S.T.A.L.K.E.R.


S.T.A.L.K.E.R.

Alors que le monde entier a les yeux rivés sur Half-Life 2 et Doom III d’autres projets moins élitistes mais tout aussi ambitieux, continuent de prendre forme. C’est du côté de l’Europe de l’Est qu’il faut se tourner et plus précisément à Kiev en Ukraine pour se rendre compte que le phénomène S.T.A.L.K.E.R. dont on a si souvent parlé ces derniers mois est loin d’être une utopie, possédant même de sérieux arguments pour tenir tête aux mastodontes du genre. Compte-rendu d’un jeu et d’un voyage de presse hors du commun.


C’est donc à Kiev, sur le sol ukrainien que l’éditeur américain THQ a convié la presse à venir visiter les locaux de GSC Game World et par la même occasion de s’essayer à l’un des FPS les plus attendus et les plus en vogue de l’année 2004. Anciennement appelé Doom-like ou Quake-like pour d’autres, le genre FPS est devenu en l’espace de quelques années le style de jeu propre au monde du PC. Repoussant à chaque fois les limites de nos configurations, souvent bonnes à finir dans le grenier au bout de deux ans d’existence, le First Person Shooter est en train d’arriver à saturation. Les titres sortent à un rythme effréné et le joueur/consommateur a tendance à être noyé par ce raz de marée qui déferle dans les rayons. Rares sont les titres qui savent repousser à la fois les frontières du monde graphique et ceux du gameplay. Et pourtant, il n’aura pas fallu chercher bien loin pour se rendre compte à quel point ce titre venant du froid ukrainien risque de frapper très fort !

L’Ukraine, l’autre pays du FPS

Fondée en 1995, la société GSC Game World est à l’image de la ville, un ensemble de contrastes où la modernité de l’occident jouxte sans aucune pudeur la pauvreté de l’ex bloc communiste, encore bien présent dans les esprits. C’est dans une ancienne fabrique d’armes que les développeurs de GSC ont décidé d’établir leur centre de production. Malgré son état de délabrement avancé, l’immeuble cache bien son jeu et c’est au cinquième étage du bâtiment que l’on découvre avec stupéfaction des locaux d’une grande modernité avec lesquels certains studios français arrivent à peine à rivaliser. Il faut dire que nos ukrainiens n’en sont pas à leur premier coup d’essai et ces derniers ont tout de même à leur actif des titres tels que la série des Cossacks ou encore American Conquest. Bien que S.T.A.L.K.E.R. : Shadow of Chernobyl ne soit pas le seul projet en pleine production dans leurs locaux, il n’en reste pas moins le principal. Toutes leurs forces y sont donc concentrées mais il faut savoir que ces messieurs ne sont que 18 à bosser sur le soft. Et oui, bien peu de personnel pour un jeu qui paraît aussi démesuré. Ces artisans du jeu vidéo ont un retard à combler par rapport au reste de l’Europe (dont ils aimeraient faire partie) et pour ce faire, ils ont pris l’habitude d’apprendre et de travailler avec une cadence soutenue.

Fiction ou réalité ?

L’histoire de S.T.A.L.K.E.R. : Shadow of Chernobyl nous propulse dans un futur pas si lointain, en 2012 pour être exact. La catastrophe nucléaire de Tchernobyl continue à faire des siennes et depuis le grand boum du réacteur le 25 avril 1986, deux autres explosions ont eu lieu après cette date, augmentant ainsi considérablement le taux de radioactivité des zones avoisinantes. Le joueur enfilera la capuche d’un stalker, un traqueur à la recherche d’artefacts n’apparaissant qu’au sein de la zone radioactive de Tchernobyl et des villes alentours. Ces objets possèdent une valeur inestimable au marché noir et la valeur lucrative de l’objet est bien votre seul et unique intérêt de les retrouver. Afin de pousser le réalisme au maximum, les développeurs de GSC Game World ont réuni le plus grand nombre d’informations possible sur la catastrophe de Tchernobyl, allant même jusqu’à se rendre à moins de 300 mètres de la centrale, en vue de créer un soft proche de la réalité. 18 ans après l’explosion, les séquelles sont encore bien présentes et il faut voir l’émotion avec laquelle le chef de la sécurité de la centrale de Tchernobyl nous a vanté le réalisme apporté au jeu. Ce dernier a même confié à l’ensemble de la presse que les développeurs avait réussi à modéliser son bureau de l’époque ! S.T.A.L.K.E.R. : Shadow of Chernobyl ne se résume donc pas qu’à un simple développement de jeu, c’est aussi le témoignage d’une population vivant à même pas 80 km de la plus grande catastrophe nucléaire de l’histoire de l’humanité. Il paraît même que le jeu recèle un réel message pour ceux qui iront jusqu’au bout.

Bien plus qu’un simple FPS…

Cantonner S.T.A.L.K.E.R. : Shadow of Chernobyl au genre FPS serait une aberration, comme ce fut le cas pour Deus Ex. D’ailleurs, tout comme la série de Warren Spector, S.T.A.L.K.E.R. : Shadow of Chernobyl présente un côté RPG qui commence par son gameplay totalement ouvert. Ici, le jeu n’est pas découpé en plusieurs missions que l’on achève en abattant un Boss à la fin d’un niveau. Non, d’entrée de jeu, il vous est possible de vous balader où bon vous semble, un peu à la façon d’un Morrowind. Mais comment les gars de chez GSC Game World font-ils, techniquement, pour bénéficier d’une qualité graphique hallucinante tout en gardant cette énorme liberté d’action ? L’immense aire de jeu est tout simplement divisée en 18 sections (invisibles à l’œil nu bien évidemment) qui se chargent à chaque jonction que vous traversez. Le jeu est découpé alors en divers objectifs : une quête obligatoire qui permet d’aller au bout de l’aventure et des quêtes annexes permettant de garder l’ouverture du gameplay et de procurer cette sensation de liberté totale au joueur. Afin de ne pas se perdre et de survivre à la faune et à la flore sauvage des lieux désertés de toute vie humaine, notre stalker sera équipé d’un PDA qu’il pourra consulter à tout moment, ainsi que d’un compteur geiger afin de ne pas approcher les zones trop sensibles. Malheureusement, le premier contact avec le jeu nous a permis de constater que l’utilisation de cette boussole n’était pas encore au point. Les objectifs restent encore trop vagues et trouver l’emplacement d’un artefact précis dans cette carte gigantesque sans aucune indication de direction, se résume à trouver une aiguille dans une meule de foin. Rien de bien grave, je vous rassure mais les 30 min qui nous ont été accordées pour l’essai du jeu nous ont permis de tirer une première conclusion : on marche énormément sans réellement savoir où l’on va. Si la production graphique est officiellement achevée, celle du gameplay se situe à environ 70% de la phase terminale et il reste encore un gros travail à fournir au niveau de l’I.A. visiblement mal implémentée. En effet, la présentation ne s’est pas déroulée comme prévue car si l’intention de l’équipe ukrainienne était de nous dévoiler les différentes facettes du gameplay, avec des monstres et d’autres stalkers qui réagissent en groupe et de façon intelligente, le choix d’avoir sélectionné le mode agressif nous a dévoilé le jeu sous un autre jour. On s’en remettra et GSC Game World a encore six bons mois devant eux pour peaufiner comme il se doit un gameplay qui annonce le meilleur.

Un côté RPG attrayant

Le joueur devra se débrouiller par lui-même dans l’univers inhospitalier de la zone. Pour survivre, notre avatar sera équipé d’un barda qu’il trimbalera sur son dos. Le stalker est costaud et il peut accumuler jusqu’à 40 kilos de capacité. Cela paraît énorme mais le poids de vos armes a vite fait de remplir votre sac de sport. Le joueur sera donc amené à faire énormément de choix durant ses quêtes et devra par moments abandonner une arme pour une autre. Si votre arsenal sera bien maigre au départ, vous gagnerez en puissance de frappe en récupérant diverses armes laissées à l’abandon ici et là ou gisant près d’un cadavre déjà entamé par les « tchernodogs » affamés. Il sera possible de faire évoluer certaines armes en plaçant des rajouts tels qu’un lance-grenades ou un réticule de sniper afin d’augmenter votre puissance de feu. Les armes et les munitions se ramasseront à la main et vous devrez maintenir le bouton d’action pour les récupérer depuis le sol. Afin de gérer au mieux les nombreux objets que vous récupérerez sur votre passage, une interface a été conçue pour vous retrouver dans le désordre de votre sac à dos. Le jeu se met alors automatiquement en pause et vous pouvez choisir l’objet idéal sans vous soucier du monstre apparu dans votre dos et prêt à vous croquer. En parlant de RPG, sachez qu’il vous sera possible d’intégrer un clan de chasseurs afin de survivre plus aisément. En fonction de vos agissements, certains d’entre eux vous remarqueront et vous proposeront alors de faire partie de leur guilde. Votre choix reste entier et vous serez libre d’accepter ou de refuser l’offre. Ce point reste encore obscur et il nous a été impossible d’en constater les conséquences vu le peu de temps qui nous a été offert pour se faire idée de la bête.

30 minutes top chrono !

Après la présentation spectaculaire du jeu, THQ et GSC Game World ont eu la gentillesse d’organiser une session de tests pour se faire la main sur leur nouvelle oeuvre. Trente minutes et pas une seconde de plus nous ont été accordées afin que l’ensemble de la presse venue du monde entier puisse s’y essayer. Le poste sur lequel tournait le jeu était équipé d’un processeur Athlon 2500+ soutenu par une ATI Radeon 9600 avec 512 Mo de Ram et dans une résolution de 1280x1024. Excepté quelques baisses de frame-rate lors d’un passage d’un hélico en rase motte au-dessus de ma tête, l’ensemble était pour le moins d’une grande fluidité. Dès les premières minutes de jeu, on s’aperçoit que les nombreux screenshots diffusés ces derniers mois ne sont pas une tromperie et on est bien en présence d’une exceptionnelle réalisation technique. Sans vouloir grossir la chose, S.T.A.L.K.E.R. : Shadow of Chernobyl est sans nul doute le jeu le plus beau du moment. L’aire de jeu est absolument gigantesque et pour autant, fourmille de détails des plus insignifiants ! Les hautes herbes flanchent au moindre coup de vent ou lorsque vous les traversez, les feuilles mortes et la poussière se soulèvent au passage d’un hélicoptère et la modélisation des visages est tout bonnement criante de vérité. Le rendu photo-réaliste des décors est largement appuyé par les variations météorologiques qui furent longtemps l’un des aspects majeurs de la réalisation à être révélé au public. Le soleil se lève, atteint son zénith, des épais nuages (sans doutes radioactifs) viennent assombrir le ciel avant de laisser place à une pluie battante. Le vent, quant à lui, fait bouger la luxuriante végétation et une fois la nuit tombée, il ne vous reste plus qu’à allumer votre lampe-torche et éviter de vous faire attaquer par un stalker ennemi ou l’un des animaux génétiquement modifiés par les radiations de la zone. La gestion de la météo n’est donc pas une utopie et elle est gérée de fort belle manière. Il ne manque plus que les commentaires d’Alain Gillot-Pétré pour se croire devant le bulletin météo de TF1 (ndrc : oui, enfin, il est un peu décédé aux dernières nouvelles AGP…). Côté physique, on lorgne du côté d’un certain moteur Havok (vous savez celui de Deus Ex 2, Max Payne 2 ou bien encore Half-Life 2). Certains développeurs ont même feint ne pas le connaître, en précisant que leur moteur était développé à partir de l’ODE en open source. Un moteur fabriqué au sein même des studios de GSC Game World et capable de rivaliser avec le plus grand ? Oui, monsieur ! Et le résultat est même carrément convaincant. Il faut voir avec quel réalisme les corps sans vie d’ennemis ou de monstres dévalent les pentes d'une colline pour être émerveillé devant le spectacle. Précisons également que des véhicules seront disponibles, ce qui devrait réduire les temps de marche et d’explorations dans ce vaste monde où il ne fait pas bon rester seul trop longtemps. Si S.T.A.L.K.E.R. : Shadow of Chernobyl proposera un mode multijoueur, il demeure pour l’instant inconnu puisque ni THQ, ni GSC Game World n’ont voulu communiquer dessus pour le moment. L’avenir nous en dira certainement plus.

C’est à seulement trois heures de vol (à condition de ne pas faire d’escale à Budapest, ce qui rallongerait votre voyage) de notre capitale que l’un des jeux les plus prometteurs est en train de prendre vie. Avec pour fond de commerce la catastrophe nucléaire de Tchernobyl, S.T.A.L.K.E.R. : Shadow of Chernobyl présente tous les ingrédients pour jouer dans la cour de grands et tutoyer sans aucun complexe les ténors du genre. La petite merveille viendra peut-être non pas du pays de l’Oncle Sam mais du Vieux Continent.




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