Test Breath of Fire III

Si l’excellent Tales of Eternia avait la garantie d’être plus ou moins inédit car jamais sorti en Europe, il n’en va pas de même pour ce Breath of Fire 3, que les amateurs de RPG ont pu découvrir (mal) traduit en français à la fin des années 90, dissimulé sous une des plus vilaines illustrations de jaquette que l’Occidental ait jamais conçue. Mais si le magnifique artwork qui orne désormais cette version PSP est du plus bel effet, le contenu réserve plus de mauvaises surprises que de bonnes.

BoF bof

Le duel Tales of Eternia contre Breath of Fire 3 n’était-il pas en réalité joué d’avance ? Si la discrète saga des Breath of Fire, laquelle aura généré paisiblement cinq opus en quinze ans, est complètement reconnue dans le cercle des jeux de rôle à l’ancienne, les choses commencent mal pour ce portage pur et simple quand on sait qu’il était, en son temps déjà (1997), volontiers considéré par beaucoup comme usagé et laborieux. Huit années et aucune retouche plus tard, forcément, le couperet devait tomber.

Que Breath of Fire III soit archaïque dans sa réalisation n’est pas un problème. La vue isométrique à son charme, permet de dissimuler des objets afin d’obliger le joueur à examiner les angles morts en manipulant la caméra, et surtout les sprites des protagonistes sont carrément mignons et attachants. Du jeune Ryu hésitant qui dresse une épée de façon peu académique avant d’asséner un coup maladroit sans même regarder devant lui, à Nina la petite princesse espiègle qui secoue vigoureusement ses cheveux en nouant son ruban, les animations de nos compagnons de pixels contribuent à un capital sympathie dont ne jouis cependant pas le reste de la réalisation.

Que Breath of Fire III soit un jeu de rôle classique dans son déroulement n’est pas un problème. Son ergonomie ne souffre pas de grosses carences, même si l’absence de sauvegarde permanente se paye parfois cher dans certains donjons où les concepteurs ont oublié nonchalamment d’en déposer un avant un boss, comme le voudrait pourtant la politesse à l’égard du joueur qui aura passé une heure et demi à peaufiner son statut.

Que Breath of Fire III ne propose pas de scénario mémorable n’est pas un problème. Sa richesse intrinsèque, sa durée de vie exemplaire et la pléthore de choses à faire le range dans la catégorie du RPG pur et dur, ultra-consistant mais dénué de grandes emphases narratives, aussi l’aventure met un certain temps avant de s’envoler.

Hot classical old school burning RPG

En substance, Breath of Fire III aurait pu être un RPG tout ce qu’il y a de plus intéressant et jouable pour un joueur actuel. Mais quelque chose aura rapidement raison des plus motivés. La non-optimisation totale du portage de Capcom s’en ressent terriblement dès les touts premiers combats. Concrètement, Breath of Fire III manque cruellement de dynamisme, la faute à une lenteur scandaleuse avant et après chaque combat. Des temps d’accès d’autant plus saugrenus que la phase de combat se confond avec celle de recherche, puisqu’il n’y a pas de transition entre les deux. Sur ce plan là, et malheureusement pour lui, le pachydermique Breath of Fire III est à l’opposé total du véloce Tales of Eternia dont les combats, très nombreux également, s’enchaînaient justement avec une fluidité et une rapidité appréciable. Loin de n’être qu’un simple détail, la lenteur de ces temps d’accès est une véritable épine infectant le gameplay du jeu, et qui déverse tout son venin face à une montée en puissance anormalement lente. Quelle que soit la puissance des ennemis que vous affrontez, l’expérience délivrée reste chiche, et il en va de même pour les sous, de sorte que l’on conclue le jeu au niveau 40.

Les combats proprement dit ne sont pas à jeter pour autant, reposant sur une base au tour par tour des plus classiques (3 personnages, attaque, défense, magie, soin) ils profitent même de quelques originalités telle la commande examiner, qui permet d’apprendre certaines techniques adverses. L’on doit également citer le principe de filiation maître–élève, grâce auquel vos personnages peuvent devenir les disciples de quelques érudits et découvrir des sorts inédits. L’idée de développer une relation entre un professeur et son apprenti était séduisante, mais dans les faits il suffit de retourner parler au mentor après avoir acquis quelques niveaux. Mais le plus grand atout du système de combat de Breath of Fire repose indéniablement sur les transformations en dragon dont peut profiter Ryu, notre héros aux cheveux bleus. Les mutations s’effectuent après avoir sélectionné une ou plusieurs pierres nommées gênes, et dont la fusion donnera naissance à un des nombreux types de lézards disponibles. Si la consommation de points d’aptitudes s’en ressent fortement dans la peau des dragons les plus puissants, il faut signaler que certains combats contre les boss reposent essentiellement sur les faiblesses élémentaires. Un dragon guerrier de glace, même s’il ne joue que trois tours, pourra facilement blesser un boss de feu à 80%. Il ne faut donc en aucun cas négliger ces transformations, et ne pas oublier de jouer de la caméra pour ne pas passer à côté de gênes qui pourraient s’avérer clés.

Breath of Fire III est plutôt difficile, mais il ne l’est que de par l’absence flagrante d’objets de soins et surtout de régénérateurs de points de compétences, qui auraient permis de progresser en se soignant par la magie, épargnant ainsi des allers-retour jusqu’à la carte du monde, où l’on peut en fait camper à n’importe quel moment pour se remettre à neuf et sauvegarder sa partie auprès d’un relaxant feu de camp autour duquel chacun vaque à ses occupations. Nina, la princesse qui a préféré délaisser ses obligations pour partir à l’aventure, sera de plus en plus attachée au jeune dragon Ryu, l’amnésique de circonstance. Momo la jeune scientifique a rejoint l’équipe dans l’espoir de découvrir des technologies et des formes de vie inédites, un peu comme Peco, sorte d’oignon mutant sur pattes incapable de parler. Deux autres personnages, dont on taira les rôles importants ici, viendront compléter votre équipe de 6. On ne saurait réellement dire si c’est un bon ou un mauvais point, mais Breath of Fire III sur PSP est intégralement en anglais. Entre retoucher l’approximative traduction d’origine et copier-coller la version américaine, la question ne s’est semble-t-il pas vraiment posé chez les éditeurs. Autre petit détail crispant, lors de sa sortie en 2001, Breath of Fire IV était vendu chez nous au prix de 30 €. Est-il logique cinq ans plus tard de devoir en débourser 15 de plus pour se procurer un opus plus ancien ?