Test également disponible sur : X360

Test Battlestations : Pacific sur X360

Test Battlestations : Pacific
Les Notes
note Battlestations : Pacific 12 20 note multi-utilisateurs Battlestations : Pacific 5 5

Le studio hongrois d'Eidos ne démérite pas avec ce Battlestations : Pacific extrêmement complet et qui corrige certains des défauts qui plombaient son prédécesseur. L’effort est toutefois insuffisant pour faire décoller ce curieux mélange entre stratégie et action, tactiquement extrêmement intéressant mais également bien laborieux. Pas vraiment attrayant, avec son interface incommode et son esthétique sobre à l’excès, cette expédition minutieuse du côté du Pacifique Sud se déroule à un rythme trop nonchalant en solo. Malgré la vaste gamme d’unités différentes, et les effectifs parfois considérables de bâtiments et de chasseurs engagés, la campagne est avare de missions épiques, et le sentiment ressenti lors du bombardement virtuel d’un verrou défensif est parfois à la hauteur de l’exaltation éprouvée à acheter un carnet de timbres dans la vie réelle. Le jeu prend toutefois une altitude considérable en multi. Les modes proposés ne sont pas d’une originalité débordante, mais l’action est singulièrement accélérée sans que la profondeur stratégique n’en pâtisse. La surprenante série semble dans tous les cas sur la bonne voie. Gageons que, si elle voit le jour, sa troisième itération sera la bonne.


Les plus
  • Mécanique de jeu originale
  • Une armada d'unités
  • Profondeur tactique
  • Vastes terrain de jeu
  • Multi vraiment réussi
Les moins
  • Prise en main laborieuse
  • Carte stratégiques incommode
  • Campagne ennuyeuse
  • Esthétique terne


Le Test

Anomalie dans l’armada de titres dédiés à la Seconde Guerre Mondiale, Battlestations : Midway est parvenu, contre toute attente, à se faire une place sous le feu de l’ennemi. Incapable de trancher entre stratégie et arcade, simulation de vol et bataille navale, la création du plus discret des studios internes d’Eidos se traînait pourtant comme un rafiot en panne, dont elle possédait qui plus est l’esthétique. Persévérante, l’équipe hongroise a étudié les critiques qui se sont abattus en piqué sur son rejeton et a tenu à corriger le tir avec un second opus plus complet, plus vaste, et toujours singulier.


L’énorme avantage – certains pourront néanmoins y voir un inconvénient – de la Seconde Guerre mondiale, c’est qu’elle fut justement mondiale. Quelques extrémistes semblent prêts à sillonner indéfiniment le bocage normand ou la plaine russe, virtuellement reconstitués dans des centaines de produits différents, mais pourquoi ne s’intéresser qu’à la petite et vieille Europe quand le conflit a également dévasté les antipodes, où les assauts combinés meurtriers se sont multipliés ? Conscients du problème, certains studios ont cédé aux sirènes de l’océan, notamment Eidos Studios Hungary qui n’a de cesse de faire tonner les canons des destroyers sur les flots du mal-nommé Pacifique.

Ah, l’océan ! 

Pear Harbor, Midway, Guadalcanal, il est parfois tentant de résumer le conflit Pacifique à quelques épisodes-clés, et d’omettre les mois d’escarmouches et de batailles usantes qui ont teinté de sang le plus grand océan de la planète. Sans négliger les assauts qui ont changé le monde – la campagne s’ouvre d’ailleurs sur la charge nippone contre la base américaine chère à Michael Bay – Battlestations : Pacific offre toute une série de missions moins épiques mais non moins décisives, dont certaines vous permettront tout simplement de modifier le cours de la guerre. Le jeu vous autorise en effet à contrôler, durant deux campagnes distinctes, les Etats-Unis et le Japon, votre implication aux côtés de l’Empire du soleil levant pouvant lui éviter bien des échecs. On se plaira d’ailleurs, sans pour autant regretter la tournure historique des événements, à faire pencher la balance en faveur du perdant, et à découvrir comment les développeurs ont envisagé les aventures d’un Amiral Yamamoto victorieux à Midway. La réussite n’est pourtant pas à la portée des marins d’eau douce. A l’instar de son prédécesseur, cet épisode est en effet une bonne grosse machine à vapeur, dont la maîtrise requiert doigté et patience. Ce n’est pas tant la complexité des commandes – pas instinctives pour autant – qui vous perdra que le nombre de paramètres à prendre en compte et la myriade d’unités à gérer simultanément. Plus ou moins amiral, vous vous retrouvez à la tête d’une flotte de taille variable. Stratégie aéronavale oblige, vos rangées de croiseurs sont parfois assistées de quelques escadrilles de coucous d’époque, dont certaines s’élanceront, toujours sous votre commandement, depuis le pont des porte-avions engagés. Dans un jeu de stratégie classique, tout serait très simple : en vue du dessus, vous formeriez quelques groupes, cliqueriez à droite et à gauche sur une carte, amasseriez ou non des ressources, et terrasseriez l’adversaire en quelques minutes. Mais ici, point de lasso à la souris, et encore moins au stick analogique, ni de production d’unités à la chaîne. Très orienté action, le jeu vous invite à plonger au cœur de la bataille en prenant le contrôle direct d’une unité, qu’il s’agisse d’un chasseur, d’un navire ou d’un sous-marin. La prise en main est à peu près identique – contrôle de la puissance et du déplacement latéral avec le stick gauche, de l’altitude et de la caméra avec le stick droit, gâchettes pour gérer l’armement et tirer – mais tient compte des spécificités de chaque engin. Les unités marines, qui sont indépendantes les unes des autres pourront être réparées en passant par un menu spécifique accessible via le bouton X, touche qui, utilisée aux commandes d’un avion, permet d’ouvrir l’interface d’ordres de l’escadrille (3 unités indissociables), d’en régler l’agressivité et d’en terminer la prochaine cible.

Couler des porte-avions

Pourquoi désigner la cible d’un groupe dont vous avez le contrôle direct ? Justement parce que vous pouvez passer d’une unité à l’autre quand bon vous semble, et laisser l’IA prendre le relai. Il vous est même possible de tout déléguer. En appuyant sur Select, vous ouvrez une carte d’état-major sur laquelle apparaissent toutes vos troupes ainsi que les cohortes ennemies situées dans votre champ de vision. Depuis cette interface, vous pouvez ordonner à chacun de se déplacer ou d’attaquer, et attendre tranquillement que les choses se passent, comme dans un RTS, oui, mais la lisibilité et l’accessibilité en moins. Une telle stratégie vous conduira de plus à la défaite. L’ordinateur ne se débrouille pas trop mal, mais lorsque l’équilibre des forces ne joue pas en votre faveur, seule le génie et la témérité inhérents au genre humain vous permettront de vous en sortir. Pour vous simplifier la tâche, les commandes des unités que vous contrôlez directement peuvent être partiellement automatisées. Par exemple, à la barre d’un croiseur, en plaçant votre curseur de visée sur une unité ennemie, vos batteries arroseront la cible sans que vous ayez besoin de mitrailler la gâchette droite. Ces petits raccourcis simplifient la vie… mais pas encore suffisamment. Battlestations Pacific se révèle assez barbant à manier, tant à cause du comportement par défaut de l’ordinateur que de l’inertie, certes réaliste, des bâtiments de guerre, mais également en raison de l’interface assez lourdingue, qui conduit le joueur à s’emmêler les porte-avions plus souvent que de raison.

Depuis cette interface, vous pouvez ordonner à chacun de se déplacer ou d’attaquer, et attendre tranquillement que les choses se passent, comme dans un RTS, oui, mais la lisibilité et l’accessibilité en moins."

La profondeur tactique du produit est absolument indéniable, et la taille des cartes permet de développer des approches différentes d’une session à l’autre, mais la guerre aéronavale n’est pas toujours palpitante et certaines missions en pleine mer manquent particulièrement de rebondissements. Vous vous retrouverez donc régulièrement à sillonner les flots sur la piste des titans métalliques adverses durant de longues minutes… avant de tenter de vous replier pendant d’autres longues minutes, le  temps d’effectuer des réparations sur votre flotte. Même les séquences d’invasion d’îlots exotiques tournent court tant la narration, la musique et la mise en scène générale manquent de pêche. Le grondement de l’artillerie aura beau faire trembler vos murs, le sentiment de vous trouver au cœur de la bataille sera dissipé à l’écoute des doublages très inégaux et souvent trop caricaturaux (certains Japonais parlent avec un accent asiatique très prononcé, d’autres non, si bien qu’il n’est pas toujours simple de savoir qui s’adresse à qui). L’immersion est d’autant plus délicate que la réalisation graphique du jeu n’a rien de spectaculaire. Le rendu des fumées et des nuages est décent, mais les différentes unités manquent de détails, la destruction de vos monstres marins ne s’accompagnent pas d’effets particulièrement spectaculaires et le rendu de l’eau n’est pas extraordinaire. L’océan se révèle par ailleurs un peu trop calme, et quelques bonnes grosses tempêtes capables de faire trembler la carcasse de vos mastodontes n’auraient pas été malvenues. Ces défauts techniques sont toutefois rapidement oubliés dès que vous voguez en multijoueur, les options proposées modifiant considérablement l’expérience de jeu. Les cinq modes ne vous permettent pas tous de boucler des parties en 5 minutes, mais le challenge est autrement plus intéressant alors que rythme gagne en intensité. Malgré quelques déséquilibres, les têtes brûlées en lice auront tout loisir de s’amuser, surtout si elles parviennent à exploiter pleinement les fonctionnalités de l’armada mise à leur disposition. Les deux camps offrent au total une belle centaine d’engins de mort, dont les caractéristiques ne diffèrent pas systématiquement mais qui sont tous chargés du poids de l’Histoire. Un détail qui, pour les guerriers las des Panzers et autres Sherman, vaut son pesant de douilles.




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Florian Viel

le vendredi 17 juillet 2009, 8:51




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