Predator Hunting Grounds : du sang, et surtout des larmes ? On y a joué et c'est mal engagé...
Annoncé lors du State of Play de mai dernier, Predator Hunting Grounds a fait sensation avec la promesse d'un gameplay asymétrique se déroulant dans l’univers de John Thomas. Conçu comme un pur shooter multi, le jeu est actuellement développé par IllFonic, un studio du Colorado plus connu pour être à l'origine de Friday the 13th. Si ce dernier le jeu n'a pas grand-chose en commun le nouveau projet de la maison, sachez qu'Illfonic a également contribué à d’autres titres tels que Crysis 3, Armored Warfare ou encore Evolve, ce qui lui a permis d'enrichir son expérience. Pour le meilleur ? Nos impressions après avoir enchaîné les parties à la PAX West 2019, à Seattle.
Largement basé sur les films et mélangeant PvP et PvE, Predator Hunting Grounds demande à une équipe de soldats de remplir plusieurs objectifs en faisant face à des forces ennemies gérées par l’IA, sans oublier bien évidemment le Preadtor incarné par un autre joueur. Lors de notre démo, nous avons débuté dans la peau d’un valeureux G.I. avec un système de classes : Assaut (équipé d'un fusil automatique), Medic (qui dispose du matériel médical), Sniper (qui possède un fusil de précision), ou encore CQB (avec le fusil à pompe). Une fois l’escouade composée, nous sommes envoyés au coeur de la jungle où plusieurs objectifs nous attendent du côté de l'ennemi. Pas de panique, il ne s’agit que d’aller activer divers terminaux afin de réorienter des antennes, ou de remettre du courant - ce qui se fait en appuyant sur une simple touche, et souvent, en défendant le terminal en question. L’I.A. n’est pas des plus brillantes, puisque l’on peut souvent se retrouver derrière des adversaires sans qu’ils nous aient vus ; mais une fois que nous somme dans son viseur, elle est particulièrement agressive. Ainsi, il est nécessaire de faire preuve d'une bonne coordination pour faire face aux soldats qui sont nombreux, et plutôt bien armés. Le problème, c’est que si votre équipe manque un tantinet de coopération, ce seul objectif peut déjà s’avérer périlleux.
ALIASING VS PREDATOR
L’avantage des forces militaires est de bénéficier d’une seringue permettant de soigner leurs plaies quand la barre vitale devient dangeureusement basse. Cela dit, vos équipiers n'ont que très peu de temps pour venir vous porter secours, faute de quoi, c'est la mort garantie. Notons que si les partenaires parviennent à remplir un objectif spécifique, tous les membres de l'équipe décédés auront droit à un respawn. Là où les choses se compliquent, c’est qu’au milieu de tout ceci se trouve un Predator dont le seul objectif est d’éliminer les humains. Quand c'est à notre tour de l'incarner, Predator Hunting Grounds opte pour une vue à la troisième personne, sachant que l'on dispose en sus d’une barre d’énergie conditionnant la vision thermique et l’invisibilité. Le monstre peut aussi compter sur son fusil plasma particulièrement destructeur (bien que son laser de visée soit très visible), ainsi que sur ses armes blanches capables de tuer n’importe quel ennemi d’un seul coup à condition d’être au corps à corps. Outre sa discrétion, l’avantage du Predator est bien sûr de pouvoir grimper aux arbres et de se déplacer dans la canopée, loin de ses ennemis potentiels. Il faut préciser qu’une fois repéré, tous les humains ouvrent le feu, qu’il s’agisse de l'I.A. ou de l’équipe adverse. Néanmoins, l'I.A. ne semble pas faire du Prédator une priorité, puisque lors d’un combat ouvert, le bots ont préféré continuer à tirer sur l’équipe de soldats plutôt que sur votre serviteur. Profitant d’une réserve de vie assez conséquente, la créature reste clairement au sommet de la chaîne alimentaire, son seul moment de faiblesse étant finalement lorsqu’on exécute un ennemi au corps à corps. L’animation de la bête arrachant sa colonne vertébrale et broyant son crâne étant assez lente, elle est alors à la merci de n'importe qui un court moment.
Predator Hunting Grounds est visuellement moche, spécialement au-delà d’une certaine distance où tout devient flou et pixellisé.
Le problème, c’est que le Predator est incroyablement résistant aux dégâts et qu’il est quasiment impossible de le pister, sauf quand il est gravement blessé et qu’il laisse derrière lui des gouttes de son sang vert. À titre d’exemple, on a pu lui envoyer deux chargeurs de fusil d’assaut dans le buffet, sans que ce dernier ne daigne passer l’arme à gauche. Quant à le traquer, c’est une tâche rendue incroyablement difficile par la qualité graphique discutable de l’ensemble. Predator Hunting Grounds est visuellement moche, spécialement au-delà d’une certaine distance où tout devient flou et pixellisé. Cet aliasing constant signifie qu’il est quasiment impossible de voir l’effet de flou qui entoure le Predator lorsqu'il utilise son camouflage. Le seul moyen de savoir que l’ennemi rôde est alors d’observer la canopée, et de voir si certaines branches bougent sous son poids. Là où le bât blesse, c’est que les ennemis gérés par l’I.A. sont rarement assez passifs pour nous permettre une telle activité, ce qui complique incroyablement la chasse pour l’équipe de soldats. Ce gros déséquilibre a d’ailleurs été confirmé par une tendance générale : la quasi-totalité des joueurs qui sont sortis vainqueurs incarnaient la créature de John Thomas, ce qui prouve qu’il y a bien un problème quelque part. Effectivement, face à une équipe soudée, qui communique non-stop et fait preuve d’une coordination sans faille, il est certainement possible de gagner ; mais dans le cas d’un salon regroupant des étrangers, ou sur un serveur peuplé de joueurs qui ne se connaissent pas, la tâche risque d’être rapidement compliquée.
Loin d’être un jeu vide de promesses, Predator Hunting Grounds est surtout pour l’instant un titre qui dispose d’un potentiel indéniable, mais qui souffre de gros problèmes d’équilibrage et d’un aspect technique bien trop décevant. Le pire dans tout ceci, c'est que le jeu se présente comme une exclu PS4, ce qui veut dire que les développeurs n’ont même pas eu besoin de l'adapter à différentes plateformes. Ceci étant dit, il est encore en phase de pré-alpha, et il reste du temps avant la sortie calée pour 2020. Espérons que le délai, et le budget, seront suffisants pour permettre à IllFonic de redresser la barre.