Test Dragon Age Inquisition sur PS4 et Xbox One sur PS3
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Efficace, riche et bien réalisé, Dragon Age Inquisition renoue avec les qualités du premier épisode, et surpasse donc largement le deuxième. Les adeptes de la série ne pourront que se réjouir de cet état de fait, tandis que les nouveaux joueurs auront la satisfaction de disposer d'emblée d'un RPG solide à la durée de vie élevée. Tout n'est pas parfait pour autant, puisqu'on peut regretter ça et là quelques petits soucis de finition, et un ou deux choix de design étonnants. Mais finalement, on reprochera surtout au jeu son calibrage un poil trop maîtrisé, là où les récents Divinity : Original Sin et Wasteland 2 fleurent bon la passion intacte. Et nous rappellent finalement plus Baldur's Gate que ne le fait Dragon Age Inquisition... Un comble ?
Retrouvez plus bas la suite de notre test de Dragon Age Inquisition
- Le retour de la vue tactique
- La table d'état-major
- L'artisanat fourni
- Graphismes globalement réussis
- Grosse durée de vie
- Mode multi sympathique
- Monde pas totalement ouvert
- Quelques problèmes d'IA
- Inventaire perfectible
- Une monture pour quatre
- Les cheveux en plastique…
- Un peu trop scolaire
Héritière spirituelle des divins Baldur's Gate, du moins en théorie, la saga Dragon Age a soufflé le chaud en 2009 avec un premier épisode réussi, puis le froid en 2011 avec un second volet nettement plus décevant. Du coup, l'attente et la suspicion sont fortes pour ce Dragon Age : Inquisition, qui se doit de corriger le tir et redresser la barre. Pour ce faire, Bioware renoue avec quelques fondamentaux du jeu de rôles, même si, au final, on a plus à faire à un Mass Effect médiéval fantastique qu'à un Baldur's Gate des temps modernes.
Mise à jour de notre test réalisé le 11/11/2014 à 13:40
Si Dragon Age Inquisition ne permet pas à proprement parler d'importer ses sauvegardes des deux premiers épisodes, le contexte mondial peut tout de même être influencé par vos actions passées. Pour cela, le joueur doit se connecter à un site web, qui récupère les données encore disponibles sur son compte Origin, et permet même, pour le cas où ces dernières seraient manquantes, de reconstruire l'histoire grâce à une petite séance de questions/réponses. Par la suite, les premiers pas du joueur consistent naturellement à choisir une race (humain, elfe, nain ou qunari) et une classe (voleur, guerrier ou mage). Un choix relativement restreint, mais le jeu tient compte de la nature du héros sélectionné à de nombreuses reprises lors des dialogues. En ce qui concerne l'aspect cosmétique, les combinaisons possibles sont en revanche innombrables. L'outil de création est l'un des plus complets qu'on ait jamais vus, notamment en ce qui concerne les visages. Il est ainsi possible de sculpter précisément les traits de votre héros, sublimé par le réalisme des graphismes. Il faut dire que le jeu utilise le moteur Frostbite 3, qui sait parfois faire des merveilles. De ce fait, vous traverserez des décors enchanteurs et bénéficierez régulièrement d'effets spéciaux impressionnants.
...le scénario initial tient malgré tout sur un timbre-poste : des monstres surgissent de failles surnaturelles, et votre héros est le seul à pouvoir refermer ces portails grâce à une mystérieuse marque dont il ignore lui-même l'origine. Rien de très original donc, même si quelques rebondissements sont à prévoir durant les 50 heures nécessaires pour boucler l'aventure principale !
On notera tout de même ça et là quelques éléments qui font tâche, comme ce problème récurrent au niveau des coiffures : les cheveux de quasiment tous les personnages sont figés et brillent comme s'ils étaient faits de plastique. Du coup, certains interlocuteurs ressemblent plus à des Playmobil qu'à de véritables êtres humains, ce qui à tendance à casser l'immersion. Le doublage intégral des dialogues, y compris en français, provoque heureusement l'effet inverse. Et s'il limite forcément la richesse de l'écriture, les développeurs nous annoncent tout de même avoir écrit plus de 80 000 lignes, soit un million de mots, ce qui représente plus que la trilogie du Seigneur des Anneaux. De plus, les amateurs de littérature pourront toujours se rabattre sur le Codex, qui regroupe des tonnes d'informations sur le monde de Dragon Age. Dans ce contexte, le scénario initial tient malgré tout sur un timbre-poste : des monstres surgissent de failles surnaturelles, et votre héros est le seul à pouvoir refermer ces portails grâce à une mystérieuse marque dont il ignore lui-même l'origine. Rien de très original donc, même si quelques rebondissements sont à prévoir durant les cinquante heures nécessaires pour boucler l'aventure principale !
LE SOURIRE DU DRAGON
Si la durée de vie du jeu est aussi grande, c'est qu'il y a des tonnes de choses à faire dans le monde de Dragon Age Inquisition. Des dialogues avec les PNJ et compagnons, via une désormais classique roue à choix multiples, mais aussi des combats bien sûr. Si le jeu utilise une nouvelle fois une vue à la troisième personne semblable à celle des jeux d'action, il n'oublie pas d'où il vient pour autant, et nous offre donc également une vue tactique, qui permet de figer l'action, d'obtenir quelques informations sur les ennemis et, surtout, de donner des ordres aux différents membres de notre groupe. Pas forcément utile dans les premiers niveaux de difficulté, cette fonctionnalité devient rapidement indispensable en mode "Difficile" ou "Cauchemar". Une bonne nouvelle après la suppression scandaleuse de cette vue dans Dragon Age 2, qui se voit ici à peine ternie par un niveau de "dézoom" un peu trop faible. L'aspect tactique du jeu peut également être abordé à travers la programmation facultative du comportement de l'IA. On peut ainsi préciser pour chaque personnage quels sorts il a le droit d'utiliser ou non de manière autonome, quand il doit se soigner ou arrêter de boire des potions, s'il doit cibler les mêmes ennemis que le héros principal ou plutôt protéger ce dernier, etc. A l'inverse, on peut choisir d'automatiser la distribution des points de talents afin que les personnages se construisent automatiquement un build de compétences efficace. Une ouverture vers les amateurs d'action louable, car facultative elle aussi. En revanche, l'évolution des caracatéristiques principales (force, dextérité, magie, ruse...) est hélas entièrement automatique. Quoi qu'il en soit, pensez à toujours avoir un personnage de chaque classe dans votre groupe, car certains passages ne peuvent être ouverts que par certains héros donnés (portes à crocheter pour le voleur, barrière magiques à dissiper pour le mage, murs à défoncer pour le guerrier). Une bonne mixité permet également de maximiser les chances de romance, dans la grande tradition Bioware.
Si le jeu utilise une nouvelle fois une vue à la troisième personne semblable à celle des jeux d'action, il n'oublie pas d'où il vient pour autant, et nous offre donc également une vue tactique, qui permet de figer l'action, d'obtenir quelques informations sur les ennemis et, surtout, de donner des ordres aux différents membres de notre groupe.
Dans chaque région du monde, on doit par ailleurs établir des campements afin d'étendre la renommée de l'Inquisition, et disposer par la même occasion de points de voyage rapide et d'endroits où refaire le plein de potions et de santé. Les innombrables quêtes secondaires font quant à elles gagner de la Puissance, qui permet de débloquer de nouvelles régions, et de l'Influence, qui améliore le rang de l'Inquisition et octroie différents atouts spéciaux. Une boussole "à tête chercheuse" (on vous passe les détails du système) permet par ailleurs de dénicher de nombreux trésors à collectionner, tandis que les Ocularum et autres Astrarium nous offrent des mini-jeux. Le premier consiste à repérer des éclats brillants dans le décor grâce à une longue-vue, et marquer ainsi leur position sur la cate pour pouvoir facilement les récupérer ensuite. Les Astrarium tiennent plus du téléscope, et nous demandent de reproduire des constellations en reliant des étoiles, sans jamais tracer deux fois la même ligne. Au rang des activités annexes, n'oublions pas non plus l'artisanat, qui s'avère très riche. Plantes et minerais à ramasser, plans et recettes à dénicher, armures et potions à fabriquer : rien ne manque. Mais le plus intéressant reste sans aucun doute la table d'état-major. Sur cette carte, on peut envoyer différents agents dans des mission autonomes. Selon qu'on choisit la voie de la diplomatie, du secret ou de la force, la réalisation de ces mini-quêtes prend plus ou moins de temps. Sachant qu'un conseiller ne peut partir que sur une seule mission à la fois, il convient de réfléchir si l'on souhaite maximiser les ressources et autres récompenses obtenues en cas de succès.
"YOU SHALL NOT PASS !"
Cette carte d'état-major permet également de choisir dans quelle partie du monde doit se rendre le groupe principal. Car, hélas, Dragon Age : Inquisition ne propose pas un monde totalement ouvert, mais différentes régions qui fonctionnent comme autant de mini mondes ouverts, séparés les uns des autres par des temps de chargement. Mais soyons justes : chacune de ces régions est réellement très vaste, et la monture n'est pas de trop pour pouvoir parcourir l'ensemble du terrain. On remarquera au passage le caractère anti-immersif de cette dernière, qui permet de transporter virtuellement l'ensemble du groupe alors que seul le héros principal apparaît à l'image (les autres s'effaçant littéralement le temps du voyage). Ou encore le galop assez raté, puisque l'effet de vent censé simuler la vitesse apparaît avant même que la monture n'augmente sa course. Ce point de détail illustre un certain manque de finition du jeu, qui ne gère par exemple pas correctement les zones "d'aggro". Si vous vous retrouvez face à un ennemi trop puissant, attirez-le donc vers l'un de vos campements. Il n'osera pas y pénétrer, mais ne prendra pas la fuite pour autant ! Il ne vous restera donc plus à qu'à le bombarder de sorts et projectiles pour en venir à bout… Au rang des petits problèmes, on peut également citer ces groupes de PNJ qui ne s'écartent absolument pas sur votre passage, et vous obligent donc à les contourner de manière peu réaliste. Ou encore l'inventaire, pensé pour les consoles et qui se révèle donc inutilement compliqué à manipuler sur PC. Pourtant, le jeu a parfois le souci du détai bienvenu, comme ces temps de chargement "interactifs", qui permettent de faire défiler différents conseils. On accueille également avec grand plaisir le mode multijoueur coopératif, dérivé de celui de Mass Effect 3. Les personnages doivent se frayer un chemin dans des niveaux générés semi-aléatoirement, afin de récupérer des récompenses prestigieuses. EA oblige, des micro-transactions sont également disponibles pour les fainéants, mais passons. Au final, ce troisième épisode de Dragon Age apparaît comme une très bonne synthèse des deux premiers, puisqu'il s'agit d'un jeu de rôles extrêmement complet, capable de convenir aux joueurs portés sur l'action comme à ceux plutôt friands de tactique. L'épisode de la maturité, comme on dit.