Ce Call of Juarez The Cartel ne se déroule plus en plein western...Oublions donc Ray et Thomas McCall, ainsi que Billy l'indien, puisque la série
Call of Juarez donne désormais dans le contemporain. L'action se déroule donc à notre époque, et démarre même dans l'une des villes les plus emblématiques du monde moderne : Los Angeles. Après une explosion dans les bureaux de la DEA (la version américaine des stups), le gouvernement décide de monter une opération pour lutter contre les cartels de la drogue, a priori responsables de l'attentat. Ces derniers ayant réussi à infiltrer plusieurs agences fédérales, une équipe improbable est formée en secret. Elle est constituée de Kim Evans, Eddie Guerra et Benjamin McCall. La première est employée par le FBI, et manie à merveille les fusils d'assaut et les fusils de précision. Le second appartient à la DEA et préfère les armes automatiques, les fusils à pompe, et les grenades. Le dernier est un policier de Los Angeles, adepte du combat aux poings, des armes à courte portée, et des armes lourdes. La campagne solo nous demande de choisir l'un de ces protagonistes, une petite vidéo venant détailler le caractère et les motivations de chacun d'entre eux. Les deux autres sont alors dirigés par l'intelligence artificielle. Mais le mieux reste naturellement de jouer en coopération. Si l'on peut regretter que le jeu ne gère ni l'écran partagé, ni le "drop-in", il faut en revanche reconnaître que l'ensemble de l'aventure a clairement été conçue pour le coop. Par exemple : à plusieurs reprises, l'un des compères doit s'éloigner pendant quelques minutes des deux autres. Une certaine absence de linéarité qui est surtout la promesse d'une assez bonne rejouabilité. De plus, on retrouve en quelques endroits précis le système d'ouverture de portes à deux (déjà utilisé dans le précédent épisode de la série) qui permet de ralentir le temps quelques instants pour mieux aligner les ennemis pris par surprise. Les chevaux ayant été remplacés par des voitures, les séquences de conduite sont également l'occasion de coopérer. Pendant que l'un des joueurs conduit le véhicule, les deux autres peuvent s'assoir sur les fenêtres pour tirer sur les poursuivants ou les poursuivis.
Attention les yeux, et les oreilles
Graphiquement, Call of Juarez 3 ne tient pas la route face aux autres FPS du genreMieux encore, le jeu se dote d'un système de missions secrètes. Régulièrement, chaque personnage se voit en effet confié une tâche à effectuer à l'abri des regards de ses coéquipiers. Il s'agit le plus souvent d'un objet à ramasser ou d'un personnage à interroger pendant quelques secondes. S'il réussit à faire cela sans que les autres le voient, il gagne alors des points d'expérience permettant de débloquer des armes supplémentaires. Dans la même optique, nos trois compères un peu ripoux sur les bords ont tout intérêt à ramasser en douce les portefeuilles et téléphones portables qui traînent dans les décors. De manière plus anecdotique, mais tout de même révélatrice de l'orientation coop du jeu, on a droit à un moment à un lynchage à trois, la pauvre victime passant alternativement des mains de l'un à l'autre. Cette séquence manque hélas cruellement de rythme, mais l'intention reste louable. Dans un tout autre registre, on peut également saluer la reconstitution des rues de Los Angeles, vraiment ressemblantes aux vraies. Et même se prendre de sympathie pour l'ambiance de western moderne, qui tient finalement la route. Autrement dit : malgré l'époque choisie, The Cartel reste un vrai
Call of Juarez. Ainsi, Ben est un descendant direct de Ray McCall, tandis que son chapeau, sa longue veste et sa ceinture de munitions n'auraient pas dépareillé à la fin du 19ème siècle. Le cartel principal que l'on combat se situe dans la ville de Juarez, dont le fameux trésor se rappelle une nouvelle fois à notre souvenir. Les paysages traversés ne se cantonnent pas aux rues de LA mais nous emmènent aussi dans un parc national aux impressionnantes cascades, dans le Grand Canyon et au Mexique. Autant de lieux qui rappellent immanquablement les épisodes précédents. Même la musique joue à fond la carte du western, et nous régale de ses sonorités si particulières.
Le jeu possède donc de réels atouts, qui auraient très bien pu le classer dans la catégorie des FPS pas indispensables mais tout de même fort sympathiques. Hélas, de nombreux points négatifs viennent assombrir le tableau."
Comme d'habitude, il faudra remplir de nombreux objectifs dans le jeuLe jeu possède donc de réels atouts, qui auraient très bien pu le classer dans la catégorie des FPS pas indispensables mais tout de même fort sympathiques. Hélas, de nombreux points négatifs viennent assombrir le tableau. Les dialogues, ou plus exactement les interjections que se lancent les héros et les ennemis lors des combats, sont à la limite du supportable en raison de leur vulgarité et de leur répétitivité. Au bout du vingtième "salope" qui vient heurter nos oreilles, on commence franchement à saturer. On se montre d'autant moins conciliant que l'intelligence artificielle, en solo naturellement, manque clairement de pertinence. Nos coéquipiers se fendent régulièrement d'un "à gauche" ou d'un "attention, tout droit" qui n'a ni queue ni tête. Autrement dit, qui ne correspond ni à la position des ennemis, ni à une indication géographique valable pour les contourner. On notera aussi que certains dialogues se retrouvent étrangement coupés lors des scènes cinématiques. D'une manière générale, c'est tout le mixage audio qui est à revoir. Certaines phrases sont trop fortes, d'autres trop faibles, à tel point qu'on doit régulièrement jouer avec le volume pour compenser. L'aspect graphique est également critiquable, notamment lorsque le moteur 3D nous impose des effets de flou totalement exagérés. On sait pourtant que le
Chrome Engine est capable de faire beaucoup mieux. Quelques bugs sont à noter dans la gestion des points de passage, qui ne sont pas toujours pris en compte, et du positionnement des coéquipiers virtuels, qui n'hésitent pas à se téléporter à l'occasion. Et les classiques incohérences de tutoiement/vouvoiement, féminin/masculin, singulier/pluriel, sont également au rendez-vous, des différences ponctuelles entre les dialogues et leurs sous-titres venant compléter le tout. Autant de défauts qui viennent gâcher l'expérience de jeu et risquent d'irriter franchement les joueurs les moins conciliants. Pour adoucir leur peine, précisons tout de même que le prix de vente tourne autour des 40 euros sur consoles. Un beau geste de la part de l'éditeur qui, hélas, sonne un peu comme un aveu de médiocrité.