FrostPunk : nos chaudes impressions sur le nouveau jeu des créateurs de "This War of Mine"
Développé par les Polonais de 11bit Studios (plus connus pour avoir réalisé le très bon This War of Mine en 2015, ou encore Anomaly : Warzone Earth en 2011), Frostpunk marque un virage pour le studio puisqu’on s’éloigne complètement de l’univers et du gameplay du premier épisode en n’en conservant que l’aspect survivaliste. En développement depuis trois ans, Frostpunk va lorgner du côté du RTS et de la stratégie 4X dans un monde pris dans les glaces d’un hiver éternel. Nous avons eu l’occasion de prendre en mains le jeu lors d’une session de démo organisée à Paris pendant une grosse heure, voici nos impressions.
Exit la survie en pleine guerre des Balkans, Frostpunk nous emmène – comme son nom l’indique – dans un univers steampunk fortement inspiré par l’Angleterre Victorienne, ses machines à vapeur et ses tuyauteries cuivrées. Malheureusement pour l’Humanité, la Terre connaît un nouvel âge glaciaire qui a contraint la population à fuir, et à mourir dans la majorité des cas. Désormais, la survie entière de l’espèce humaine repose sur les épaules du joueur qui a mené un petit groupe de survivants dans le nord afin d’y trouver le dernier générateur de vapeur au monde. Située dans un cratère, cette machine est le seul moyen d’apporter chaleur et énergie aux habitants et ainsi les protéger du froid mortel qui peut osciller en fonction des jours et de l’heure, d’un gentil -15°c à un très méchant -60°c. Concrètement, Frostpunk se présente comme un mélange de city builder et de jeu de stratégie, ou plus simplement comme un RTS assez poussé mais dépouillé de toute micro-gestion. Ici pas question de s’occuper de chaque unité séparément, tel un chef de gouvernement, le joueur se contente de donner des ordres et la population les mettra à exécution, ou pas.
MISTER FREEZE
Le premier challenge est de réussir à créer une ville qui va répondre aux besoins basiques de la population, comme le chauffage, le logement, l’alimentation ou encore les soins. À terme, il sera bien sûr possible de tout moderniser via la recherche scientifique et un arbre technologique très vaste, le tout afin d’améliorer le confort de la population et son niveau de satisfaction. Ici, la tête du joueur ne tient qu’à un fil, car en cas de mauvais choix et de décisions impopulaires, la population sera prompte à se rebeller, ce qui induira immédiatement un game over. Frotspunk s’avère très complexe et propose une courbe d’apprentissage extrêmement raide qui pourrait décourager les joueurs (les développeurs nous ont promis qu’il est difficile de passer les premières heures de jeu avant cinq ou six parties) si le jeu n’était pas aussi addictif et vaste. En effet, les challenges ne manquent pas et le joueur dispose d’un très grand nombre d’options à chaque fois ; mais quelle que soit notre décision, toute option comporte ses avantages et ses inconvénients. Chaque clic de souris se transforme donc en un dilemme qu’il faut résoudre sans trop traîner, car le temps s’écoule en permanence.
Ici, la tête du joueur ne tient qu’à un fil, car en cas de mauvais choix et de décisions impopulaires, la population sera prompte à se rebeller, ce qui induira immédiatement un game over.
Si vous avez déjà joué à un RTS ou même à un 4X du genre Civilization, le jeu ne devrait pas trop vous dépayser car il faut gérer trois ressources principales (le charbon, indispensable au chauffage, le bois et l’acier pour la construction), mais aussi composer avec d’autres difficultés. En effet, le cratère où se situe le générateur de vapeur offre un abri en protégeant vos habitants du vent glacial qui congèle tout le frostland (le wasteland gelé) au point qu’il sera impossible de construire quoi que ce soit en dehors. Dès le début, votre allocation en terrain est donc très réduite, et chaque construction de bâtiment deviendra là aussi un choix. Que construire entre un hôpital ou une cantine ? De même, l’aspect city builder sera très présent car chaque construction devra se faire près d’un relais de vapeur, ou près d’une route, ces dernières étant parcourues de tuyaux qui véhiculent la chaleur salvatrice. En suivant ces règles d’urbanisme, on va donc devoir optimiser chaque centimètre carré disponible afin de pouvoir accueillir la population de notre ville. Autre écueil, Frostpunk se déroulant sur quelques semaines, la population ne pourra pas grandir au fur et à mesure des naissances. Le seul moyen pour augmenter votre main d’œuvre sera donc d’envoyer des expéditions dans le frostland afin de trouver et secourir d’autres survivants, mais chaque paire de bras qui augmentera votre productivité demandera de l’espace pour habiter, du charbon pour se chauffer et de la nourriture.
En effet, le cratère où se situe le générateur de vapeur offre un abri en protégeant vos habitants du vent glacial qui congèle tout le frostland (le wasteland gelé) au point qu’il sera impossible de construire quoi que ce soit en dehors.
Pas question donc de faire grandir sa ville n’importe comment, surtout qu’une fois encore, l’espace est diablement limité au sein du cratère. Pour faire face aux arrivées, on pourra par exemple choisir de baisser le chauffage dans les nouveaux quartiers afin de consommer moins de charbon, mais une telle décision fera monter la colère chez les citoyens concernés, ainsi que la probabilité qu’ils tombent malades. On pourra aussi baisser le chauffage partout, mais dans une moindre mesure, attention alors à la grogne des autres habitants qui ne voient pas pourquoi ils devraient souffrir de l’arrivée des nouveaux-venus. De temps en temps, la population demandera quelque chose (plus de logements, un meilleur chauffage, plus d’expéditions dans le frostland). On pourra soit ignorer cette requête (mais voire la barre de mauvaise humeur s’envoler), la rejeter avec des explications (la pénalité est moins grande), ou encore tenter de remplir l’objectif en partie ou en intégralité. Dans ce dernier cas, une promesse est faite à la population, et il faut savoir que la grogne engendrée par une promesse non-tenue est pire que celle issue d’un refus net. Chaque décision engagera donc le joueur à réussir absolument, quitte à faire des sacrifices ailleurs.
DURA LEX SED LEX
Pour nous aider à gouverner, Frostunk propose un système de lois qu’on pourra établir et qui vont modifier le visage de la société. Il faut savoir que chacune de ces lois est d’ailleurs issue de textes qui existaient dans la Grande-Bretagne du XIXème siècle. De base, les citoyens travaillent de 9h à 17h, ce qui veut dire que le reste du temps, aucune construction ne se fait, et aucune ressource n’est récoltée, tandis que les stocks s’amenuisent. On pourra donc voter un décret obligeant le travail de nuit par exemple, ce qui augmentera la productivité, mais aussi la grogne, et les accidents du travail. Il sera aussi possible de légiférer sur le travail des enfants, on peut les faire aller à l’école, les faire travailler sur certains emplois très sûrs, ou carrément les envoyer à la mine. Bien sûr, un enfant produira moins de charbon qu’un ouvrier, quoi qu’il se passe. D’ailleurs, dans le jeu, il sera impossible de former des gens, et les personnes les plus qualifiées (comme les ingénieurs) seront donc très importantes, car très rares. En effet, les ingénieurs sont les seuls capables d’utiliser le labo de recherche, et ainsi nous permettre de débloquer de nouvelles technologies.
CHAUDS POUR UN JEU GLACIAL ?
Vous l’avez compris, arriver à construire une ville qui prospère et dans laquelle les habitants sont heureux va demander une grosse dose de savoir-faire et beaucoup de patience. Avec sa difficulté ardue et son incroyable éventail de possibilités, Frostpunk nous a clairement séduits en proposant un gameplay hyper riche et qui laisse une très vaste liberté au joueur. Si le titre s’adresse plus particulièrement à des joueurs déjà habitués aux jeux de stratégie comme Civilization, Stellaris ou encore Endless Space pour ses nombreux éléments en communs, sa côté steampunk et ses nombreuses qualités intrinsèques pourraient bien élargir son audience. Quoi qu’il en soit, de notre côté on l’attend déjà de pied ferme. Frostpunk sortira le 24 avril sur PC, et à une date encore indéterminées sur PS4 et Xbox One.