The Last of Us Épisode 9 : une fin magistrale, Ashley Johnson mémorable, analyse et comparaison avec le jeu vidéo
Après Troy Baker la semaine dernière avec l’épisode 8, c’est donc au tour d’Ashley Johnson de faire ses débuts dans la série, avec ce qui est sans doute l’un des meilleurs rôles que Neil Druckmann pouvait lui offrir. Incarner Anna, la mère d’Ellie, dans une scène où elle va mettre au monde son enfant dans une situation tragique, c’est sincèrement la meilleure scène de toute la série, sans aucune discussion possible. Rendez-vous compte, Ellie qui donne naissance à Ellie. C’est méta, c’est puissant et c’est en plus divinement joué et réalisé. Et c’est d’autant plus important que le jeu vidéo n’a jamais traité du personnage d’Ana. On avait eu droit à un poster accroché dans une chambre dans The Last of Us Part 2, mais rien sur son histoire. Il y a quelques semaines, Neil Druckmann avait avoué à Variety qu’il avait écrit l’histoire de la mère d’Ellie sous forme de nouvelle et qu’il avait songé à en faire un DLC, mais ça n’a jamais abouti. La série lui a donc permis de rectifier le tir. Et puis bon sang, quelle scène ! En quelques minutes, on comprend tout de suite les enjeux de cette jeune femme enceinte jusqu’au cou, qui court dans les bois, apeurée et qui ne cesse de se retourner. On comprend très vite qu’elle est pourchassée par quelqu’un, ou quelque chose. A ce moment-là on n’en sait rien. Très vite, elle va arriver devant une maison (et d’ailleurs pour la petite anecdote, dans la version pas finalisée de l’épisode que j’avais vu il y a 3 mois, le haut de la maison n’existait, c’était une grande bâche bleu que la production a retravaillé en post-prod). Une maison qui tease là encore la Saison 2 et les événements de The Last of Us Part 2, car il s’agit ni plus ni moins que de la réplique de la maison dans laquelle Ellie et Dina s’installent dans le jeu vidéo. A ce stade, la maison est vide, Anna cherche de l’aide, mais elle ne viendra pas et se voit contraint de se barricader dans une pièce à l’étage. On comprend juste après que c’est un infecté qui la coursait et pas n’importe lequel, un runner, ceux qui courent comme des forcenés.
L'une des grandes forces de cet épisode 9, c’est la puissance narrative et émotionnelle avec laquelle on est transporté. Le stress de voir Anna commencer à perdre les eaux, le souci du détail de la voir essayer d’ouvrir la porte alors que la poignée glisse à cause du liquide qu’elle vient de toucher, alors elle se sert de sa robe pour ouvrir la porte. L’affrontement ensuite, viscéral et brutal puisque Anna se sert de son couteau pour lui asséner des coups à la tête. C’est rapide et dans ce moment de panique, elle a fini par accoucher, elle-même étonné d’entendre son bébé pleurer. La situation est crue, la scène aussi, avec ce vrai nourrisson qui a été utilisé pour la séquence, avec de vrais cris, de vrais pleurs. Le cordon ombilical qu’elle va couper d’elle-même pour empêcher que le virus ne soit transmis à Ellie, vu qu’elle vient de se faire mordre à la cuisse. Et puis Ashley Johnson qui nous sert une incroyable performance, nuancée par de nombreuses émotions. La peur, le stress de l’accouchement, la rage de tuer, l’étonnement, puis la joie d’avoir son bébé, de le rassurer, les larmes aussi en suppliant Marlene de l’exécuter. Puissant.
Cette scène nous permet d’ailleurs de mieux comprendre la personnalité de Marlène qui a tout fait pour rendre service à son amie Anna, de s’être finalement occupé d’Ellie et de mieux comprendre la douleur de devoir la sacrifier pour le bien de l’Humanité, avec ce vaccin qui ne viendra jamais, et donc d’avoir encore plus d’empathie pour elle alors que Joel l’exécutera de manière plus que sale. De toutes les façons, cet épisode 9 est le moment où Joel va se laisser aller à ses sentiments pour Ellie. Il va lui montrer l’attachement qu’il a pour elle, qu’il la considère désormais comme sa fille adoptive quelque part, alors qu’à l’inverse Ellie va se montrer plus détachée, plus anxieuse, plus dans le doute aussi. Ce moment où il lui parle du jeu de société qu’il trouve dans une voiture avec une naïveté presque déconcertante. Les regards qu’il va lui jeter à de nombreuses reprises, on sait que ce qu’il cherche désormais, c’est son bonheur, et c’est qui va le motiver à la sortir de la salle d’opération à la fin de l’épisode. Mais on va y revenir...
Autre scène importante dans cet épisode 9, que les fans du jeu vidéo réclamaient à cors et cris sur les réseaux sociaux avant, la fameuse scène de la girafe, que Neil Druckmann a également reproduite dans la série. Pour être honnête avec vous, on n'a jamais été pris émotionnellement par cette séquence dans le jeu, certes apaisante et iconique (et elle se devait d’être adaptée dans la série), mais émotionnellement, elle ne nous a pas plus touché que ça. Quoiqu'il en soit, comparativement avec le jeu vidéo, il s’agit de la même séquence, de la courte échelle que Joel prodigue à Ellie jusqu’à la découverte de l’animal, en passant même par les dialogues et le choix de la musique qui est exactement la même. La scène de l’hôpital va arriver assez rapidement car la série va encore faire l’impasse sur les clickers qu’on rencontrait dans le tunnel dans le jeu vidéo. On verra bien Ellie et Joel échanger entre eux dans la série, mais rien de plus. C’est vrai qu’ils auraient pu rajouter une séquence de 10 min en plus pour apporter un peu plus d’intensité juste après la séquence de contemplation. Il n’y aura donc pas la séquence du bus submergée dans l'eau, ni de Ellie à ranimer après la noyade, mais une attaque à la grenade par les Firelies et Joel se fera néanmoins assommer avec la crosse d’un fusil.
Neil Druckmann et Craig Mazin vont en revanche se rattraper avec la scène de l’hôpital où Joel va faire exploser sa colère, en nous prouvant une fois encore à quel point c’est un survivaliste, et qu’il va tout faire pour sauver Ellie d’une mort certaine. Marlene, qu’on n’avait pas vu depuis le premier épisode, est donc de retour, et explique à Joel pourquoi ils sont obligés de faire un prélèvement à Ellie, qui lui coutera la vie mais permettra d’obtenir un vaccin. La scène de la fusillade dans l’hôpital qu’on joue en tant que joueur est sublimée dans la série, grâce à cette mise en scène qui arrive à retranscrire toute la haine qui sommeille en Joel, prêt à tout pour sauver Ellie. Il va tuer, beaucoup, achever des gens, les exécuter parfois au couteau, avec cette caméra qui va rester fixée sur des mains, des pieds, tout en étouffant le son pour donner un aspect encore plus anxiogène à la situation, le tout porté par une musique mélancolique. L’ensemble fonctionne à mort, peut-être un peu moins avec la scène du couloir qui était plus impactante et iconique dans le jeu. Les frissons. Et puis cette fin magistrale, tellement injuste, tellement égoïste, mais tellement humaine. Une vrai déclaration d’amour de Joel envers Ellie, quitte à lui mentir les yeux dans les yeux. Un mensonge qui aura une répercussion forte dans The Last of Us Part 2 et donc dans la Saison 2.
Qu’est-ce qu’on est prêt à faire pour l’amour d’un proche ? Tout, parfois le pire, sentiment qui motivera aussi le personnage d’Abby, dont son père a été sauvagement tué par un Joel en colère. Une balle en pleine tête et dont la caméra prend le temps de rester quelques secondes dessus, comme pour nous annoncer la suite. Clairement, celles et ceux qui ne connaissent pas les jeux vidéo, qui ont découvert The Last of Us par cette série ne sont pas prêts des événements à venir dans la Saison 2. Saison 2 qui devrait être beaucoup plus longue comme l’a dit Neil Druckmann. Sans doute une partie avec Ellie, une autre avec Abby. Maintenant que la série est terminée, on peut essayer de prendre du recul, de revoir les 9 épisodes les uns à la suite des autres, en les binge-watchant peut-être et ainsi mieux comprendre la réussite totale de cette narration qui aura mis en avant un personnage distinct pour chaque épisode. Sarah pour l'épisode 1, Tess pour l'épisode 2, Bill et Franck pour le 3, Henry et Sam pour le 5, Tommy pour l'épisode 6, Riley pour le 7, David et James (Troy Baker) pour le 8, et bien sûr Anna (Ashley Johnson) pour l'épisode final. On se rend compte ainsi que non seulement c'est la meilleure adaptation d’un jeu vidéo, mais aussi une série brillante. Tout n'est pas parfait bien sûr, le seul bémol de la série, c’est le manque d’infectés et peut-être d’action. En 8h44, la série aurait gagné en intensité avec plus de séquence face à des clickers, quitte peut-être à rallonger la série d’un épisode supplémentaire. On espère que la Saison 2 saura rétablir cet équilibre...