Assassin's Creed Unity : Jean-Luc Mélenchon accuse le jeu de faire de la propagande
Le Président du Front de Gauche et ancien candidat à l'élection présidentielle de 2012, Jean-Luc Mélenchon, a fait une intervention assez remarquée à propos du dernier blockbuster d'Ubisoft, à savoir Assassin's Creed Unity. Si on ne vous apprend rien en vous disant que le jeu se déroule en 1789, la raison du courroux du leader du rassemblement des partis de la gauche antilibérale est en fait due à un trailer peu diffusé en France. Ce dernier présente en effet la révolution française comme un bain de sang sans aucun autre but. Après avoir vu ce trailer, Mélenchon a donc déclaré lors d'une interview accordée au Scan du Figaro :
Je suis écoeuré de cette propagande [...] Le dénigrement de la grande Révolution est une sale besogne pour instiller davantage de dégoût de soi et de déclinisme aux Français. Si l'on continue comme ça, il ne restera plus aucune identité commune aux Français à part la religion et la couleur de peau.
L'ancien candidat à la présidentielle n'est pas le seul à tirer à boulets rouge sur le jeu d'Ubisoft puisque Alexis Corbière, le secrétaire national du Parti de gauche (une des formations regroupées sous l'égide du Front de Gauche), mais également professeur d'Histoire dans un lycée professionnel, a rejoint son ami dans la critique. Il s'est fendu d'un long billet sur son blog dans lequel il explique que :
Elle (la vidéo) reprend à son compte tous les poncifs contre-révolutionnaires forgés depuis plus deux siècles. Le Peuple de Paris est présenté pour une cohorte brutale et sanguinaire, c’est lui qui produit la violence, toujours lui qui de façon aveugle fait couler le sang, notamment du bon roi débonnaire. Comme de coutume, la caricature le plus bestiale concerne Maximilien Robespierre qui est présenté comme « bien plus dangereux que n’importe quel roi », « des familles entières furent détruite à cause de Robespierre », cette vidéo va même jusqu’à affirmer qu’avec lui « il y eut des centaines de milliers de morts et des rues entières remplies de sang
Une critique pas forcément erronnée mais qui fait sûrement écho au grand respect qu'a Alexis Corbière pour Robespiere, il avait d'ailleurs tenté de faire attribuer une rue Parisienne au nom du créateur de la devise de la République Française (Liberté, Egalité, Fraternité) en 2011.
Le trailer que vous pouvez retrouver ci-dessous (sous-titré en français) a été réalisé par Tony Moore (dessinateur de la BD The Walking Dead) en association avec Rob Zombie (star du métal et réalisateur de films d'horreur). Un casting plus prompt à faire gicler l'hémoglobine qu'à donner des cours magistraux en Histoire. Probablement une tentative de l'éditeur Français de séduire un marché américain - le narrateur s'exprime en anglais avec un très fort accent français - pas forcément historien ni très au fait de l'histoire française. Le tout d'ailleurs étant saupoudré avec des scènes bien gores, ce qui fait toujours vendre dans le domaine du jeu vidéo. Le jeu en lui-même n'utilisant l'époque de la Révolution que comme contexte (le joueur n'a pas d'incidence sur les évènements) selon notre testeur Laurely Birba, il s'agit donc bien d'une critique issue du simple visionnage d'un trailer. Sur le sujet, Antoine Vimal du Monteil, un des producteurs du jeu, a expliqué au journal Le Monde que Unity n'a de toutes façon pas vocation à servir de leçon d'Histoire.
Si la déclaration du leader du Front de Gauche est certainement à ranger dans le dossier des petites phrases, celle du secrétaire national du Parti de gauche est plus fine puisque le jeu vidéo y est traité comme tout autre produit culturel. Alexis Corbière explique d'ailleurs que : "Je n’ai aucun mépris pour les jeux vidéo qui savent créer des univers virtuels envoutants et je trouve réducteur que l’on caricature ceux qui les pratiquent comme des gens enfermés sur eux-mêmes. Le jeu est le propre de l’Homme depuis des siècles et je goûte peu les discours assurant que « c’était mieux avant » et que « de mon temps on savait s’amuser ». Balivernes de vieux schnocks ! Bref, le jeu vidéo est un jeu comme les autres. Il en est des bons et des mauvais, comme toute œuvre humaine. "
Bref, entre du marketing maladroit de la part d'Ubisoft qui n'hésite pas à jouer sur l'iconographie de la guillotine en la collant jusque sur le logo du jeu, et une opportunité de squatter la scène médiatique pour des politiques, on vous laisse juges. La seule certitude c'est que celà fait parler du jeu et des personnalités, et comme qui dirait : "Il n'y a pas de meilleure publicité, que de la mauvaise publicité."