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"This project was so fucked up !" admet sans pudeur Harvey Smith avec une sincérité inattendue. Si l’on veut bien croire le producteur de BlackSite sur parole, son titre n’est pas non plus la catastrophe tant annoncée. Au-delà des soucis techniques, BlackSite pêche avant tout par son côté linéaire et monocorde qui ne permet à aucun moment d’être subjugué par l’univers sci-fi du scénario. Archi-classique, il est évident qu’il ne fait pas le poids face aux cadors du moment tels que BioShock, Call of Duty 4 ou bien encore Crysis, pour ne citer qu’eux.
- Certains aliens plutôt imposants
- Quelques affrontements dynamiques
- Quelques décors sympathiques
- Des grosses lacunes techniques
- Ultra classique
- Une aventure monotone
- I.A. faiblarde
- Gestion des coéquipiers anodine
- Les séquences en véhicule sans intérêt
Présenté à la presse lors de son Gamer’s Day qui s’est déroulé à Las Vegas il y a maintenant presque un an, BlackSite est parvenu à s’extirper de sa zone jusqu’alors tenue secrète pour ne pas manquer les réjouissances de fin d’année. Armé d’un potentiel ravageur il y a encore une douzaine de mois, le titre de Midway risque de décevoir tous les adorateurs de Petits Gris, aussi affreux soient-ils.
Pendant ce temps, quelque part à Vera Cruz…
Annoncé de prime abord comme étant la suite (inattendue) de Area 51, un FPS sorti sur PlayStation 2 et Xbox dans l’indifférence la plus totale, BlackSite : Area 51 s’est doucement permis de faire disparaître son suffixe, semble-t-il trop lourd à porter, pour ne garder finalement qu'un titre noble. L’héritage de la honte ? Sans nul doute, même si au final Area 51 était tout de même parvenu à nous surprendre grâce à un gameplay efficace et un scénario digne d’une bonne vieille série Z à prendre au second degré. Pour sa suite, désormais non officielle, les scénaristes ont décidé de garder ce côté un peu kitschouille en reprenant le thème des méchants extra-terrestres envahissant la Terre pour des raisons de commodités certaines. Ces derniers appréciant visiblement les qualités physiques des êtres humains ont décidé de créer des super-soldats organiques à la puissance inégalée. Ceux qui jouent à Quake depuis longtemps seront ravis de retrouver cet univers un peu aliéné, même si dans le fond, le scénario et le background de BlackSite ne servent jamais le jeu à sa juste valeur.
L’histoire débute quelques années plus tôt. Nous sommes en Irak et l’objectif de la mission est de retrouver des armes de destruction massive, elles aussi fictives, dans les bas-fonds des mosquées arabes. C’est en ces lieux saints et cultes que nos soldats américains vont faire une découverte qui risque de chambouler la planète entière. La présence d’un cristal flottant à quelques mètres au-dessus du sol va faire subitement apparaître des nuées de créatures peu communes et visiblement peu enclin à faire la bringue le week-end. Après avoir perdu un camarade en cours de route et être rentré au bercail, c’est dans le désert du Nevada, non loin de la fameuse zone 51 que notre périple continue. Une petite astuce de la part des concepteurs qui en choisissant le Moyen-Orient et le désert américain permettent de conserver une certaine cohérence dans les environnements, très arides et désertiques.
Génétiquement modifié
Il est regrettable en revanche que ce moment de génie n’est pas éclairé ces développeurs acharnés en ce qui concerne le reste du jeu. Pourtant, avec la présence de Harvey Smith, ancien collaborateur de Warren Spector sur Deus Ex, BlackSite affichait un curriculum vitae solide, même si au final son rôle au sein de la production de Deus Ex n’était que mineur. Toujours est-il que sa présence dans les crédits était un argument marketing de poids pour promouvoir les qualités intrinsèques de BlackSite, désormais anéantis par le post-mortem fait par Smith lui-même il y a tout juste quelques heures. Il est vrai que du côté de la réalisation, BlackSite est loin de faire l’unanimité. Si dans l’ensemble, le titre de Midway offre des environnements vastes et plutôt sympathiques, ils sont lourdement plombés par des carences techniques qui témoignent d’un manque certain de finition. En effet, en sus de textures souvent floues, de décors aux formes géométriques, d’un aliasing très prononcée (surtout au niveau des ombres) et d’un abus total de bump-mapping, BlackSite excelle en ce qui concerne le pop-up. Pendant les séquences à bord de véhicules, la ligne médiane de la route apparaît de manière continue et systématique si bien que c’est ce bug graphique qui ne fait qu’attirer notre attention, au détriment d’une action certes monotone. Pire encore, certains ennemis ont la fâcheuse tendance de respawner en plein affrontement, ce qui en 2007, fait vraiment tâche face à la lourde concurrence qui n’a pas l’habitude de faire des cadeaux. Seulement voilà, les tares sont loin de s’arrêter en si bon chemin, puisque l’intelligence artificielle est elle aussi plombée par un manque de travail rigoureux. Rares sont donc les moments où vous verrez les aliens détalés face à vos tirs nourris, préférant nous foncer dessus tel un taureau enragé. Histoire de compenser ce laxisme dans leur réactivité, les développeurs ont augmenté leur force de frappe, si bien que ces derniers visent souvent bien et ce, même à plusieurs dizaines de mètres de loin. L’effet Call of Duty ? Assurément.