La Terre du Milieu L'Ombre du Mordor : du déjà-vu et déjà-joué ?

A chaque nouveau jeu estampillé Seigneur des Anneaux, on se demande si les choses ont été prises par le bon bout. La licence n'a jamais été véritablement maltraitée par le jeu vidéo, mais elle n'a que très rarement bénéficié de très bons titres, qu'elle mérite pourtant. Le fait que les développeurs soient désormais quelque peu affranchis du poids des films est une bonne chose, pour peu qu'ils profitent de la richesse du livre et qu'ils respectent son univers. Disons que de ce côté-là, Monolith tente quelque chose. Les créateurs de F.E.A.R ont en effet choisi comme arrière-plan la période qui se déroule entre Le Hobbit et Le Seigneur des Anneaux. Après l'attaque du Conseil Blanc, Sauron a fui Dol Guldur, qu'il occupait au cœur de la Forêt Noire sous l'identité du Nécromancien. Il va secrètement se réfugier au Mordor, qui était en paix depuis des siècles sous la garde du Gondor, pour reconstruire sa forteresse de Barad Dûr. C'est à ce moment, alors que les Orques sont de plus en plus nombreux et que la rumeur croît au Mordor, que commence le jeu. Nous incarnons Tallion, un Rôdeur du Gondor (oui, un Humain, encore une fois...) qui a vu sa famille être massacrée sous ses yeux par trois généraux de Sauron, avant d'être lui-même exécuté. On ne sait trop comment un tel trio a pu mettre la main sur une famille gondorienne, ni même pourquoi ils ont une dent contre Tallion, mais ce qui est sûr, c'est que tout le monde passe à la trappe. Seulement voilà, notre héros est ressuscité, sous la forme d'un spectre (comme les Nazgûl, oui, on sait, la ficelle est grosse) dans son enveloppe charnelle. Et il crie famine. Euh, non vengeance.

Comment on dit Ezio en elfique ?

Tallion va donc se ruer seul en Mordor, pour traquer ceux qui ont détruit sa vie (au sens propre comme au figuré) et prendre la leur. Voilà le prétexte parfait pour nous concocter un beat'em all saupoudré d'infiltration, avec option open-world sur les Terres de Sauron. La taille de la map et le rayon d'action reste un peu flou pour le moment, mais on pourra au moins se déplacer librement dans de grandes zones de jeu. OK, allons-y franchement, les animations et la grimpette sont repompées sans subtilité et au détail près sur Assassin's Creed, tout comme certaines mises à mort et le système de combat, bien qu'à l'arme blanche, lorgne clairement et sérieusement du côté des Batman Arkham, avec son timing et son système de contres. Soyons clairs, ce sont des références dans leurs domaines, et mieux vaut s'appuyer sur ces titres-là que sur des daubes reconnues mais c'est peut-être pousser le bouchon un peu loin dans l'hommage... Même la Vision d'Aigle des Assassins a été réadaptée : il s'agit ici du Monde des Ombres, qu'on peut apercevoir quand Frodon met l'Anneau par exemple, et qui sert à repérer sa cible au milieu de la foule. A dire vrai, il est franchement difficile de ne pas penser à ces deux titres quand on joue à L'Ombre du Mordor, même si lesdites mécaniques fonctionnent plutôt bien (en même temps, elles ont bien été rodées). Mais revenons à nos meurtres, Tallion veut donc mettre la main sur trois grands généraux de Sauron, qui ne sont évidemment pas facilement accessibles. Pour ce faire, il va falloir récupérer des informations et commencer par le bas de la pyramide.

NAZGUL STYLE

C'est le système Nemesis, sur lequel les producteurs de Monolith ont voulu insister lors de la présentation du jeu. Via un menu dédié et s'il a obtenu ou ramassé les informations nécessaires , le joueur peut choisir une cible, d'abord en bas de l'échelle de l'armée de Sauron. Au passage, il est également possible de glaner des détails sur la cible, faiblesses et forces, afin de planifier son assassinat. Certains sont sensibles aux tirs à la tête, d'autres sont effrayés par les Trolls. Il faudra faire avec ces particularités. Une fois la cible atteinte, plusieurs choix s'offriront à vous : l'éliminer purement et simplement pour en être débarrassé ou utiliser vos pouvoirs de spectre pour instrumentaliser votre adversaire, quitte à devoir l'affronter à nouveau un peu plus tard. Vous pouvez ainsi le terroriser et faire passer un message aux troupes de Sauron, mais également lui apposer une marque, qui équivaut à un bon lavage de cerveau, pour lui ordonner d'espionner ses pairs (nous n'avons pas pu voir ce que cela donnait en termes de gameplay) ou même carrément tenter un attentat contre un de ses supérieurs, avec un taux de succès plus ou moins élevé : n'escomptez pas buter un général avec le cuisinier du régiment sans mettre les mains dans le cambouis. Au mieux, il pourra le blesser, mais vous devrez finir le travail.

Le titre est apparu comme très répétitif et le Mordor, qui n'est pas la région aux décors les plus variés de la Terre du Milieu, vient renforcer cet aspect

Chaque duel vous offre par ailleurs une Rune unique à graver sur votre épée, avec différents bonus à la clé et l'XP récoltée durant les combats peut être dépensée en compétences de Rôdeur ou de Spectre. C'est donc de cette manière que vous allez remonter la hiérarchie du Mordor, en utilisant les relations entre ses officiers. Et c'est également comme cela que Monolith souhaite rendre chaque partie unique, en offrant régulièrement ce genre de choix au joueur, tant dans son approche (bourrine ou subtile) que dans sa progression. Les officiers que vous laissez en vie se souviendront de vous, vous pouvez même leur laisser des cicatrices. Si un sous-fifre réussit à vous éliminer (du moins temporairement, c'est ça qui est pratique avec les morts-vivants), il gagne du galon, et vous pouvez choisir de vous venger. Le concept est sympathique, le titre est visuellement agréable sans atteindre des sommets (même s'il est difficile de juger maintenant, c'était apparemment une version pré-alpha tournant sur un PC), les combats sont rythmés et sanglants, mais nous n'avons eu droit qu'à la présentation du système Nemesis, sans aucun autre indice sur la narration, le scénario et surtout les autres activités disponibles. C'était LE gros écueil de cette démo, le titre est apparu comme très répétitif et le Mordor, qui n'est pas la région aux décors les plus variés de la Terre du Milieu, vient renforcer cet aspect... On ne sait pas si on pourra en sortir, rencontrer des protagonistes des films ou des bouquins, on ne sait même pas vraiment si le jeu dispose des droits sur la musique d'Howard Shore. On espère qu'il en sera autrement la prochaine fois qu'on verra ce titre.