Mission Impossible 8 The Final Reckoning : c'est la déception, mais que s'est-il passé ? (Critique)


Mission Impossible 8 The Final Reckoning : c'est la déception, mais que s'est-il passé ? (Critique)

Il m’est encore difficile, plusieurs jours après la projection, de comprendre ce qui a bien pu se passer durant la gestation de ce film. J’ai beau rembobiner mentalement chaque séquence, repasser le fil des événements, rien n’y fait : je ne parviens pas à saisir comment une telle entreprise a pu si spectaculairement échouer. Comment est-il possible qu’un opus de la saga Mission Impossible – qui se présente, qui plus est, comme le baroud d'honneur de l’agent Ethan Hunt – puisse atteindre un tel niveau d’impasse créative ? Que s’est-il passé dans l’esprit de Tom Cruise et de Christopher McQuarrie ? Car oui, les torts sont partagés, et il serait malhonnête de pointer l’un sans l’autre. Je vais être franc et direct avec vous : Mission Impossible 8 The Final Reckoning est, à ce jour, ma plus grande désillusion cinématographique de 2025. Une claque, non pas de celles qui réveillent, mais de celles qui laissent un goût amer d’incompréhension. Et parce qu’il est essentiel d’essayer de comprendre, explorons comment un projet aussi ambitieux, aussi onéreux (400 millions de dollars de budget), a pu accoucher d’un film aussi ennuyant...


Qui aurait pu croire qu’un Mission Impossible puisse se rater à ce point ? Récit confus, narration poussive, mise en scène nettement moins inspirée, montage surdécoupé, le verdict est sévère, mais terriblement juste. Sur près de trois heures de projection, seules deux séquences sortent du lot. L’une d’elles – la désormais célèbre course-poursuite en bi-plans au-dessus de l’Afrique du Sud – sauve quelque peu l’honneur, certes, mais ne suffit pas à justifier les 2h40 d’attente qui la précèdent. Oui, cette scène est techniquement impressionnante, vertigineuse même, mais quand le spectaculaire se limite à dix minutes de péloche pour un long-métrage à 400 millions de dollars, le déséquilibre devient inquiétant. 



Pour comprendre l’échec, il faut remonter à Dead Reckoning Part 1, sorti en 2023. Initialement, les deux films devaient former un diptyque, tourné à la suite. Mais la pandémie de COVID-19 a mis à mal ce calendrier, fragmentant le tournage et imposant une pause forcée dans la production. Résultat : un second volet amputé de son souffle initial, et victime d’un isolement narratif difficilement rattrapable. Mais il serait trop facile de tout imputer à la pandémie. Dead Reckoning Part One avait déjà montré des signes d’essoufflement : scénario confus, histoire sur l'antagoniste (l'IA) caricaturale, et surtout, une stratégie marketing maladroite qui avait dévoilé les meilleures cartouches en amont. Le fameux saut en moto dans le vide ? Déjà surexploité sur les réseaux sociaux trois ans avant la sortie du film. Conscients de la déception provoquée par la première partie, Tom Cruise et McQuarrie ont tenté de remanier la suite. Exit la mention "Partie 2", place à The Final Reckoning au nom évocateur mais trompeur. Car jamais, dans le film, il n’est explicitement question d’une fin. Pourtant, la campagne de promotion n’a cessé de le marteler : "I need you to trust me one more time". Une forme de mensonge par omission, à laquelle on pourrait presque pardonner l’intention, si le résultat avait été à la hauteur. Mais ce n’est pas le cas.

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Le cœur du problème, c’est le rythme. Mal géré, mal pensé, il plonge le spectateur dans une langueur qu’aucune scène d’exposition ne vient véritablement réveiller. Pendant une heure et demie, le film s’enlise dans des dialogues d’une lourdeur écrasante, filmé dans des décors de bureau sans âme, où l’on ressasse les enjeux de l’IA déjà mille fois énoncés dans le film précédent. Une redite laborieuse, symptomatique d’un scénario qui ne sait plus où aller. On sent dès les premières minutes que le scénario, au lieu de resserrer les enjeux pour conclure efficacement la saga, s’enfonce encore davantage dans le fouillis narratif hérité de la première partie. Des personnages vieux de 30 ans et dont on se fout complètement surgissent de nulle part, d’autres sont là sans véritable impact, l’antagoniste principal, Gabriel, n’a plus aucun intérêt, puisqu’on apprend qu’il ne travaille plus pour l’Entité, cette super IA autonome capable de faire trembler le monde, et surtout, cette menace virtuelle est elle aussi reléguée au rang de méchant anecdotique. On aurait pu d’ailleurs espérer que le choix de choisir l’IA comme méchant aurait pu offrir matière à réflexion, à l’image des quelques belles idées du précédent film, mais non, ici, l’IA se résume à quelques interfaces, un sarcophage avec un masque connecté, et un gros disque dur à pirater. On est très très loin de la menace sourde et inquiétante que le sujet de l’IA aurait pu incarner. Matrix peut dormir tranquille.

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RÉAUMUR-SÉBASTOPOL

Au milieu de cette histoire qui se traîne en longueur, il y a quand même deux séquences qui surnagent malgré tout : la plongée abyssale dans les glaces arctiques, suivie d’une fuite en planeur au-dessus de l’Afrique du Sud. Tout le passage dans le sous-marin Le Sébastopol est plutôt correct, mais je trouve que la scène est beaucoup trop longue pour ce qu’elle est censée nous offrir. Ethan Hunt passe de salle en salle avec la difficulté que le sous-marin commence à se retourner et le temps presse, mais jamais on ne ressent le danger en vrai. Le mec a bravé d’autres dangers bien plus importants, du coup, le voir se frayer un chemin dans un sous-marin n’a rien de palpitant. Pire, le film s’enfonce dans des choix scénaristiques complètement débile, comme le fait que Ethan Hunt soit obligé der retirer sa combinaison pour passer dans un conduit. On veut bien que Ethan Hunt soit un agent exceptionnel, mais au fond des abysses dans une eau congelée, se mettre en slip de bain sans craindre le froid et se débarrasser de son masque sans prendre en compte les étapes de décompression et s’en sortir, car l’endroit où il remonte à la surface, se trouve pile poil là où l’attendait. Ok, il avait sa balise GPS, mais quand même, comme facilité scénaristique, c’est franchement limite.

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Il reste donc cette dernière scène d’action, à la toute fin du film, dans des décors époustouflants, ceux de l’Afrique du Sud. La scène est à la fois magnifique et vertigineuse et Tom Cruise nous a donné le vertige plus d’une fois. Techniquement, c’est assez irréprochable et ce ballet aérien où il saute d’un avion à l’autre, avec ce corps suspendu, maltraité aussi nous montre à quel point Tom Cruise veut nous filmer l’authenticité de sa folie. Surtout à 62 ans. 
Autre dérive majeure : l’absence quasi totale du travail d’équipe. Là où la force de la saga résidait dans la synergie de ses personnages secondaires, The Final Reckoning les relègue au second plan, écrasés par l’ego narratif de Tom Cruise. L’affiche elle-même ne s’en cache pas : tout repose sur lui. À son grand âge, il impressionne encore physiquement, mais cette quête de dépassement personnel finit par vampiriser tout le reste.

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Vous l’avez compris, on a été énormément déçu par ce Mission Impossible 8. On attendait un feu d’artifice, on a eu un feu de Bengale. The Final Reckoning, c’est un film qui s’écoute beaucoup, qui mise trop sur un seul homme, Tom Cruise, au détriment des autres qui s’effacent derrière son aura. Mais le pire dans tout ça, c’est l’ennui qui s’en dégage. En fait, on a l’impression que la structure du film évoque une boucle de mise en sommeil, comme si le film refusait d’en finir, ou plus cruel encore, refusait de divertir. On aurait aimé pouvoir saluer l’audace, la démesure, la volonté de clôturer la saga en beauté, mais The Final Reckoning donne le sentiment d’un système qui tourne à vide, d’un film qui veut tout condenser sans rien raconter. Une marmite de clichés dans laquelle on aurait jeté les restes des précédents opus, en espérant que le mélange prenne. Mais non. Les rares éclairs d’énergie ne suffisent pas à masquer l’apathie générale. Dommage…

NOTRE NOTE : 4/10

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