Resident Evil 4 Remake : on y a joué, quand Capcom donne un vrai sens au mot "Remake"
Dans un contexte où sortir des remakes et des remasters coûtent moins cher et rapportent – parfois / souvent – plus qu’une nouvelle IP, Capcom dégaine enfin son Resident Evil 4, version revue et corrigée pour l’année prochaine, début 2023. Il faut dire que sa restauration était réclamée par toute une communauté de joueurs qui se remémorent avec nostalgie la gifle reçue par ce jeu en 2004/2005, au point même d’avoir redéfini le genre du Third Person Shooter. Avec l’énorme succès des remakes de Resident Evil 2 et Resident Evil 3, respectivement en 2019 puis en 2020 (qui a d’ailleurs convaincu Konami de relancer la licence Silent Hill), c’est au tour de Resident Evil 4 de montrer à la concurrence ce que le terme « Remake » signifie véritablement…
Si la restauration de certains jeux fait débat quant au bon terme employé (remaster, remake), pour Resident Evil 4, la question ne se pose même pas. Il suffit juste de lancer le jeu pour comprendre que non seulement le gap graphique est vertigineux, mais en plus, Capcom s’est donné la peine de refaçonner son chef d’œuvre de l’époque. La première scène d’ouverture par exemple nous plonge dans une ambiance totalement différente. Là où le chemin qui menait vers la première maison il y a 17 ans était en plein jour avec une ambiance très sépia dans sa colorimétrie, Leon S. Kennedy se retrouve aujourd’hui au milieu d’une forêt lugubre, à la végétation luxuriante, où chaque pas est mesuré. Il faut dire qu’on a pris le temps de regarder autour de soi, de constater l’incroyable évolution graphique et de se dire qu’on est bel et bien en train de jouer à Resident Evil 4. On est alors partagé par un sentiment contraire : on reconnaît le titre de Capcom, mais il apparaît dans un écrin complètement modifié. Il faut dire que cette fois-ci, Leon s’aventure dans la pénombre, entouré d’un épais brouillard à peine éclairé par la lumière de la Lune. Ce dernier n’hésite pas à passer sa main sur les branches pour ne pas se faire écorcher le visage, le genre de petits détails qui font la diff’ et qu’on retrouve déjà dans les productions de Rockstar Games ou Naughty Dog, les maîtres en la matière. Entre les cadavres de cerf qui se décomposent, le son des mouches qui volent autour, le bruit du vent dans les feuillages et ce silence de mort, Capcom souhaite insuffler l’ambiance horrifique qui avait disparu avec le jeu d’origine et son virage action assumé. Un retour aux sources appréciable et qui prouve qu’il est possible d’allier le meilleur des deux mondes. Dans tous les cas, l’immersion est immédiate et totale.
LA DÉFINITION DU MOT « REMAKE »
Mais il n’y a pas que le chemin qui mène vers notre premier ennemi qui a été rallongé, la maison dans laquelle Leon va faire sa première rencontre avec l’autochnote a elle aussi pris de l’espace. Pièces supplémentaires, couloirs plus nombreux, sous-sols en plus, Capcom a retapé son jeu de A à Z. Tout a été sublimé, des environnements désormais riches en détails jusqu’à la modélisation des personnages, qui donnent enfin le sentiment d’être passé à la next gen. Il suffit de jeter un œil à l’iconique blouson de Leon pour constater le sens du détail. Entre les plissures sur le cuir, les micro-rayures sur les manches, le col en fourrure qui donne le sentiment de sentir encore la laine de mouton, on en est presque à ressentir la matière tellement le niveau a atteint un seuil impressionnant. Il n’y a guère que la blonde chevelure de notre policier de la RPD qui manque encore de réalisme dans certains de ses mouvements, mais rien de bien grave. On ne sait pas encore si l’ensemble du jeu portera les marques de ce chantier colossal, mais nos premiers pas démontrent une envie de la part de l’éditeur de prouver qu’il souhaite redonner toutes les lettres de noblesse à un jeu qui a marqué le jeu vidéo à son époque.
Entre les cadavres de cerf qui se décomposent, le son des mouches qui volent autour, le bruit du vent dans les feuillages et ce silence de mort, Capcom souhaite insuffler l’ambiance horrifique qui avait disparu avec le jeu d’origine et son virage action assumé.
Il n’y a pas que l’aspect graphique qui a pris du muscle, le gameplay a également été modernisé, avec bien sûr, la possibilité de pointer son arme vers l’avant tout en continuant à marcher. Ça semble complètement insensé aujourd’hui (ça l’était aussi en 2004/2005 je vous rassure), mais Leon a gagné en souplesse dans les déplacements. Marcher, trotter, courir, il peut désormais s’accroupir aujourd’hui. En plein combat, son mawashigeri est toujours d’actualité pour fracasser du paysan hispanique infesté quand ils sont étourdis, mais c’est surtout l’usage de son couteau qui devient plus intéressant. Lors de frappes scriptées, Leon peut planter sa lame dans la jugulaire ou le flan d’un ennemi, le tout avec plan rapproché pour donner plus d’effet au geste, mais il se trouve surtout que le couteau est devenue une arme ultra efficace pour se débarrasser des ennemis plus facilement. Leon peut même asséner un coup au sol, histoire d’achever les Ganados qui voudraient se relever. Il y a cependant une contrepartie, l’arme blanche se détériore au fil des coups portés et peut in fine se casser. Un gimmick de game design malin qui empêche non seulement les abus, et oblige le joueur à varier entre les armes.
DETRAS DE TI !
Resident Evil oblige, les munitions restent rares, même si cet épisode a toujours été plus généreux que les précédents. Dans la partie jouable qui nous a été proposée, soit l’assaut du village au début du jeu, on a pu s’amuser avec le fusil à pompe, toujours placé au même endroit, c’est-à-dire sur le mur de l’une des maisons à visiter. Les villageois ont pris eux aussi de l’envergure, avec plus de mouvements véloces, des attaques à la fourche plus incisifs, mais restent globalement volontaires assez lents d’esprit pour nous permettre de nous sortir de situations délicates. D’autant que le Chainsaw Man était lui aussi présent, avec ses yeux désormais globuleux injectés de sang et qui n’a qu’une chose en tête, découper Leon en deux avec sa tronçonneuse. Il n’y a pas de secret, pour résister à l’invasion du village, il va falloir courir, entrer dans les maisons, se barricader, monter à l’étage, passer par les toits, donner des coups sur les échelles, esquiver, sauter des toits, bref, tout ce qu’il faut pour maintenir une tension jusqu’au son du clocher qui arrêtera toute acte de violence de la part de ces villageois décérébrés. La démo fut trop courte à nos yeux (1h de gameplay), mais on en est ressorti avec les frissons qu’il fallait. Si Capcom maintient ce degré de restauration durant toute l’aventure, ce remake restera comme le jeu d’origine parmi les annales, c’est moi qui vous le dis.
Difficile de ne pas sortir dithyrambique après ce premier contact en compagnie de ce remake de Resident Evil 4. Fantasmée depuis de nombreuses années, cette version restaurée va permettre à l’un des meilleurs jeux d’action de la génération PS2, Xbox et GameCube de revenir dans un joli écrin, l’un des plus beaux du moment d’ailleurs. Le récent The Last of Us Part 1 nous avait visuellement subjugués, ce Resident Evil 4 Remake devrait lui aussi nous décrocher la mâchoire bien comme il faut. Car oui, les graphismes sont à tomber par terre, avec un glow up presque inattendu, et qui prouve que Capcom ne prend pas ce remake à la légère. Certes la démarche peut paraître mercantile, mais elle est aussi motivée par cette envie de nous faire redécouvrir un monument du jeu d’action, auquel on lui a rajouté la touche horrifique qui lui manquait il y a 17 ans. Et vous savez quoi ? Il y a de fortes chances pour qu’on soit subitement serré dans le pantalon en mars prochain…