Test Control : le retour en grâce de Remedy, les créateurs d'Alan Wake et de Max Payne ?
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Avec Control, on a longtemps cru que Remedy nous avait fait le coup du copié-collé de Quantum Break, à la fois dans son histoire et son gameplay. Mais comme d'habitude, il ne faut jamais se laisser piéger par les trailers, parfois trompeurs, parfois moqueurs. Se présentant comme un TPS pur jus orienté action, Control nous offre en réalité un gameplay bien plus maîtrisé, même s'il faut admettre une certaine redondance sur la longueur. Heureusement, le jeu se rattrape aisément par le biais de son scénario, hautement plus fouillé que celui de Quantum Break, avec une bonne part de profondeur (en consultant les médias trouvés par terre) si on veut comprendre tous les tenants et les aboutissants, même si l'ensemble reste accessible en se contentant des cinématiques. En revanche, il est un point sur lequel Control a su nous surprendre, c'est du côté de ses graphismes, tantôt sublimes, souvent impressionnants grâce à de superbes effets de destruction et un rendu visuel surprenant, surtout si vous jouez sur PC et que avez activé les effets en ray-tracing. On regrette par contre la localisation française plus que moyenne avec une lip-sync particulièrement désastreuse, ce qui nuit tout de même à l’immersion lors des cut-scenes. Dans l'ensemble, Control ne déçoit pas et ceux qui aiment les travaux de Sam Lake et de son équipe risquent d'apprécier le résultat offert par ce Control, loin d'être parfait, mais qui possède une belle ambiance, un gameplay huilé, mais aussi une belle durée de vue de 15h en ligne droite. En gros, une parenthèse sympathique avant la rentrée et l'arrivée des blockbusters en fin d'année.
- Scénario prenant
- Combats nerveux avec les pouvoirs
- Direction artistique séduisante
- Graphiquement très solide, surtout avec le RTX activé
- Les parenthèses avec les énigmes
- Durée de vie
- L'IA ennemie un peu pétée
- La lip-sync assez désastreuse
- Les tonnes d'items à ramasser pour connaître les dessous de l'histoire
- L'interface utilisateur qui manque un peu de clareté
Après des cartons critiques comme Max Payne et Alan Wake qui ont permis de cimenter sa réputation, Remedy Entertainment avait connu plus de difficultés avec leur dernier jeu, Quantum Break, sorti en 2016 à la fois sur Xbox One et PC. Malgré un concept intéressant mêlant jeu vidéo et série TV, le titre souffrait d’un gameplay bien trop générique, et de gros problèmes de rythme. Débarrassés de la contrainte de devoir produire une exclusivité sur consoles, les développeurs finlandais ont pris leur temps pour leur nouvel opus : Control. Avec un Sam Lake désireux de reconquérir les fans, le jeu prend une direction toute différente, même si les éléments surnaturels sont toujours au centre de l’intrigue. Laissez-nous vous faire glisser dans le monde étrange et addictif de Control, et vous comprendrez pourquoi ce titre que personne n’attend vaut le coup.
Les fans des productions Remedy Entertainment le savent bien, il y a des choses sur lesquelles on sait que le studio sera solide, à commencer par l’histoire. Celle de Control ne déroge pas à la règle, et propose une aventure bien écrite (comme souvent avec Sam Lake), qui mélange habilement le surnaturel, les sentiments familiaux, mais aussi la gestion de ces phénomènes paranormaux par une grande administration : le bureau fédéral de Control. Comme toujours, on évitera de vous spoiler l’histoire, mais sachez qu’on y incarne Jesse Faden, une jeune femme fraîchement promue à la tête du bureau de Control, et dont la première tâche est de régler un sacré problème. Le Hiss, une énergie puissante, s’est échappée des labos de la zone de confinement, et menace toute la planète si elle parvient à sortir du bâtiment, en prenant le contrôle des gens, mais aussi des murs (en faisant jaillir d’énormes blocs de toute construction). Heureusement, la belle Jesse dispose de plus d’un tour dans son sac, et telle un Jedi de Star Wars, elle peut plier le Hiss à sa volonté (dans une certaine mesure). Ses pouvoirs seront étroitement liés à l’histoire, mais ils permettent aussi de transformer le gameplay en profondeur. La demoiselle va en effet pouvoir utiliser des capacités dignes d’Obi Wan Kenobi pour faire léviter des objets, influencer les esprits faibles, et même voler ! Comme Quantum Break à l’époque, Control se pose comme un jeu d’action, mais cette fois le studio est revenu sur des bases plus simples, et bien plus efficaces. On peut dire adieu au concept de série live-action, ainsi qu’à l’alternance bancale entre phases de shoot et plateforme. Control nous offre un aspect Metroïdvania indéniable, et un gameplay nettement mieux maitrisé et équilibré. Au fur et à mesure de l’aventure, Jesse va donc apprendre à maitriser de nouvelles capacités, afin de faire face aux vagues d‘ennemis, principalement composées des membres du Bureau Federal de Control pervertis par le Hiss.
C’EST LA HISS, GROS
Le combat est ici à double tranchant, avec du bon et du moins bon. Le bon, c’est ce sentiment de toute puissance conféré par les pouvoirs de Jesse, mais aussi par son flingue mutant, capable de passer du revolver à la SMG, au sniper, ou au fusil à pompe via une simple pression sur la touche F. De plus, l’absence de gestion des munitions (asservies à un cooldown) nous permet de créer l’apocalypse, tout en obligeant le joueur à passer des pouvoirs au pistolet, au gré du rechargement des barres de chaque option. Ne laissez pas cette description vous tromper, Control demande une dose de savoir-faire pour survivre, car Jesse n’est pas immortelle, et dans certains cas, les ennemis peuvent même nous tuer en un ou deux coups. Cependant, on note quelques tares notoires, dont l’IA ennemie complètement à la ramasse (les ennemis se contentent de vous foncer dessus, et leur pathfinding est plus que limite), et une fois qu’on a compris ses limites, il devient très facile d’en exploiter ses faiblesses. Dès lors, les combats se résument à l’alternance Arme/pouvoirs qui finit par devenir redondante, même si le panel de compétences et d’armes s’étoffe avec le temps. Autre oubli suspect, bien qu’on dispose d’une mécanique de jeu TPS très classique, Control ne dispose d’aucun système de couverture. Pour éviter les tirs ennemis, le jeu nous demande de nous mettre à couvert, sans qu’on puisse réellement le faire. Par exemple, une fois accroupie, Jesse se relèvera toute seule lorsqu’on lui demande de viser. Mais une fois la touche relâchée, la demoiselle reste droite comme un i, offerte au feu nourri des ennemis. Remedy a donc soigné les mécaniques inédites de ce Control, mais semble n’avoir accordé que peu ou pas d’importance aux bases pourtant reprises par la plupart des productions actuelles.
Sur ce point, on tire notre chapeau aux développeurs tant la direction artistique est léchée, cette dernière nous faisant même oublier qu’on évolue dans le milieu clos d’un bâtiment.
Sorti du combat, le studio de Sam Lake a troqué les phases de plate-forme de Quantum Break pour de l’exploration pure et dure. Le siège du Bureau Fédéral de Control semble en effet être le bâtiment le plus vaste du monde, et il offre un nombre incroyable de zones différentes qu’il faudra explorer. On passera des labos et bureaux administratifs à une mine, et même à une centrale électrique dissimulée dans les tréfonds de la terre. Sur ce point, on tire notre chapeau aux développeurs tant la direction artistique est léchée, cette dernière nous faisant même oublier qu’on évolue dans le milieu clos d’un bâtiment. Reprenant le modèle éprouvé de la multitude de zones interconnectées, le jeu nous emmènera même dans des dimensions parallèles où le joueur pourra faire face à des paysages totalement inédits, et à des challenges un peu différents. On a ainsi pu se retrouver dans un mystérieux motel qui testera la sagacité du joueur sur plusieurs petites énigmes, ainsi que dans le Plan Astral, un niveau bien spécifique qui sert à appréhender les capacités de Jesse, et où on pourra faire face à de méchants boss bien velus. D’ailleurs ces derniers sont plutôt old school avec des patterns relativement simplistes, la principale difficulté étant d’aller récupérer assez de fragments de vie par terre pour que Jesse ne passe pas l’arme à gauche. Bien que le tout soit assez vaste, n’ayez crainte, on ne se perd que rarement dans les couloirs de l’administration, et l’aventure reste très linéaire, prenant par la main le joueur, et le guidant tout au long de l’aventure. Dans la grande tradition Remedy, si le scénario sera superficiellement compris en se contentant des cinématiques, il va néanmoins falloir se taper de lire et d’écouter tous les documents qu’on ramasse au cours de l’aventure afin de réellement prendre la mesure de l’intrigue. Vous l’avez compris : il faudra s’impliquer si on veut ressentir le grand frisson narratif finlandais, et opter pour la VO, la VF nous gratifiant d’une des lipsync les plus désastreuses qu’on ait vu depuis longtemps.
"ELLE ME CONTRÔLE, ET GUIDE MES PAS"
Pourtant Control ne garde pas tous ses attraits sous contrôle, et certains de ses charmes sont directement offerts au joueur. On pense bien sûr à sa technique impressionnante, qu’il s’agisse des graphismes, de la physique, et de la manière dont il est possible de tout détruire ou presque des environnements. Testé sur une RTX 2080 Ti dans notre cas, le jeu envoie du rêve en 4K avec une utilisation poussée du ray tracing, afin de gérer reflets, ombres, occlusion ambiante et bien d’autres effets. Comme toujours, le DXR est gourmand en ressource, mais les développeurs de Remedy ont réalisé de petits miracles afin que le tout puisse tourner sereinement. Plus d’une fois on s’est surpris à admirer notre reflet dans une flaque, une vitre ou sur une surface en métal polie, tandis que l’ombre de notre héroïne est plus vraie que nature, évoluant de moult manière en fonction des sources lumineuses qui éclairent les différents lieux. Sans ces features exclusives au PC, le jeu redescend d’un coup, mais propose toujours un niveau de détail satisfaisant. Enfin, Remedy a parachevé son titre par une petite touche RPG. On va devoir investir des points de compétence pour booster les pouvoirs de Jesse, tandis qu’il faudra ramasser divers composants pour crafter des mods. Ces derniers sont des éléments qui permettent de booster les capacités de l’héroïne et de ses armes, et de gagner en puissance. Pas de panique, il n’y aura jamais besoin de farmer le mod ultime pour se tirer d’une situation. Avec une bonne quinzaine d’heures pour boucler l’aventure en ligne droite, Control propose également pas mal de quêtes annexes afin de récupérer des matériaux de craft rares ou des mods de haute qualité, sachant que des objectifs temporaires apparaissent régulièrement à l’écran. Assez rémunérateurs, ces objectifs spécifiques nous demandent souvent d’aller sauver des employés du Bureau aux prises avec le Hiss.