtenir plus d’orbes Z, soit des zénis ou encore des matériaux pour construire des véhicules ou des salles d’entraînement. Voilà… voilà. On apprécie en revanche le système communautaire, permettant de lier les personnages entre eux, selon leur nature (Saiyans, Dieux, cuisine…) et d’agir sur des éléments ingame, comme l’augmentation de vos Pvs, le prix de certains objets, le niveau de certaines récompenses. Même si là encore, il n’est pas indispensable à votre progression.
KAMEHAME OU FINAL FLASH ?
C’est la question évidemment qui se pose à la lecture de ce test, notamment au moment de le conclure et suite à notre préambule. Il faut reconnaître une chose à Dragon Ball Z Kakarot : malgré les défauts cités plus haut et développés en long, en large et en travers, la magie opère dès lors qu’on entend la voix originale de Goku, que l’on découvre la Kame House, qu’on entend les musiques entraînantes de certains combats et que l’on se transforme pour la première fois en Super Saiyen. Le fan service marche à plein régime, autant par le respect fidèle de l’anime, avec la présence des dinosaures, du célèbre commentateur du championnat du monde d’arts martiaux, et toutes les entités qui ont bercé notre jeunesse (Maitre Kaio, Maitre Karine, le Tout-Puissant, etc) que par les petits souvenirs disséminés ici et au long tout au long de notre voyage. La nostalgie et la perspective de pouvoir rejouer toutes les scènes importantes de l’univers DBZ – même si certaines manquent à l’appel, car réduites sous la forme de quelques échanges - est alléchant, d’autant que la promesse est réelle : pour une fois, le monde de San Goku nous est présenté autrement que par l’arcane d’un jeu de versus, à l’instar de la série télévisée de notre enfance, ou presque. Et c’est bien.
Présenté comme le Dragon Ball Z que les fans attendaient, Kakarot déçoit autant qu’il soulève de promesses.
Mais le constat est autre. Est-ce que Dragon Ball Z Kakarot rend un bel hommage à l’oeuvre d’Akira Toriyama ? La réponse est oui, dans l’ensemble, même si l’inclusion de quelques OAV et un meilleur sort pour les Dragon Ball n’aurait pas été de refus. Est-ce que Dragon Ball Z Kakarot est un bon jeu DBZ? La réponse est discutable. Un moteur d’un temps ancien, beaucoup trop ancien, des textures à la ramasse, des soucis techniques non négligeables, la liste est longue et dessert fortement le travail de Cyber Connect 2, que l’on avait connu plus soigné et rigoureux avec la licence Naruto (Ninja Storm) notamment. Présenté comme le Dragon Ball Z que les fans attendaient, Kakarot déçoit autant qu’il soulève de promesses. Mais il a pour lui la puissance de l’anime qu’il défend scrupuleusement (peut-être un peu trop) et la durée de vie qui en découle (entre 20 et 30 heures pour tout faire) ce qui devrait ravir les fans de la première heure. Et tempérer chez eux tout le reste. Pour les autres, pas sûr que le nuage magique suffise à faire diversion. A moins que d’ici là, patches (c’est prévu) et DLC viennent renverser la donne...