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- Une bande-son décoiffante
- Des batailles et des situations épiques
- Enfin autre chose que le front allemand
- L’ajout d’un squad
- La présence du médécin
- L’effet couloir perceptible
- Des scripts pas toujours intelligents
- Une trop grande difficulté qui hache le jeu
- Temps de chargement longs et fréquents
- Moteur 3D gourmand
Après nous avoir fait visiter en long et large nos propres contrées et ceux de nos voisins européens, Electronic Arts se décide à nous changer du sempiternel ennemi à croix de fer pour nous faire casser du samouraï en herbe. Attention cependant, que ceux qui pensent voir ici une simple adaptation du titre console Medal of Honor : Soleil Levant se rassurent, le titre ici présent n’en reprend que le contenant mais pas le contenu. Et c’est tant mieux !
Quoi de neuf à l’ouest de l’oncle Sam ?
Exit le cadre urbain des conflits européens. Ici, c’est la mer, la plage, la jungle, les moustiques, le paludisme et la tourista… Bref presque de quoi passer des vacances idéales sauf qu’apparemment une bande d’asiatiques ont décidé qu’on était de trop sur ces morceaux de plages paradisiaques et veulent nous expédier (nous autres, gentils petits américains) manu militari ad padres. D’ailleurs tout commençait bien à Hawaï, on retrouve notre jeune avatar en pleine visite de la base de Pearl Harbor le 7 décembre 1941 quand soudain, des zéros (les chasseurs à hélice japonais de l’époque) surgissent de nulle part et commencent le bombardement. Inutile de vous dire que tout le monde ayant été pris de court, le massacre est intense. Au milieu de cette fourberie sans nom (enfin apparemment de plus en plus de documents tendent à prouver que l’état major américain était au courant d’une attaque imminente et l’auraient laissé se produire, se servant ainsi du sentiment de trahison et d’agression pour convaincre son Sénat et ses concitoyens de partir en guerre. C’est d’ailleurs dans cette même hypothèse que bizarrement, tous les plus beaux fleurons des navires américains et notamment des porte-avions étaient de sortie ce jour là. Mais reprenons là où nous en étions), notre héros doit zigzaguer entre les tirs ennemis puis prendre les commandes de différentes tourelles de tir pour abattre un maximum de zéros dans des séquences variées : protéger sa propre peau, défendre un navire à la bannière étoilée (les américains pour les nuls au fond de la classe qui comprennent pas les métaphores), ou encore sauver les membres d’équipage dans un navire sur le point de couler, etc.
Ressortez vos livres d’Histoire !
Bon j’ai été un peu vite ? Un peu confus peut-être ? Peut être que l’envie de déchirer mes cadeaux de noël et de m’empiffrer de foie gras me trouble (et ouais J-2 avant la grande fête). Je reprends. Medal of Honor, c’est avec Call of Duty (des anciens de la série MoH passés chez l’ennemi) l’initiateur d’un genre nouveau rebaptisé : le FPS historique. Quelle est sa recette ? Alors, vous prenez une grosse dinde de 4 à 6 kg, vous la faites cuire à feu doux (thermostat 5), vous… Hum désolé… Je me suis trompé de recette, celle là c’est celle de ma mère pour dans deux jours… La recette du FPS historique : prenez un cadre historique fort, plongez le joueur au cœur de séquences poignantes (des combats clés de l’histoire), une musique symphonique par-dessus ça et enfin des moments qui transcendent le joueur (où l’on a la véritable sensation de jouer un héros). Et là ! Paf ! Vous avez le FPS historique. Alors évidement cette épatante recette comporte quelques lourdeurs. Car pour avoir de l’épique, de l’héroïque, il vous faut scripter pas mal l’action. Certains passages seront donc toujours les mêmes avec des ennemis aux mêmes endroits. Autre point négatif, dans le même souci de l’épique et cie, les passages du jeu sont constitués de couloirs plus ou moins déguisés. Et ça c’est dommage, surtout dans la jungle et dans les îles (là on repense à Far Cry et on pleure…). Y a pas à dire, attaquer un village au cœur de la jungle c’est super mais ne pas avoir le choix de l’angle d’attaque c’est beaucoup moins drôle. Et pour le Level Designer, ça ne l’amuserait pas beaucoup que l’on fasse le tour de sa tourelle de tir placée sur le chemin obligé…
Bon vous avez compris le défaut flagrant du genre et ce titre n’y échappe pas ! C’est super linéaire. Cela dit, des efforts ont été fait sur l’I.A. des ennemis qui n’hésitent pas à se mettre à couvert ou nous placer une grenade bien sentie. On n’atteint pas encore celle de Half-Life mais c’est déjà nettement mieux. Coté historique c’est du tout bon, les plus grandes batailles du Pacifique vous attendent avec Peal Harbor, Guadalcanal ou encore Tarawa (un îlot paumé mais à la porte du Japon). Chaque bataille est réellement impressionnante et l’action y est hyper variée : on passe de la simple mission de défouraillement de Japonais à une mission de reconnaissance, en passant par la prise de points stratégiques. C’est sans compter également les nombreuses situations où l’on va devoir prendre le contrôle d’une arme lourde pour faire mordre la poussière à tous nos assaillants. Les armes lourdes sont extrêmement variées telles que le mortier, la mitrailleuse lourde, le canon anti-char, la DCA et autres pièces d’artillerie. Comme ces armes sont extrêmement puissantes, on se retrouve alors en position où les ennemis fusent de toute part, bref de l’ultra épique intensif. Mention spéciale à une séquence en avion fort réussie où l’on passe du simple rôle de coéquipier dans la tourelle arrière à celui de pilote dans un combat contre des zéros pour ensuite enchaîner avec une destruction de cibles au sol, et surtout un bombardement/torpillage de navires de guerre. Chapeau bas ! Malgré le faible nombre de batailles, elles se découpent néanmoins en plusieurs missions. D’ailleurs, comptez une bonne douzaine d’heures pour finir le jeu.
Au niveau des grosses nouveautés, celles-ci sont au nombre de deux. Plusieurs coéquipiers peuvent désormais vous épauler tout au long de l’aventure et tirent justes (pour une fois). Ce ne sont pas de gros boulets qui vous gêneront bien au contraire. Un système d’ordres basiques est d’ailleurs disponible et peut se révéler plus qu’utile. Notons au passage que pour ne pas devenir gênants, vos frères d’armes sont invulnérables. Ils peuvent être blessés mais se relèvent aussitôt une fois que le médecin est passé (lui aussi se relève mais tout seul). Ce dernier deviendra très vite votre meilleur ami car une simple touche permet de l’appeler pour recevoir des soins illico presto. Evidemment ces interventions sont limitées et il faudra éviter de ne pas trop en abuser. Ensuite si vous tombez au combat et que le médecin est proche, celui-ci vous ramènera à la vie. Un conseil, ne partez pas au front tête baissée, la fleur au fusil, le médecin situé trop loin ne pourra pas vous sauver la mise. Cela m’amène d’ailleurs à vous parler du point le plus négatif du jeu. Si le médecin est une bonne trouvaille, la gestion de la difficulté en est une autre. Si d’habitude dans ce genre de série on campe un héros, cette sensation est hachée par un nombre incalculable de fois où l’on se fait dessouder. Les ennemis sont précis, même de loin et les touches quick save et quick load n’ont jamais été aussi utiles. C’est assez énervant et frustrant, surtout quand le chargement est long… Coté histoire, comme mentionné plus haut, c’est du tout bon puisqu’authentique. Mais la narration mélangeant cinématiques précalculées, temps réel, et images d’archives n’est pas en reste. Le ton sonne très Band of Brothers et l’on suit avec plaisir l’histoire de sa compagnie (qui ressemble étrangement à celle de la Easy Company).
L'enfer du devoir
Les musiques symphoniques, quant à elles, vous prennent vraiment aux tripes et transcendent le joueur lors des passages clés. Les bruitages ne sont pas en reste et se révèlent être efficaces. Entre les balles qui fusent, les Japonais qui hurlent en chargeant, les détonations du pilonnage de l’artillerie ou encore les chasseurs qui passent au ras du sol, on est en plein cœur de l’action. Une médaille sur ce coup là, sans souci. Graphiquement, le moteur a été revu à la hausse et les personnages comme les décors sont vraiment bien modélisés. Certes, on n’atteint pas la qualité d’un Far Cry ou d’un Half-Life 2 (NDMaxime : ni même celle d’un Call of Duty) mais l’ensemble reste relativement joli à regarder. Malheureusement, pour en profiter pleinement, il est nécessaire d’avoir une configuration relativement puissante Ca rame par moments et il ne faut pas hésiter à baisser la résolution graphique pour obtenir un frame-rate décent. Toujours dans un souci de réalisme, repérer ses ennemis en tenue verte/kaki dans une jungle aux mêmes couleurs donnera des sueurs froides à plus d’un (je pense notamment à la mission de nuit en pleine jungle).
Medal of Honor : Batailles du Pacifique n’échappe pas à deux grands défauts récurrents au genre : les couloirs et les scripts. Si ces points vous énervent au plus haut point, vous pouvez rompre sur le champ. Si maintenant la série des Medal of Honor fait partie de vos jeux favoris, foncez ! L’ajout d’une équipe à laquelle on peut donner des ordres et la présence du médecin sont de bonnes trouvailles. Les situations d’engagement intenses et la variété de l’action, vous procureront suffisamment de plaisir pour justifier son achat ! La grosse ombre au tableau se situe au niveau de la difficulté du titre mais aussi du côté des longs et fréquents temps de chargement. Mais quelle claque sinon de voir d’un coup les japonais vous charger à coup de baïonnette alors qu’on tente désespérément de recharger son arme. Dans cette situation, un dernier conseil : un bon vieux coup de crosse en pleine poire. Rompez, et rejoignez vos bataillons, c’est bientôt la perm’ et la satisfaction de se goinfrer à la cantine, une bonne dinde dans l’assiette.