Depuis que les polygones ont remplacé nos bons vieux pixels, on ne peut pas dire que le beat'em all a réussi à s'imposer, contrairement à la baston qui s'est fort bien renouvelée. En l'espace de quelques années, le genre est devenu has been et le manque de "vrais" titres ont obligé les éditeurs à laisser le genre de côté. Rockstar Games l’a bien compris et compte bien changer la donne. Pour ce faire, l’équipe de Toronto s’est penchée de plus près du film de Walter Hill. L’atmosphère lourde, le charisme des personnages et l’esthétique vintage affirmée font en effet de cette œuvre un excellent point de départ pour un jeu vidéo. Si le côté ringard du film de Walter Hill arrachera un sourire nerveux à chaque apparition d’un membre de The Warriors, l’effet vintage n’a bizarrement plus aucun effet dans le jeu. C’est ça la Rockstar touch ! Cette touche personnelle qui nous assure également un jeu résolument mâture, adulte, où la violence est un gage de réussite commerciale, mais surtout d’une marque assumée.

American History Z

Ce cachet, on le retrouve également une fois la manette entre les mains et quelques minutes de jeu suffisent pour maîtriser la bête ! Ceux qui sont à l’aise avec le genre devraient retrouver leurs marques avec une certaine aisance. Un bouton pour donner des coups de poing, une touche pour octroyer quelques coups de pied, une autre pour choper ; les bases paraissent simples de prime abord, mais le gameplay de The Warriors recèle bien des surprises. Au fil de votre progression et grâce à un tutorial fort bien agencé, il est possible d’apprendre en un clin d’œil les différentes et nombreuses subtilités du jeu. Le jeu offre un large choix de combinaisons rarement vu dans un beat’em all de manière générale. Tant que votre cible n’a pas rendu l’âme, il est possible de le martyriser jusqu’à que mort s’ensuive. Même au sol, rien ne vous empêche de le relever en l’attrapant par le col ou les cheveux, ou tout simplement de le rouer de coups. D’autres mouvements permettent d’ailleurs de "terminer" sa victime dans un ballet de violence assez étonnante. Le coup de talon en pleine face est bien évidemment le "finish him" le plus radical, mais il est également possible de saigner son ennemi au sol, à l’aide d’un tesson de bouteille bien aiguisé que vous aurez pulvérisé au préalable sur la tête de votre adversaire. De même, quelques coups dans les valseuses offrent un résultat farouchement efficace. A l’instar de GTA, The Warriors n’est pas un jeu à mettre entre toutes les mains.

Street Fighters

Histoire de donner un peu plus de profondeur à un genre finalement assez limité dans le fond, Rockstar Toronto a eu l’ingénieuse idée de ponctuer le gameplay de mini interactions insérées ici et là pour renforcer l’immersion. Il sera possible alors de dévisser des autoradios dans des voitures, après avoir soigneusement éclaté la vitre. Dans ce cas précis, il faudra alors jouer avec le stick analogique pour réussir parfaitement la manœuvre. Si l’envie vous prenait de fracasser une porte de votre pied droit, pas de souci, l’interaction avec le décor le permet également. Parfois, il conviendra de déverrouiller une porte en crochetant le verrou pour ne pas donner l’alerte à la police du coin. De cette manière, il est possible d’entrer à l’intérieur des magasins pour récupérer des armes ou du cash pour ensuite se payer un petit flash et se refaire une santé de fer. De la même manière que dans le film, il sera possible de dégainer sa bombe de peinture et de tagguer les murs en apposant son emblème, par-dessus les graffitis des autres gangs de la ville. Certaines missions se focaliseront d’ailleurs uniquement sur cet acte de vandalisme et le joueur devra suivre le schéma indiqué à l’écran. D’autres alternatives permettent de varier le gameplay de The Warriors. Avancer à petit pas de loup pour surprendre un voyou en traître et lui briser la nuque s’avère être payant, surtout si l’on souhaite ne pas éveiller les soupçons des autres membres d’un gang. Cette notion de furtivité, on la retrouve également lors de situations où il est nécessaire d’attirer l’attention de policiers en jetant une canette dans une direction précise, afin d’aider un compatriote en position délicate. En cas d’alerte, mais pas forcément d’échec, il y a de fortes chances pour que le nombre de voyous augmente considérablement. "No souçaille", comme le dit si bien Ophélaille, il est possible de filer des mandales dans plusieurs directions en même temps, ne laissant jamais votre avatar à la merci de plusieurs ennemis, soucieux de vous prendre en sandwich. Toujours dans un souci de qualité et pour ne pas sombrer dans la monotonie et le cliché du beat’em all en se contentant de taper de la racaille pendant dix heures, des séquences de courses-poursuites à pied vous demanderont de prendre vos jambes à votre cou et de détaler comme un lapin, en prenant soin d’escalader les divers obstacles qui vous attendent.

Se joue aussi au pluriel

Encore à l’état de rumeur il y a quelques semaines, le mode multijoueur de The Warriors a finalement été confirmé et dévoilé lors de notre visite dans les locaux de Rockstar London. Non seulement il sera possible de jouer en coopération à deux, mais en plus chacun des joueurs est libre de son itinéraire dans la limite du possible. En effet, si jamais le chemin des deux joueurs venait à se séparer, l’écran splitterait verticalement d’une manière automatique pour laisser libre cours à chacun des personnages sélectionnés. En cas de retrouvaille, l’écran retrouvera son aspect initial, offrant la possibilité aux deux joueurs de combiner leurs attaques. En revanche, si le jeu permet de contrôler à tour de rôle les 9 membres du gang de The Warriors, il ne sera pas possible de choisir son personnage comme dans un Final Fight de la vieille école par exemple. En validant votre présence via le bouton Start, c’est le CPU qui se chargera de sélectionner le guerrier de la nuit disponible en fonction de la mission qui est assignée. Dérangeant ? Pas vraiment puisque de, cette manière, on pourra apprendre les rudiments de chaque membre du clan qui, on le rappelle, possède chacun des activités physiques propres à eux. Occasionnellement, on se retrouve escorté par quelques compagnons de route avec lesquels on pourra converser. En appuyant sur R2, une liste de 6 commandes (à débloquer au cours du jeu) permettra de donner des ordres afin de s’assurer une bonne protection, une attaque coordonnée ou encore une retraite silencieuse. Rockstar Toronto a décidément vraiment pensé à tout.

Ne vous fiez pas uniquement aux images du jeu, elles sont trompeuses. Et même si The Warriors ne brille pas forcément par sa réalisation graphique (quoique le jeu apparaît plus léché lorsqu'on y joue), il impose en quelques minutes une ambiance forte et maîrisée. La bande sonore - tirée du film - y est pour quelques chose certes, mais il se dégage une puissance qu'on se réjouit de retrouver à chaque mandale envoyée. En sus de s’annoncer comme une adaptation fidèle du film de Walter Hill, The Warriors devrait permettre au beat’em all de retrouver toutes ses lettres de noblesse. De ce fait, le titre de Rockstar ne possède qu’un seul défaut : ne pas être encore sorti.

Pour vous faire patienter, voici une série de nouvelles vidéos :

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