Cyberpunk 2077 : on y a joué sur PC, tranquille à la maison, est-il vraiment à la hauteur ?
Dévoilé lors de l’E3 2018 par le biais d'un trailer de folie, avant de faire l'objet d’une démo hallucinante présentée à la presse en behind closed doors, Cyberpunk 2077 a tout de suite marqué les esprits. D’ailleurs, ce n'est qu'à la gamescom de la même année que le grand public a pu découvrir cette mise en bouche d'une quarantaine de minutes, ce qui a renforcé la hype autour du jeu. Un an plus tard, CD Projekt RED en a remis une couche à la PAX West 2019, avec une séquence nettement plus courte cette fois-ci. Depuis, bien que la fameuse Xbox One X collector occupe le devant de la scène, les joueurs n’ont plus grand-chose à se mettre sous la dent, si ce n'est le double report de la sortie. Heureusement, nous avons pu essayer Cyberpunk 2077 pendant près de quatre heures dans le cadre d’une version d'essai streamée par le studio polonais. Nos premières impressions sur le jeu le plus attendu de 2020.
Comme on pouvait s'y attendre, la démo débutait par la conception de notre personnage. Les options sont assez nombreuses, et comme vous le savez déjà, V pourra être un homme ou une femme. Ce qui est particulièrement amusant, c’est que le joueur bénéficie d'une liberté créative totale. En effet, rien ne nous empêche d’affubler la demoiselle d’une voix grave et d’un pénis à la taille démesurée ; nul doute que certains vont s'en donner à coeur joie sur les réseaux sociaux. Après, il faut bien avoir à l'esprit que même si l'on peut façonner notre protagoniste de la tête aux pieds, les occasions de le voir dans son intégralité seront rares, Cyberpunk 2077 se jouant en vue subjective. Dans notre cas, passer devant un miroir ou une vitre étaient les seuls moments où V se montrait complètement. Cela dit, la création de notre avatar a un impact significatif sur le prologue de l’histoire, puisque l'on doit déterminer son milieu social. Plus concrètement, le Street Kid est issu de la jungle urbaine. Habitué à côtoyer les bas-fonds de Night City, il dispose d’un appartement dans une tour miteuse de Haywood. Sa première rencontre se fait avec Kirk, un intermédiaire louche qui lui confie un boulot de voyou, à savoir chourer une voiture de luxe. Opter pour le Street Kid facilitera les échanges avec les loubards et les autres individus peuplant les quartiers populaires de la ville, grâce notamment à des choix de réponse supplémentaires. Pour un aspect encore plus cradingue, on peut décider d'être un Nomad Kid né dans les badlands et élevé à la dure. Le désert est alors notre terrain de prédilection, et on s’adonne ce coup-ci à la contrebande en faisant entrer des marchandises illégales dans Night City.
NIGHT CITY CUSTOMS
Enfin, à l'autre extrémité du spectre se trouve le Corpo Kid. Ici, V nage dans le luxe et l’opulence, bien à l’abri sous l’ombrelle du conglomérat Arasaka. On vit dans un appartement cossu situé dans le même building que l'entreprise, et on fréquente des cadres tirés à quatre épingles. De même, si être un Corpo Kid nous discréditera auprès de ceux qui vivent dans la rue, il sera bien plus facile d’infiltrer les hautes sphères du pouvoir de Night City. Bref, vous l’aurez compris : dans Cyberpunk 2077 tout sera une affaire de compromis. Ces conciliations, on les retrouve au moment de façonner le profil de notre personnage. Via un arbre de compétences, il est par exemple possible d'en faire un tank quasi immortel et doté d’une capacité offensive incroyable. Sinon, on peut parfaitement incarner un hacker, et mettre du coup le paquet sur la discrétion et le piratage pour arriver à nos fins. Globalement, le système est tel que l’on va naturellement faire en sorte que notre avatar coche plusieurs cases. Cinq branches sont disponibles : le Corps (une plus grande jauge vitale, plus de puissance, une meilleure endurance), les Réflexes (plus de vitesse, des attaques plus rapides à mains nues), l’Intelligence (des prédispositions pour le piratage, les uploads sont plus courts), les Capacités Techniques (une meilleure armure, le loot plus généreux), et enfin le Cool (des déplacements plus discrets, des coups critiques plus fréquents).
Après plus de quatre heures de jeu, on a le sentiment de n’avoir gratté que la surface de Cyberpunk 2077 qui s’annonce long, complexe et particulièrement riche.
Comme tout bon gros RPG qui se respecte, Cyberpunk 2077 propose de faire évoluer son personnage de différentes façons. La première est le niveau qui dépend des points d’expérience acquis. Ces derniers s'obtiennent en terminant des quêtes, et à chaque niveau gagné, on débloque des points de perk qui permettent de débloquer des nouvelles compétences - pirater plus vite, bénéficier de plus de vie, des armes plus puissantes entre autres. Le second indicateur est la street cred : il s’agit simplement de notre réputation en ville. En bouclant des contrats, des activités open-world, ou encore des quêtes secondaires, V gagne en popularité, ce qui permet d'accéder à des nouveaux marchands, à des nouveaux équipements, et plus généralement à du matériel de meilleure qualité. Pour leur part, les skills seront automatiques et récompenseront le fait de répéter certaines action ; comme un véritable apprentissage, en fait. Par exemple, plus on éliminera des ennemis à l'aide d'armes à feu, plus on disposera d’avantages à les utiliser. Enfin, l’équipement jouera un rôle primordial, qu’il s’agisse de nos armes, de nos fringues ou de nos implants biomécaniques qui boostent nos capacités. Bien évidemment, il faudra avoir un compte en banque bien garni pour pouvoir s'offrir tout ça. Dans la démo, nous avons pu nous équiper d’une nouvelle rétine améliorant notre scanner, ou encore d’un implant de main avec lequel notre pistolet est aussi efficace qu’une SMG. Là encore, les différents implants seront plus ou moins adéquats en fonction de notre style de jeu, et des choix opérés dans l’arbre des compétences.
Cette liberté accordée au joueur se remarque également dans les missions, puisque l’on peut les aborder de différentes manières. Par exemple, lors de la première mission avec Dex - où l’on doit subtiliser un drone militaire volé par le gang de Maelstrom - cinq approches sont envisageables, avec des événements différents à chaque fois. Déjà présentée lors de la démo de l'E3 2018, cette quête avait été jouée en prenant le credchip de Meredith Stout, une représentante de l'entreprise Millitech à qui le drone a été volé. La mission se terminait d’ailleurs par un affrontement contre Royce, le chef du gang de Maelstrom. Lors de notre session, on a préféré refuser l’offre de la dame et ainsi se débrouiller seuls. Forcément, les choses ont mal tourné : on a dû abattre directement Royce lors de la négociation, au lieu de le combattre. Malgré tout, il est important de souligner que dans Cyberpunk 2077, la liberté ne sera pas absolue pour autant. Quels que soient nos choix, on repart avec le drone sous le bras, et parmi les cinq options disponibles, une seule permet à Royce de rester en vie. L'une d'elles, qui consiste à payer l’arme avec nos deniers personnels, ne semble pas très réaliste dans la mesure où le gang demande 10 000 crédits, une somme que vous n’aurez probablement pas au début de l'aventure.
SONGS OF FREEDOM
Puisque l'on parle de la marge de manoeuvre laissée au joueur, soulignons que pendant les missions, on évolue dans des niveaux couloirs : on sent assez rapidement où veulent nous emmener les level designers. Pourtant, CD Projekt RED avait promis que l’on pourrait fuir, voire manger un morceau pendant les quêtes. C’est vrai, mais uniquement lors des side quests manifestement. A noter qu’il y a moyen de zapper les dialogues si le scénario n'est pas notre priorité. Néanmoins, certaines scènes seront obligatoires, comme cette mission dont on a pu effectuer une phase préparatoire en examinant une Braindance. Divertissement très couru à Night City, elle contient tout ce qu’une personne a pu voir, entendre, toucher, sentir ou ressentir lors de son enregistrement. Les plus prisés sont ceux réalisés par des célébrités pour égayer la journée de la population, mais les endroits obscurs de Night City regorgent de contenus nettement plus hardcores, allant d’expériences de mort à des meurtres, en passant par toutes les dérives sexuelles les plus tordues. Pour V, le mode édition des Braindances sera précieux de recueillir une multitude d’indice sur des endroits ou des événements qui se sont produits. On a ainsi pu localiser un objet précieux à dérober au sein du bureau du patron d’une grande entreprise, en analysant finement la Braindance enregistrée par une prostituée. Cyberpunk 2077 ne se limite pas à de l’action brute, il demande également de faire preuve de capacités de déduction et d’analyse lors de ces phases d’enquête.
Puisque l'on parle de la marge de manoeuvre laissée au joueur, soulignons que pendant les missions, on évolue dans des niveaux couloirs : on sent assez rapidement où veulent nous emmener les level designers.
Naturellement, la majorité du jeu fait la part belle à l'action : on passe la plupart du temps l’arme à la main. D'ailleurs, on en profite pour préciser que les sensations de tir sont vraiment convaincantes, avec un arsenal assez large. Pendant la démo, nous avons pu utiliser des armes à feu classiques (pistolet, fusil d’assaut) appartenant à la famille Power, mais aussi un sniper de la catégorie Tech. Ici, pas de poudre, mais une sorte de canon magnétique qui accélère le projectile, ce qui transforme considérablement le comportement de l’arme. Bien plus puissante, cette dernière demande un laps de temps plus long entre le moment ou l’on presse la détente et celui où le projectile quitte le canon, tandis que l’on entend le système se charger. Enfin, la dernière classe regroupe les armes dites Smart, c'est-à-dire qu'elles remplacent les projectiles inertes par des mini-missiles (explosifs ou pas) guidés. On précise au passage que certains éléments du décor sont destructibles, ce qui implique qu’il faille souvent changer d’endroit pour se cacher. A ce sujet, le jeu propose une touche pour se mettre à couvert contre un objet, comme dans un TPS on ne peut plus traditionnel. Pour faire moins de bruit, on pourra aussi tenter une approche plus furtive à base de takedowns, tandis qu’il sera également possible d’opter pour des armes blanches comme un poignard ou un katana.
TIPIAK, PIRATES
Une fois dans l’open world, Cyberpunk 2077 souffle le chaud et le froid. La map n’est pas énorme en surface, mais les nombreux bâtiments lui donnent énormément de verticalité. On devrait y trouver notre compte donc, même si les productions Rockstar Games paraissent hors d’atteinte. La direction artistique du jeu est hyper léchée : on reconnaît les membres des divers gangs à leur style vestimentaire, ainsi que les différentes classes de la population. L’univers est particulièrement bien ficelé, avec ses pubs, ses produits bizarres, et un fonctionnement vraiment organique comme dirait Maxime Chao. Pourtant, une fois passé l’émerveillement initial, on peut voir que le vernis s’écaille un peu. Les routes n’offrent qu’un trafic routier assez limité, ce qui semble assez bizarre dans une mégalopole censée être grouillante de vie. Ceci dit, ces rues un peu vides permettent également de pouvoir profiter plus sereinement de notre voiture, dont la conduite est très aisée. Là encore, on reste loin de ce qu’un GTA V peut proposer : si le véhicule est hyper travaillé sur le plan artistique, la physique ne semble pas avoir profité de la même attention. Bien que l'on puisse abîmer sa carrosserie, sachez que notre bolide ne tombera jamais en panne et que l'on n'aura jamais besoin de le faire réparer. En effet, à chaque fois qu'on l'appelle (via un bouton), elle est comme neuve. Les rues sont nettement bien plus convaincantes, avec une foule qui fluctue en fonction de l’heure. On peut y dénicher des missions secondaires, voire des événements aléatoires.
En revanche, impossible de parler aux PNJ qui n’ont pas été prévus pour ; oubliez donc vos rêves de tailler le bout de gras avec le premier passant venu.
En revanche, impossible de parler aux PNJ qui n’ont pas été prévus pour ; oubliez donc vos rêves de tailler le bout de gras avec le premier passant venu. Certains personnages spécifiques disposent pourtant d’interactions plus poussées, comme ce prêcheur que l’on a croisé dans une ruelle sombre, et qui tentait de rallier la foule à son culte. Néanmoins, bêta oblige, certains aspects du jeu ne semblaient pas encore finis. On a noté de nombreux bugs de collision, et on n’a pas réussi à aller s’acheter une barre énergétique dans l'un des nombreux distributeurs qui éclairent les rues de leurs néons. Autre petit désagrément : si l'on peut facilement passer d’une arme à l’autre, il faut obligatoirement utiliser la roue des armes pour ne plus être en mode combat, sachant qu'aucun passant ne s’étonnera de voir quelqu’un se balader l’arme au poing, tant qu’il ne braque personne. D’ailleurs, sachez qu’en cas de délit, la police se mettra immédiatement à la recherche de V. Par exemple, nous avons balancé sans le vouloir une grenade en plein restaurant, ce qui nous a valu un mandat de recherche. Impossible de vous dire ce qu’il se passe ensuite, car aucun agent n’était présent dans ce coin de Haywood. On imagine aisément que l’histoire aurait été différente dans les beaux quartiers.
Il est assez difficile d’avoir un avis réellement tranché sur l’aspect technique de Cyberpunk 2077. En raison des restrictions imposées par le streaming, nous avons dû arpenter Night City en 1080p, tandis que les options graphiques disponibles étaient pour le moins simplifiées. Pire, avec les fluctuations de la connexion, la qualité de l'image était largement variable. Cyberpunk 2077 sera-t-il une claque graphique ? Probablement pas, même si l’ensemble est loin d’être moche. D’ailleurs, nous avons eu la confirmation que NVIDIA était pleinement impliqué dans le développement du jeu, et qu’il tirera profit du RTX (bien que l’on ignore comment la technologie sera utilisée) et du DLSS 2.0. Ceci dit, comme Cyberpunk 2077 a été repoussé au mois de novembre, il est fort possible que les nouvelles GeForce soient disponibles à ce moment-là, ce qui devrait permettre de profiter encore mieux des charmes de Night City.
Notre degré d’attente
Après plus de quatre heures de jeu, on a le sentiment de n’avoir gratté que la surface de Cyberpunk 2077 qui s’annonce long, complexe et particulièrement riche. Il faut dire que ces premiers instants dans Night City nous ont demandé d'assimiler une grande quantité d’informations, sans parler des mécaniques de gameplay avec lesquelles il a fallu se familiariser assez vite. Pourtant, alors que certains voyaient en Cyberpunk 2077 un potentiel rival de GTA V, l’expérience proposée par CD Projekt RED prend une direction totalement différente. En effet, la narration tient compte des choix du joueur, ce qui permet d'obtenir une aventure aux multiples intrigues. Bref, le titre est encore loin d'avoir livré tous ses secrets, et on a qu’une seule hâte : poser nos mains sur la version définitive pour savoir s'il est au niveau de la hype qu'il génère.
Autres articles
Cyberpunk 2077 : une surprise pour les 4 ans, des nouveautés pour le jeu
On pensait queCD Projekt Red en avait fini avec Cyberpunk 2077 et que le studio était entrer en pleine production pour The Witcher 4, mais il semblerait que les développeurs polonais avaient encore un peu de ressources pour célébr
10/12/2024, 18:39
Cyberpunk 2077 : le DLC "Phantom Liberty" fait un excellent démarrage, voici les chiffres
Trois ans après le cauchemar vécu suite au lancement catastrophique de Cyberpunk 2077, le studio CD Projekt Red peut enfin retrouver le sourire.
05/10/2023, 17:42
Cyberpunk 2077 Phantom Liberty : des easter eggs de la série Netflix seront dans le jeu
23/08/2023, 14:18
Cyberpunk 2077 : on a joué à "Phantom Liberty" chez CD Projekt, on vous fait visiter les studios
11/06/2023, 21:01
Cyberpunk 2077 : le procès du lancement désastreux vient de se régler avec un gros chèque
06/01/2023, 15:13
Vidéos à ne pas manquer