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Quel gâchis ! Voilà en deux mots comment on pourrait résumer notre avis sur 1-2 Switch, un "jeu" qui aurait dû être fourni gratuitement avec la console comme le fut Wii Sports à son époque. Au-delà de cette erreur marketing, Nintendo a aussi fait le choix de la vendre au prix surréaliste de 50€, le tarif proposé pour Zelda Breath of the Wild chez certaines enseignes. Une incompréhension totale de la part de la firme japonaise qui aura du mal aussi à justifier l’intérêt ludique de sa compilation où l’expérience ne dépasse guère les 30 secondes de jeu, surtout en 2017. Et ce n’est pas parce que la cartouche contient 28 mini-jeux que l’on peut se montrer conciliant, car une fois le tri des doublons et des déchets faits, il ne reste au final moins d'une dizaine d’épreuves qui peuvent prêter à sourire. Car en l’état, c’est-à-dire sans aucune goutte d’alcool dans le sang, on ne voit pas comment Nintendo réussira à nous donner envie d'y revenir en dehors des soirées dépraves. On pensait le motion gaming appartenir à une époque révolue, le voici revenu sous sa forme la plus gênante. Drôle de gueule de bois...
- Bonne utilisation des Joy-Con
- Délirant avec 10 grammes d’alcool dans le sang
- 28 mini-jeux au total…
- …mais de nombreux doublons
- Et beaucoup de déchets
- Des expériences qui ne dépassent pas les 30 secondes
- Une fois la curiosité passée, on n’y revient plus
- L’habillage de mauvais goût
- Impossible d’y jouer seul
- Intérêt vidéoludique proche du néant
- Vendu 50€, la bonne blague
- Au secours, le motion gaming est de retour !
Si la galaxie jeu vidéo ne parle que de Zelda Breath of the Wild sur Nintendo Switch, il ne faudrait pas non plus oublier que la console hybride de la firme japonaise propose également d’autres titres dans son line-up de lancement. Certes, le choix est plus que limité, mais il est un autre jeu que Nintendo a largement mis en avant, aussi bien dans ses publicités que ses Power Point, il s’agit de 1-2 Switch, une compilation qui nous rappelle que le motion gaming gesticule encore un peu du fond de son cercueil.
Après l’échec cuisant de la Wii U (un peu plus de 13 millions de ventes dans le monde en cinq ans d’exploitation), il ne fait aucun doute quant au souhait de Nintendo de retrouver le chemin qui mène vers le succès. Ce n’est d’ailleurs pas un hasard si le lancement de la Nintendo Switch s’inspire largement de celui de la Wii, le plus gros succès de la firme de Kyoto, avec plus de 101 millions de consoles vendues à travers le monde. Avec l’aide de Zelda Breath of the Wild comme porte-étendard de la machine (comme le fut Twilight Princess à l’époque, lui aussi commercialisé sur deux consoles Nintendo en même temps), la Switch peut aussi compter sur 1-2 Switch dont le concept n’est pas sans rappeler un certain Wii Sports. Une compilation de mini-jeux ayant pour but de faire rire la famille devant sa console, tel est l’objectif de Nintendo qui remet donc au goût du jour le Motion Gaming, qu’on pensait mort et enterré avec l’arrêt de la production de la Wii. Mais les spectres du passé semblent avoir la peau dure chez Nintendo, qui estime encore que le jeu vidéo peut aussi s’apprécier en gesticulant devant son téléviseur et en regardant son adversaire droit dans les yeux.
LES YEUX DANS LES YEUX
Car fixer du regard Madame et ses amis de passage à la maison qu’on a réquisitionnés pour les besoins du test, c’est en effet le leitmotiv de 1-2 Switch qui se jouerait presque sans écran. Car hormis les tutos vidéo lancés en début de partie, 80% des mini-jeux "s’apprécient" sans avoir besoin de jeter un œil à la tablette ou à l’écran de télévision. L’idée pour Nintendo était de retrouver cet esprit fun et festif similaire aux jeux de société. Et dans les faits, on ne peut nier que les premiers instants passés en compagnie de 1-2 Switch nous ont permis de taper quelques bonnes barres de rire. D’ailleurs, pour tenter de prolonger le plaisir, Nintendo a prévu large. Ce n’est en effet pas moins de 28 mini-jeux qui sont installés sur la cartouche. Un chiffre conséquent certes mais qu’on relativise aussitôt quand on sait que la durée moyenne de ces épreuves n’excède que rarement les 30 secondes de jeu. Oui, 30 secondes, ce n’est ni une blague ni un troll mais bel et bien le temps requis pour certains de ces mini-jeux qui ne demandent d’ailleurs aucun passif dans le jeu vidéo et ne proposent même une once de courbe d’apprentissage. Du non jeu absolu, chose que n’avait même pas osé Wii Sports à sa sortie en 2006. Un choix volontaire de la part de Nintendo, qui doit d’ailleurs assurer à lui seul une telle hérésie. Car les défauts sont loin de s’arrêter en si bon chemin, vous allez voir, c’est rigolo.
Donc 28 épreuves de 30 secondes en moyenne on a dit, mais qu’on peut rapidement diviser par deux si l’on fait fi des doublons et des – pauvres – variantes de gameplay (si on peut parler de gameplay ici), comme Duel au Far West et Imbroglio au Far West, ou bien encore Parade à deux mains ou Duel à l’épée. Et puis, quand il est l’heure de faire le bilan des jeux qui méritent un peu d’attention, le nombre de défis potables chutent encore un peu. Bien évidemment, selon les affinités de chacun et de la façon dont on peut jauger la notion de fun, le choix des bons mini-jeux diffèrent, mais objectivement, il n’y a guère plus de 8 épreuves qui arrivent à s’en sortir honorablement. Voici d’ailleurs la liste des mini-jeux qui ont retenu notre attention :
- Duel au Far West
- Course au drapeau
- Boxe
- Parade à mains nues / Duel à l’épée
- Coffre-fort
- Coffre au trésor
- Gorille
Au-delà de ces épreuves, il n’y a en effet rien à tirer de 1-2 Switch, surtout pas de ces expériences qui frisent le néant vidéoludique (Fais Dodo, Podium, Air Guitar, Duel Magique, Danse Libre), ou celles qui sont hasardeuses (Miam Miam, Rasage à l’aveugle, Traite à la main, Tournez manettes) où l’on peut carrément remettre en question l’efficacité des Joy-Con. En revanche, ce qui peut faire figure d’espoir dans 1-2 Switch, c’est la manière dont les Joy-Con ont été utilisés. A l’horizontale, à la verticale, posées sur la table, fixées à la tablette, placées à 5 cm de la bouche avec le détecteur infra-rouge en ligne de mire, les manettes ont été scrupuleusement mises à l’épreuve de toutes les manières possibles. C’est bien évidemment l’usage des vibrations dites HD qui risque de surprendre davantage les joueurs, avec une précision nettement plus accrue qu’une vibration classique. Cela dit, rien d’extraordinaire non plus, puisque dans les épreuves tels que "Coffre-Fort" ou "Combien de billes", on a enchaîné les contre-performances au point de remettre en question l’efficacité de ces vibrations HD.
"C’EST LA GÊNE MON POTE !"
Mais ce n’est rien comparé à certains choix émis par Nintendo dans ce 1-2 Switch. Car si l’on part du principe qu’il s’agit d’un jeu familial, jouable donc par des enfants, il y a de quoi s’offusquer de certaines épreuves comme Sous Pression ou Traite à la main qui virent très rapidement dans le graveleux. Bien sûr, Nintendo peut toujours brandir la carte du PEGI 12+ affiché sur la jaquette du jeu, mais on ne pense pas se tromper en affirmant qu’il s’agit d’une faute de goût. La transition est d’ailleurs toute trouvée puisqu’on ne peut définitivement pas terminer ce test sans évoquer l’habillage de ce 1-2 Switch. Au-delà des thèmes – douteux – choisis par des codes couleurs volontairement appuyés pour chacune des épreuves, c’est surtout l’acting des comédiens qui flirtent avec le ridicule, laissant place à des moments de gêne, de malaise, auquel le joueur est d’ailleurs confronté lorsqu’il faut d’ailleurs se mettre en scène sur certains mini-jeux (toi aussi masturbe-toi sur une bouteille de soda imaginaire). Alors oui, vous pouvez nous taxer de pisse-vinaigres ou de journalistes aigris, mais admettez quand même que le grotesque n’est pas nécessairement drôle. Et ce qu’il l’est encore moins, c’est le prix exorbitant du jeu, vendu OKLM à 50€, soit le même tarif que Zelda : Breath of the Wild chez certains revendeurs. Là, pour le coup, Nintendo a faux sur toute la ligne.