Test également disponible sur : X360 - PS3

Test Dante's Inferno X360 PS3 sur X360

Test Dante's Inferno X360 PS3
La Note
note Dante's Inferno 15 20

Dante's Inferno est un titre qui a les défauts de ses qualités. Sorte de rip-off de God of War passé à la sauce Alighieri (ne cherchez pas, ce n'est pas un assaisonnement pour spaghetti), le titre d'Electronic Arts s'inspire clairement de ce qui se fait chez la concurrence. Mais il le fait bien ! Et tant qu'à piquer des idées ailleurs, autant le faire sur un bon jeu, n'est ce pas ? C'est pourquoi nous ne bouderons pas notre plaisir face à ce titre qui, même s'il n'a rien de fondamentalement innovant dans sa réalisation et son gameplay, dispose tout de même de sérieuses qualités, dont un environnement et un scénario très matures et particulièrement accrocheurs, nous plongeant directement dans un univers malsain et hautement pictural. Il s’agit là d’un très bon investissement.


Les plus
  • Un univers graphique vraiment original
  • Des décors ultra glauques
  • Chouette réalisation
  • Prise en main instinctive
  • Des cinématiques qui en jettent
  • Une caméra dynamique
  • Une difficulté bien dosée
  • Deux systèmes de combats distincts
  • Une histoire prenante et plutôt fidèle à La Divine Comédie
Les moins
  • Rien de vraiment original dans le gameplay
  • Des sauts parfois hasardeux
  • Très linéaire
  • Quelques idées mal exploitées (l'absolution par exemple)
  • Des doublages franchement pas géniaux
  • Des séquences de puzzles un brin factices
  • Sur PS3, God of War III arrive bientôt


Le Test
"Vous qui entrez ici, abandonnez tout espoir." La Divine Comédie, quelle histoire passionnante ! Œuvre insondable ayant inspiré bon nombre d'artistes, ce livre est aussi et surtout connu pour avoir traumatisé beaucoup de pauvres lycéens. Car s'il avait la plume prolixe et l'imagination débordante, Dante Alighieri n'avait pas son pareil pour alambiquer ses tournures de phrases, rendant par là même toutes études de textes particulièrement ardues pour des caboches de 16 ans. Bref, tout ça pour dire que si Dante's Inferno était sorti il y a 10 ans, l'auteur de ce texte ne se serait peut-être pas tapé un calot à son Bac blanc. Ca ne lui aurait peut-être pas été facile de persuader ses parents qu'il était en train de réviser une manette à la main, mais au moins, il se serait moins pris la tête sur ces horripilantes rimes tierces...

Développé par Visceral Games, le studio qui nous avait donné des sueurs froides avec Dead Space, Dante's Inferno est donc un titre inspiré par le premier (et plus célèbre) cantique du triptyque d'Alighieri : l'Enfer. Sauf qu'à la différence de son illustre source d'inspiration, Dante n'y est plus un poète perdu au fond des bois faisant un voyage imaginaire du côté de chez Satan, mais un croisé toscan plutôt barbare dont on a tué la femme Béatrice. Bien décidé à la récupérer, il va se jeter à corps perdu dans les neuf cercles infernaux des Enfers pour botter leurs fesses aux âmes damnées, ravier sa belle des mains du Malin et accessoirement découvrir qu'il n'a pas été un enfant de cœur. Bref, s'il commence comme un sous Kingdom of Heaven (avec une intro sur les remparts de Jérusalem), le titre change bien vite de décorum pour nous plonger dans les méandres des enfers imaginés par Alighieri. D'ailleurs, ce ne sera pas sans déplaisir qu'on retrouvera tous les passages les plus mythiques du livre, que ce soit les traversées de l'Acheron (sur le dos de Caron) ou du Styx (poursuivi par Phlégias), l'entrée dans la cité de Dité, le marais glacé de Cocyte ou encore les dix Bolges du 8ème cercle. De même, les personnages emblématiques des chants originaux figurent tous à l'appel, avec d'une part ceux que vous devrez affronter (Minos, les Cerbères, Cléopâtre, Plutus...) et ceux, beaucoup plus nombreux, que vous devrez simplement "trouver". En effet, dans La Divine Comédie, Dante croise sur son chemin nombre de figures célèbres qui ont tous une raison de ne pas être au Paradis. A la louche : quelques Papes (Célestin V, Anastase), des penseurs (Aristote, Socrate), des grandes figures historiques (Attila le Hain, Hélène de Troie) ou biblique (Caïn, Judas). Des rencontres qui donneront lieu à des petites séquences dont nous parlerons plus bas. Le titre s'avère donc, dans son scénario, assez fidèle aux écrits d'Alighieri. Un très bon point pour les amoureux de littérature que nous sommes. Et pour les amateurs de belles images ? Et bien il en va de même car autant le dire tout de go : niveau ambiance, le titre d'Electronic Arts nous a sérieusement emballés.

Satan l'habite

Comme il est écrit en introduction, l'œuvre de Dante a inspiré beaucoup d'artistes. Ne serait-ce que dans l'univers du jeu vidéo, on pensera par exemple à Silent Hill 2 (pour le cheminement moral du héros et sa "descente aux enfers") ou encore à la saga Devil May Cry, qui multiplia les clins d'œil à La Divine Comédie. Au cinéma, même si aucune adaptation officielle n'a été mise en boîte, l'Echelle de Jacob d'Adrian Lyne est clairement sous influence du récit de Dante. Dans la peinture, des artistes comme William Blake, Botticelli, Delacroix, di Michelino ou encore Gustave Doré se sont plongés dans les écrits d'Alighieri pour en tirer des scènes marquantes, des personnages ou tout simplement des ambiances. C'est précisément sur ces derniers que Visceral Games s'est appuyé pour construire Dante's Inferno. Au cours de l'aventure, on naviguera dans des décors plus somptueux et dérangeants les uns que les autres, venant piocher ça et là des images vues dans des pièces de maîtres (Doré en particulier). Mieux encore, on flirtera de temps à autre avec des environnements aussi fous que les toiles de Jérôme Bosch, aux textures lorgnant du côté de Francis Bacon et aux perspectives folles que l'on croirait sorties d'une esquisse d'Escher. Parfois, l'univers d'Adam Jones (guitariste et clippeur surdoué à qui l'on doit les étranges vidéos du groupe Tool) n'est souvent pas très loin... Dante's Inferno dévoile donc vite ses charmes de véritable melting-pot visuel, aux influences et aux relents multiples. Les développeurs n'ont définitivement pas fait les choses à moitié en ce qui concerne l'enrobage de leur produit et ils ont eu le nez fin en s'attachant les services du fou furieux Wayne Barlowe, illustrateur et character design de génie qui a notamment travaillé sur les films Hellboy et Avatar. Ce dernier est allé piocher dans son imaginaire pour donner à tous les personnages rencontrés durant l'aventure un look bien méchant, à la fois malsain (on croisera par exemple des bébés difformes ayant des lames à la place des bras), très adulte (on voit des seins et même un gros pénis) et au final carrément dérangeant. Plusieurs cut-scenes en animation 2D, narrant les aventures de Dante en croisade, se montrent d'ailleurs particulièrement violentes, puisqu'on y découvre des chevaliers chrétiens en Terre Sainte en train de massacrer, voler, violer et s'entretuer sans retenue aucune. Barbare, parfois franchement dégueulasse et définitivement glauque, Dante's Inferno est clairement un titre à ne pas mettre devant tous les yeux !

War of God

On le sentait venir : côté gameplay, Dante's Inferno ne fait pas dans l'originalité et se pose allégrement comme un God of War-like. Mêmes techniques de combat, même gigantisme dans les affrontements, mêmes combos ultra violents, même système de QTE et mêmes finish-moves, la ressemblance sur le terrain entre Dante et Kratos est assez troublante. Et hélas pour notre ami italien, la comparaison joue plus souvent en la faveur de son voisin grec. C'est pourquoi, il est important de signaler que le titre d'EA est multi-support. Les possesseurs de PS3 qui ont déjà tâté du titre de Sony seront à coup sûr déçus de ne pas trouver d’originalité dans ce titre et pourront certainement attendre quelques mois supplémentaires pour s'orienter plutôt vers le troisième volet des aventures du divin chauve. Ceux qui jouent sur Xbox 360 en revanche – et qui n'ont pas des masses de beat'em all bien bourrins à se mettre sous la dent – seront heureux de se déchirer les doigts sur cette aventure qui, même si elle fait plus office de méthadone qu'autre chose, dispose tout de même de quelques bonnes idées. Comme par exemple, la dualité du style de combat de Dante, qui avec sa faux et son crucifix dispose de deux armes bien distinctes pour venir à bout de ses adversaires. A chaque ennemi rencontré, le joueur aura la possibilité de l'achever soit en le "punissant", soit en "l'absolvant". En fonction de l'alternative choisie, vous récupérez des orbes qui vous permettront de customiser une technique ou l'autre, l'idéal étant bien sûr d'alterner les deux pour disposer d'une panoplie complète. De même, vous serez confrontez à un dilemme équivalant face aux personnages historiques cités plus haut, puisque chacune de ses âmes en perdition pourra soit être envoyée ad vitam dans les flammes, soit être sanctifiée et expédiée vers le Seigneur (via un petit mini-game un brin répétitif). Dommage néanmoins que de vos décisions ne découlent pas quelques changements dans l'histoire et la trajectoire du héros (comme cela a pu être le cas dans inFamous par exemple). Cela aurait certainement démarqué le titre de ses concurrents directs...

L'enfer, c'est les autres

Se basant sur le même moteur graphique que Dead Space, Dante's Inferno fait vraiment plaisir à voir. Mieux, on est heureux de voir que les développeurs ont su parfaitement rendre hommage au beau travail de design effectué sur le titre en le pourvoyant d'un rendu graphique d'excellente tenue. Jamais pris à défaut, le jeu reste totalement fluide du début à la fin, même lors d'affrontements massifs avec des adversaires, soit très nombreux, soit gigantesques, soit les deux. Les cinématiques sont de leur côté absolument magnifiques et bénéficient d'un réel travail de mise en scène. Dommage que souvent, les doublages français se montrent aussi peu convaincants, avec notamment un Dante particulièrement agaçant à force de meugler comme un soulard. La caméra de son côté se placera toujours au bon endroit, tant et si bien que lors des passages demandant un peu de réflexion (quelques puzzles à base de rochers à bouger et de mécanismes à activer), cette dernière vous indiquera souvent la solution. En même temps, on ne joue pas à un jeu comme Dante's Inferno pour se prendre la tête. Côté durée de vie, en mode intermédiaire, il vous faudra compter 6 à 7 heures de jeu pour vous retrouver face à Lucifer. La difficulté augmente progressivement (sur la fin, les ennemis sont même franchement prise de tête) et certains passages demanderont même que l'on s'y reprenne à plusieurs fois avant d'en venir à bout. On appréciera d'ailleurs l'absence de temps de chargement en cas de game over et un système de sauvegarde automatique bien fichu qui ne nous renvoie pas à perpète-les-oies à chaque fois. Enfin, il est à noter que la maniabilité du soft est de facture plutôt honorable, même si on aurait aimé un peu plus de précision dans la gestion des sauts, qui se révèlent parfois hasardeux. Au milieu d'un combat par contre, Dante vous répondra au doigt et à l'œil et ses enchaînements sortiront de manière totalement instinctive. Une fois encore, les développeurs ont été prendre le meilleur dans les God of War. Mais comme le disait Francis Ford Coppola à des étudiants en cinéma lors de son passage dans la célèbre émission Inside the Actor Studio : "N'hésitez pas à copier les maitres, au moins, vous serez sûrs du résultat." CQFD.





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Pierre Delorme

le mercredi 3 février 2010, 18:08




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