14 20
Jeu culte s’il en est, Another World s’offre une petite cure de jouvence sobre mais qui lui permet de conserver son cachet d’antan. Si cette édition anniversaire intéressera les joueurs nostalgiques, trentenaires et plus, elle aura peut-être du mal à convaincre la nouvelle génération de joueurs, pas habituée à une difficulté aussi rédhibitoire. Toutefois, à moins de 10 €, rien de les empêche de s’y essayer. N’est-ce point ?
- Lifting léger mais réussi
- Un véritable hommage
- Un cachet unique
- Vendu moins de 10 €
- Les bonus supplémentaires
- Une difficulté parfois rédhibitoire
- Le manque d'environnements
- Finalement assez court
Il y a des jeux qui marquent leur époque d’une encre indélébile, qui restent gravés à jamais dans la mémoire collective. On appelle ça des jeux cultes, qu’ils aient cartonné ou pas au box office. En 1991, alors que la 3D n’en était qu’à ses balbutiements, deux hommes réussissaient le tour de force d’imposer leur jeu avec les moyens du bord, c’est à dire deux francs six sous. Quinze ans après la sortie très remarquée d’Another World, Eric Chahi est à nouveau catapulté sur le devant de la scène grâce à la réédition de ce qui était considéré à l’époque comme une révolution technologique. Et malgré le poids des années, Another World conserve son charme d’antan.
Il y a quinze ans, un jeu vidéo pouvait se réaliser à la force et à la volonté d’un seul homme. Programmeur, graphiste et concepteur, Eric Chahi donnait naissance à Another World, jeu culte s’il en est, avec l’aide de Jean-François Feitas, responsable des musiques abyssales de ce soft. Depuis, les choses ont changé, évolué. Devenue une industrie de masse et lucrative, le jeu vidéo est parvenu en l’espace d’une quinzaine d’années à dépasser le cinéma en matière de chiffre d’affaire. Avec l’arrivée des nouvelles techniques, la production et le développement d’un jeu demandent désormais de grands moyens pour obtenir un résultat digne de ce nom. Pour autant, malgré un développement on ne peut plus modeste, Another World possède incontestablement l’aura des grands. Et son scénario, au niveau de lecture multiple, fait indéniablement partie des plus grand atouts du titre d’Eric Chahi.
L’autre monde
L’histoire d'Another World est pourtant simple. Lester Knight Chaykin, jeune scientifique hors-pair, est sur le point de faire une découverture inédite sur l’accélération des particules. Manque de pot, notre jeune homme va être subitement propulsé dans un autre monde, suite à une expérience qui ne s’est pas déroulée comme il le souhaitait. Quand la foudre s’en mêle… Toujours est-il que Lester va devoir faire face à ce monde hostile auquel il se sent subitement étranger. Où se trouve-t-il ? Quelle est donc cette race de créatures à la civilisation avancée et à la maîtrise technique supérieure aux Humains ? On n’en saura pas plus et c’est cette absence de réponse qui fait partie intégrante du charme qui se dégage d’Another World. Cette redécouverte inespérée du jeu signé Chahi nous permet de constater que les critères de jeu imposés en 1991 n’étaient guère les mêmes. Comme tous les jeux old school de la fin des années 80 et du début des années 90, Another World mise sur la mise à l’épreuve du joueur et de la progression par l’échec. En d'autres termes, il faut perdre et recommancer des passages plusieurs fois, avant de pouvoir progresser. Et à moins de connaître le jeu par cœur et de maîtriser chacun des mouvements de Lester, il sera difficile d’atteindre son but sans jamais perdre une vie. Tout est calibré, millimétré et le moindre faux pas se conclut aussitôt par une mort immédiate. Fort heureusement, un système de sauvegarde par mot de passe permet de reprendre là où l’on s’était arrêté, mais les énigmes parfois complexes rendent le jeu encore plus difficiles à terminer.