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S’il n’est donc pas le meilleur Castlevania, il est certainement le meilleur représentant de la série sur portable. Et surtout, il fait parti du lot de titres salvateurs pour la DS, aux cotés de Advance Wars : Dual Strike, Meteos ou encore Nintendogs, une série d’excellents titres qui ne font qu’ouvrir la marche à d’autres jeux très attendus cette année comme Lost in Blue, Mario Kart DS ou encore Sonic Rush. Tout ce petit monde permet enfin à la DS de rompre avec la léthargie dans laquelle elle fut plongée depuis de trop long mois.
- Du travail d'orfèvre
- Une superbe 2D
- La jouabilité aux petits oignons
- un gameplay irreprochable
- Bestiaire jouissif
- Le meilleur Castlevania portable
- Pas assez tactile
- Manque de challenge
- Trop court
- Pas suffisamment approfondi
Le Castlevania nouveau est arrivé ! Réjouissons-nous du choix logique d’une 2D à mille lieux des expériences tridimensionnelles des épisodes Nintendo 64 ou PlayStation 2. Dawn of Sorrow est même la suite directe de Aria of Sorrow, le dernier opus à avoir vu la nuit sur Game Boy Advance. A partir de maintenant, vous êtes Soma Cruz, celui qui en l’an 2035, porte en lui les pouvoirs de Vlad Tepes, plus connu sous le nom de Dracula.
C’est avec un plaisir plus ou moins dissimulé que ceux qui ont expérimenté Castlevania : Aria of Sorrow retrouveront donc Soma, Yoko, Julius Belmont et cie, partant cette fois-ci à la poursuite d’un culte secret dont l’objectif inavouable est de trouver un héritier au seigneur des ténèbres. Un scénario pas bien encombrant, prétexte à la visite minutieuse d’un immense château peuplé d’une centaine de streumons agressifs et impétueux.
Ah, ce bestiaire, parlons-en. Colosses en armure, énormes lycanthropes cracheurs de flammes, apprenties sorcières tentant maladroitement de flotter sur leurs balais, les manticores, chimère au corps de lion, ailes de chauves souris et queue de scorpion, les danseurs fantômes valsant noblement au son des cloches d’une cathédrale maudite, valkyries majestueuses, poupées tueuses désarticulées, soubrettes karateka ( ! ), succubes sournoises et enjôleuses, clowns tueurs, harpies … Ils sont au nombre de 116, boss compris, à recouvrir ce panel incroyable de démons et de créatures d’origines légendaires diverses, au sein d’un démoniaque fourre-tout culturel. Tous meurent d’une façon différente, et le souci du détail est à son comble quand on remarque que le diable ailé disparaît dans un maelström dont le vent perturbe la soubrette qui tente alors d’empêcher sa jupe de s’envoler !
Belmont Corporation
Mais revenons quelques instants aux sources, pour les néophytes. Un bon Castlevania en 2D, aujourd’hui qu’est-ce donc ? Dans ses bons jours, Castlevania apparaît comme un mélange succulent d’exploration, de plates-formes et de RPG. Un château immense pour seul théâtre des opérations, découpé en zones, mais dans lesquelles on ne progresse pas de façon linéaire. Castlevania, c’est la quintessence du level design, l’apothéose du gameplay, la sublimation de la jouabilité. Dix zones vous attendent dans ce château tout neuf, du village enneigé au clocher maudit en passant par les catacombes. Le travail est d’orfèvre, et pas uniquement sur le plan de la réalisation. Koji "IGA" Igarashi, révélé pour son travail sur Symphony of The Night, toujours considéré comme le meilleur Castlevania à ce jour, se fait un joaillier d’excellence pour tailler ce diamant aussi étincelant à l’extérieur que consistant à l’intérieur. Nous écopons en revanche d’une traduction fantasmagorique, avec de somptueuses incohérences d’un niveau encore jamais vu auparavant avec, tenez-vous bien (tenez-vous mieux s’il vous plaît) l’inversion des commandes "acheter" et "vendre" ! Celle-ci, on ne nous l’avait encore jamais faite, toutes nos félicitations aux localisateurs.
L’annonce faite à Soma
A la manière d’un Action-RPG, Soma gagne de l’expérience et monte en level à mesure qu’il accroît son tableau de chasse, mais l’acquisition des pouvoirs est plus intéressante et moins linéaire que cela, puisque comme dans Aria of Sorrow, il vous faudra assimiler les âmes des ennemis vaincus et gagner ainsi le droit d’utiliser leurs pouvoirs. Les capacités clés, celles qui permettent de progresser dans le château, étant bien entendu détenues par les maîtres des lieux. Soma peut ensuite s’équiper de trois âmes en même temps. Au delà des compétences d’attaques très variées, on n’oubliera pas les âmes de soutien pour booster une caractéristique en particulier, comme la force. L’ultime consécration étant de pouvoir se transformer en chauve-souris pour atteindre (presque !) tous les derniers recoins inexplorés du vaste monument. Pour faciliter la progression dans un domaine si immense, de très nombreux points de sauvegardes et de téléportations ont été aménagés. Pratique, voire indispensable pour revenir dire bonjour régulièrement à Yoko la blondinette et à Hammer le dégarni. La première vous propose d’améliorer vos armes contre quelques âmes rares, et le second d’acheter quelques potions de soins et autres accessoires. Cependant, quelle que soit la configuration adoptée, rien ne m’a incité à troquer ma surpuissante et efficace hache contre autre chose. C’est bien de proposer un choix d’armes conséquent, du pistolet au fleuret en passant par les poings d’acier, mais encore faut-il faire en sorte de les rendre utiles, non ? Un sentiment de gâchis que l’on retrouve d’ailleurs de manière plus générale dans cette production fortement addictive, mais dont on touche le bout sans avoir eu le sentiment d’avoir soulevé des montagnes.
I’m a succube fan !
Estampillé 2035, Castlevania : Dawn of Sorrow est un mélange intéressant de rustique teinté de modernisme. A l’honneur, l’architecture gothique, ses sculptures et ses vitraux. Transcender les limites de la réalité et susciter l’image d’un monde éternel et frissonnant, c’est la mission d’un Castlevania. Aussi on ne pestera pas plus de deux minutes sur le character design sans charme particulier, catégorie animation japonaise à moyen budget, quand bien même il est impossible de ne pas regretter le pinceau de Ayami Kojima quand on connaît le talent et la finesse de l’illustratrice attitrée de la série. C’est un peu la même chose pour la compositrice, Michiru Yamane, belle et bien créditée au générique de fin, mais dont le travail sur cet épisode est plutôt inégal. La encore, les Dracula-fan n’auront de cesse de rappeler à quel point la bande son de Symphony Of The Night versait dans l’excellence.
Lost in Transylvania
Puisque nous sommes sur Nintendo DS, il est temps de s’interroger sur la façon dont le double écran et l’écran tactile ont été mis à profit. Le premier a le mérite de rendre un grand service aux désorientés congénitaux en affichant la carte du château, pour une lisibilité et un regard permanent sur sa progression. De cette façon on sait instantanément si on est loin du prochain point de sauvegarde, par exemple. Le stylet, ou plutôt les doigts, seront quant à eux mis a disposition pour casser des blocs de glace, ce qui n’arrive qu’à très peu de reprise, mais de façon très intelligente, et c’est un petit plaisir trop éphémère que de se tailler à l’index son propre level design ! Il sera aussi nécessaire de mémoriser quelques symboles ésotériques de manière à assener le coup final aux Boss. Compte tenu de la perte de temps pour se munir du bâtonnet de plastique, les ongles feront l’affaire. Il reste toutefois clair que Konami a fait le choix de ne pas miser beaucoup sur cette fonction.
Shadow of the beast
Reste à se demander combien de temps toutes ces belles choses peuvent nous tenir en haleine. Les points de sauvegardes, présents toutes les 2 minutes et qui redonnent gratuitement toute son énergie à Soma, ne manqueront pas de faciliter une aventure qui manque déjà douloureusement de challenge. Non seulement aucune zone ne présente une difficulté spectaculaire, mais les Boss eux-mêmes semblent peu enclin à camoufler leurs points faibles. Le jeu peut largement se finir en moins de sept heures pour peu que l’on vise le haut de la tour sans traîner, et finalement affronter l’élu de Satan. Un chiffre qui fait peur mais qui ne représente à ce moment la que 70% d’exploration. La richesse est donc bien présente, mais seulement si on veut tout faire à 100%, et malheureusement le jeu est conçu de telle façon que le joueur n’est pas franchement incité à en profiter. Dommage, car de nouveaux modes de jeu se débloqueront selon que l’on obtienne la bonne ou la mauvaise fin. Malgré tout, cette face sombre n’est rédhibitoire qu’aux yeux des core gamers avide de challenge permanent, et il est indéniable que la qualité est plus que présente chez ce Castlevania. Qu’on se le dise, Castlevania : Dawn of Sorrow est un véritable délice dont on ne peut se détacher. Toutefois, s’il a le mérite d’être accessible à tous, en terme de contenu il reste encore dans la lignée des épisodes Game Boy Advance, c’est à dire un peu trop light.