Test Devil May Cry 3 sur Switch : l'ultime version du plus stylé des chasseurs de démons ?
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- Un gameplay ultra-précis qui gagne énormément en profondeur avec les ajouts du portage
- Une action toujours aussi nerveuse
- Ce genre de boss, mamène
- Un sens du showtime unique
- Une ambiance délicieuse
- Le mode coop, une première dans la saga
- Une rejouabilité au top
- La possibilité de choisir entre la version originale et la version du portage
- La caméra, toujours inflexible
- Des menus en 4:3 et des éléments en SD
Difficile de qualifier l’amour que l’on porte à Devil May Cry 3 tant son aventure délicieusement gothique aura marqué notre esprit au fer rouge. C’est bien simple : le jeu peut se vanter d’avoir élevé l’action à un autre niveau, tant en termes de la mise en scène que de la profondeur du gameplay, complètement démentes et réfléchies. Des mécaniques déjà bien entamées avec Devil May Cry premier du nom - véritable révolution lors de sa sortie en 2001 dont l’auteur n’est autre que Hideki Kamiya, à l’origine de Resident Evil 2 et cofondateur de PlatinumGames - mais qui prennent, ici, une toute autre dimension exacerbée grâce à Itsuno San. Ce dernier réalisera par la suite Devil May Cry 4 et 5, dans lesquels bien des défauts de Devil May Cry 3 seront gommés mais il s’agit de rester réaliste : ce périple, faisant office de prequel et comptant la jeunesse de Dante, reste encore et aujourd’hui une bombe inégalée.
CONNAISSEZ-VOUS LA LÉGENDE DE SPARDA ?
On y suit donc notre cher héros mi-homme, mi-démon, fils du Légendaire Chevalier Sombre Sparda qui, il y a deux mille ans, s’est retourné contre les siens pour abriter l’humanité des forces démoniaques. Afin de sceller ces dernières, le bonhomme a, entre autres, enfoui le Temmen-Ni-Gru, une tour de Babel-like ténébreuse, et caché sa clé ainsi que sa propre épée personnelle. De nombreuses années plus tard, alors que Sparda lui-même a disparu et que sa femme, Eva, est morte assassinée, leurs deux jumeaux vivent en tant bien que mal leur héritage. Dante, lui, assume totalement son humanité et voue sa vie à traquer les démons ; Vergil, lui, accepte entièrement son diabolisme et est à la recherche du pouvoir ultime pour se protéger, coûte que coûte. Aussi bien part-il déterrer le Temmen-Ni-Gru et y dénicher l’ancien pouvoir de son père devant les yeux ébahis de Dante qui, vous vous en doutez, partira à son encontre.
Devil May Cry 3 conte alors une histoire fratricide sombre, également rock’n’roll, au sein d’un immense environnement dans lequel il faudra faire des allers retours pour ouvrir des portes - bases de Resident Evil obligent - et affronter des centaines d’ennemis et une poignée de boss coriaces. Un jeu d’aventure, en somme, décomposé en 20 missions qui déboucheront chacune sur une note de style : l’ADN même du titre de Capcom est effectivement d’agir pour épater la galerie. Extrêmement dynamiques, presque too-much diront certains, les cinématiques drama-délirantes affichent un jeune Dante provocateur et chien fou dont la personnalité se ressent également manette en main. En fonction de la variété de nos combos, de notre temps, du nombre de sphères rouges et on en passe, on recevra ainsi une note de style, le but étant bien évidemment d’obtenir le précieux S dans toutes les difficultés.
Il n’empêche que Devil May Cry 3 reste toujours un grand jeu tant dans la structure de son aventure, son gameplay, sa direction artistique et sa bande-son du tonnerre.
Ainsi, le soft japonais se termine en une petite dizaine d’heures au cours duquel le joueur upgradera son personnage, ramassera de plus en plus d’armes blanches et à feu pour des combos mêlant les deux complètement dingues, aussi très exigeants. Devil May Cry 3 n’est pas un jeu facile - d’autant plus cette version Switch pour des raisons que l’on expliquera plus tard - mais proposant une profondeur de jeu extraordinaire et une intensité folle. Souvent reconnus pour être l’une des pierres angulaires de la franchise, les boss représentent ici tout l’esprit Devil May Cry : de l’intimidation, de la difficulté et beaucoup de satisfaction quand on vient à bout. La mise en scène punchy s’accorde toujours avec la jouabilité ultra-rythmée, boss ou pas et, malgré une caméra toujours un peu rigide, la direction artistique ne perd rien de sa superbe, même en 2020. Quel putain de sympathique périple.
THIS PARTY'S GETTING CRAZY
En 2006, Capcom apportait toutefois sur le marché une Special Edition : son premier argument était de rendre Vergil, le frère jumeau de Dante et protagoniste principal, jouable. Un gameplay radicalement différent puisque notre grincheux aux cheveux argentés n’utilise que des armes blanches et aucune pétoire avec, toutefois, des sensations évidemment grisantes. L’autre second ajout de cette nouvelle itération était surtout pratique : jugée trop exigeante, la difficulté Normal du jeu original s’est alors vue retouchée pour mieux convenir au public occidental. Au passage, Capcom en a profité pour compenser avec un nouveau niveau de difficulté, le Très Difficile, débouchant sur un costume inédit. Enfin, la Special Edition complétait son contenu avec une galerie et un cinéma : en soi, il s’agissait d’une version ultime du beat them all et c’est d’ailleurs celle-ci qui est commercialisée sur Switch… avec toutefois quelques modifications importantes.
C’est dire notre surprise : Capcom n’est pas vraiment connu pour son sens du cadeau. Dans la Devil May Cry HD Collection survenue sur PS3 et Xbox 360 qui comprenait Devil May Cry 1, 2 et 3 Special Edition, absolument aucun ajout n’était à déclarer : même les menus figuraient en 4:3 avec nombres d’éléments en SD. Pour le portage de la compilation sur PS4 et Xbox One, il en était de même et pour la Switch, la firme japonaise fait pire : elle vend tous les épisodes indépendamment à vingt euros, sans aucune valeur ajoutée. Enfin, presque, car Devil May Cry 3 est la seule exception au compteur : les développeurs ont effectivement replongé les mains dans le cambouis, 14 ans plus tard, pour toucher directement au gameplay. Ainsi, le premier changement concerne le changement d’armes à la volée : dans le titre original, Dante ne pouvait qu’emporter avec lui deux armes blanches et deux armes à feu, qu’il fallait au préalable sélectionner dans le menu start. Désormais, il est possible d’avoir et de jongler entre toutes - dix au total ! - grâce à une roulette de sélection des objets, accessible en temps réel. Inutile de préciser que cela approfondit con-si-dé-ra-blement le jeu.
JACKPOT
Ensuite, Capcom s’est attelé à une autre modification de taille en le changement de style in-game. Dans Devil May Cry 3, Dante peut opter entre quatre styles qui lui apporteront des facultés uniques : Trickster pour la mobilité, Gunslinger pour les armes à feu, Swordmaster pour les armes blanches et Royalguard pour la défense. Là où il n’était possible que d’en choisir un et d’en changer uniquement dans les Statues du Temps (les stations de checkpoint, si vous préférez), il est désormais possible de switcher entre tous, instantanément et à votre bon vouloir, grâce aux croix directionnelles. Et pour les deux autres styles que Dante récupérera plus tard dans l’aventure, une double-pression sera simplement demandée. Un ajout de gameplay qui avait été apporté dans Devil May Cry 4, rendant le personnage de Dante extrêmement profond : il en est désormais de même pour le troisième opus et, on ne va pas se le cacher… c’est assez grandiose, hissant les possibilités au même niveau (enfin, pas tout à fait, mais on s’en rapproche) que les récents DMC, pourtant vainqueurs incontestés en la matière.
Enfin, Capcom a livré un troisième cadeau assez génial, longuement rêvé par la communauté : un multijoueur. Tout simplement. Déjà présent en tant que léger clin d’œil dans le jeu de base, la feature est désormais pleinement avancée et officielle. Pour en profiter, il faudra aller dans le Bloody Palace uniquement, l’arène aux vagues d’ennemis à la difficulté croissante, et activer la coopération : ainsi, deux joueurs en local pourront respectivement incarner Dante et Vergil pour des combos survoltés, encore plus profonds et surtout jamais vus. Dans la saga, c’est une véritable petite révolution. Dommage seulement que la coop ne soit pas possible online ou dans les missions solo mais, erf, c’est déjà mieux que rien et surtout une grande avancée dans la saga. Ainsi, les fans peuvent espérer pleinement une mise à jour de la sorte pour Devil May Cry 5, update qui, pourtant s’est déjà faite repérer quelques fois.
Alors bien sûr, le portage lui-même de Devil May Cry 3 est très loin d’être irréprochable. Heureusement fluide et constant à 60fps, la technique s’appuie sur des menus qui restent inexorablement dans un autre format et certaines cinématiques sont toujours en SD. En soi, c’est assez honteux. De plus, l’aventure originale souffre de quelques coquilles évidentes - un scénario honnête mais peu travaillé, une caméra inflexible - et on se questionne également de la prise en main des Joy-Con pour beat them all aussi précis. Il n’empêche que Devil May Cry 3 reste toujours un grand jeu, sans doute le meilleur après/avec le premier volet culte, tant dans la structure de son aventure, son gameplay (désormais VRAIMENT enrichi), sa direction artistique et sa bande-son du tonnerre. Un must-have intemporel.