Test Bayonetta & Vanquish Remastered : un bundle épileptique diablement réussi !
17 20
Même dix ans plus tard, force est de constater que Bayonetta comme Vanquish n’ont pas vraiment vieilli. Le premier reste un beat them all à la profondeur de jeu épatante et à la mise en scène délibérée ; le second un TPS complètement débridé au gameplay ultra-nerveux et au talent indéniable. Bien sûr, les œuvres de PlatinumGames ne sont pas parfaites – l’écriture pèche par exemple grandement et la mise en scène too-much peut en rebuter certains – mais là n’est pas l’intérêt : nous avons là deux expériences vidéoludiques à l’efficacité plus que garantie et dont la résolution en 4K et l’affichage en 60FPS assurent une action délibérément moderne. Qui plus est, il s’agit bien du seul moyen de profiter de Bayonetta en dehors de son actuelle exclusivité chez Nintendo et ça… ça n’a pas de prix.
- Le 60 FPS, plus que recommandé pour ce genre de jeux
- Graphiquement, les jeux ont plutôt bien vieilli
- Bayonetta, toujours aussi puissant et précis dans son gameplay
- Vanquish n'a pas perdu de sa nervosité
- Un lissage en 4K efficace
- Des histoires et une écriture qui laissent vraiment à désirer
- Le côté excentrique fatiguant par moment
Parmi les nombreuses productions du talentueux studio PlatinumGames, Bayonetta et Vanquish font indéniablement partie des plus renommées. À vrai dire, cette année 2010, qui aura vu les deux jeux sortir à quelques mois d’intervalle, a fait office de véritable tremplin pour la firme nippone qui se devait de célébrer leur première décennie d’existence : voici donc un bundle anniversaire dédié à la PS4 et la Xbox One, 4K et 60fps à l’appui, pour ces deux monstres du jeu d’action. Accrochez-vous, affûtez vos nerfs et prenez vos calmants.
Hideki Kamiya, cofondateur de PlatinumGames, n’est pas un illustre inconnu, loin de là. L’homme a déjà pondu quelques titres plus que notables dont Resident Evil 2 et le premier Devil May Cry : pas de doute, le producteur a le sens du style et Bayonetta fut pour lui l’occasion d’exacerber le genre sur toutes ses facettes. Pur beat them all en 3D reprenant les schémas classiques du milieu – une structure linéaire ponctuée d’arènes fermées et de boss prêts à en découdre – cette première aventure de la franchise en avait marqué plus d’un, et à juste titre : c’était tout bonnement ébouriffant et merveilleusement jouissif. Dix ans plus tard, les choses n’ont pas beaucoup changé.
COMPLET BAYO SAMURAÏ
On incarne donc Bayonetta, Sorcière de l’Umbra en quête de vérité sur son identité. Là où Dante se chargeait de terrasser les démons, les ennemis principaux sont ici des Anges, classifiés dans un bestiaire ultra-dense aux multiples spécificités. À vrai dire, le comparatif avec Devil May Cry pourrait s’établir sur de longs paragraphes, tant au niveau du background que de certains chara designs, ou évidemment du gameplay et autres clins d’œil innombrables qui rappellent le CV bien étoffé du Japonais. Si les deux franchises sont souvent comparées, c’est pour une bonne raison puisqu’il s’agit de deux mastodontes indétrônables du beat them all : encore aujourd’hui, ce premier Bayonetta est une petite perle d’intensité, à la jouabilité profonde et à la nervosité constante dont l’exigence requiert compétence et sang-froid.
Par-dessus-tout, Bayonetta, c’est l’art de mettre en scène des situations complètement abracadabrantesques en temps-réel, des affrontements déments face à des boss démesurés, sans temps mort. L’aventure se plait aussi à varier ses phases de jeu en allant explorer le genre du shoot them up et autres styles arcades nippon : c’est complètement too-much – voire même un peu trop par moment – et extrêmement ancré dans la culture locale, au risque de repousser les plus terre-à-terre. Au final, si la rejouabilité est excellente et que la maîtrise du gameplay peut toujours être approfondie, seul le scénario s’avère particulièrement fragile : trop excentrique dans son écriture et s’appuyant sur de nombreux diaporamas en guise de cinématiques, difficile de prendre la trame au sérieux et même de la suivre assidument. Heureusement, pour un jeu de 2009, la réalisation graphique est très correcte et, surtout, sublimée par la 4K et le 60fps. Quand on connait le framerate lamentable auquel avait droit la PS3 à l’époque (la Xbox 360 s’en sortait mieux), ce portage est une véritable aubaine et aussi la seule occasion de disposer, en 2020, de la franchise Bayonetta ailleurs que sur Switch. Pas de doute, Nintendo a fait un excellent move négociant l’exclusivité de Bayonetta 2 et 3, au détriment des plateformes de Sony et Microsoft qui ont perdu là un excellent poulain.
VANQUISH LORRAINE
Vanquish, quant à lui, s’avérait une incroyable expérience TPS absolument survoltée par le grand Shinji Mikami. Difficile de décrire l’agitation qui émanait de ce périple futuriste prenant place dans la cité spatiale américaine de Providence, refuge d’une humanité en pleine crise des ressources et attaqué par des Russes peu commodes. Qu’on se le dise : à l’instar de Bayonetta, l’histoire de Vanquish et ses rudiments sont incroyablement clichés, aux accents grossiers et aux tournures prévisibles… mais là n’est pas vraiment l’intérêt. Son ambiance robotique reste, encore aujourd’hui, particulièrement savoureuse et vient servir un gameplay au rythme incessant – une véritable ode à l’épilepsie et au scoring, courte de six ou sept heures mais à la replay value indéniable. Manette en main, Vanquish relève de l’explosion sensationnelle, une petite bombe électrique aux mécaniques parfaitement huilées et qui ne sont pas prêtes de vieillir.
Pas de doute, Nintendo a fait un excellent move négociant l’exclusivité de Bayonetta 2 et 3, au détriment des plateformes de Sony et Microsoft qui ont perdu là un excellent poulain.
En soi, c’est un peu l’alter-ego en shooter à la troisième personne de Bayonetta, usant de mécaniques de slow motion bien pensées et d’ennemis aux dimensions gargantuesques qu’il faudra défaire au milieu d’une pluie d’attaques et d’explosions. Cette fournée en soixante images par seconde et à la résolution démultipliée est évidemment un petit bonheur, d’autant plus que l’action s’épaule de nombreux effets de particules alors parfaitement gérés techniquement. Attention cependant, Vanquish pourra paraître léger aux non aficionados de scoring : il faudra donc refaire le jeu, en explorer les difficultés et les moindres subtilités pour l’apprécier complètement. Mais entre nous, le titre reste une valeur sûre.