Marvel’s Avengers : on y a joué près de 5h, il y a du bon mais aussi du moins bon


Marvel’s Avengers : on y a joué près de 5h, il y a du bon mais aussi du moins bonQuand on évoque Marvel’s Avengers, il est étrange de constater que le fameux projet de Square Enix suscite autant l’excitation que le doute. D’un côté, des fans aguerris de super-héros confiants du talent de Crystal Dynamics, et de l’autre, un tas de joueurs prêts à partir en bataille contre le drôle de game design opté par la firme canadienne. Plutôt audacieux, les créateurs de Tomb Raider s’en vont ici lorgner du côté du slasher-looter avec, au centre de l’histoire, une héroïne méconnue en la personne de Miss Marvel (à ne pas confondre avec Captain Marvel, largement popularisée au cinéman) aka Kamala Khan, une jeune lycéenne débutante en la matière. À l’approche d’une sortie imminente programmée début septembre, nous avons pu mettre la main en avant-première sur la bêta prévue au mois d’août pour le grand public, tranquillement et plein de curiosité. Une généreuse démo qui s’est laissée tâter pendant presque cinq heures. Le temps est donc venu d’un premier verdict, mi-figue mi-raisin.

Marvel s Avengers

De base, l’idée d’un jeu Avengers est un pari risqué quand on connaît le potentiel vidéoludique ne serait-ce que d’un seul super-héros. Alors en réunir une ribambelle dans une seule aventure, c’est une idée difficilement réalisable à laquelle se sont déjà attelés les moyens Marvel Ultimate Alliance, des hack’n slash en dents de scie pas spécialement mémorables. Ici, Crystal Dynamics voit pourtant les choses en grand et s’adapte aux modes actuelles : Marvel’s Avengers s’appuie de missions multijoueurs, de systèmes de loot, de pass à récompenses cosmétiques et de la plupart des éléments qui ponctuent une facette entière du jeu vidéo moderne. Mais avant de rentrer dans le vif (qui laisse sceptique), commençons par le commencement.


AVENGERS, DÉMANTÈLEMENT 


Cette bêta nous permet donc de débuter l’aventure par son prologue : les Avengers, véritables figures de proue des États-Unis composées de Thor, Iron Man, Captain America, Hulk et Black Widow, sont littéralement les stars du pays… jusqu’à ce qu’une mystérieuse organisation criminelle ne retourne toutes les technologies Stark contre eux et la ville de San Francisco. La mission du pont, qui fait alors office de didacticiel, permet d’incarner tour à tour ces personnages iconiques dans une séquence linéaire et hollywoodienne, misant tout sur les scènes pop-corn et les explosions à tire-larigot. Malheureusement pour nos bonhommes, il s’agit là d’une défaite dramatique qui débouche sur une explosion surnaturelle, tuant ou dotant certains citoyens de pouvoirs redoutables. Cinq ans après cette journée noire nommée “A-Day”, les Avengers n’existent plus, Captain Americain est mort, Stark Industries a été liquidé et l’AIM, une organisation menée par un scientifique un poil taré, a pris le contrôle avec de sombres objectifs déguisés en sauvetage de l’humanité. Kamala Khan, une étudiante fan des Avengers touchée de plein fouet par le A-Day, a vu ses propriétés corporelles dévier elle aussi : elle dispose plus ou moins des capacités de l’Homme-Élastique des Quatre Fantastiques mais semble bien décidée à rallier les Avengers pour rétablir la situation.

On ressort de cette preview avec un ressenti global assez douteux, donc, qui nous fait penser que Marvel’s Avengers a choisi une drôle de direction pour un titre du genre.




En compagnie de ce bon vieux Bruce Banner, elle s’en ira donc à la recherche du fameux héliporteur du SHIELD et tous deux tomberont, après de nombreux combats, sur l’Abomination, alter-égo malfaisant de Hulk et peu recommandable pour un repas de famille. Après quoi, notre duo s’emparera du vaisseau atterré, qui servira alors de HUB, et pourra se servir d’un jet privé pour aller un peu partout autour du globe effectuer des missions. Voici exactement comment se déroule la bêta : une bonne heure et demie de jeu en solo pour atterrir sur la carte du monde - la démo débloquera alors automatiquement les personnages d’Iron Man et de Black Widow, qui ne sont pas censés être encore jouable à ce stade initial de l’aventure - pour une dizaine d’objectifs à parcourir en coopération à quatre, locale avec l’I.A. ou online avec de véritables joueurs. L’air de rien, il y a tout de même de quoi faire la main et de comprendre relativement vite les fondements sur lesquels reposent Marvel’s Avengers. 


Marvel s Avengers


Avant chaque mission multijoueur, hormis celles solos scénarisées ou quelques-unes spécifiques, on pourra donc choisir son super-héros qui, vous vous en doutez, est doté de son propre gameplay qu’il faudra assimiler. Si tous partagent des mécaniques à leur sauce comme les attaques à distance - Hulk arrachera un bout de terre pour le lancer, Miss Marvel étendra son bras, Iron Man tira des roquettes, etc. - ils disposent également de leurs propres combos grâce à une touche d’attaque légère et une autre d’attaque lourde, que l’on pourra combiner au sol ou en plein saut. De ce côté-là, Marvel’s Avengers relève donc du beat them all brutal et efficace, aux sensations directes et loin d’être désagréables. S’il est possible de monter en niveau simplement au fil des combats et de dépenser les points d’amélioration dans de nouvelles compétences qui approfondiront le gameplay, on tourne, malgré tout, assez vite en rond dans la jouabilité de chaque personnage. L’intérêt de changer de super-héros à chaque nouvelle mission redouble donc d’intérêt, déjà pour faire progresser tous les membres de son équipe (certaines missions conseille un niveau d’expérience précis) puis simplement pour éviter la lassitude elle-même. De plus, il faut bien avouer que les affrontements virent rapidement au chaos total, débouchant sur une jungle d’effets lumineux difficilement lisible et nous rappelant que le titre de Marvel’s Avengers privilégie d’action ultra-brute à l’intelligence de jeu. Par ailleurs, difficile d’équilibrer toutes les têtes d’affiche : Iron Man pour ne citer que lui, nous a paru quelque peu cheaté (mais très agréable à jouer) par rapport à une Black Widow désavantagée, pour ne citer qu’elle.

Marvel s Avengers

DANS LA GUEULE DU LOOT


Et, surtout, Marvel’s Avenger dispose d’un vilain défaut évident qui s’inscrit dans le paragraphe ci-dessus : il s’avère sacrément répétitif dans la construction de ses niveaux et de ses objectifs. Que ce soit dans des environnements enneigés, forestiers ou rocailleux, on se retrouve constamment à faire les mêmes choses et parfois dans les mêmes couloirs souterrains (appartenant toujours à l’AIM, la société que l’on doit contrer) menant à une capture de zones déguisées, à la destruction de générateurs ou, très souvent, à la simple élimination de tous les ennemis présents. C’est assez bête et méchant et loin d’être inspiré, même si certains levels plus ouverts nous permettent d’explorer gentiment quelques recoins à la recherche de coffres et d’items, ce qui est loin de casser trois pattes à un canard, nous en conviendrons. Et surtout, le titre incite à farmer certains niveaux simplement pour monter en expérience !

Il faut bien avouer qu’il s’agit aussi d’une production AAA de gros calibre : le jeu est plutôt joli - on notera tout de même des chutes de framerate prononcées sur PS4 Standard, mais pas du tout sur Pro - et sait parfois en mettre plein la vue.


Marvel s Avengers

Pourtant, le jeu n’est pas désagréable et Marvel’s Avengers dispose d’un feeling tout à fait convenable mais ces fondations de level design, particulièrement faiblardes, ne donnent pas nécessairement confiance pour la suite. On espère alors grandement que les missions solo permettront de varier les objectifs et les situations, avec une histoire convenable (de que l’on a pu voir, difficile de juger l’écriture somme toute basique avec Kamala Khan en son centre), des ennemis dignes de ce nom et plus de séquences grandioses. Dans la démo, hormis l’Abomination, nous avons eu à faire à un boss lors de la mission la plus difficile : un gigantesque robot qu’il fallait attaquer point faible par point faible, sur un schéma plutôt classique. De même, on croise les doigts pour plus de scènes de ce type, ci-possible avec des adversaires au style plus créatif ou tirés davantage de l’univers Marvel. Il y a de quoi faire, pourtant. 


UN POUR TOUS, TOUS POUR UN 


Puis, il y a le dur du dur, ce pourquoi Marvel’s Avengers peine à convaincre internet. Sans doute pour approfondir ses mécaniques, le soft des Canadiens s’épaule de tout un système de loot certes, très à la mode, mais pas forcément pertinent compte tenu du jeu lui-même et de ce que l’on en attend. Dans les coffres disséminés et après avoir terminé des missions, on récupérera des ressources et des éléments aléatoires (avec les grades de rareté qui vont bien) qu’il faudra équiper à son personnage pour le faire progresser, voire s’adapter à certaines situations. Cela nécessite donc de gérer un inventaire qui se remplit et d’attribuer tel ou tel élément, disposant de tel ou tel effet. S’il est possible de se munir automatiquement des meilleurs items que l’on a en sa possession sans se prendre la tête (ce que l’on privilégiera), force est de constater que nous n’avons pas vraiment envie de ça dans une telle aventure. Des rouages RPG, oui, mais devoir assimiler à nouveau une interface complexe et, surtout, devoir se plonger corps et âme dans ces facettes faussement logiques n’est pas séduisant.

Marvel s Avengers


Pire encore, un système de pass est présent avec, à chaque palier, une récompense cosmétique à débloquer. Cela peut être un costume, une bannière, ou de l’argent virtuel, et l’on pourra dépenser des points spéciaux pour accélérer notre progression (on imagine qu’il faudra sortir la carte bleue pour disposer rapidement de cette monnaie digitale). Des pans free-to-play qui en rebuteront certains, et à juste titre : Marvel’s Avengers aurait mieux fait de se concentrer simplement sur un arbre de compétences travaillé davantage que dans toute cette ingénierie peu adaptée qu’il convient mieux de laisser aux autres hits multijoueurs. On vous rassure malgré tout, le jeu reste tout à fait jouable, n’est pas pay-to-win et l’histoire reste présente (enfin, on l’espère) pour tenir en haleine et nous faire oublier cet aspect discutable. 


Notre degré d’attente

On ressort de cette preview avec un ressenti global assez curieux, qui nous fait penser que Marvel’s Avengers a choisi une drôle de direction pour un titre du genre. Et pourtant, force est de constater que malgré la platitude du level design et des objectifs, nous avons parfois pris du plaisir et avons envie d’en découvrir plus, de faire progresser nos héros favoris et de tabasser sans aucune retenue le bestiaire mis à disposition avec ses potes. Serait-ce là la définition d’un plaisir coupable ? Peut-être bien. Il faut bien avouer qu’il s’agit aussi d’une production AAA de gros calibre : le jeu est plutôt joli (on notera tout de même des chutes de framerate prononcées sur PS4 Standard, mais pas du tout sur Pro) et sait parfois en mettre plein la vue (mais pas assez, très clairement) et augure une expérience efficace à défaut d’être maligne et originale. Parfois, il faut aussi savoir prendre le plaisir où il est et, en l’état, Marvel’s Avengers semble signer un périple brut de décoffrage et grand public qui, il est vrai, s’appuie d’un game design tout à fait contestable. On croise donc les doigts pour que le jeu final varie davantage ses situations et son gameplay, cela pourrait bien le sortir de cette situation inconfortable où il réside à mi-chemin entre ces tendances actuelles définitivement peu désirées et une action à l’énergie certaine. On verra bien.


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