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En faisant un bond jusqu'en 2070, la série Anno joue à coup sûr la carte du dépaysement. Mais alors que les développeurs auraient pu utiliser ce prétexte pour nous fournir une simple skin futuriste, ils doublent ce changement graphique d'une bonne dose de nouveautés en matière de gameplay. Les différentes factions ne se jouent pas de manière identique, on peut explorer les fonds sous-marins pour y installer des bâtiments, et la connexion en ligne est utilisée pour faire participer l'ensemble des joueurs à différents votes. De quoi passer une fois de plus des dizaines d'heures en parties continues ou en parties multijoueurs, la campagne solo restant quant à elle perfectible. Si les environnements futuristes sont votre tasse de thé, vous craquerez forcément pour cet Anno-là !
Retrouvez plus bas la suite de notre test de Anno 2070
- Factions bien différenciées
- Utilisation des fonds sous-marins
- Plus riche que jamais
- Plutôt joli
- Univers moins enchanteur
- Campagne solo perfectible
- Présence de clipping
- Les cafouillages de Uplay
Tout a commencé en 1998 avec Anno 1602. Puis vint Anno 1503 en 2003. C'est en 2006 qu'on découvrit Anno 1701. Tandis qu'en 2009 sortait Anno 1404. Sachant que nous sommes en 2011, que la somme des chiffres des années des Anno est toujours égale à 9, et que la série fait toujours un pas en avant puis un pas en arrière, en quelle année se déroule donc le tout nouvel épisode ? Bon, d'accord, vous connaissez déjà la réponse à cause du gros 2070 situé en haut de page. Mais au final, quel est donc l'âge du capitaine ? 17, mon général !
Riche, efficace, addictive et réjouissante, la recette de base qui caractérise les Anno est de retour dans ce nouvel épisode. Concrètement, il s'agit pour le joueur d'utiliser au mieux les ressources naturelles mises à sa disposition sur des îles vierges, pour y établir des colonies sans cesses grandissantes. Si les débuts sont aisés, les choses ont tendance à rapidement se complexifier. Une fois les besoins des premiers colons satisfaits, ils évoluent en une caste supérieure, plus exigeante, qui finit elle-même par muter, et ainsi de suite. Il faut donc ériger toujours plus de bâtiments, développer des technologies plus performantes, partir à la recherche de nouvelles ressources, gérer du mieux possible les impôts, établir des routes commerciales et des traités diplomatiques, combattre les pirates ou les colonisateurs ennemis, et s'occuper de mille petites autres choses encore. Accessible à tous malgré sa grande richesse, le concept pouvait-il être encore amélioré ? C'est en tout cas le pari qu'ont fait les développeurs en nous proposant un épisode supplémentaire. Sa principale spécificité provient naturellement de l'époque choisie. Pour la première fois, la série s'éloigne de l'histoire passée et donne dans la science-fiction. Nous nous retrouvons donc en 2070, après que des bouleversements climatiques aient changé la géographie du monde. En effet, la montée du niveau de la mer a démultiplié le nombre d'îles et d'îlots présents sur la planète. Voilà qui tombe à pic, puisque le jeu utilise justement un gameplay insulaire... Au delà de cette justification scénaristique, l'époque futuriste est surtout l'occasion de dépayser le joueur. Terminés les petits bûcherons courageux, ce sont dorénavant des robots qui tronçonnent les arbres. Dites adieu aux cabanes en bois, et bonjour au béton et aux autres matériaux de construction modernes. Ce ne sont plus des charrettes à bras qui voyagent des lieux de production aux entrepôts, mais des véhicules autonomes, parfois volants. Le changement a du bon mais, globalement, l'univers nous semble tout de même moins enchanteur que celui du Moyen-Age ou de la Renaissance. Il est un peu plus terne, un peu à l'image des préoccupations de l'époque. Il ne s'agit plus vraiment de construire un monde nouveau mais plutôt de gérer les conséquences néfastes de l'activité humaine moderne.
Un Anno pour les gouverner tous
D'ailleurs, les deux principales factions du jeu s'opposent sur la question du développement durable. Le consortium Global Trust tient le rôle des méchants capitalistes. Ils n'ont que faire des préoccupations environnementales et polluent à tout va. Leur bilan écologique est donc mauvais, leur consommation électrique maximum, mais en contrepartie, le rendement de leurs bâtiments de production est excellent. Ce qui leur permet de se développer rapidement, sur des surfaces réduites. A l'inverse, l'organisation verte Eden Initiative a un bon bilan écologique, mais leurs bâtiments de production demandent plus de place. Il faut ajouter à cela la faction annexe du S.A.A.T. qui regroupe des scientifiques purs. Chaque camp dispose de bâtiments et technologies spécifiques, ce qui offre une bonne variété de gameplay. Mieux encore, il est possible de faire cohabiter les différentes factions sur une même île pour une complexité encore accrue. L'autre grande innovation de Anno 2070 provient de la gestion des fonds sous-marins. D'un coup de mollette de souris, on peut désormais plonger la caméra sous le niveau de l'eau. La balade n'a pas qu'un intérêt esthétique puisque des plateaux immergés ne demandent qu'à être découverts. On peut y installer différentes structures (ferme sous-marine pour obtenir des alicaments, extraction de pétrole...), ce qui incite fortement à établir des routes commerciales. Ces dernières se programment d'ailleurs facilement, grâce à une interface globalement très efficace. On tâtonne au début pour identifier et différencier au premier coup d’œil les différentes icônes, mais toutes les actions se réalisent en deux ou trois clics.
L'autre grande innovation de Anno 2070 provient de la gestion des fonds sous-marins. D'un coup de mollette de souris, on peut désormais plonger la caméra sous le niveau de l'eau."
Et puisqu'on aborde la forme du jeu, signalons au passage que l'aspect graphique est très soigné. Les animations sont fluides et détaillées tandis que le moteur 3D affiche de bien belles choses. Seul défaut à souligner : d'occasionnels effets de clipping (changement brusque du niveau de détail de certaines parties du décor) lorsqu'on zoome rapidement. D'autre part, on pourra également regretter les quelques errements de la campagne solo, qui manque de rythme et propose des mini-quêtes pas toujours claires. Pas grave, car un Anno ça se joue surtout en partie continue (sans scénario) ou en multi. Pour le pire comme pour le meilleur, le jeu utilise le système Uplay d'Ubisoft. Lorsque les serveurs ne répondent pas, ce qui arrive régulièrement depuis la sortie, ou que la connexion Internet du joueur manque de stabilité, le jeu passe automatiquement en mode hors-ligne, ce qui le prive de certaines fonctionnalités. Ces dernières sont pourtant intéressantes puisqu'elles demandent à tous les utilisateurs de voter régulièrement pour des élections au Sénat et au Conseil mondial. Selon le candidat retenu, des bonus différents sont appliqués lors des parties. Des "affaires mondiales"sont également prévues à terme, mais la case correspondante reste pour l'heure désespérément grisée. Il devrait s'agit de missions solo communes à tous les joueurs, qui agiront en parallèle pour atteindre un objectif commun. En attendant, on peut déjà profiter des "évènements quotidiens", qui prennent la forme de petites missions à remplir lors de nos parties. Une bonne manière, pour une fois, d'inciter les joueurs à rester perpétuellement connectés. Ce qui n'arrangera pas les dépendants à Internet, car la durée de vie du jeu est énorme. Ce sont des dizaines et des dizaines d'heures de gestion méticuleuse qui vous attendent. Et, croyez-nous, on ne voit pas le temps passer !