Kinect : notre dossier complet
Cela fait des mois maintenant que le grand public parle de Kinect comme le truc qui permet de jouer aux jeux vidéo sans manette. Car si Nintendo a ouvert la brèche il y a quatre ans avec sa Wii que Sony s’est contenté de copier avec son PlayStation Move, Microsoft va plus loin avec Kinect, en offrant aujourd'hui ce qu’on peut tout simplement appeler une performance technologique. Imaginez un périphérique capable de détecter chaque mouvement du corps et de le retranscrire à l'écran, sans manette, sans joystick, sans rien. "Vous êtes la manette", proclame la baseline de Microsoft. Nous avons reçu la bête quelques jours avant sa sortie dans le commerce, l’occasion de vous décortiquer en détails cette nouvelle façon de jouer...
Avec un objectif de vente fixé à 5 millions d'exemplaires avant la fin de l'année, Microsoft mise fort, très fort sur Kinect. Annoncé en grandes pompes il y un an et demi maintenant, lors de l'E3 2009, l'ex Projet Natal devient enfin réalité et tous ceux qui ont voulu se prendre pour Tom Cruise dans Minority Report vont voir leur rêve devenir réalité. Faire basculer le menu d'un simple mouvement de la main, tirer au but d'un simple mouvement du pied, frapper le ballon d'un coup de tête ou faire s'envoler son avatar en battant des bras, toutes ces manœuvres a priori farfelues sont désormais possibles grâce à la technologie Kinect. De l'extérieur, la caméra propose un noir brillant ou laqué, proche du revêtement de la Xbox 360 Slim. Assez longue (28 cm), Kinect doit être posé directement devant l'écran (il est possible de fixer la caméra au-dessus du téléviseur, mais l'accessoire est en option). Fourni avec un adaptateur pour les Xbox 360 première génération, le périphérique s'adapte donc à toutes les consoles, après une petite mise à jour dispo sur le Xbox LIVE. Attention cependant aux lumières directes et à certains vêtements, qui peuvent brouiller le signal et gâcher les photos de vos fantastiques performances, ce qui serait dommage puisque ces vidéos sont échangeables sur le net. Après quelques paramètres de l'appareil à préciser (reconnaissance vocale, chat, micro), l'aventure peut commencer... A condition d'avoir une pièce suffisamment grande ! Il faut en effet prévoir un recul d'environ 1,80 mètres pour un joueur, et 3 mètres pour des parties à plusieurs. Autant dire que c'est raté pour les locataires de chambres de bonnes ou d'étudiants... Il faut d'ailleurs bien rester dans l'espace de jeu défini par le capteur ; quelques centimètres trop à gauche et le signal est perdu. Un peu abstrait au début, cela devient rapidement un automatisme. En revanche, bonne nouvelle : même si votre console est posée à terre, aucun saut ni mouvement de votre corps ne fera bugger votre machine. Éviter en revanche de passer dans le champ du capteur en cours de partie, cela peut rapidement faire perdre le contrôle à l'appareil. Tenez donc vos animaux de compagnie à distance !
Le jeu au bout des doigts
Mais le truc assez hallucinant avec Kinect, c'est l'absence de calibrage. Là où le PlayStation Move nécessite trois étapes (épaule, ventre, bas du corps), Kinect détecte immédiatement votre corps, et vous propose un avatar qui vous ressemble. Homme, femme, taille, corpulence, tout est pris en compte sans aucune manipulation. Un effet un peu magique, même s'il n'y a pas de détection automatique lors d'un changement de joueur. Ainsi, si vous switchez avec un ami au cours d'une partie sans remettre à jour le signal, vous continuerez à jouer avec l'avatar d'origine (homme ou femme d'ailleurs). En revanche, sur Kinect Adventures par exemple (fourni en bundle avec le périphérique), un ami peut sans problème intégrer ou sortir de la partie sans conséquence ni lag. Autant vous dire que l'on a rarement vu jeux plus faciles à prendre en main. Sauter, se baisser, se déplacer à droite, à gauche, en avant, en arrière, vous devez concrètement réaliser, en vrai, les mouvements de votre avatar. Et malgré un léger décalage, le résultat est très impressionnant. Vos réflexes seront soumis à rudes épreuves... Alors faites gaffe aux claquages si vous êtes plutôt sportif du dimanche, certains mini-jeux vont vous faire transpirer ! Dans Kinect Champions par exemple (version Kinect de Wii Sports ou de Sports Champions), la boxe est un sacré défouloir. Donner des coups de poing dans l'air pour mettre vos adversaires KO, ça fait un bien fou. Alors si l'on regrette un certain manque de finesse ou de dynamisme (sur le football ou le bowling par exemple), on ne peut cacher son enthousiasme sur le concept même de Kinect, car une chose est sûr, nous n'en sommes qu'aux prémices ; la bête est encore loin de nous avoir montré ce qu'elle a dans le ventre. Kinect offre des possibilités de jeux incroyables, comme ces jeux hybrides, dont parle déjà Alex Kipman, l'un des créateurs du joujou, qui mixent la technologie Kinect aux possibilités du joystick, et qui permettront des expériences de jeu encore plus immersives. Imaginez un Dead Space 2 prenant en compte les expressions de votre visage, les sursauts ou les mouvements de votre corps !
Mais le truc assez hallucinant avec Kinect, c'est l'absence de calibrage. Là où le PlayStation Move nécessite trois étapes (épaule, ventre, bas du corps), Kinect détecte immédiatement votre corps, et vous propose un avatar qui vous ressemble."
Mais pour le moment, si Kinect est absolument innovant et révolutionnaire sur le concept, il l'est moins sur les jeux. Les 18 titres proposés au lancement sont plus casual les uns que les autres : Party Game (Kinect Adventures), simulation de vie (Kinectimals), mini-jeux sportifs (MotionSports), course automobile (Kinect Joy Ride), fitness (Your Shape : Fitness Evolved), danse (Dance Central, Dance Paradise), rien de bien innovant dans le lot mais le plaisir de jeu était quand même là… Car si depuis des années, on nous rabâche que le jeu vidéo nous fait lever de notre canapé, ça n'a jamais été aussi vrai. Prenons par exemple Your Shape : Fitness Evolved, qui est un vrai coach de fitness, avec un prof virtuel qui vous corrige lorsque vous ne pliez pas assez les jambes, ne levez pas assez les genoux, vous indique le nombre de calories brûlées et vous propose des exercices en fonction de vos objectifs. Votre corps entier est scanné, votre silhouette apparaît à l'écran, et gare à vous si vous ne suivez pas le rythme de votre prof. Le titre, s'il ne peut pas vraiment être considéré comme un jeu, va dans tous les cas cas encore plus loin que Wii Fit et consorts, à la fois très pro et particulièrement convaincant dans son genre. Encore une fois, le corps entier est mis à contribution. Même chose dans Kinect Adventures, qui nous propose par exemple de faire rebondir un maximum de balles sur un maximum de briques. Tous les membres sont d’ailleurs mis à contribution, de la tête aux pieds, en passant par votre buste, vos mains, vos épaules, bref, tout y passe.
Bougez, éliminez, rigolez
Si la plupart des jeux offre un rendu graphique assez proche de l'univers Mii mais en version HD, Kinectimals est en revanche tout bonnement somptueux. Ultra coloré et doté de graphismes réussis, cette simulation de vie vous propose d'adopter un félin sur une île déserte avec au choix une panthère, un tigre, un petit léopard ou un lionceau, ce qui est assez classe quand même en matière d'animal de compagnie virtuel. Autrement, le principe de base reste le même que celui d’EyePet ou de Nintendogs, à savoir s'occuper de votre boule de poil, le nourrir, le laver, jouer avec lui, customiser sa maison, avec en prime la recherche de trésors cachés de l'île. Une sorte de dessin animé interactif surtout destiné aux plus petits, le joueur restant tout de même assez passif la plupart du temps, ce qui peut rapidement lasser les plus grands. Autre effet magique : la possibilité d’interagir avec votre animal par la voix grâce au micro intégré dans le périphérique, ce qui vous permettra de l’appeler par son petit nom, afin qu'il s'approche pour lui faire des papouilles... Et s'il lèche l'écran ou éternue, il faudra nettoyer la buée. Rien de bien novateur c'est vrai, mais il n'empêche que le résultat titille la rétine, et les ronronnements de votre gros matou sont purement craquants. Et vous l'aurez compris, c'est également à vous de vous mettre accroupi, tapoter par terre ou vous allonger sur le côté pour lui apprendre à être assis, allongé ou à faire le mort. Avec Kinect, Microsoft invente réellement une nouvelle façon de jouer, là où Sony s'est contenté de suivre (avec brio, certes) le chemin de Nintendo. La firme va même jusqu'à transcender le genre, en nous offrant une technologie que l'on pensait cantonner aux films de science-fiction. Extrêmement facile d'utilisation, ce périphérique a tout pour faire le bonheur du grand public non accro aux jeux vidéo. Prise en main optimale et immédiate, sensation de « magie » et jeux on ne peut plus casual. Les gamers quant à eux, resteront sans doute frileux au concept, d'autant que cette manière de jouer peut sembler particulièrement abstraite aux habitués de la manette. Reste le prix, tout de même assez conséquent : 149€ avec Kinect Adventures, 299€ le pack avec une console Xbox 360 de 4 Go (!), et 349€ avec la console 250 Go. Le prix à payer pour une nouvelle façon de jouer. Viva la revolucion !
Crédits photos : Aurélie Vautrin