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Difficile de parler de Call of Duty sans évoquer sa ressemblance avec la série des Medal of Honor. Et pour cause, les trois quarts de l’équipe originelle en font partie. Il ne leur a donc fallu qu’une petite année et demie pour accoucher de ce titre fort en intensité, en émotion et spectaculaire à souhait. Depuis le débarquement sur Omaha Beach, jamais un FPS n’a été aussi immersif transformant ainsi par moment le joueur en spectateur. Le titre d’Activision vole ainsi la vedette à la série fétiche d’Electronic Arts qui va devoir mettre les mains dans le cambouis pour récupérer son trophée.
- Spectacle hollywoodien
- Gameplay rudement efficace
- Bande son décoiffante
- La guerre, comme si on y était !
- Trop court !
- I.A. pas très futée
Acclamée par la presse puis encensée par le public, la série des Medal of Honor a posé les bases du cinéma interactif. A grand renfort de scripts en tout genre, le but premier était d’en foutre plein la vue et de plonger le joueur au sein même de cette guerre atroce. Depuis, le studio de développement 2015 s’est un peu endormi sur ses lauriers et la série commençait à perdre un peu de son souffle. Pendant ce temps, un nouveau titre dans la même veine qu’un MoH faisait parler de lui. Maintenant que nous l'avons entre les mains, on peut vous affirmer que la réputation de Call of Duty n’est plus une chimère mais bien une réalité.
Après avoir vécu au débarquement des Alliés sur les plages normandes le 6 juin 1944 puis échappé au bombardement dans la forêt de Bastogne, on s’était juré que pour nous prendre aux tripes, il faudrait se lever de bonne heure ! En termes d’immersion, la médaille d’honneur revenait sans concession à la série fétiche d’Electronic Arts. Chaque épisode se veut grandiose et pour épater la galerie, rien de tel que des séances de projection de films de guerre. MoH : Débarquement Allié ne cachait pas sa ressemblance avec le chef d’œuvre de Steven Spielberg "Il faut sauver le soldat Ryan". Son add-on En Formation, un peu court certes mais toujours aussi prenant reprenait des passages de la sublime série produite par Tom Hanks & Spielberg : "Band of Brothers" (Frères d’armes en VF). En attendant l’attaque de Pearl Harbor sur console et la guerre du Pacifique sur PC, un nouveau titre commençait à faire parler de lui comme étant le digne successeur de la série des MoH. Difficile à croire et pourtant…
Same players shoot again
Call of Duty, tel est le nom de ce nouveau jeu capable d’enterrer la série développée par 2015 en termes d’immersion et de scripts en tout genre. Il suffisait simplement de regarder de plus près pour se rendre compte que derrière le studio de développement d’Infinity Ward, se cache la quasi-totalité de l’équipe de 2015. Que sait-il passer pour que l’équipe se fasse la malle et quitte Electronic Arts pour aller se réfugier dans les bras d’Activision ? Une question qui ne trouvera malheureusement pas sa réponse ici. La seule chose sur laquelle on est enfin rencardée est le lien de parenté entre les deux jeux. Inutile donc de gaspiller notre salive, Call of Duty est un MOH dopé au viagra ! Le grand reproche que l’on pouvait faire à MoH : Débarquement Allié était de nous offrir une seule séquence d’une intensité rare. Tous ceux qui était resté sur leur faim avec le titre de 2015 risque de se réconcilier rapidement avec Call of Duty. C’est simple, le petit bijou (n’ayons pas peur des mots) d’Infinity Ward nous propose trois fois plus de scènes de la trempe du débarquement.
Quand le jeu vidéo rattrape le cinéma
Réparti en 4 campagnes pour un total de 24 missions, Call of Duty permettra au joueur de découvrir la Seconde Guerre Mondiale sous les yeux de trois soldats différents. On enfilera l’uniforme d’un parachutiste américain, d’un soldat anglais puis d’un pauvre soldat russe se demandant encore ce qu’il fait dans cette embarcation, prête à débarquer sur les rives de la Volga. Car les gars d’Infinity Ward ont réussi à réitérer l’exploit en nous proposant de vivre le débarquement du côté des Soviétiques. Une scène d’une intensité extrême qui n’est pas sans rappeler le film de Jean-Jacques Annaud 'Enemy At The Gates' (Stalingrad en VF). Dans votre barge, un commissaire vous bourre le crâne, via son haut-parleur, de propos patriotiques pour vous rappeler votre devoir envers la mère patrie. Pendant ce temps, les bombardiers allemands survolent le fleuve tout en éventrant les barges de vos camarades à côté. Arrivé sur la rive, votre embarcation est touchée par un obus engendrant un bruit assourdissant. Votre vue se trouble, vos tympans ont sauté et vous voilà tout groggy, essayant tant bien que mal de vous relever. Vous arrivez finalement à la distribution des armes. Manque de bol, le stock d’armes de l’armée russe étant limité, il va falloir vous résigner à attaquer en duo et vous contenter de porter le peu de munitions qu'on vous a distribué. Vient ensuite l’enfer qui se déchaîne en une pluie d’obus et de tirs des mitrailleuses postées plus haut sur la colline. On en prend plein les yeux mais aussi les oreilles. Jamais une bande son n’a été aussi dévastatrice. Les balles fusent de toute part, vous sifflent les oreilles et la détonation des explosions carrément assourdissante. La sensation de réalisme est plus violente que jamais et la stratégie russe étant basée sur le surnombre, il va s’en dire que les corps tomberont comme des mouches. On assiste à une vraie boucherie humaine tant les hommes affluent en masse. Leur animation atteint un réalisme criant de vérité et on peut voir notamment les soldats s’entre-aider, se planquer derrière le moindre morceau de pierre ou encore foncer à tête baissée sous le feu ennemi. Une chose est certaine, après avoir joué à Call of Duty, vous ne verrez plus jamais les FPS de la même manière tant les gars de chez Infinity Ward ont placé la barre très haute ! D’autres scènes aussi intenses viendront étoffer le jeu et pour faire court on retiendra les courses poursuites en voiture, l’assaut d’un bâtiment dans le froid glacial de Berlin, la protection d’un pont par les Anglais pris en sandwich ou encore le parachutage des Américains au-dessus des champs normands où le corps des bovins est une planque idéale pour éviter de se manger une bastos allemande. Bref c’est à nous souffler la cervelle !
Scriptés mais pas teubés
Avec autant d’événements scriptés mais aussi bon nombre d’explosions et effets en tout genre, on peut tout naturellement se poser la question de savoir quel type de configuration il faut absolument posséder pour faire tourner la bête. Basé sur le moteur de Quake III et celui de Wolfenstein, upgradé à l’occasion, le jeu tournera parfaitement sur les configurations standards tout en conservant une fluidité exemplaire. Graphiquement, Call of Duty ne sera pas le FPS révolutionnaire mais les textures sont néanmoins très réussies et les visages des différents personnages traduisent des expressions souvent réalistes. Les éclairages dynamiques et les explosions spectaculaires ajoutent un peu plus de crédit à ce magnifique festival de pixels. L’IA, quant à elle, se montre assez performante avec des coéquipiers qui attaquent à plusieurs. Sur certaines missions délicates, il est même préférable de les laisser vous devancer. On peut notamment voir les soldats sauter par-dessus des barrières, se mettre à ramper, sauter par les fenêtres, couvrir leurs alliés et aussi se replier quand le nombre d’ennemis devient trop important. Côté armement, on aura le droit aux différentes armes de l’époque et vous ne pourrez transporter que trois gros calibres sans compter le simple gun et les grenades. Inutile donc de vous rappeler que le sniper est préférable dans les espaces vastes et ouverts à la mitrailleuse lourde et beaucoup moins précise. Les nombreuses armes étant réalistes, ne vous attendez pas à bourriner comme un sauvage, les armes ont une cadence de tirs plutôt lente et les munitions sont limités voire précieuses. Toutefois, sachez que vous pourrez récupérer les armes de vos ennemis si vous vous retrouvez à court de munitions. Plutôt pratique. Les missions sont nombreuses et vous feront voir du pays. De la Normandie à Berlin en passant par une mission d’infiltration dans un navire allemand ou encore le pilotage d’un tank dans les plaines enneigées d’Allemagne, vous sortirez dépaysés de cette expérience unique.
Jouissance éphémère
On en parlait un peu plus haut, la bande son a, elle aussi, bénéficié d’un soin tout particulier avec des thèmes patriotiques, héroïques et de bravoure qui accompagne merveilleusement bien l’action. Mention spéciale pour la scène de protection d’un pont par les Britanniques où il vous faut tenir cinq bonnes minutes avant que les renforts n’arrivent. Les 45 dernières secondes sont intensives avec la mise en route d’une musique nous donnant l’impression que la fin est proche mais que nous tenons quoi qu’il arrive aux attaques diluviennes des Allemands. Unique ! Reste maintenant l’épineuse question de la durée de vie. Infinity Ward nous promettait 30 heures de jeu ! Difficile à croire pour un soft de ce genre d’autant plus qu’aucun FPS n’a jamais proposé une durée de vie équivalente. Seuls les RPG peuvent se permettent d’offrir ce nombre d’heures de jeu mais certainement pas un FPS. Cela tiendrait du miracle. Toujours est-il qu’il vous faudra une petite dizaine d’heures pour en voir le bout en prenant votre temps, ce qui vous permettra de profiter pleinement de ce hit en puissance. Quant aux modes multijoueur, ils restent très classiques avec les traditionnels "Deathmatch", "Team Deathmatch" et d’autres modes comme "Extraction" qui consiste à récupérer des objets précis dans le camp adverse ou bien encore le mode "Search & Destroy". Il vous sera bien entendu possible de choisir votre camp parmi ceux proposés. De quoi satisfaire tout le monde..