13 20
Certes, le thème choisi est original, la plastique aguicheuse et la bande-son entraînante mais Afro Samurai accuse trop d’erreurs de gameplay pour s’imposer comme un beat’em all de haut niveau. Trop mou dans ses combats pour faire de l’ombre à Kratos ou à Dante, notre samouraï noir a du mal aussi à nous tenir en haleine tout au long de l’aventure. La progression, trop prévisible, et l’architecture – peu inspirée – des niveaux démontrent des lacunes de game design assez impardonnables en 2009. Afro Samurai reste néanmoins un sympathique amuse-gueule en attendant Bayonetta et God of War III.
- Chouette réalisation
- L'interface vide de tout superflu
- Bande-son de qualité
- Le choix de la VO sous-titrée
- Doublage réussi
- Gameplay mou du genou
- Aucun impact dans les coups
- Level-design peu inspiré
- Combos assez limités
- Sauts ultra rigides
- Caméra capricieuse
- Bestaire peu varié
- Trop prévisible dans ses mécaniques de jeu
Généralement habitué à nous inonder d’adaptations de Dragon Ball, de Naruto ou bien encore de One Piece, Bandai Namco Games fait aujourd’hui l’effort de renouveler son catalogue en lançant Afro Samurai sur PlayStation 3 et Xbox 360. L’idée n’est peut-être pas totalement inédite (il s’agit à nouveau d’un manga – puis d’un animé – retranscrit sous la forme d’un jeu vidéo), mais le résultat à l’écran s’avère assez démonstratif, mais...
Des histoires de samouraïs, avides de vengeance et cherchant à tout prix la rédemption, il en existe des volumes entiers. En revanche, des histoires de samouraïs arborant une coupe afro, utilisant des téléphones portables et qui ne se séparent jamais de sa cigarette, c’est assez inédit. C’est pourtant le point de départ d’Afro Samurai, un manga créé par Takashi Okazaki et qui raconte comment un jeune garçon, témoin de la mort – violente – de son paternel, va devenir le guerrier le plus respecté du monde entier. Car dans l’univers d’Afro Samurai, il existe deux bandeaux qui régissent la hiérarchie des samouraïs : le bandeau numéro un et le bandeau numéro deux. Si le premier permet d’être intouchable en étant l’égal des Dieux sur Terre, le second en revanche est convoité par tous les guerriers un peu farouches qui voudraient connaître, eux aussi, leur quart d’heure de gloire. C’est à travers cette quête de fierté et cette soif de vengeance que notre héros black va devenir la légende qu’il est aujourd’hui…
What’s up Nigger ?
Comme toute adaptation, le jeu vidéo Afro Samurai reprend les grandes lignes du manga mais surtout du dessin animé qui a fait sensation lors de sa sortie en vidéo il y a deux ans déjà. Découpé en 5 OAV, ce dernier nous raconte donc l’ascension d’Afro Samurai, de sa plus tendre enfance jusqu’au moment où il parvient à éliminer Justice, l’assassin de son père et donc détenteur du bandeau numéro un. Mais avant de pouvoir arriver jusqu’à la montagne où se cache ce cowboy venu des Enfers, il va falloir passer par différentes étapes d’apprentissage. A l’instar du dessin animé, le jeu est composé de plusieurs flashbacks qui nous permettront de mieux comprendre les tenants et aboutissants du scénario, mais aussi d’incarner Afro dans son adolescence. Cependant, qu’il soit juvénile ou qu’il exhibe ses longues pattes, Afro se manie de la même manière. Le sabre dans la main droite et son fourreau dans la main gauche, Afro tranche dans le vif et découpe ses ennemis sans le moindre remord. Comme n’importe quel beat’em all classique, Afro Samurai dispose d’un système de combat basé sur des attaques faibles (X / Carré) et fortes (Y / Triangle), appuyées par la possibilité d’asséner quelques coups de pied bien placés (B / Rond). Bien évidemment, c’est en combinant ces trois touches que le joueur peut s’amuser à enchaîner les combos, lesquels pourront se terminer en beauté par l’utilisation d’un effet Bullet Time en appuyant sur le bouton L1 / LB de la manette. L’écran vire alors au noir et blanc, le temps est ralenti et Afro peut ainsi prendre le temps de couper son adversaire avec une précision chirurgicale. A l’écran, cela se traduit par une ligne (horizontale ou verticale) blanche qui apparaît sur le corps de ses ennemis et indique la coupe qui sera effectuée. Une excellente manière d’achever un adversaire avec une certaine classe et de s’assurer une certaine dose d’hémoglobine. Le titre n’est d’ailleurs pas chiche en liquide sanguin, histoire d’être conforme avec l’œuvre originale.
...l’affichage d’Afro Samurai est vidé de tout artifice qui pourrait nuire à l’immersion du joueur. Pas de barre de santé, ni de jauge de pouvoir et encore moins d’indicateur de high score, toutes les indications sont intégrées de façon subtile dans le jeu."
Mais pour en revenir aux aux finish, sachez que ces derniers restent limités, une petite astuce qui permet d’éviter l’utilisation trop abusive de cette technique. Pas de jauge à remplir pour une fois mais un médaillon qui se met à briller lorsque le feu vert nous est donné. Certains l’auront remarqué en parcourant les screenshots, l’affichage d’Afro Samurai est vidé de tout artifice qui pourrait nuire à l’immersion du joueur. Pas de barre de santé, ni de jauge de pouvoir et encore moins d’indicateur de high score, toutes les indications sont intégrées de façon subtile dans le jeu. De la même manière que n’importe quel FPS des temps modernes, Afro a la faculté d’avoir son énergie vitale qui se régénère automatiquement. Il suffit de rester à l’abri des coups pendant un laps de temps (plus long que n’importe quel autre jeu d’ailleurs) pour que le personnage perde cette aura couleur sang qui apparaît sur lui lorsqu’il s’approche de la mort. D’ailleurs, toujours dans un souci de respect de l’œuvre originale, les développeurs ont opté pour un rendu graphique proche de l’animé. Le cel-shading est donc la technique qui a été utilisée et le résultat se montre incroyablement proche des différents OAV. Afro se montre peu loquace, Ninja Ninja – son ami imaginaire – est intégré au jeu de manière très intelligente (il se charge d’indiquer le chemin au joueur lorsque ce dernier se retrouve perdu) et les différents protagonistes de l’histoire sont bel et bien présents. On regrettera toutefois la liberté que se sont autorités les scénaristes du jeu, en changeant certains détails de l’histoire et en rajoutant quelques lignes de dialogues supplémentaires.
Le dernier samouraï
Si dans la forme, Afro Samurai remplit haut la main son cahier des charges, côté gameplay, on ne peut pas dire qu’il se démarque des autres productions du genre. Face à des mastodontes comme God of War ou Devil May Cry, le titre de Bandai Namco Games a bien du mal à imposer ses règles et surtout sa personnalité. Les combos sont bien là, mais leur nombre étant assez restreint, on fait rapidement le tour de la question. Bien entendu, quelques aptitudes se débloquent au fil de l’aventure, mais la rigidité des sauts, l’absence d’impact dans les attaques et la caméra on ne peut plus capricieuse ternissent aussitôt le tableau. On aurait aimé aussi que la gestion des contres soit plus aboutie et que la parade fonctionne également avec les attaques qui viennent de tous les côtés. Quoi de plus frustrant d’être attaqué par derrière et d’encaisser les coups alors que l’on maintient fermement la garde ? Le bestiaire aurait pu lui aussi se montrer plus varié car le nombre de ninjas ennemis différents se compte sur les doigts d’une seule main. Afro Samurai pêche également au niveau de la progression avec un schéma classique et répétitif au possible qui demande de nettoyer complètement une zone avant de pouvoir accéder à la suivante. Des erreurs de jeunesse, assez rédhibitoires en 2009, surtout quand d’autres titres sont parvenus à insuffler de nouvelles trouvailles. Reste alors la bande-son, captivante il est vrai, grâce au talent de RZA (Ghost Dog, Kill Bill) et à la qualité quasi irréprochable du doublage américain (la VO sous-titrée est imposée est c'est tant mieux !), mais qui ne sera pas suffisante malheureusement pour faire d’Afro Samurai un indispensable du genre. Dommage, car on attendait beaucoup de cette œuvre.