Test art of rally : et si c'était le meilleur jeu de rallye de ces dernières années ?
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Art of rallye est probablement l’un des meilleurs jeu de rallye auquel on ait pu jouer ces dernières années. Loin d’être une simulation de pilotage, sans toutefois donner dans l’arcade, le titre de Funselektor opte pour une troisième voie assez inédite et rafraichissante. Si le jeu nous demande toujours de faire un bon temps, c’est surtout l’expérience de pilotage qui est mise en avant. On ne dispose d’aucun temps intermédiaire en spéciale, et la beauté des trajectoires reste ici au centre d’une expérience clairement atypique. Le jeu intègre un contenu carrément impressionnant, avec de quoi s’occuper pendant de très longues heures. Point d’orgue du titre, sa direction artistique superbe et son ambiance générale séduiront sans problème les novices, tandis que les vrais passionnés de rallye trouveront suffisamment de contenu et de références pour être rassasiés. Plus qu’un jeu, art of rally est une lettre d’amour à cette discipline.
- Contenu pléthorique
- Direction artistique superbe
- Bande originale de qualité
- Clins d'oeil en pagaille
- Garage très fourni
- 20€
- Les spectateurs qui cachent les hinkelsteins en Allemagne
- Pas mal de clipping sur la végétation, surtout au loin
Si le titre art of rally ne vous dit rien, on ne vous en voudra pas. Cette production indépendante est signée par le studio Funselektor, fondé par Dune Casu, un développeur canadien qui s’est fait une petite renommée grâce son premier titre appelé Absolute Drift, et dans lequel on devait maîtriser l’art de la glisse en voiture dans un univers hyper minimaliste et épuré. Grâce aux fonds engrangés avec cette première production, Dune s’est acheté un camion (un Ford Transit couleur camouflage) avec lequel il a parcouru le canada et les États-Unis, et dans lequel il a développé son second jeu : art of rally. Ce titre reprend quelques concepts du premier jeu, dont la vue top down, mais s’éloigne désormais de l’univers japonisant du Touge pour s’aventurer avec un brio incroyable sur les terres plus européennes du championnat du monde des rallyes. Voici notre verdict.
La première chose qui nous frappe lorsqu’on lance art of rally, c’est bien sûr son style graphique inimitable. Avec des formes qui font penser à Firewatch, et des textures simples, le jeu offre une esthétique hyper léchée qui ne manque pas de marquer le joueur. L’ensemble est d’une beauté indéniable, et l’univers très coloré apporte un incroyable supplément d’âme à l’ensemble. Mais n’allez pas croire qu’il s’agit d’une production en pixel art simpliste. Le titre propose des éclairages hallucinants de beauté, dont le rendu est d’ailleurs bien meilleur que ce qu’on a pu voir sur Crysis Remastered (ce qui est un sacré tour de force pour un jeu développé principalement par un seul type dans sa camionnette). Ces jeux de lumière vont non seulement participer à la beauté de l’ensemble en nous laissant piloter au petit matin ou au coucher du soleil, mais également impacter lourdement le gameplay. Lorsque la lumière est rasante, éblouissante, et qu’on arrive à fond de 5 sur une crête, il faudra une sacrée confiance en soi pour ne pas écraser les freins dans un mouvement de panique. Mieux, les spéciales de nuit vont également être magnifiées par les quelques sources lumineuses qui nous permettent de deviner la route, qu’il s’agisse d’un clair de lune, des feux allumés par les spectateurs, où de la grosse rampe d’oscars de notre capot qui illumine violemment les quelques dizaines de mètres devant notre voiture. La meilleure nouvelle dans tout ceci, c’est que malgré son rendu visuel sublime, le jeu tourne sans broncher sur les machines plus modestes. Sur notre PC de test (RTX 2080Ti et 8700K), nous avons pu profiter du jeu en 4K à 130 FPS, ce qui aide à s’en mettre plein les mirettes.
VINTAGE GARAGE
Mais au-delà de sa direction artistique de folie, art of rally peut aussi compter sur un contenu hyper solide. Le jeu propose cinq destinations emblématiques du championnat du monde, ce qui permet de poser les roues sur les trois surfaces officielles, à savoir l’asphalte, la terre et la neige. Le voyage proposé va nous emmener en Finlande, ou les pistes hyper rapides qui bordent les mille lacs sont bordées de sauts monstrueux. En Allemagne, on arpentera la mythique spéciale Arena Panzerplatte et ses routes bordées des terribles hinkelsteins (des plaques de béton armé profondément enterrées, et dont l’utilité première est d’empêcher les tanks de la Bundeswehr de sortir de la route). Le Japon nous proposera ses routes montagneuses hyper escarpées, bordées de cerisiers en fleurs et de toriis. La Sardaigne nous offrira un environnement plus sec et méditerranéen, avec des spéciales qui traversent des villages et leur routes étroites. Enfin, la Norvège nous emmènera sur des lacs gelés, et des routes forestières bordées de grumes. Au total, le jeu offre 60 spéciales, qu’on pourra arpenter au volant de plus de 50 voitures, toutes étant des copies directes des modèles les plus célèbres. Le mode carrière va ainsi nous faire revivre l’histoire du championnat du monde des rallyes depuis sa création dans les années 60, jusqu’aux années 90. Forcément, l’absence de licences a obligé le créateur a utilisé des noms à peine modifiés, mais les amateurs reconnaîtrons sans peine les véhicules. On profitera ainsi de l’Alpine A110, de la Ford Escort, de la Mini, de la Lancia Stratos, et de bien d’autres véhicules mythiques, dont la quasi-totalité des fameuses voitures du groupe B (205 T16, Audi Quattro). Mieux, le développeur a aussi décidé de nous faire vivre une ère de la compétition qui aurait dû avoir lieu, mais qui a été annulée.
NANI ? KANSEI DOURIFTO ?
En 1986, le groupe B a été arrêté à cause de trop nombreux accidents. Les voitures affichaient des puissances de folie (environ 500cv) et un poids plume (moins d’une tonne), ce qui a conduit à plusieurs décès qui ont marqué les esprits. La FIA a donc mis un terme au spectacle, et le rallye est revenu au Groupe A, avec des voitures nettement moins performantes. Mais en 1985, tout allait bien, et le futur de la discipline était alors désigné sous l’appellation groupe S. L’idée était de laisser encore plus de liberté aux constructeurs, avec des voitures encore plus puissantes (700cv et plus), et toujours plus légères (800Kg et moins). Si cette catégorie n’a jamais vu le jour en compétition, tous les grands constructeurs impliqués avaient déjà développé leurs voitures avant l’annulation. Funselektor nous offre donc la possibilité de prendre le volant de toutes ces machines de folie, ce qui nécessite pas mal de dextérité pour pouvoir dompteur leur puissance démoniaque. Enfin, le groupe A est également présent, avec les premières WRC comme la Subaru Impreza et la Mitsubishi Lancer Evolution. Vous l’avez compris, il va y avoir de quoi faire, surtout que chaque voiture dispose de ses livrées officielles d’époque, ce qui ravira les amateurs de la discipline. Mieux, à la fin de chaque spéciale, on s’aperçoit que le classement mentionne des noms bien connus, pour peu qu’on change quelques lettres. Tous les pilotes qui ont fait l’histoire du rallye sont présents, et on a ainsi pu croiser Colin Mc Rae, Carlos Sainz, Ari Vatanen, Michèle Mouton, Hannu Mikkola, Didier Auriol ou encore Sandro Munari. De plus, le développeur étant un grand fan d’ Initial D, on retrouve de nombreux clins d’œil au manga, dont la fameuse Toyota AE86 (qui a réellement servi en rallye), la route du col d’Haruna (Akina dans l’œuvre de Shuichi Shigeno), tandis qu’un pilote s’appelle Takumi Fujowira (le héros étant Takumi Fujiwara).
Oui, nous sommes loin d’une simulation de pilotage, et le jeu de Dune ne viendra pas tailler des croupières à DiRT Rally, ni même à la série WRC de Kylotonn, mais le gameplay reste difficilement critiquable.
C’est une fois sur la piste qu’art of rally prend toute sa substance. Oui, nous sommes loin d’une simulation de pilotage, et le jeu de Dune ne viendra pas tailler des croupières à DiRT Rally, ni même à la série WRC de Kylotonn, mais le gameplay reste difficilement critiquable. Chaque voiture dispose de son propre comportement, et il ne sera pas question de piloter une propulsion comme on gère une voiture avec une transmission intégrale. Mieux, les comportements moteurs sont également reproduits. Une Subaru Impreza disposera de puissance immédiatement, et cette dernière sera très utilisable. À l’inverse, une Groupe S se trainera en bas du compte-tour, avant de devenir un véritable volcan à l’approche de la zone rouge. Sous ses dehors arcade, le jeu est en réalité assez poussé, et il faudra pas mal de doigté avant de pouvoir prétendre à voir son nom s’afficher sur la première page du leaderboard en ligne des meilleurs temps sur chaque spéciale. En effet, pas question de bourriner sur l’accélérateur, sous peine de faire patiner les roues à l’infini. De même, la pluie aura un impact monumental sur l’adhérence des voitures. Or comme dans tout bon jeu de rallye, l’objectif sera avant tout de reste sur la route, sous peine de bousiller votre véhicule, et de ne plus avoir assez de temps pour le réparer entre deux spéciales. Ceci dit, le jeu est nettement plus abordable qu’un jeu de rallye classique. De très nombreuses aides au pilotage sont disponibles, et on pourra ainsi gérer le niveau du contrôle de traction, de l’ABS, et même jouer sur la sévérité des dégâts. Le titre reste d’autant plus simple qu’on en dispose d’aucun réglage mécanique, tandis qu’il n’y a pas de copilote non plus, la caméra étant assez éloignée de la voiture pour nous permettre de voir la route loin devant.
FUNK SELECTOR
Cette dernière est d’ailleurs assez bien fichue, puisqu’on peut varier entre différents éloignements, et si vous n’êtes pas satisfaits, il toujours possible de l’orienter en utilisant le stick droit. Dans le cas où un obstacle se trouve entre la caméra et notre voiture, ce dernier deviendra immédiatement transparent, afin qu’on ne perde jamais notre bolide des yeux. Cette façon de faire est réellement ingénieuse, et relativement inédite dans le jeu vidéo. On ne peut pas parler sport mécanique sans évoquer le son. Sur ce point, sachez que Funselektor a fait le boulot avec brio. Chaque voiture dispose de sa propre signature auditive en fonction de son moteur. Les spécialistes reconnaîtront immédiatement le bruit caractéristique du 5 cylindres Audi, ou du tri-rotor de chez Mazda. À mesure que la carrière avance, et que les années passent, l’avènement du turbo amènera son lot de bruits caractéristiques, du sifflement de la montée en pression au son caractéristique de la soupape de décharge. De même, les voitures des années 90 qui sont équipées du système anti-lag émettront de nombreuses déflagrations. Si vous n’êtes pas un fan de bruits de moteurs, sachez également que la bande originale du jeu a été particulièrement soignée, avec des thèmes électro qui tirent vers la synthwave, et qui habillent particulièrement bien l’action à l’écran. Là encore, certains titres sont des hommages directs, comme ce morceau d’eurobeat qui nous ramène clairement à l’animé Initial D. En ce qui concerne la durée de vie, la carrière nous a pris près d’une vingtaine d’heures, sachant que d’autres modes de jeu sont disponibles, dont des épreuves à la carte, des défis temporaires, un mode en ligne, et même un mode libre où l’on peut explorer les 5 destinations du jeu. Ce dernier offre de petits challenges directement inspirés par la série Tony Hawk, puisqu’il faudra récupérer les lettres R-A-L-L-Y, trouver les cassettes audio cachées, et même dénicher le fameux Ford Transit de Dune Casu qui est garé quelque part. Tout ceci permet de débloquer un peu de contenu supplémentaire, dont des livrées ou encore des morceaux de musique. De bons résultats dans la carrière permettront pour leur part de débloquer de nouveaux véhicules, dont un camion de course Kamaz du Paris-Dakar, un Piaggio Ape et bien d’autres.