Test Dakar 18 : un jeu qui évite de peu l’ensablement
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Dakar 18 est un vrai jeu de rallye-raid qui opte pour une approche extrêmement réaliste, ce qui va inévitablement réduire le nombre de joueurs intéressés par un tel titre. À moins d’être un fan de la discipline, les spéciales de plus d’une heure, et la physique pourrie des véhicules ne devrait pas séduire grand-monde. De plus, le jeu est bardé de bugs à l’heure actuelle, comme des menus qui rament horriblement, où des touches similaires pour plusieurs actions qui rendent le jeu très compliqué (on rentre/sort de la voiture et on pose/retire les plaques avec A). Sur le papier, Dakar 18 propose un genre de jeu très différent, mais l’intransigeance de l’approche retenue, et l’investissement en temps de jeu demandé dépassent largement ce que la moyenne des joueurs est prête à consentir, surtout face à un jeu aussi mal fini. Vous l’avez compris, si vous regardez toutes les éditions du Dakar et que vous suivez tous les rallye-raid de la saison, jetez-vous sur ce Dakar 18, sinon, on vous conseille de vous tourner vers la myriade d’autre titres de course automobile bien plus fun et mieux finis qui existent déjà sur le marché.
- Open-World immense
- Navigation difficile
- Contenu officiel
- Différences de terrain
- Jolis panoramas
- Spéciales longues, très longues...
- ...trop longues ?
- Physique nulle
- Conduite horrible
- Copilote qui n'aide pas à désensabler la voiture et qui nous trolle
- Blindé de bugs
- IA rincée en course
Le célèbre Rallye-Raid organisé par Amaury Sport Organisation (ASO, propriétaire du journal L'Équipe et qui organise aussi le Tour de France) n’avait plus eu droit à son jeu officiel depuis Dakar 2 sorti en 2003 sur PS2, GameCube et Xbox. On vous parle ici d’une époque où la compétition avait encore lieu sur les terres africaines, même si le tracé reliant Paris à Dakar avait déjà été remplacé par un Marseille, Charm-El-Cheikh en Egypte. En effet, depuis 2009 l’épreuve est délocalisée en Amérique du Sud, où les spéciales traversent l’Argentine, le Pérou, le Chili et la Bolivie. D’ailleurs, depuis la même année, la compétition est également ouverte aux quads qui rejoignent ainsi les voitures, camions et autre motos dans ce grand tournoi. Avec tant de nouveautés, ASO a donc fait appel à Deep Silver et BigMoon Entertainment pour réaliser un jeu vidéo permettant aux fans de vivre cette grande épopée. Voyons de suite de quoi il en retourne.
Si le macaron Deep Silver nous avait un peu rassurés, on était perplexe face au choix de BigMoon Studios. En effet, le studio portugais n’est pas vraiment connu pour ses jeux de voiture, et seuls quatre jeux complets y ont été développés : Syndrome, Demons Age, Police Simulator et donc ce fameux Dakar 18. On avait bien vu que l’entité avait œuvré sur plusieurs opus de la série WRC, mais notre enthousiasme a été refroidi quand on a compris que le travail fourni se limitait à quelques animations et modèles 3D. Jeu à licence oblige, Dakar 18 va donc proposer au joueur de prendre part à la compétition d’ASO dans diverses catégories, sachant que tous les pilotes et tous les véhicules sont bien sûr officiels, de même que les étapes qu’on va emprunter. Bonne chose pour les puristes, mauvaise chose pour les amateurs de jeu vidéo, le titre de BigMoon s’avère être extrêmement fidèle à l’univers du rallye-raid. Concrètement, cela signifie qu’on va plutôt prendre part à une course d’orientation géante qu’à une course automobile où il faudra négocier le moindre virage à fond. En effet, tout l’art est ici de ne pas se perdre en suivant le roadbook minimaliste de l’organisation, tout en essayant de ne pas bousiller la voiture. La vitesse, arrive pour sa part en queue de la liste des priorités. Pour s’assurer que la joueur va bel et bien tourner en rond, le studio a mis le paquet avec d’immenses zones ouvertes qui hébergeront chacune une étape de la course (avec en moyenne 3 spéciales). Il faut bien s’entendre, quand on parle ici d’immensité, on ne plaisante pas, car au total ce sont plus de 20 000 km² de monde ouvert qui ont été modélisés ! Le jeu ne propose donc pas de carrière à proprement parler, mais le mode de jeu principal va largement occuper les pilotes en leur demandant de prendre part à l’édition 2018 du Dakar.
OÙ EST CHARLIE ?
Au niveau des véhicules et des équipages, le choix sera plus ou moins vaste en fonction de la discipline retenue, sachant qu’on retrouvera en gros tous les équipages professionnels qui occupent habituellement le haut du classement. En voiture on profitera de Peugeot, BMW/Mini X-Raid, Toyota ou encore Renault tandis que côté moto on devra choisir entre KTM, Honda, Yamaha et Husqvarna. La sélection sera bien sûr plus réduite si on opte pour un camion, un quad ou un buggy. Il faut savoir que le choix du véhicule dépend aussi de votre habitude, car motos et quads sont privés de copilote, ce qui ne facilite pas la tâche tant la navigation est complexe. En effet, une fois en course, il faudra scrupuleusement écouter le copilote qui nous explique où aller, en interprétant les notes du road book. Ce dernier peut contenir des éléments précis, ou juste une suite de caps qu’il faudra alors suivre, l’œil rivé sur le compas, tout en essayant de se frayer un chemin dans la topographie. Le Dakar est une vraie épreuve d’endurance, et cela se ressent fortement dans le jeu. En effet, si certaines spéciales courtes se font en 15 ou 20 minutes, certaines étapes marathon prennent plus d’une heure montre en main, et ce, sans tourner en rond ! Il va donc falloir avoir du temps devant soi avant de lancer une partie de Dakar 18 ! Ici pas question de jouer 20 minutes pour combler un trou dans votre emploi du temps. D’ailleurs, les zones sont si vastes qu’une fois paumé, on va perdre de très longs moments avant de retrouver son chemin. Aucun rewind n’est présent, et l’option qui nous replace au dernier checkpoint nous collera 25 minutes de pénalité dans les dents, ce qui grillera instantanément nos chances de finir dans le trio de tête.
D’ailleurs, heureusement que la navigation représente le cœur du jeu, car la conduite des véhicules varie de moyenne pour les voitures, à exécrable pour les quads. La physique est largement aux fraises (avec des sauts bizarres et des accidents encore plus improbables) ce qui ne rend pas vraiment le pilotage agréable.
Si on ne peut que s’incliner sur la précision de la navigation et la concentration dont il faut faire preuve pour ne rater aucun checkpoint, certaines choses sont plus décevantes. Tout d’abord, le copilote n’est disponible qu’en anglais, ce qui va forcer les joueurs qui ne maitrisent pas la langue de Shakespeare à se tourner vers les sous-titres. Le problème, c’est que ces derniers ne sont pas vraiment fidèles aux informations. De nombreuses erreurs y figurent, comme lorsqu’on s’est rendus compte que le texte des sous-titres nous explique de suivre le cap 026 alors que le roadbook et le copilote mentionnent le cap 260. D’ailleurs, heureusement que la navigation représente le cœur du jeu, car la conduite des véhicules varie de moyenne pour les voitures, à exécrable pour les quads. La physique est largement aux fraises (avec des sauts bizarres et des accidents encore plus improbables) ce qui ne rend pas vraiment le pilotage agréable. Même à la manette, on sent que le studio n’a pas passé beaucoup de temps sur cet aspect du jeu. Ceci dit, il faut tout de même préciser que le fait de conduire vite ne sera jamais vraiment un moyen d’aller vite, mais plutôt une garantie de bousiller la voiture, tant le système de dégâts est mal paramétré. En effet, des sauts de 50 mètres sur les dunes n’ont jamais mis à mal notre suspension, alors qu’un décollage digne d’une spéciale de rallye classique a explosé tous les amortisseurs de notre voiture.
DAKAR OU PAS D’ACCORD ?
Finalement, la vitesse ne servira qu’à éviter de se retrouver planté dans une mare de boue, dans un trou de fech-fech, ou échoué sur la crête d’une dune. Comme en vrai, il faudra alors sortir de la voiture, et profiter des contrôles très aléatoires de notre pilote (qu’on dirige façon TPS)pour aller placer les plaques de désensablement sous les roues. Le pire, c’est que le copilote n’aidera jamais, se contentant à la place de nous expliquer qu’on a une course à gagner, et qu’on est pas là pour observer le paysage. Rageant ! Si jamais le véhicule se retrouve planté au-delà de tout espoir, il ne restera plus qu’à attendre le passage d’un concurrent, et à lui faire de grands signes afin qu’il nous remorque. Sur ce point, les IA sont plutôt coopératives, même si le trafic est très aléatoire, voire nul si on s’est planté lorsqu’on cherchait notre route. En dernier recours, il ne restera plus qu’à recommencer la spéciale, à condition d’avoir assez de temps libre. Si les IA peuvent nous aider, on pourra aussi filer un coup de main aux bots (assez débiles) qui forment la concurrence. S’arrêter et tirer un concurrent coincé nous permettra d’obtenir quelques points Dakar en rab, ce qui nous permettra de réparer notre véhicule sur le bord de la route en cas de problème. Chaque réparation sur le bord du chemin coûtera un certain nombre de points, ainsi que du temps (1min pour remplacer une roue, bien plus si on doit réparer une boîte de vitesse), ce qui n’encouragera pas le joueur à foncer comme un dingue. Précisons que le mode multijoueur souffre du problème de la longueur des spéciales (40 minutes voire plus, ce qui fait qu’on attend rarement la fin d’une épreuve dans un lobby), tandis que les modes annexes comme la chasse au trésor sont totalement inintéressants.